[5,463] (463a) Τί οὖν; ἔστι μέν που καὶ ἐν ταῖς ἄλλαις πόλεσιν ἄρχοντές τε
καὶ δῆμος, ἔστι δὲ καὶ ἐν ταύτῃ;
῎Εστι.
Πολίτας μὲν δὴ πάντες οὗτοι ἀλλήλους προσεροῦσι;
Πῶς δ’ οὔ;
᾿Αλλὰ πρὸς τῷ πολίτας τί ὁ ἐν ταῖς ἄλλαις δῆμος τοὺς ἄρχοντας προσαγορεύει;
᾿Εν μὲν ταῖς πολλαῖς δεσπότας, ἐν δὲ ταῖς δημοκρατουμέναις αὐτὸ τοὔνομα
τοῦτο, ἄρχοντας.
Τί δ’ ὁ ἐν τῇ ἡμετέρᾳ δῆμος; πρὸς τῷ πολίτας τί τοὺς ἄρχοντάς φησιν εἶναι;
(463b) Σωτῆράς τε καὶ ἐπικούρους, ἔφη.
Τί δ’ οὗτοι τὸν δῆμον;
Μισθοδότας τε καὶ τροφέας.
Οἱ δ’ ἐν ταῖς ἄλλαις ἄρχοντες τοὺς δήμους;
Δούλους, ἔφη.
Τί δ’ οἱ ἄρχοντες ἀλλήλους;
Συνάρχοντας, ἔφη.
Τί δ’ οἱ ἡμέτεροι;
Συμφύλακας.
῎Εχεις οὖν εἰπεῖν τῶν ἀρχόντων τῶν ἐν ταῖς ἄλλαις πόλεσιν, εἴ τίς τινα ἔχει
προσειπεῖν τῶν συναρχόντων τὸν μὲν ὡς οἰκεῖον, τὸν δ’ ὡς ἀλλότριον;
Καὶ πολλούς γε.
Οὐκοῦν τὸν μὲν οἰκεῖον ὡς ἑαυτοῦ νομίζει τε καὶ λέγει, (463c) τὸν δ’ ἀλλότριον ὡς
οὐχ ἑαυτοῦ;
Οὕτω.
Τί δὲ οἱ παρὰ σοὶ φύλακες; ἔσθ’ ὅστις αὐτῶν ἔχοι ἂν
τῶν συμφυλάκων νομίσαι τινὰ ἢ προσειπεῖν ὡς ἀλλότριον;
Οὐδαμῶς, ἔφη· παντὶ γὰρ ᾧ ἂν ἐντυγχάνῃ, ἢ ὡς ἀδελφῷ ἢ ὡς ἀδελφῇ ἢ ὡς πατρὶ
ἢ ὡς μητρὶ ἢ ὑεῖ ἢ θυγατρὶ ἢ τούτων ἐκγόνοις ἢ προγόνοις νομιεῖ ἐντυγχάνειν.
Κάλλιστα, ἦν δ’ ἐγώ, λέγεις, ἀλλ’ ἔτι καὶ τόδε εἰπέ· πότερον αὐτοῖς τὰ ὀνόματα
μόνον οἰκεῖα νομοθετήσεις, ἢ (463d) καὶ τὰς πράξεις πάσας κατὰ τὰ ὀνόματα
πράττειν, περί τε τοὺς πατέρας, ὅσα νόμος περὶ πατέρας αἰδοῦς τε πέρι καὶ
κηδεμονίας καὶ τοῦ ὑπήκοον δεῖν εἶναι τῶν γονέων, ἢ μήτε πρὸς θεῶν μήτε πρὸς
ἀνθρώπων αὐτῷ ἄμεινον ἔσεσθαι, ὡς οὔτε ὅσια οὔτε δίκαια πράττοντος ἄν, εἰ
ἄλλα πράττοι ἢ ταῦτα; αὗταί σοι ἢ ἄλλαι φῆμαι ἐξ ἁπάντων τῶν πολιτῶν
ὑμνήσουσιν εὐθὺς περὶ τὰ τῶν παίδων ὦτα καὶ περὶ πατέρων, οὓς ἂν αὐτοῖς τις
ἀποφήνῃ, καὶ περὶ τῶν ἄλλων συγγενῶν;
(463e) Αὗται, ἔφη· γελοῖον γὰρ ἂν εἴη εἰ ἄνευ ἔργων οἰκεῖα ὀνόματα διὰ τῶν
στομάτων μόνον φθέγγοιντο.
Πασῶν ἄρα πόλεων μάλιστα ἐν αὐτῇ συμφωνήσουσιν ἑνός τινος ἢ εὖ ἢ κακῶς
πράττοντος ὃ νυνδὴ ἐλέγομεν τὸ ῥῆμα, τὸ ὅτι τὸ ἐμὸν εὖ πράττει ἢ ὅτι τὸ ἐμὸν
κακῶς.
᾿Αληθέστατα αὖ, ἦ δ’ ὅς.
| [5,463] Or donc, dans les autres cités n'y a-t-il pas magistrats (463a) et gens du peuple, comme
dans la nôtre?
Si.
Et tous se donnent entre eux le nom de citoyens?
Comment non?
Mais, outre ce nom de citoyens, quel nom particulier le peuple donne-t-il, dans les autres
cités, à ceux qui le gouvernent?
Dans la plupart il les appelle maîtres, et dans les gouvernements démocratiques, archontes.
Et dans notre cité? Quel nom, outre celui de citoyens, le peuple donnera-t-il aux chefs?
Celui de sauveurs et de défenseurs, répondit-il.
(463b) Ceux-ci, à leur tour, comment appelleront-ils le peuple?
Distributeur du salaire et de la nourriture.
Mais dans les autres cités, comment les chefs traitent-ils les peuples?
D'esclaves.
Et comment se traitent-ils entre eux?
De collègues dans l'autorité.
Et dans la nôtre?
De collègues dans la garde.
Pourrais-tu me dire si, dans les autres cités, les chefs en usent en amis avec tel de leurs
collègues, et en étrangers avec tel autre?
Beaucoup agissent de la sorte.
Ainsi, ils pensent et disent que les intérêts de l'ami les (463c) touchent, et non ceux de l'étranger.
Oui.
Mais chez tes gardiens? En est-il un seul qui puisse penser ou dire d'un de ses collègues qu'il
lui est étranger?
Point du tout, puisque chacun croira voir dans les autres un frère ou une soeur, un père ou une
mère, un fils ou une fille, ou quelque autre parent dans la ligne ascendante ou descendante.
Très bien dit, observai-je; mais réponds encore à ceci : légiféreras-tu simplement pour qu'ils
se donnent des (463d) noms de parenté, ou pour que toutes leurs actions soient en accord avec
ces noms, pour qu'ils rendent à leurs pères tous les devoirs de respect, de sollicitude et
d'obéissance que prescrit la loi à l'égard des parents - sous peine d'encourir la haine des dieux
et des hommes, en agissant autrement? Car agir autrement c'est commettre une impiété et une
injustice. Sont-ce ces maximes ou d'autres que tous tes citoyens feront, de bonne heure,
sonner aux oreilles des enfants, en les entretenant de leurs pères, qu'ils leur désigneront, et de
leurs autres parents?
(463e) Celles-là mêmes, répondit-il. Il serait en effet ridicule qu'ils eussent à la bouche ces
noms de parenté sans remplir les devoirs qu'ils impliquent.
Ainsi dans notre État, plus que dans tous les autres, les citoyens prononceront d'une seule
voix, quand il arrivera du bien ou du mal à l'un d'eux, nos paroles de tout à l'heure : mes
affaires vont bien, ou mes affaires vont mal.
Rien de plus vrai.
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