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[2,7] Ἔτυχε τῇ προτεραίᾳ ταύτης ἡμέρᾳ περὶ μεσημβρίαν ἡ παῖς
ψάλλουσα κιθάρᾳ, ἐπιπαρῆν δὲ αὐτῇ καὶ ἡ Κλειὼ καὶ παρεκάθητο,
διεβάδιζον δὲ ἐγώ· καί τις ἐξαίφνης μέλιττά ποθεν ἱπτᾶσα τῆς
Κλειοῦς ἐπάταξε τὴν χεῖρα.
καὶ ἡ μὲν ἀνέκραγεν, ἡ δὲ παῖς
ἀναθοροῦσα καὶ καταθεμένη τὴν κιθάραν κατενόει τὴν πληγὴν καὶ
ἅμα παρῄνει, λέγουσα μηδὲν ἄχθεσθαι· παύσειν γὰρ αὐτὴν τῆς
ἀλγηδόνος δύο ἐπᾴσασαν ῥήματα· διδαχθῆναι γὰρ αὐτὴν ὑπό τινος
Αἰγυπτίας εἰς πληγὰς σφηκῶν καὶ μελιττῶν. καὶ ἅμα ἐπῇδε·
καὶ ἔλεγεν ἡ Κλειὼ μετὰ μικρὸν ῥᾴων γεγονέναι.
τότε οὖν κατὰ τύχην
μέλιττά τις ἢ σφὴξ περιβομβήσασα κύκλῳ μου τὸ πρόσωπον παρέπτη·
κἀγὼ λαμβάνω τὸ ἐνθύμιον καὶ τὴν χεῖρα ἐπιβαλὼν τοῖς προσώποις
προσεποιούμην πεπλῆχθαι καὶ ἀλγεῖν. ἡ δὲ παῖς προσελθοῦσα
εἷλκε τὴν χεῖρα καὶ ἐπυνθάνετο ποῖ παταχθείην. κἀγώ, "Κατὰ τοῦ
χείλους," ἔφην. "ἀλλὰ τί οὐκ ἐπᾴδεις, φιλτάτη;" ἡ δὲ προσῆλθέ τε
καὶ ἐνέθηκεν ὡς ἐπᾴσουσα τὸ στόμα, καί τι ἐψιθύριζεν, ἐπιπολῆς
ψαύουσά μου τῶν χειλέων. κἀγὼ κατεφίλουν σιωπῇ, κλέπτων τῶν
φιλημάτων τὸν ψόφον, ἡ δὲ ἀνοίγουσα καὶ κλείουσα τῶν χειλέων
τὴν συμβολὴν τῷ τῆς ἐπῳδῆς ψιθυρίσματι φιλήματα ἐποίει τὴν
ἐπῳδήν. κἀγὼ τότε ἤδη περιβαλὼν φανερῶς κατεφίλουν· ἡ δὲ διασχοῦσα,
"Τί ποιεῖς;" ἔφη. "καὶ σὺ κατεπᾴδεις;" "Τὴν ἐπῳδόν,"
εἶπον, "φιλῶ, ὅτι μου τὴν ὀδύνην ἰάσω." ὡς δὲ συνῆκεν ὃ λέγω
καὶ ἐμειδίασε, θαρσήσας εἶπον· "Οἴμοι, φιλτάτη, πάλιν τέτρωμαι
χαλεπώτερον· ἐπὶ γὰρ τὴν καρδίαν κατέρρευσε τὸ τραῦμα καὶ ζητεῖ
σου τὴν ἐπῳδήν. ἦ που καὶ σὺ μέλιτταν ἐπὶ τοῦ στόματος φέρεις· καὶ
γὰρ μέλιτος γέμεις, καὶ τιτρώσκει σου τὰ φιλήματα. ἀλλὰ δέομαι,
κατέπᾳσον αὖθις καὶ μὴ ταχὺ τὴν ἐπῳδὴν παραδράμῃς καὶ πάλιν
ἀγριάνῃς τὸ τραῦμα." καὶ ἅμα λέγων τὴν χεῖρα βιαιότερον περιέβαλλον
καὶ ἐφίλουν ἐλευθερώτερον· ἡ δὲ ἠνείχετο, κωλύουσα δῆθεν.
| [2,7] Je m'étais trouvé la veille auprès de Leucippe, avec Clio, vers
l'heure de midi : Leucippe faisait résonner les accords de son luth ;
nous l'écoutions. Il arriva qu'une abeille vint piquer la main de Clio,
qui poussa un cri de surprise et de douleur. Aussitôt Leucippe, ayant
regardé sa blessure, dit qu'à l'instant elle allait la guérir par le moyen
de quelques paroles mystérieuses qu'une Égyptienne lui avaient
enseignées. En effet, elle les prononça d'une voix basse sur la main de
Clio, et cette fille, peu de moments après, se trouva soulagée.
Ma bonne fortune voulut qu'une abeille ou guêpe vint en bourdonnant
voltiger autour de mon visage. Je saisis l'occasion qui m'était offerte,
et, portant ma main sur ma bouche, je m'écriai que j'étais piqué,
et que je sentais une vive douleur. Leucippe m'ayant demandé avec
empressement où j'avais reçu la blessure, je lui dis que c'était sur
les lèvres. En même temps je la priai de m'accorder les secours
qu'elle avait donnés la veille à Clio. Elle approcha ses lèvres des
miennes pour enchanter ma douleur en murmurant des paroles
que je n'entendais pas. Pendant qu'elle me rendait cet agréable
service, je lui dérobais quelques petits baisers sans bruit et
comme sans dessein ; mais le mouvement de sa bouche, qui
s'ouvrait et se refermait à diverses reprises, assaisonnait mes larmes
d'une collusion si délicieuse, qu'il me fut impossible de me
contenir davantage. L'ivresse du plaisir m'inspira de l'audace ;
j'embrassai tendrement Leucippe ; mes timides baisers se changèrent
en caresses pressantes.
« Que faites-vous donc, me dit-elle, en s'échappant d'entre mes bras,
et quelle est cette cérémonie ?
— Je témoigne ma reconnaissance à la source de ma guérison »,
lui répliquai-je. Elle sourit ; mon courage s'accrut.
« Hélas ! ma chère Leucippe, poursuivis-je avec transport, vous n'avez
fait que pallier ma douleur pour un moment. Je la sens renaître
avec violence : l'aiguillon a pénétré jusqu'au fond de mon coeur ;
on dirait que vous portez une abeille dans la bouche. Il en sort un
nectar précieux et des piqûres qui allument dans le sein un feu
dévorant. Daignez donc recommencer à m'appliquer votre remède ;
mais, de peur que la plaie ne s'envenime, n'achevez pas si tôt. »
En parlant de la sorte, je repris Leucippe entre mes bras, et je baisai
les fleurs de son visage au gré de mes désirs. Elle affectait de se
défendre, mais elle ne se fâchait point.
| [2,8] Ἐν τούτῳ πόρρωθεν ἰδόντες προσιοῦσαν τὴν θεράπαιναν
διελύθημεν, ἐγὼ μὲν ἄκων καὶ λυπούμενος, ἡ δὲ οὐκ οἶδ´ ὅπως
εἶχεν. ῥᾴων οὖν ἐγεγόνειν καὶ μεστὸς ἐλπίδων· ᾐσθόμην δὲ ἐπικαθημένου
μοι τοῦ φιλήματος ὥσπερ σώματος καὶ ἐφύλαττον ἀκριβῶς
ὡς θησαυρὸν τὸ φίλημα τηρῶν ἡδονῆς, ὃ πρῶτόν ἐστι γλυκύ.
καὶ γὰρ ἀπὸ τοῦ καλλίστου τῶν τοῦ σώματος ὀργάνων τίκτεται· στόμα
γὰρ φωνῆς ὄργανον· φωνὴ δὲ ψυχῆς σκιά. αἱ γὰρ τῶν στομάτων
συμβολαὶ κιρνάμεναι καὶ ἐκπέμπουσαι κάτω τὴν ἡδονὴν ἕλκουσι τὰς
ψυχὰς ἄνω πρὸς τὰ φιλήματα. οὐκ οἶδα δὲ οὕτω πρότερον ἡσθείσης
τῆς καρδίας· καὶ τότε πρῶτον ἔμαθον ὅτι μηδὲν ἐρίζει πρὸς
ἡδονὴν φιλήματι ἐρωτικῷ.
| [2,8] Nous vîmes venir du monde, et nous nous séparâmes. Je
commençai dès ce jour à concevoir un favorable augure du succès
de ma passion. L'espérance m'offrait tout ce que ses promesses
ont de plus flatteur. Il me semblait que je portais sur mes lèvres
les baisers de Leucippe, comme quelque chose de matériel.
Ma bouche en retenait le goût ; c'était un trésor que je conservais
précieusement. Aussi, les baisers sont-ils l'une des plus charmantes
faveurs de l'amour, en qualité d'enfants de la plus belle et de la plus
noble partie du corps ; car la bouche est l'organe de la voix, et la voix
l'interprète de l'âme. Lorsque deux personnes, qui brûlent d'une
ardeur mutuelle, pressent leurs bouches l'une contre l'autre, la
volupté se répand dans leur sein, leurs coeurs viennent sur le bord
de leurs lèvres se rendre caresses pour caresses et goûter
le plaisir à sa source. Jusqu'alors mes sens n'avaient jamais reçu
d'impression aussi délicieuse. J'avouerai même encore qu'avec
l'expérience que l'âge m'a donnée, je ne connais rien qui égale
en douceur un baiser vraiment amoureux.
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