[5,478] Καλῶς, ἦν δ’ ἐγώ, καὶ δῆλον ὅτι ἕτερον ἐπιστήμης δόξα (478a)
ὁμολογεῖται ἡμῖν.
῞Ετερον.
᾿Εφ’ ἑτέρῳ ἄρα ἕτερόν τι δυναμένη ἑκατέρα αὐτῶν πέφυκεν;
᾿Ανάγκη.
᾿Επιστήμη μέν γέ που ἐπὶ τῷ ὄντι, τὸ ὂν γνῶναι ὡς ἔχει;
Ναί.
Δόξα δέ, φαμέν, δοξάζειν;
Ναί.
῏Η ταὐτὸν ὅπερ ἐπιστήμη γιγνώσκει; καὶ ἔσται γνωστόν τε καὶ δοξαστὸν τὸ αὐτό;
ἢ ἀδύνατον;
᾿Αδύνατον, ἔφη, ἐκ τῶν ὡμολογημένων· εἴπερ ἐπ’ ἄλλῳ ἄλλη δύναμις πέφυκεν,
δυνάμεις δὲ ἀμφότεραί ἐστον, δόξα τε (478b) καὶ ἐπιστήμη, ἄλλη δὲ ἑκατέρα, ὥς
φαμεν, ἐκ τούτων δὴ οὐκ ἐγχωρεῖ γνωστὸν καὶ δοξαστὸν ταὐτὸν εἶναι.
Οὐκοῦν εἰ τὸ ὂν γνωστόν, ἄλλο τι ἂν δοξαστὸν ἢ τὸ ὂν εἴη;
῎Αλλο.
῏Αρ’ οὖν τὸ μὴ ὂν δοξάζει; ἢ ἀδύνατον καὶ δοξάσαι τό γε μὴ ὄν; ἐννόει δέ. οὐχ ὁ
δοξάζων ἐπὶ τὶ φέρει τὴν δόξαν; ἢ οἷόν τε αὖ δοξάζειν μέν, δοξάζειν δὲ μηδέν;
᾿Αδύνατον.
᾿Αλλ’ ἕν γέ τι δοξάζει ὁ δοξάζων;
Ναί.
᾿Αλλὰ μὴν μὴ ὄν γε οὐχ ἕν τι ἀλλὰ μηδὲν ὀρθότατ’ ἂν (478c) προσαγορεύοιτο;
Πάνυ γε.
Μὴ ὄντι μὴν ἄγνοιαν ἐξ ἀνάγκης ἀπέδομεν, ὄντι δὲ γνῶσιν;
᾿Ορθῶς, ἔφη.
Οὐκ ἄρα ὂν οὐδὲ μὴ ὂν δοξάζει;
Οὐ γάρ.
Οὔτε ἄρα ἄγνοια οὔτε γνῶσις δόξα ἂν εἴη;
Οὐκ ἔοικεν.
῎Αρ’ οὖν ἐκτὸς τούτων ἐστίν, ὑπερβαίνουσα ἢ γνῶσιν σαφηνείᾳ ἢ ἄγνοιαν
ἀσαφείᾳ;
Οὐδέτερα.
᾿Αλλ’ ἆρα, ἦν δ’ ἐγώ, γνώσεως μέν σοι φαίνεται δόξα σκοτωδέστερον, ἀγνοίας δὲ
φανότερον;
Καὶ πολύ γε, ἔφη.
(478d) ᾿Εντὸς δ’ ἀμφοῖν κεῖται;
Ναί.
Μεταξὺ ἄρα ἂν εἴη τούτοιν δόξα.
Κομιδῇ μὲν οὖν.
Οὐκοῦν ἔφαμεν ἐν τοῖς πρόσθεν, εἴ τι φανείη οἷον ἅμα ὄν τε καὶ μὴ ὄν, τὸ
τοιοῦτον μεταξὺ κεῖσθαι τοῦ εἰλικρινῶς ὄντος τε καὶ τοῦ πάντως μὴ ὄντος, καὶ
οὔτε ἐπιστήμην οὔτε ἄγνοιαν ἐπ’ αὐτῷ ἔσεσθαι, ἀλλὰ τὸ μεταξὺ αὖ φανὲν
ἀγνοίας καὶ ἐπιστήμης;
᾿Ορθῶς.
Νῦν δέ γε πέφανται μεταξὺ τούτοιν ὃ δὴ καλοῦμεν δόξαν;
Πέφανται.
(478e) ᾿Εκεῖνο δὴ λείποιτ’ ἂν ἡμῖν εὑρεῖν, ὡς ἔοικε, τὸ ἀμφοτέρων μετέχον, τοῦ
εἶναί τε καὶ μὴ εἶναι, καὶ οὐδέτερον εἰλικρινὲς ὀρθῶς ἂν προσαγορευόμενον, ἵνα,
ἐὰν φανῇ, δοξαστὸν αὐτὸ εἶναι ἐν δίκῃ προσαγορεύωμεν, τοῖς μὲν ἄκροις τὰ
ἄκρα, τοῖς δὲ μεταξὺ τὰ μεταξὺ ἀποδιδόντες. ἢ οὐχ οὕτως;
Οὕτω.
Τούτων δὴ ὑποκειμένων λεγέτω μοι, φήσω,
| [5,478] Bien, repris-je; ainsi il est évident que nous distinguons (478a) l'opinion de la science.
Oui.
Par suite, chacune d'elles a par nature un pouvoir distinct sur un objet distinct.
Nécessairement.
La science sur ce qui est, pour connaître comment se comporte l'être.
Oui.
Et l'opinion, disons-nous, pour juger sur l'apparence.
Oui.
Mais connaît-elle ce que connaît la science? Une même chose peut-elle être à la fois l'objet de
la science et de l'opinion? ou bien est-ce impossible?
De notre aveu c'est impossible; car si des puissances différentes ont par nature des objets
différents, si d'ailleurs science et opinion sont deux puissances différentes, (478b) il s'ensuit que
l'objet de la science ne peut être celui de l'opinion.
Si donc l'objet de la science est l'être, celui de l'opinion sera autre chose que l'être.
Autre chose.
Mais l'opinion peut-elle porter sur le non-être? ou est-il impossible de connaître par elle ce qui
n'est pas? Réfléchis : celui qui opine, opine-t-il sur quelque chose, ou bien peut-on opiner et
n'opiner sur rien?
C'est impossible.
Ainsi celui qui opine, opine sur une certaine chose.
Oui.
Mais certes on appellerait à très bon droit le non-être (478c) un néant, et non pas une certaine
chose.
Assurément.
Aussi avons-nous dû, de toute nécessité, rapporter l'être à la science et le non-être à l'ignorance.
Nous avons bien fait.
L'objet de l'opinion n'est donc ni l'être ni le non-être.
Non.
Et par conséquent l'opinion n'est ni science ni ignorance.
Non, à ce qu'il semble.
Est-elle donc au delà de l'une ou de l'autre, surpassant la science en clarté ou l'ignorance en
obscurité?
Non.
Alors te paraît-elle plus obscure que la science et plus claire que l'ignorance?
Certainement, répondit-il.
(478d) Se trouve-t-elle entre l'une et l'autre?
Oui.
L'opinion est donc quelque chose d'intermédiaire entre la science et l'ignorance.
Tout à fait.
Or, n'avons-nous pas dit précédemment que si nous trouvions une chose qui fût et ne fût pas
en même temps, cette chose tiendrait le milieu entre l'être absolu et l'absolu néant, et ne serait
l'objet ni de la science ni de l'ignorance, mais de ce qui apparaîtrait intermédiaire entre l'une et
l'autre?
Nous l'avons dit avec raison.
Mais il apparaît maintenant que cet intermédiaire est ce que nous appelons opinion.
Cela apparaît.
Il nous reste donc à trouver, ce semble, quelle est (478e) cette chose qui participe à la fois de
l'être et du non-être, et qui n'est exactement ni l'un ni l'autre : si nous la découvrons nous
l'appellerons à bon droit objet de l'opinion, assignant les extrêmes aux extrêmes, et les
intermédiaires aux intermédiaires, n'est-ce pas?
Sans doute.
Cela posé, qu'il me réponde, dirai-je,
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