[15,91] 91. Οἱ δ' ἀφεστηκότες τοῦ βασιλέως ἐπὶ τὴν τῶν ὅλων διοίκησιν
εἵλαντο στρατηγὸν ᾿Ορόντην. οὗτος δὲ παραλαβὼν τὴν ἡγεμονίαν καὶ
χρήματα πρὸς ξενολογίαν, δισμυρίοις στρατιώταις ἐνιαύσιον μισθόν,
ἐγένετο προδότης τῶν πιστευσάντων. Ὑπολαβὼν γὰρ παρὰ τοῦ
βασιλέως δωρεῶν τε μεγάλων τεύξεσθαι καὶ τῆς παραθαλασσίου
πάσης παραλήψεσθαι τὴν σατραπείαν, ἐὰν ἐγχειρίσῃ τοῖς Πέρσαις
τοὺς ἀφεστηκότας, πρῶτον μὲν τοὺς κομίσαντας τὰ χρήματα
συνέλαβε καὶ πρὸς τὸν ᾿Αρταξέρξην ἀπέστειλε, μετὰ δὲ ταῦτα
πολλὰς τῶν πόλεων καὶ τοὺς ξενολογηθέντας στρατιώτας τοῖς ὑπὸ
τοῦ βασιλέως πεμφθεῖσιν ἡγεμόσι παρέδωκεν. (2) Ὁμοίως δὲ τούτῳ
καὶ κατὰ τὴν Καππαδοκίαν ἐγένετο προδοσία, καθ' ἣν ἴδιόν τι καὶ
παράδοξον συνέβη γενέσθαι. ᾿Αρταβάζου γὰρ τοῦ βασιλέως
στρατηγοῦ μετὰ πολλῆς δυνάμεως ἐμβαλόντος εἰς τὴν Καππαδοκίαν,
ὁ μὲν ταύτης τῆς χώρας σατράπης Δατάμης ἀντεστρατοπέδευσεν
αὐτῷ, πολλοὺς μὲν ἱππεῖς ἠθροικώς, δισμυρίους δὲ πεζοὺς
μισθοφόρους ἔχων αὑτῷ συστρατεύοντας· (3) ὁ δὲ κηδεστὴς τοῦ
Δατάμου τῶν ἱππέων ἀφηγούμενος, χάριν βουλόμενος καταθέσθαι
καὶ τῆς ἰδίας σωτηρίας ἅμα προνοούμενος, ἀποστὰς νυκτὸς μετὰ τῶν
ἱππέων ἀπήλαυνε πρὸς τοὺς πολεμίους, συντεθειμένος πρὸς
᾿Αρτάβαζον τῇ πρότερον ἡμέρᾳ περὶ τῆς προδοσίας. (4) Δατάμης δὲ
παρακαλέσας τοὺς μισθοφόρους καὶ δωρεὰς ὑποσχόμενος, ἀνέζευξε
πρὸς τοὺς ἀφεστηκότας. καταλαβὼν δ' αὐτοὺς ἤδη συνάπτοντας τοῖς
πολεμίοις, καὶ αὐτὸς προσπεσὼν ἅμα τοῖς περὶ τὸν ᾿Αρτάβαζον καὶ
τοῖς ἱππεῦσιν, ἔκτεινε τοὺς εἰς χεῖρας ἐρχομένους. (5) Ὁ δ' ᾿Αρτάβαζος,
τὸ μὲν πρῶτον τὸ ἀληθὲς ἀγνοῶν, ὑπολαβὼν δὲ τὸν ἀποστάτην τοῦ
Δατάμου (πρῶτον) παλιμπροδοσίαν ποιεῖσθαι, παρήγγειλε τοῖς ἰδίοις
κτείνειν τοὺς προσιόντας ἱππεῖς. Ὁ δὲ Μιθροβαρζάνης ἐν μέσοις
ἀποληφθείς, καὶ τῶν μὲν ὡς προδότην ἀμυνομένων, τῶν δὲ ὡς
παλιμπροδότην τιμωρουμένων, ἐν ἀπορίᾳ καθειστήκει· τῆς δ' ἀπορίας
οὐκ ἐώσης βουλεύσασθαι, πρὸς ἀλκὴν ἐτρέπετο, καὶ πρὸς ἀμφοτέρους
διαμαχόμενος πολὺν ἐποίει φόνον. Τέλος δὲ πλειόνων ἢ μυρίων
ἀναιρεθέντων, τοὺς ὑπολειφθέντας ὁ Δατάμης τρεψάμενος καὶ
πολλοὺς φονεύσας ἀνεκαλέσατο τῇ σάλπιγγι τοὺς διώκοντας
στρατιώτας. (6) Τῶν δ' ἱππέων τῶν ὑπολειφθέντων οἱ μὲν πρὸς τὸν
Δατάμην ἀποχωρήσαντες ἠξίουν τυχεῖν συγγνώμης, οἱ δὲ λοιποὶ τὴν
ἡσυχίαν ἦγον, οὐκ ἔχοντες ὅποι τράπωνται, καὶ τέλος εἰς
πεντακοσίους ὄντες κυκλωθέντες ὑπὸ Δατάμου κατηκοντίσθησαν. (7)
Δατάμης μὲν οὖν καὶ πρότερον ἐπὶ στρατηγίᾳ θαυμαζόμενος, πολλῷ
τότε μᾶλλον ἔσχε περιβόητον τήν τε ἀνδρείαν καὶ τὴν ἐν τῷ
στρατηγεῖν σύνεσιν· ὁ δὲ βασιλεὺς ᾿Αρταξέρξης πυθόμενος τὴν
στρατηγίαν τοῦ Δατάμου, καὶ σπεύδων ἄρασθαι τοῦτον, δι' ἐπιβουλῆς
αὐτὸν ἐδολοφόνησεν.
| [15,91] Les rebelles choisirent unanimement Orontas pour leur généralissime. Celui-
ci ayant accepté ce titre et touché tout l'argent qu'il fallait pour payer une année
entière d'avance à vingt mille hommes, trahit aussitôt ses confédérés. Se flattant
que son maître le comblerait de présents et le ferait satrape unique de toutes les
côtes de l'Asie, s'il lui livrait les rebelles, il fit saisir tous ceux qui lui apportèrent
l'argent qu'on lui avait promis et les envoya prisonniers à Artaxerxès. Il livra de
même toutes les villes qu'on lui avait remises et les troupes étrangères déjà
levées à des émissaires chargés par le Roi de les recevoir. (2) Il se fit une
trahison à peu près semblable dans la Cappadoce, mais plus singulière dans
ses circonstances. Artabaze un des généraux des troupes du Roi était entré
avec de grandes forces dans cette province pour la remettre dans le devoir.
Datamès qui en était satrape et un des révoltés, s'avança contre lui à la tête
d'une grosse cavalerie de vingt mille fantassins qu'il soudoyait. (3) Le beau-père
de Datamès qui commandait la cavalerie , voulant s'attirer les bonnes grâces du
Roi et songeant pour l'avertir à sa sûreté , se détacha la nuit à la tête de ses
escadrons et marcha du côté où campait Artabaze auquel il avoir fait savoir dès
la veille son dessein et le temps auquel il devait l'exécuter. (4) Au moment que
Datamès apprit cette défection, il assembla ses soudoyés et leur promettant des
récompenses proportionnées au courage qu'ils marqueraient en cette occasion,
il atteignit les transfuges dans le temps qu'ils se joignaient à l'armée du Roi et se
jetant également sur les cavaliers qui le trahissaient et sur les troupes
d'Artabaze qui recevaient ces traîtres, il fit main basse sur les uns et sur les
autres. (5) Artabaze, qui ne comprenait rien dans cette aventure, soupçonna le
beau-père de Datamès de lui avoir dressé une embuscade à lui-même et il
ordonna à ses troupes de repousser ces cavaliers au lieu de les recevoir.
Metrobarzane, c'était le nom de ce beau-père, attaqué ainsi des deux côtés et
regardé de part et d'autre comme un traître tomba dans une cruelle incertitude et
n'ayant pas même le temps de se reconnaître, il prit le parti de se défendre des
deux côtés : ainsi combattant contre les uns et contre les autres, il fit d'abord un
grand carnage. Cependant après une perte de plus de dix mille hommes dans
ce mal entendu, Datamès fit sonner la retraite et cesser toute poursuite. (6)
Entre les cavaliers déserteurs, les uns revinrent d'eux-mêmes à Datamès : ils
obtinrent de lui le pardon de la faute que Metrobarnaze leur avait fait faire; mais
environ cinq cens autres qui ne surent quel parti prendre furent environnés par
les troupes du satrape et percés à coups de traits. (7) Datamès qui avait déjà
une grande réputation en fait de guerre, l'augmenta beaucoup par la présence
d'esprit et par la valeur qu'il avait marquée en cette occasion : de sorte
qu'Artaxerxès qui eut bientôt la nouvelle de cet événement particulier, redouta
encore davantage un rebelle si dangereux et pour se défaire de lui plus
promptement, il le fit assassiner en secret.
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