[5,477] (477a) ῎Ον· πῶς γὰρ ἂν μὴ ὄν γέ τι γνωσθείη;
῾Ικανῶς οὖν τοῦτο ἔχομεν, κἂν εἰ πλεοναχῇ σκοποῖμεν, ὅτι τὸ μὲν παντελῶς ὂν
παντελῶς γνωστόν, μὴ ὂν δὲ μηδαμῇ πάντῃ ἄγνωστον;
῾Ικανώτατα.
Εἶεν· εἰ δὲ δή τι οὕτως ἔχει ὡς εἶναί τε καὶ μὴ εἶναι, οὐ μεταξὺ ἂν κέοιτο τοῦ
εἰλικρινῶς ὄντος καὶ τοῦ αὖ μηδαμῇ ὄντος;
Μεταξύ.
Οὐκοῦν ἐπὶ μὲν τῷ ὄντι γνῶσις ἦν, ἀγνωσία δ’ ἐξ ἀνάγκης ἐπὶ μὴ ὄντι, ἐπὶ δὲ τῷ
μεταξὺ τούτῳ μεταξύ τι καὶ ζητητέον (477b) ἀγνοίας τε καὶ ἐπιστήμης, εἴ τι
τυγχάνει ὂν τοιοῦτον;
Πάνυ μὲν οὖν.
῏Αρ’ οὖν λέγομέν τι δόξαν εἶναι;
Πῶς γὰρ οὔ;
Πότερον ἄλλην δύναμιν ἐπιστήμης ἢ τὴν αὐτήν;
῎Αλλην.
᾿Επ’ ἄλλῳ ἄρα τέτακται δόξα καὶ ἐπ’ ἄλλῳ ἐπιστήμη, κατὰ τὴν δύναμιν ἑκατέρα
τὴν αὑτῆς.
Οὕτω.
Οὐκοῦν ἐπιστήμη μὲν ἐπὶ τῷ ὄντι πέφυκε, γνῶναι ὡς ἔστι τὸ ὄν; - μᾶλλον δὲ ὧδέ
μοι δοκεῖ πρότερον ἀναγκαῖον εἶναι διελέσθαι.
Πῶς;
(477c) Φήσομεν δυνάμεις εἶναι γένος τι τῶν ὄντων, αἷς δὴ καὶ ἡμεῖς δυνάμεθα ἃ
δυνάμεθα καὶ ἄλλο πᾶν ὅτι περ ἂν δύνηται, οἷον λέγω ὄψιν καὶ ἀκοὴν τῶν
δυνάμεων εἶναι, εἰ ἄρα μανθάνεις ὃ βούλομαι λέγειν τὸ εἶδος.
᾿Αλλὰ μανθάνω, ἔφη.
῎Ακουσον δὴ ὅ μοι φαίνεται περὶ αὐτῶν. δυνάμεως γὰρ ἐγὼ οὔτε τινὰ χρόαν ὁρῶ
οὔτε σχῆμα οὔτε τι τῶν τοιούτων οἷον καὶ ἄλλων πολλῶν, πρὸς ἃ ἀποβλέπων
ἔνια διορίζομαι παρ’ ἐμαυτῷ τὰ μὲν ἄλλα εἶναι, τὰ δὲ ἄλλα· δυνάμεως (477d) δ’
εἰς ἐκεῖνο μόνον βλέπω ἐφ’ ᾧ τε ἔστι καὶ ὃ ἀπεργάζεται, καὶ ταύτῃ ἑκάστην
αὐτῶν δύναμιν ἐκάλεσα, καὶ τὴν μὲν ἐπὶ τῷ αὐτῷ τεταγμένην καὶ τὸ αὐτὸ
ἀπεργαζομένην τὴν αὐτὴν καλῶ, τὴν δὲ ἐπὶ ἑτέρῳ καὶ ἕτερον ἀπεργαζομένην
ἄλλην. τί δὲ σύ; πῶς ποιεῖς;
Οὕτως, ἔφη.
Δεῦρο δὴ πάλιν, ἦν δ’ ἐγώ, ὦ ἄριστε. ἐπιστήμην πότερον δύναμίν τινα φῂς εἶναι
αὐτήν, ἢ εἰς τί γένος τιθεῖς;
Εἰς τοῦτο, ἔφη, πασῶν γε δυνάμεων ἐρρωμενεστάτην.
(477e) Τί δέ, δόξαν εἰς δύναμιν ἢ εἰς ἄλλο εἶδος οἴσομεν;
Οὐδαμῶς, ἔφη· ᾧ γὰρ δοξάζειν δυνάμεθα, οὐκ ἄλλο τι ἢ δόξα ἐστίν.
᾿Αλλὰ μὲν δὴ ὀλίγον γε πρότερον ὡμολόγεις μὴ τὸ αὐτὸ εἶναι ἐπιστήμην τε καὶ
δόξαν.
Πῶς γὰρ ἄν, ἔφη, τό γε ἀναμάρτητον τῷ μὴ ἀναμαρτήτῳ ταὐτόν τις νοῦν ἔχων
τιθείη;
| [5,477] Qui est; car comment connaître ce qui n'est pas? (477a)
Dès lors, sans pousser plus loin notre examen, nous sommes suffisamment sûrs de ceci : que
ce qui est parfaitement peut être parfaitement connu, et que ce qui n'est nullement ne peut être
nullement connu.
Nous en sommes très suffisamment sûrs.
Soit; mais s'il y avait une chose qui fût et ne fût pas en même temps, ne tiendrait-elle pas le
milieu entre ce qui est absolument et ce qui n'est point du tout?
Elle tiendrait ce milieu.
Si donc la connaissance porte sur l'être, et l'ignorance, nécessairement, sur le non-être, il faut
chercher, pour ce (477b) qui tient le milieu entre l'être et le non-être, quelque intermédiaire
entre la science et l'ignorance, supposé qu'il existe quelque chose de tel.
Sans doute.
Mais est-ce quelque chose que l'opinion?
Certes !
Est-ce une puissance distincte de la science ou identique à elle?
C'est une puissance distincte.
Ainsi l'opinion a son objet part, et la science de même, chacune selon sa propre puissance.
Oui.
Et la science, portant par nature sur l'être, a pour objet de connaître qu'il est l'être. - Mais je
crois que nous devons d'abord nous expliquer ainsi.
Comment?
(477c) Nous dirons que les puissances sont un genre d'êtres qui nous rendent capables, nous et
tous les autres agents, des opérations qui nous sont propres. Par exemple, je dis que la vue et
l'ouïe sont des puissances. Tu comprends ce que j'entends par ce nom générique.
Je comprends.
Écoute donc quelle est ma pensée au sujet des puissances. Je ne vois en elles ni couleur, ni
figure, ni aucun de ces attributs que possèdent maintes autres choses et par rapport à quoi je
fais en moi-même des (477d) distinctions entre ces choses. Je n'envisage dans une
puissance que l'objet auquel elle s'applique et les effets qu'elle opère : pour cette raison je leur
ai donné à toutes le nom de puissances, et j'appelle identiques celles qui s'appliquent au même
objet et opèrent les mêmes effets, et différentes celles dont l'objet et les effets sont différents.
Mais toi, comment fais-tu?
De la même manière.
Maintenant reprenons, excellent ami, dis-je; mets-tu la science au nombre des puissances ou
dans un autre genre d'êtres?
Je la mets au nombre des puissances : elle est même (477e) la plus forte de toutes.
Et l'opinion? la rangerons-nous parmi les puissances ou dans une autre classe?
Nullement, répondit-il, car l'opinion n'est autre chose que la puissance qui nous permet de
juger sur l'apparence.
Mais, il n'y a qu'un instant, tu convenais que science et opinion sont choses distinctes.
Sans doute. Et comment un homme sensé pourrait-il confondre ce qui est infaillible avec ce
qui ne l'est pas?
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