[5,470] ἐάν τι ἡμῖν μέλῃ (470a) τῆς πρὸς τοὺς ἄλλους ῞Ελληνας εὐνοίας·
μᾶλλον δὲ καὶ φοβησόμεθα μή τι μίασμα ᾖ πρὸς ἱερὸν τὰ τοιαῦτα ἀπὸ τῶν
οἰκείων φέρειν, ἐὰν μή τι δὴ ὁ θεὸς ἄλλο λέγῃ.
᾿Ορθότατα, ἔφη.
Τί δὲ γῆς τε τμήσεως τῆς ῾Ελληνικῆς καὶ οἰκιῶν ἐμπρήσεως; ποῖόν τί σοι
δράσουσιν οἱ στρατιῶται πρὸς τοὺς πολεμίους;
Σοῦ, ἔφη, δόξαν ἀποφαινομένου ἡδέως ἂν ἀκούσαιμι.
᾿Εμοὶ μὲν τοίνυν, ἦν δ’ ἐγώ, δοκεῖ τούτων μηδέτερα ποιεῖν, (470b) ἀλλὰ τὸν
ἐπέτειον καρπὸν ἀφαιρεῖσθαι. καὶ ὧν ἕνεκα, βούλει σοι λέγω;
Πάνυ γε.
Φαίνεταί μοι, ὥσπερ καὶ ὀνομάζεται δύο ταῦτα ὀνόματα, πόλεμός τε καὶ στάσις,
οὕτω καὶ εἶναι δύο, ὄντα ἐπὶ δυοῖν τινοιν διαφοραῖν. λέγω δὲ τὰ δύο τὸ μὲν
οἰκεῖον καὶ συγγενές, τὸ δὲ ἀλλότριον καὶ ὀθνεῖον. ἐπὶ μὲν οὖν τῇ τοῦ οἰκείου
ἔχθρᾳ στάσις κέκληται, ἐπὶ δὲ τῇ τοῦ ἀλλοτρίου πόλεμος.
Καὶ οὐδέν γε, ἔφη, ἀπὸ τρόπου λέγεις.
(470c) ῞Ορα δὴ καὶ εἰ τόδε πρὸς τρόπου λέγω. φημὶ γὰρ τὸ μὲν ῾Ελληνικὸν γένος
αὐτὸ αὑτῷ οἰκεῖον εἶναι καὶ συγγενές, τῷ δὲ βαρβαρικῷ ὀθνεῖόν τε καὶ
ἀλλότριον.
Καλῶς γε, ἔφη.
῞Ελληνας μὲν ἄρα βαρβάροις καὶ βαρβάρους ῞Ελλησι πολεμεῖν μαχομένους τε
φήσομεν καὶ πολεμίους φύσει εἶναι, καὶ πόλεμον τὴν ἔχθραν ταύτην κλητέον·
῞Ελληνας δὲ ῞Ελλησιν, ὅταν τι τοιοῦτον δρῶσιν, φύσει μὲν φίλους εἶναι, νοσεῖν δ’
ἐν τῷ τοιούτῳ τὴν ῾Ελλάδα καὶ στασιάζειν, (470d) καὶ στάσιν τὴν τοιαύτην
ἔχθραν κλητέον.
᾿Εγὼ μέν, ἔφη, συγχωρῶ οὕτω νομίζειν.
Σκόπει δή, εἶπον, ὅτι ἐν τῇ νῦν ὁμολογουμένῃ στάσει, ὅπου ἄν τι τοιοῦτον
γένηται καὶ διαστῇ πόλις, ἐὰν ἑκάτεροι ἑκατέρων τέμνωσιν ἀγροὺς καὶ οἰκίας
ἐμπιμπρῶσιν, ὡς ἀλιτηριώδης τε δοκεῖ ἡ στάσις εἶναι καὶ οὐδέτεροι αὐτῶν
φιλοπόλιδες - οὐ γὰρ ἄν ποτε ἐτόλμων τὴν τροφόν τε καὶ μητέρα κείρειν - ἀλλὰ
μέτριον εἶναι τοὺς καρποὺς ἀφαιρεῖσθαι (470e) τοῖς κρατοῦσι τῶν κρατουμένων,
καὶ διανοεῖσθαι ὡς διαλλαγησομένων καὶ οὐκ ἀεὶ πολεμησόντων.
Πολὺ γάρ, ἔφη, ἡμερωτέρων αὕτη ἡ διάνοια ἐκείνης.
Τί δὲ δή; ἔφην· ἣν σὺ πόλιν οἰκίζεις, οὐχ ῾Ελληνὶς ἔσται;
Δεῖ γ’ αὐτήν, ἔφη.
Οὐκοῦν καὶ ἀγαθοί τε καὶ ἥμεροι ἔσονται;
Σφόδρα γε.
᾿Αλλ’ οὐ φιλέλληνες; οὐδὲ οἰκείαν τὴν ῾Ελλάδα ἡγήσονται, οὐδὲ κοινωνήσουσιν
ὧνπερ οἱ ἄλλοι ἱερῶν;
Καὶ σφόδρα γε.
| [5,470] pour peu que nous soyons jaloux (470a) de la bienveillance de nos compatriotes.
Nous craindrons plutôt de souiller les temples en y apportant les dépouilles de nos proches,
à moins que le dieu ne le veuille autrement.
Très bien.
Passons maintenant à la dévastation du territoire grec et à l'incendie des maisons.
Comment se conduiront tes soldats à l'égard de l'ennemi ?
J'aurais plaisir à entendre ton opinion là-dessus.
Eh bien! je crois qu'on ne doit ni dévaster ni incendier (470b), mais enlever seulement la récolte
de l'année. Veux-tu que je te dise pour quelle raison ?
Oui.
Il me semble donc que si guerre et discorde sont deux noms différents, ils désignent deux
choses réellement différentes, et s'appliquent aux divisions qui surviennent en deux objets.
Or je dis que le premier de ces objets est ce qui appartient à la famille ou lui est
apparenté, et le second ce qui appartient à autrui ou est étranger à la famille. Ainsi le nom de
discorde s'applique à l'inimitié entre parents et celui de guerre à l'inimitié entre étrangers.
Tu ne dis rien que de fort juste.
(470c) Vois si ce que je vais dire l'est aussi : je prétends en effet que les Grecs appartiennent à
une même famille et sont parents entre eux, et que les barbares appartiennent à une famille
différente et étrangère.
Bien, approuva-t-il.
Par suite, lorsque les Grecs combattent les barbares, et les barbares les Grecs, nous dirons
qu'ils guerroient, qu'ils sont ennemis par nature, et nous appellerons guerre leur inimitié; mais
s'il arrive quelque chose de semblable entre Grecs, nous dirons qu'ils sont amis par nature,
mais qu'en un tel moment la Grèce est malade, en état de sédition (470d), et nous
donnerons à cette inimitié le nom de discorde.
Je suis tout à fait de ton sentiment.
Considère maintenant, repris-je, ce qui arrive quand un de ces troubles, que l'on est convenu
d'appeler séditions, se produit et divise une cité : si les citoyens de chaque faction ravagent les
champs et brûlent les maisons des citoyens de la faction adverse, on estime que la sédition est
funeste, et que ni les uns ni les autres n'aiment leur patrie - car s'ils l'aimaient, ils n'oseraient
pas déchirer ainsi leur nourrice et leur mère; par contre on estime raisonnable que les
vainqueurs n'enlèvent (470e) que leurs récoltes aux vaincus, dans la pensée qu'ils se
réconcilieront un jour avec eux et ne leur feront pas toujours la guerre.
Cette pensée dénote un plus haut degré de civilisation que la pensée contraire.
Mais quoi ? n'est-ce pas un État grec que tu fondes ?
Si, il doit être grec.
Ses citoyens seront, par conséquent, bons et civilisés ?
Au plus haut point.
Mais n'aimeront-ils pas les Grecs ? Ne regarderont-ils par la Grèce comme leur patrie ?
N'assisteront-ils pas à de communes solennités religieuses ?
Sans doute.
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