[5,467] (467a) πρὸς δὲ τῇ θέᾳ διακονεῖν καὶ ὑπηρετεῖν πάντα τὰ περὶ τὸν
πόλεμον, καὶ θεραπεύειν πατέρας τε καὶ μητέρας. ἢ οὐκ ᾔσθησαι τὰ περὶ τὰς
τέχνας, οἷον τοὺς τῶν κεραμέων παῖδας, ὡς πολὺν χρόνον διακονοῦντες
θεωροῦσι πρὶν ἅπτεσθαι τοῦ κεραμεύειν;
Καὶ μάλα.
῏Η οὖν ἐκείνοις ἐπιμελέστερον παιδευτέον ἢ τοῖς φύλαξι τοὺς αὑτῶν ἐμπειρίᾳ τε
καὶ θέᾳ τῶν προσηκόντων;
Καταγέλαστον μεντἄν, ἔφη, εἴη.
᾿Αλλὰ μὴν καὶ μαχεῖταί γε πᾶν ζῷον διαφερόντως (467b) παρόντων ὧν ἂν τέκῃ.
῎Εστιν οὕτω. κίνδυνος δέ, ὦ Σώκρατες, οὐ σμικρὸς σφαλεῖσιν, οἷα δὴ ἐν πολέμῳ
φιλεῖ, πρὸς ἑαυτοῖς παῖδας ἀπολέσαντας ποιῆσαι καὶ τὴν ἄλλην πόλιν ἀδύνατον
ἀναλαβεῖν.
᾿Αληθῆ, ἦν δ’ ἐγώ, λέγεις. ἀλλὰ σὺ πρῶτον μὲν ἡγῇ παρασκευαστέον τὸ μή ποτε
κινδυνεῦσαι;
Οὐδαμῶς.
Τί δ’; εἴ που κινδυνευτέον, οὐκ ἐν ᾧ βελτίους ἔσονται κατορθοῦντες;
Δῆλον δή.
(467c) ᾿Αλλὰ σμικρὸν οἴει διαφέρειν καὶ οὐκ ἄξιον κινδύνου θεωρεῖν ἢ μὴ τὰ περὶ
τὸν πόλεμον παῖδας τοὺς ἄνδρας πολεμικοὺς ἐσομένους;
Οὔκ, ἀλλὰ διαφέρει πρὸς ὃ λέγεις.
Τοῦτο μὲν ἄρα ὑπαρκτέον, θεωροὺς πολέμου τοὺς παῖδας ποιεῖν,
προσμηχανᾶσθαι δ’ αὐτοῖς ἀσφάλειαν, καὶ καλῶς ἕξει· ἦ γάρ;
Ναί.
Οὐκοῦν, ἦν δ’ ἐγώ, πρῶτον μὲν αὐτῶν οἱ πατέρες, ὅσα ἄνθρωποι, οὐκ ἀμαθεῖς
ἔσονται ἀλλὰ γνωμονικοὶ τῶν (467d) στρατειῶν ὅσαι τε καὶ μὴ ἐπικίνδυνοι;
Εἰκός, ἔφη.
Εἰς μὲν ἄρα τὰς ἄξουσιν, εἰς δὲ τὰς εὐλαβήσονται.
᾿Ορθῶς.
Καὶ ἄρχοντάς γέ που, ἦν δ’ ἐγώ, οὐ τοὺς φαυλοτάτους αὐτοῖς ἐπιστήσουσιν ἀλλὰ
τοὺς ἐμπειρίᾳ τε καὶ ἡλικίᾳ ἱκανοὺς ἡγεμόνας τε καὶ παιδαγωγοὺς εἶναι.
Πρέπει γάρ.
᾿Αλλὰ γάρ, φήσομεν, καὶ παρὰ δόξαν πολλὰ πολλοῖς δὴ ἐγένετο.
Καὶ μάλα.
Πρὸς τοίνυν τὰ τοιαῦτα, ὦ φίλε, πτεροῦν χρὴ παιδία ὄντα εὐθύς, ἵν’, ἄν τι δέῃ,
πετόμενοι ἀποφεύγωσιν.
(467e) Πῶς λέγεις; ἔφη.
᾿Επὶ τοὺς ἵππους, ἦν δ’ ἐγώ, ἀναβιβαστέον ὡς νεωτάτους, καὶ διδαξαμένους
ἱππεύειν ἐφ’ ἵππων ἀκτέον ἐπὶ τὴν θέαν, μὴ θυμοειδῶν μηδὲ μαχητικῶν, ἀλλ’ ὅτι
ποδωκεστάτων καὶ εὐηνιωτάτων. οὕτω γὰρ κάλλιστά τε θεάσονται τὸ αὑτῶν
ἔργον, καὶ ἀσφαλέστατα, ἄν τι δέῃ, σωθήσονται μετὰ πρεσβυτέρων ἡγεμόνων
ἑπόμενοι.
᾿Ορθῶς, ἔφη, μοι δοκεῖς λέγειν.
| [5,467] (467a) qu'en outre ils puissent fournir aide et service en tout ce qui concerne la guerre,
et assister leurs pères et mères. N'as-tu pas remarqué ce qui se pratique dans les métiers, et,
par exemple, quel long temps les fils de potiers passent à aider et à regarder travailler leurs pères,
avant de mettre eux-mêmes la main à l'ouvrage ?
Certes, je l'ai remarqué.
Les artisans doivent-ils donc mettre plus de soin que les gardiens à former leurs enfants par
l'expérience et par la vue de ce qu'il convient de faire ?
Ce serait ridicule! avoua-t-il.
D'ailleurs tout animal lutte plus courageusement (467b) en présence de sa progéniture.
Oui, mais il y a grand risque, Socrate, qu'éprouvant l'un de ces revers qui sont fréquents à la
guerre, ils ne périssent, eux et leurs enfants, et que le reste de la cité ne puisse se relever d'une
telle perte.
Tu dis vrai, repris-je; mais penses-tu que notre premier devoir soit de ne jamais les exposer au
danger ?
Nullement.
Eh bien! s'ils doivent affronter le danger, n'est-ce pas dans les cas où le succès les rendra
meilleurs ?
Si, évidemment.
(467c) Or, crois-tu qu'il importe peu que des enfants destinés à devenir des guerriers voient ou
ne voient pas le spectacle de la guerre, et que la chose ne vaille pas le risque ?
Non, cela importe au contraire sous le rapport que tu mentionnes.
Nous ferons donc en sorte que les enfants soient spectateurs des combats, en pourvoyant à
leur sécurité, et tout ira bien, n'est-ce pas ?
Oui.
D'abord leurs pères ne seront pas des ignorants, mais sauront, autant que des hommes le
peuvent, quelles (467d) sont les expéditions périlleuses et celles qui ne le sont pas.
C'est naturel.
Par suite, ils conduiront les enfants aux unes, mais se garderont de les conduire aux autres.
Bien.
Et ils ne leur donneront pas pour chefs, poursuivis-je, les plus médiocres des citoyens, mais
ceux que l'expérience et l'âge rendent capables de conduire et de gouverner des enfants.
Oui, c'est ce qui convient.
Mais, dirons-nous, il arrive souvent des accidents imprévus.
Certes.
En vue de pareilles éventualités il faut donc, mon ami, donner de bonne heure des ailes aux
enfants, afin qu'ils puissent, si c'est nécessaire, s'échapper en s'envolant.
(467e) Que veux-tu dire ? demanda-t-il.
Qu'il faut, répondis-je, les faire monter à cheval aussi jeunes que possible, et bien exercés, les
conduire au combat comme spectateurs, non sur des chevaux ardents et belliqueux, mais sur
des chevaux très légers à la course et très dociles au frein. De cette façon ils verront
parfaitement ce qu'ils auront à faire un jour, et, au besoin, ils se sauveront en toute sécurité à
la suite de leurs vieux gouverneurs.
Il me semble que tu as raison.
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