[5,468] (468a) Τί δὲ δή, εἶπον, τὰ περὶ τὸν πόλεμον; πῶς ἑκτέον σοι τοὺς
στρατιώτας πρὸς αὑτούς τε καὶ τοὺς πολεμίους; ἆρ’ ὀρθῶς μοι καταφαίνεται ἢ οὔ;
Λέγ’, ἔφη, ποῖ’ αὖ.
Αὐτῶν μέν, εἶπον, τὸν λιπόντα τάξιν ἢ ὅπλα ἀποβαλόντα ἤ τι τῶν τοιούτων
ποιήσαντα διὰ κάκην ἆρα οὐ δημιουργόν τινα δεῖ καθιστάναι ἢ γεωργόν;
Πάνυ μὲν οὖν.
Τὸν δὲ ζῶντα εἰς τοὺς πολεμίους ἁλόντα ἆρ’ οὐ δωρεὰν διδόναι τοῖς ἑλοῦσι
χρῆσθαι τῇ ἄγρᾳ ὅτι ἂν βούλωνται;
(468b) Κομιδῇ γε.
Τὸν δὲ ἀριστεύσαντά τε καὶ εὐδοκιμήσαντα οὐ πρῶτον μὲν ἐπὶ στρατιᾶς ὑπὸ τῶν
συστρατευομένων μειρακίων τε καὶ παίδων ἐν μέρει ὑπὸ ἑκάστου δοκεῖ σοι
χρῆναι στεφανωθῆναι; ἢ οὔ;
῎Εμοιγε.
Τί δέ; δεξιωθῆναι;
Καὶ τοῦτο.
᾿Αλλὰ τόδ’ οἶμαι, ἦν δ’ ἐγώ, οὐκέτι σοι δοκεῖ.
Τὸ ποῖον;
Τὸ φιλῆσαί τε καὶ φιληθῆναι ὑπὸ ἑκάστου.
Πάντων, ἔφη, μάλιστα· καὶ προστίθημί γε τῷ νόμῳ, (468c) ἕως ἂν ἐπὶ ταύτης ὦσι
τῆς στρατιᾶς, καὶ μηδενὶ ἐξεῖναι ἀπαρνηθῆναι ὃν ἂν βούληται φιλεῖν, ἵνα καί,
ἐάν τίς του τύχῃ ἐρῶν ἢ ἄρρενος ἢ θηλείας, προθυμότερος ᾖ πρὸς τὸ τἀριστεῖα
φέρειν.
Καλῶς, ἦν δ’ ἐγώ. ὅτι μὲν γὰρ ἀγαθῷ ὄντι γάμοι τε ἕτοιμοι πλείους ἢ τοῖς ἄλλοις
καὶ αἱρέσεις τῶν τοιούτων πολλάκις παρὰ τοὺς ἄλλους ἔσονται, ἵν’ ὅτι πλεῖστοι
ἐκ τοῦ τοιούτου γίγνωνται, εἴρηται ἤδη.
Εἴπομεν γάρ, ἔφη.
᾿Αλλὰ μὴν καὶ καθ’ ῞Ομηρον τοῖς τοιοῖσδε δίκαιον τιμᾶν (468d) τῶν νέων ὅσοι
ἀγαθοί. καὶ γὰρ ῞Ομηρος τὸν εὐδοκιμήσαντα ἐν τῷ πολέμῳ νώτοισιν Αἴαντα ἔφη
διηνεκέεσσι γεραίρεσθαι, ὡς ταύτην οἰκείαν οὖσαν τιμὴν τῷ ἡβῶντί τε καὶ
ἀνδρείῳ, ἐξ ἧς ἅμα τῷ τιμᾶσθαι καὶ τὴν ἰσχὺν αὐξήσει.
᾿Ορθότατα, ἔφη.
Πεισόμεθα ἄρα, ἦν δ’ ἐγώ, ταῦτά γε ῾Ομήρῳ. καὶ γὰρ ἡμεῖς ἔν τε θυσίαις καὶ τοῖς
τοιούτοις πᾶσι τοὺς ἀγαθούς, καθ’ ὅσον ἂν ἀγαθοὶ φαίνωνται, καὶ ὕμνοις καὶ οἷς
νυνδὴ ἐλέγομεν τιμήσομεν, πρὸς δὲ τούτοις ἕδραις τε καὶ κρέασιν (468e) ἰδὲ
πλείοις δεπάεσσιν, ἵνα ἅμα τῷ τιμᾶν ἀσκῶμεν τοὺς ἀγαθοὺς ἄνδρας τε καὶ
γυναῖκας.
Κάλλιστα, ἔφη, λέγεις.
Εἶεν· τῶν δὲ δὴ ἀποθανόντων ἐπὶ στρατιᾶς ὃς ἂν εὐδοκιμήσας τελευτήσῃ ἆρ’ οὐ
πρῶτον μὲν φήσομεν τοῦ χρυσοῦ γένους εἶναι;
Πάντων γε μάλιστα.
᾿Αλλ’ οὐ πεισόμεθα ῾Ησιόδῳ, ἐπειδάν τινες τοῦ τοιούτου γένους τελευτήσωσιν,
| [5,468] (468a) Mais que dire de ce qui touche à la guerre ? Comment tes soldats se conduiront-ils
entre eux et à l'égard de l'ennemi ? Crois-tu que mon opinion là-dessus soit juste ou non ?
Expose-la.
Le soldat qui aura quitté son poste, jeté ses armes, ou commis quelque action semblable par
lâcheté, ne doit-il pas être relégué parmi les artisans ou les laboureurs ?
Si, très certainement.
Et celui qui aura été pris vivant par l'ennemi, ne le laissera-t-on pas en présent à ceux qui
l'auront pris, pour qu'ils fassent de leur capture ce qu'ils voudront ?
(468b) Si.
Quant à celui qui se sera distingué par sa belle conduite, ne convient-il pas, en premier lieu,
que sur le champ de bataille les jeunes gens et les enfants ayant suivi l'expédition viennent,
chacun à son tour, le couronner ? N'es-tu pas de cet avis ?
Si.
... Et lui donner la main ?
Je suis aussi de cet avis.
Mais ceci, j'imagine, n'aura pas ton approbation.
Quoi ?
Que chacun d'eux l'embrasse et en soit embrassé.
Plus que tout autre chose, répondit-il, j'approuve cela. J'ajoute même à ce règlement (468c) que,
pendant la durée de l'expédition, il ne sera permis à aucun de ceux qu'il voudrait embrasser de
s'y refuser, afin que le guerrier qui aimerait quelqu'un, homme ou femme, soit plus ardent à
remporter le prix de la valeur.
Bien, repris-je. D'ailleurs nous avons déjà dit qu'on ménagerait aux citoyens d'élite des unions
plus nombreuses qu'aux autres, et que pour les mariages le choix se porterait plus souvent sur
eux que sur les autres, afin que leur race se multiplie autant que possible.
Nous l'avons dit, en effet.
Selon Homère, il est également juste d'honorer les jeunes gens qui se distinguent par des
faveurs (468d) de ce genre-ci. Homère en effet raconte qu'Ajax s'étant signalé dans un combat,
on l'honora en lui servant le dos entier d'une victime, et par là il entend que cette
récompense convenait bien à un guerrier jeune et vaillant, étant à la fois pour lui une
distinction et un moyen d'accroître ses forces.
Parfaitement.
Nous suivrons donc sur ce point l'autorité d'Homère : dans les sacrifices et dans toutes les
solennités semblables nous honorerons les braves, selon leur mérite, non seulement par des
hymnes et par les distinctions dont nous venons de parler, mais encore par des sièges réservés,
par des viandes (468e) et par des coupes pleines, afin de les former, hommes et femmes,
tout en les honorant.
Très bien.
Pour ce qui est des guerriers morts dans l'expédition, ne dirons-nous pas de celui qui aura
trouvé une fin glorieuse qu'il appartient à la race d'or?
Nous le dirons, sans aucun doute.
Ensuite ne croirons-nous pas avec Hésiode qu'après leur trépas
|