[15,54] 54. Συνήργησε δὲ πρὸς ταύτην τὴν ἐπίνοιαν Λεανδρίας ὁ Σπαρτιάτης,
πεφευγὼς μὲν ἐκ Λακεδαίμονος, τότε δὲ συστρατεύων Θηβαίοις.
Οὗτος γὰρ ἐν ἐκκλησίᾳ προαχθεὶς ἀπεφήνατο παλαιὸν εἶναι λόγιον
τοῖς Σπαρτιάταις, ὅτι τότε τὴν ἡγεμονίαν ἀποβαλοῦσιν, ὅταν ἐν
Λεύκτροις ὑπὸ Θηβαίων ἡττηθῶσιν. (2) Προσῆλθον δὲ τῷ
᾿Επαμεινώνδᾳ καὶ χρησμολόγοι τινὲς ἐγχώριοι, λέγοντες ὅτι περὶ τὸν
τάφον τῶν Λεύκτρου καὶ Σκεδάσου θυγατέρων μεγάλῃ συμφορᾷ δεῖ
περιπεσεῖν Λακεδαιμονίους διὰ τοιαύτας αἰτίας. (3) Λεῦκτρος ἦν, ἀφ'
οὗ τὸ πεδίον τοῦτο ἔσχε τὴν προσηγορίαν. τούτου θυγατέρας καὶ
Σκεδάσου τινὸς ὁμοίως κόρας πρέσβεις Λακεδαιμονίων ἐβιάσαντο· αἱ
δὲ ὑβρισθεῖσαι τὴν συμφορὰν οὐκ ἐνέγκασαι, τῇ πατρίδι τῇ πεμψάσῃ
τοὺς ὑβριστὰς καταρασάμεναι τὸν βίον αὐτοχειρίᾳ κατέστρεψαν. (4)
Πολλῶν δὲ καὶ ἄλλων τοιούτων λεγομένων, καὶ τοῦ ᾿Επαμεινώνδου
συναγαγόντος ἐκκλησίαν καὶ τοὺς στρατιώτας τοῖς οἰκείοις λόγοις
προτρεψαμένου πρὸς τὸν ἀγῶνα, πάντες μετέθεντο τὰς γνώμας, καὶ
τῆς μὲν δεισιδαιμονίας ἀπελύθησαν, πρὸς δὲ τὴν μάχην εὐθαρσεῖς
ταῖς ψυχαῖς κατέστησαν. (5) Ἦλθε δὲ καὶ συμμαχία κατὰ τοῦτον τὸν
καιρὸν τοῖς Θηβαίοις παρὰ Θετταλῶν, πεζοὶ μὲν χίλιοι καὶ
πεντακόσιοι, ἱππεῖς δὲ πεντακόσιοι, ὧν ἡγεῖτο ᾿Ιάσων. Οὗτος δ' ἔπεισε
τούς τε Βοιωτοὺς καὶ τοὺς Λακεδαιμονίους ἀνοχὰς ποιήσασθαι καὶ τὰ
παράλογα τῆς τύχης εὐλαβηθῆναι. (6) Γενομένων δὲ τῶν σπονδῶν
Κλεόμβροτος ἀνέξευξε μετὰ τῆς δυνάμεως ἐκ τῆς Βοιωτίας, καὶ
ἀπήντησεν αὐτῷ ἄλλη δύναμις μεγάλη Λακεδαιμονίων καὶ τῶν
συμμάχων, ἡγουμένου ᾿Αρχιδάμου τοῦ ᾿Αγησιλάου. Οἱ γὰρ
Σπαρτιᾶται θεωροῦντες τὴν ἑτοιμότητα τῶν Βοιωτῶν, καὶ τὸ θράσος
καὶ τὴν ἀπόνοιαν εὐλαβούμενοι, τὴν δευτέραν ἀπεστάλκεισαν
δύναμιν, ἵνα τῷ πλήθει τῶν ἀγωνιζομένων περιγένωνται τῆς τῶν
πολεμίων τόλμης. (7) Συνελθουσῶν δ' εἰς ταὐτὸ τῶν δυνάμεων
αἰσχρὸν εἶναι ὑπέλαβον οἱ Λακεδαιμόνιοι δεδιέναι τὰς τῶν Βοιωτῶν
ἀρετάς. Διόπερ τὰς σπονδὰς παρ' οὐδὲν ἡγησάμενοι μετὰ πολλῆς
προθυμίας ἀνέκαμψαν εἰς Λεῦκτρα. Ἑτοίμων δ' ὄντων καὶ τῶν
Βοιωτῶν πρὸς τὴν μάχην, ἐξέταττον ἀμφότεροι τὰς δυνάμεις.
| [15,54] Léandre de Sparte, qui ayant été banni de sa ville, servait alors dans
les troupes thébaines, ne contribua pas peu à cette institution. Car amené
dans la place publique de Thèbes, il avait déclaré que les Spartiates
avaient un ancien oracle par lequel il était dit que les Lacédémoniens
perdraient leur supériorité sur la Grèce, par une victoire que les Thébains
remporteraient sur eux à Leuctres. (2) Il vint aussi à Épaminondas des
devins du pays qui lui dirent qu'il devait arriver un grand désastre aux
Lacédémoniens auprès du tombeau des filles de Leuctrus et de
Scedasus, par la raison suivante qu'ils en alléguaient. (3) Leuctrus avait
donné son nom à ce canton. Or il arriva que des ambassadeurs de
Sparte violèrent ses filles et celles d'un certain Scedasus, qui avaient les
unes et les autres la fleur de leur virginité. Ces filles ne pouvant survivre à
l'outrage qui leur avait été fait, invoquèrent la vengeance des furies sur la
nation qui avait envoyé de tels ambassadeurs ; après quoi elles se
tuèrent de leurs propres mains. (4) Sur ces discours et d'autres
semblables, Épaminondas assembla ses soldats et leur rapportant ces
faits qu'il ne tenait que d'eux-mêmes, il les exhorta à se comporter
courageusement. Les plus superstitieux se laissèrent gagner et
changèrent leurs vaines terreurs en un désir ardent du combat. (5) Il
arriva même en ce temps-là aux Thébains de la part des Thessaliens un
secours de quinze cents hommes d'infanterie et de cinq cents cavaliers
conduits par Jason. Celui-ci néanmoins proposa d'abord aux deux partis
de faire une trêve, en représentant à chacun d'eux l'incertitude de la
fortune. (6) On se prêta de part et d'autre à cette proposition, et
Cléombrotus après avoir signé un traité ramenait son armée de la Béotie,
lorsqu'il rencontra un puissant secours tant de Lacédémoniens que de
leurs alliés, commandé par Archidamus fils d'Agésilas. Car les Spartiates
voyant les grands préparatifs des Béotiens et redoutant sur tout leur
courage inébranlable envoyaient à leurs généraux une seconde armée
pour tenir tête du moins par le nombre à l'intrépidité de leurs adversaires.
(7) Quand ces forces furent réunies, les Lacédémoniens jugèrent qu’il
leur serait honteux alors de craindre dans leurs ennemis une supériorité
de vertu. Ainsi malgré le dernier traité qu'ils venaient de signer, ils
revinrent sur leurs pas aux champs de Leuctres. Les Thébains très
disposés à les recevoir se mirent bientôt en ordre de bataille.
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