[5,462] (462a) Οὕτω νὴ Δία, ἦ δ’ ὅς.
῏Αρ’ οὖν οὐχ ἥδε ἀρχὴ τῆς ὁμολογίας, ἐρέσθαι ἡμᾶς αὐτοὺς τί ποτε τὸ μέγιστον
ἀγαθὸν ἔχομεν εἰπεῖν εἰς πόλεως κατασκευήν, οὗ δεῖ στοχαζόμενον τὸν
νομοθέτην τιθέναι τοὺς νόμους, καὶ τί μέγιστον κακόν, εἶτα ἐπισκέψασθαι ἆρα ἃ
νυνδὴ διήλθομεν εἰς μὲν τὸ τοῦ ἀγαθοῦ ἴχνος ἡμῖν ἁρμόττει, τῷ δὲ τοῦ κακοῦ
ἀναρμοστεῖ;
Πάντων μάλιστα, ἔφη.
῎Εχομεν οὖν τι μεῖζον κακὸν πόλει ἢ ἐκεῖνο ὃ ἂν αὐτὴν (462b) διασπᾷ καὶ ποιῇ
πολλὰς ἀντὶ μιᾶς; ἢ μεῖζον ἀγαθὸν τοῦ ὃ ἂν συνδῇ τε καὶ ποιῇ μίαν;
Οὐκ ἔχομεν.
Οὐκοῦν ἡ μὲν ἡδονῆς τε καὶ λύπης κοινωνία συνδεῖ, ὅταν ὅτι μάλιστα πάντες οἱ
πολῖται τῶν αὐτῶν γιγνομένων τε καὶ ἀπολλυμένων παραπλησίως χαίρωσι καὶ
λυπῶνται;
Παντάπασι μὲν οὖν, ἔφη.
῾Η δέ γε τῶν τοιούτων ἰδίωσις διαλύει, ὅταν οἱ μὲν περιαλγεῖς, οἱ δὲ περιχαρεῖς
γίγνωνται ἐπὶ τοῖς αὐτοῖς (462c) παθήμασι τῆς πόλεώς τε καὶ τῶν ἐν τῇ πόλει;
Τί δ’ οὔ;
῏Αρ’ οὖν ἐκ τοῦδε τὸ τοιόνδε γίγνεται, ὅταν μὴ ἅμα φθέγγωνται ἐν τῇ πόλει τὰ
τοιάδε ῥήματα, τό τε ἐμὸν καὶ τὸ οὐκ ἐμόν; καὶ περὶ τοῦ ἀλλοτρίου κατὰ ταὐτά;
Κομιδῇ μὲν οὖν.
᾿Εν ᾗτινι δὴ πόλει πλεῖστοι ἐπὶ τὸ αὐτὸ κατὰ ταὐτὰ τοῦτο λέγουσι τὸ ἐμὸν καὶ τὸ
οὐκ ἐμόν, αὕτη ἄριστα διοικεῖται;
Πολύ γε.
Καὶ ἥτις δὴ ἐγγύτατα ἑνὸς ἀνθρώπου ἔχει; οἷον ὅταν που ἡμῶν δάκτυλός του
πληγῇ, πᾶσα ἡ κοινωνία ἡ κατὰ τὸ σῶμα πρὸς τὴν ψυχὴν τεταμένη εἰς μίαν
σύνταξιν τὴν τοῦ ἄρχοντος (462d) ἐν αὐτῇ ᾔσθετό τε καὶ πᾶσα ἅμα συνήλγησεν
μέρους πονήσαντος ὅλη, καὶ οὕτω δὴ λέγομεν ὅτι ὁ ἄνθρωπος τὸν δάκτυλον
ἀλγεῖ· καὶ περὶ ἄλλου ὁτουοῦν τῶν τοῦ ἀνθρώπου ὁ αὐτὸς λόγος, περί τε λύπης
πονοῦντος μέρους καὶ περὶ ἡδονῆς ῥαΐζοντος;
῾Ο αὐτὸς γάρ, ἔφη· καὶ τοῦτο ὃ ἐρωτᾷς, τοῦ τοιούτου ἐγγύτατα ἡ ἄριστα
πολιτευομένη πόλις οἰκεῖ.
῾Ενὸς δὴ οἶμαι πάσχοντος τῶν πολιτῶν ὁτιοῦν ἢ ἀγαθὸν (462e) ἢ κακὸν ἡ τοιαύτη
πόλις μάλιστά τε φήσει ἑαυτῆς εἶναι τὸ πάσχον, καὶ ἢ συνησθήσεται ἅπασα ἢ
συλλυπήσεται.
᾿Ανάγκη, ἔφη, τήν γε εὔνομον.
῞Ωρα ἂν εἴη, ἦν δ’ ἐγώ, ἐπανιέναι ἡμῖν ἐπὶ τὴν ἡμετέραν πόλιν, καὶ τὰ τοῦ λόγου
ὁμολογήματα σκοπεῖν ἐν αὐτῇ, εἰ αὐτὴ μάλιστ’ ἔχει εἴτε καὶ ἄλλη τις μᾶλλον.
Οὐκοῦν χρή, ἔφη.
| [5,462] Oui, par Zeus ! (462a)
Or, comme point de départ de notre accord, ne devons-nous pas nous demander à nous-mêmes
quel est, dans l'organisation d'une cité, le plus grand bien, celui que le législateur doit
viser en établissant ses lois, et quel est aussi le plus grand mal? Ensuite ne faut-il pas
examiner si la communauté que nous avons décrite tout à l'heure nous met sur la trace de ce
grand bien et nous éloigne de ce grand mal?
On ne peut mieux dire.
Mais est-il plus grand mal pour une cité que ce qui la (462b) divise et la rend multiple au lieu
d'une? Est-il plus grand bien que ce qui l'unit et la rend une?
Non.
Eh bien ! la communauté de plaisir et de peine n'est-elle pas un bien dans la cité, lorsque,
autant que possible, tous les citoyens se réjouissent ou s'affligent également des mêmes
événements heureux ou malheureux?
Si, très certainement.
Et n'est-ce pas l'égoïsme de ces sentiments, qui la divise, lorsque les uns éprouvent une
vive douleur, et les autres une vive joie, à l'occasion des mêmes événements (462c) publics ou
particuliers?
Sans doute.
Or, cela ne vient-il pas de ce que les citoyens ne sont point unanimes à prononcer ces paroles :
ceci me concerne, ceci ne me concerne pas, ceci m'est étranger?
Sans aucun doute.
Par conséquent, la cité dans laquelle la plupart des citoyens disent à propos des mêmes choses :
ceci me concerne, ceci ne me concerne pas, cette cité est excellemment organisée?
Certainement.
Et ne se comporte-t-elle pas, à très peu de chose près, comme un seul homme? Je m'explique :
quand un de nos doigts reçoit quelque coup, la communauté du corps (462d) et de l'âme, qui
forme une seule organisation, à savoir celle de son principe directeur, éprouve une sensation;
tout entière et simultanément elle souffre avec l'une de ses parties : aussi disons-nous que
l'homme a mal au doigt. Il en est de même de toute autre partie de l'homme, qu'il s'agisse du
malaise causé par la douleur, ou du mieux-être qu'entraîne le plaisir.
Il en est de même, en effet. Et pour en revenir à ce que tu demandais, une cité bien gouvernée
se trouve dans une condition très voisine de celle de l'homme.
Qu'il arrive donc à un citoyen un bien ou un mal quelconque, ce sera surtout une pareille cité
qui fera (462e) siens les sentiments qu'il éprouvera, et qui, tout entière, partagera sa joie ou sa
peine.
Il y a nécessité qu'il en soit ainsi dans une cité aux bonnes lois.
Maintenant, il serait temps de revenir à notre cité, et d'examiner si les conclusions de notre
discours s'appliquent tout particulièrement à elle, ou s'appliquent plutôt à quelque autre cité.
Oui, nous devons procéder ainsi.
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