[15,55] 55. Καὶ παρὰ μὲν τοῖς Λακεδαιμονίοις οἱ ἀφ' ῾Ηρακλέους γεγονότες
ἡγεμόνες ἐτάχθησαν ἐπὶ τῶν κεράτων, Κλεόμβροτός τε ὁ βασιλεὺς
καὶ ᾿Αρχίδαμος ὁ ᾿Αγησιλάου τοῦ βασιλέως υἱός, παρὰ δὲ τοῖς
Βοιωτοῖς ᾿Επαμεινώνδας ἰδίᾳ τινὶ καὶ περιττῇ τάξει χρησάμενος διὰ
τῆς ἰδίας στρατηγίας περιεποιήσατο τὴν περιβόητον νίκην. (2)
Ἐκλεξάμενος γὰρ ἐξ ἁπάσης τῆς δυνάμεως τοὺς ἀρίστους ἐπὶ τὸ
ἕτερον μέρος ἔστησε, μεθ' ὧν καὶ αὐτὸς ἔμελλε διαγωνίζεσθαι· τοὺς δ'
ἀσθενεστάτους ἐπὶ τὸ ἕτερον κέρας τάξας παρήγγειλεν αὐτοῖς
φυγομαχεῖν καὶ κατὰ τὴν ἔφοδον τῶν πολεμίων ἐκ τοῦ κατ' ὀλίγον
ὑποχωρεῖν. Διὸ καὶ λοξὴν ποιήσας τὴν φάλαγγα, τῷ τοὺς ἐπιλέκτους
ἔχοντι κέρατι ἔγνω κρίνειν τὴν μάχην. (3) Ὡς δ' αἵ τε σάλπιγγες
ἐσήμαινον παρ' ἀμφοτέροις τὸ πολεμικὸν καὶ κατὰ τὴν πρώτην ὁρμὴν
συνηλάλαξαν αἱ δυνάμεις, οἱ μὲν Λακεδαιμόνιοι τοῖς κέρασιν
ἀμφοτέροις ἐπῆγον μηνοειδὲς τὸ σχῆμα τῆς φάλαγγος πεποιηκότες,
οἱ δὲ Βοιωτοὶ τῷ μὲν ἑτέρῳ κέρατι ὑπεχώρουν, τῷ δὲ ἑτέρῳ δρόμῳ
συνῆπτον τοῖς πολεμίοις. (4) Ὡς δὲ συνῆψαν ἀλλήλοις εἰς χεῖρας, τὸ
μὲν πρῶτον ἐκθύμως ἀμφοτέρων ἀγωνιζομένων ἰσόρροπος ἦν ἡ
μάχη, μετὰ δὲ ταῦτα τῶν περὶ τὸν ᾿Επαμεινώνδαν διά τε τὴν ἀρετὴν
καὶ τὴν πυκνότητα τῆς τάξεως πλεονεκτούντων πολλοὶ τῶν
Πελοποννησίων ἀνῃροῦντο. οὐ γὰρ ὑπέμενον ὑπενέγκαι τὸ βάρος τῆς
τῶν ἐπιλέκτων ἀνδραγαθίας, ἀλλὰ τῶν ἀντιστάντων οἱ μὲν ἔπιπτον,
οἱ δὲ κατετραυματίζοντο, πάσας τὰς πληγὰς ἐναντίας λαμβάνοντες.
(5) Ἕως μὲν οὖν ὁ βασιλεὺς τῶν Λακεδαιμονίων Κλεόμβροτος ἔζη,
πολλοὺς ἔχων τοὺς συνασπίζοντας καὶ προθύμως πρὸ αὐτοῦ
ἀποθνήσκοντας, ἄδηλος ἦν ἡ ῥοπὴ τῆς νίκης· ἐπεὶ δ' οὗτος πάντα
κίνδυνον ὑπομένων οὐκ ἠδύνατο βιάσασθαι τοὺς ἀνθεστηκότας,
ἡρωικῶς δὲ μαχόμενος καὶ πολλοῖς τραύμασι περιπεσὼν ἐτελεύτησε,
τότε συνδρομῆς γενομένης περὶ τοῦ πτώματος νεκρῶν πλῆθος ἐσωρεύθη.
| [15,55] Le roi Cléombrotus et Archidamus fils du roi Agésilas, deux généraux
du sang d'Hercule, commandaient chacun une des deux ailes de l'armée.
Du côté des Thébains, Épaminondas par une ordonnance singulièrement
et excellemment imaginée se prépara une victoire mémorable. (2) Il
assembla dans l'une de ses deux ailes qu'il devait commander lui-même
tout ce qu'il y avait de meilleur dans son armée. Il composa l'autre de ce
qu'il avait de plus faible et même il leur ordonna de se battre en retraite
dès le commencement et d'engager les ennemis à les poursuivre : en
conséquence de quoi mettant lui-même son aile en biais, il comptait les
envelopper et s'assurer la victoire par la valeur de ceux qu'il commandait
en personne. (3) Dès que les trompettes eurent donné le signal, deux
armées s'ébranlèrent en jetant les cris ordinaires. Les Lacédémoniens
s'avancèrent en donnant à leur phalange cette forme de nouvelle lune ou
de croissant qui leur était usitée. Une des deux ailes béotiennes cédait
peu à peu le terrain comme il lui était ordonné et l'autre au contraire hâtait
le pas pour prendre les ennemis par derrière. (4) Quand on en fut venu
aux mains, le combat demeura quelque temps douteux par l'émulation
réciproque des deux partis. Mais bientôt après, la valeur personnelle
d'Épaminondas secondée par la confiance et par le bon ordre de ses
bataillons diminua prodigieusement les rangs dans l'armée du
Péloponnèse : celle-ci ne pouvait soutenir l'effort de ces hommes d'élite
qui tombaient sur elle. Entre les Spartiates les uns étaient tués et les
autres couverts de blessures toutes reçues par devant. (5) Tant que le roi
Cléombrotus demeura vivant, le nombre et le zèle de ceux qui
combattaient pour le défendre et qui sacrifiaient leur vie pour lui rendait
en quelque sorte la victoire douteuse. Mais lorsqu'après s'être livré à tous
les périls, après avoir combattu en héros, après avoir été couvert de
blessures, il fut enfin tombé mort, le nombre de ceux qui s'assemblèrent
autour de son corps pour le défendre et pour l'emporter donna lieu à un
carnage effroyable de Lacédémoniens.
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