[13,66] Διαβόητος δ' ἑταιρα γέγονε καὶ ἡ Μιλησία Πλαγγών · ἧς
περικαλλεστάτης οὔσης ἠράσθη τις Κολοφώνιος νεανίσκος,
Βακχίδα ἔχων ἐρωμένην τὴν Σαμίαν. Λόγους οὖν
προσενέγκαντος τοῦ νεανίσκου πρὸς αὐτὴν ἡ Πλαγγὼν
ἀκούουσα τῆς Βακχίδος τὸ κάλλος καὶ ἀποστρέψαι θέλουσα
τὸν νεανίσκον τοῦ πρὸς αὑτὴν ἔρωτος, ὡς ἀδύνατον ἦν,
ᾔτησε τῆς συνουσίας μισθὸν τὸν Βακχίδος ὅρμον διαβόητον
ὄντα. ῞Ο δὲ σφοδρῶς ἐρῶν ἠξίωσε τὴν Βακχίδα μὴ περιιδεῖν
αὐτον ἀπολλύμενον. Καὶ ἡ Βακχὶς τὴν ὁρμὴν κατιδοῦσα τοῦ
νεανίσκου ἔδωκε. Πλαγγὼν δὲ τὸ ἄζηλον συνιδοῦσα τῆς
Βακχίδος τὸν μὲν ἀπέπεμψεν ἐκείνῃ, τῷ δὲ ὡμίλησε καὶ τοῦ
λοιποῦ φίλαι ἐγένοντο, κοινῶς περιέπουσαι τὸν ἐραστήν.
᾿Εφ' οἷς ῎Ιωνες ἀγασθέντες, ὥς φησι Μενέτωρ ἐν τῷ περὶ
᾿Αναθημάτων, Πασιφίλαν ἐκάλεσαν τὴν Πλαγγόνα.
Μαρτυρεῖ δὲ καὶ ᾿Αρχίλοχος περὶ αὐτῆς ἐν τούτοις ·
Συκῆ πετραίη πολλὰς βόσκουσα κορώνας,
εὐήθης ξείνων δέκτρια Πασιφίλη.
῞Οτι δὲ καὶ Μένανδρος ὁ ποιητὴς ἤρα Γλυκέρας κοινόν ·
ἐνεμεσήθη δέ. Φιλήμονος γὰρ ἑταίρας ἐρασθέντος καὶ
χρηστὴν ταύτην ὀνομάσαντος διὰ τοῦ δράματος,
ἀντέγραψεν Μένανδρος ὡς οὐδεμιᾶς οὔσης χρηστῆς.
| [13,66] Plangon de Milet, fut aussi une courtisane célèbre.
Dotée d'une beauté radieuse, elle fut aimée par un jeune
homme natif de Colophon, qui avait déjà une maîtresse
répondant au nom de Bacchis de Samos. Le jeune homme
parlait souvent de la beauté de Bacchis, au point que
Plangon essaya de le détourner d'elle. Ses efforts étant
voués à l'échec, elle exigea de lui, comme prix d’un
rendez-vous, une chose impossible à réaliser, à savoir le
don du collier de Bacchis. Ce collier est demeuré fameux.
Comme il était profondément amoureux de Plangon, il
supplia Bacchis de ne pas le laisser mourir de chagrin.
Bacchis, visiblement émue par sa passion, lui donna
finalement le collier. Mais Plangon, sensible à la générosité
de sa rivale, lui renvoya l'objet, et coucha malgré tout
avec le garçon. Et depuis lors, les deux femmes, devenues
amies, se partagèrent librement leur amant.
Enthousiasmés par cet acte, les Ioniens surnommèrent
Plangon «Pasiphile» (aimée de tous), selon le
témoignage de Ménétor, dans son ouvrage sur les
Offrandes votives. Archiloque en parle aussi :
"Comme un figuier parmi les roches, qui nourrit beaucoup de
corneilles, Pasiphile, une femme de petite vertu, est accueillante
aux étrangers.»
Tout le monde a encore en mémoire la liaison
qu'entretint le poète Ménandre avec Glycéra. Mais il se
brouilla avec elle car il était d'un naturel jaloux. Au même
moment, Philémon tomba amoureux de Glycéra et vanta
dans l'une de ses pièces sa bonté foncière. En guise de
riposte, Ménandre écrivit qu'aucune femme ne pouvait
raisonnablement être bonne.
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