[1,1257b] (1257b) Ἣν ὡς μίαν καὶ τὴν αὐτὴν τῇ λεχθείσῃ πολλοὶ
νομίζουσι διὰ τὴν γειτνίασιν· ἔστι δ' οὔτε ἡ αὐτὴ τῇ εἰρημένῃ οὔτε
πόρρω ἐκείνης. Ἔστι δ' ἡ μὲν φύσει ἡ δ' οὐ φύσει αὐτῶν, ἀλλὰ δι'
ἐμπειρίας τινὸς καὶ τέχνης γίνεται μᾶλλον. Λάβωμεν δὲ περὶ αὐτῆς
τὴν ἀρχὴν ἐντεῦθεν.
§ 11. Ἑκάστου γὰρ κτήματος διττὴ ἡ χρῆσίς ἐστιν, ἀμφότεραι δὲ
καθ' αὑτὸ μὲν ἀλλ' οὐχ ὁμοίως καθ' αὑτό, ἀλλ' ἡ μὲν οἰκεία ἡ δ' οὐκ
οἰκεία τοῦ πράγματος, οἷον ὑποδήματος ἥ τε ὑπόδεσις καὶ ἡ
μεταβλητική. Ἀμφότεραι γὰρ ὑποδήματος χρήσεις· καὶ γὰρ ὁ
ἀλλαττόμενος τῷ δεομένῳ ὑποδήματος ἀντὶ νομίσματος ἢ τροφῆς
χρῆται τῷ ὑποδήματι ᾗ ὑπόδημα, ἀλλ' οὐ τὴν οἰκείαν χρῆσιν· οὐ
γὰρ ἀλλαγῆς ἕνεκεν γέγονε. Τὸν αὐτὸν δὲ τρόπον ἔχει καὶ περὶ τῶν
ἄλλων κτημάτων. Ἔστι γὰρ ἡ μεταβλητικὴ πάντων, ἀρξαμένη τὸ
μὲν πρῶτον ἐκ τοῦ κατὰ φύσιν, τῷ τὰ μὲν πλείω τὰ δὲ ἐλάττω τῶν
ἱκανῶν ἔχειν τοὺς ἀνθρώπους
§ 12. (ᾗ καὶ δῆλον ὅτι οὐκ ἔστι φύσει τῆς χρηματιστικῆς ἡ καπηλική·
ὅσον γὰρ ἱκανὸν αὐτοῖς, ἀναγκαῖον ἦν ποιεῖσθαι τὴν ἀλλαγήν). Ἐν
μὲν οὖν τῇ πρώτῃ κοινωνίᾳ (τοῦτο δ' ἐστὶν οἰκία) φανερὸν ὅτι οὐδὲν
ἔστιν ἔργον αὐτῆς, ἀλλ' ἤδη πλειόνων τῆς κοινωνίας οὔσης. Οἱ μὲν
γὰρ τῶν αὑτῶν ἐκοινώνουν πάντων, οἱ δὲ κεχωρισμένοι πολλῶν
πάλιν καὶ ἑτέρων, ὧν κατὰ τὰς δεήσεις ἀναγκαῖον ποιεῖσθαι τὰς
μεταδόσεις, καθάπερ ἔτι πολλὰ ποιεῖ καὶ τῶν βαρβαρικῶν ἐθνῶν,
κατὰ τὴν ἀλλαγήν. Αὐτὰ γὰρ τὰ χρήσιμα πρὸς αὑτὰ
καταλλάττονται, ἐπὶ πλέον δ' οὐθέν, οἷον οἶνον πρὸς σῖτον διδόντες
καὶ λαμβάνοντες, καὶ τῶν ἄλλων τῶν τοιούτων ἕκαστον.
§ 13. Ἡ μὲν οὖν τοιαύτη μεταβλητικὴ οὔτε παρὰ φύσιν οὔτε
χρηματιστικῆς ἐστιν εἶδος οὐδέν νεἰς ἀναπλήρωσιν γὰρ τῆς κατὰ
φύσιν αὐταρκείας ἦνν· ἐκ μέντοι ταύτης ἐγένετ' ἐκείνη κατὰ λόγον.
Ξενικωτέρας γὰρ γενομένης τῆς βοηθείας τῷ εἰσάγεσθαι ὧν
ἐνδεεῖς ἦσαν καὶ ἐκπέμπειν ὧν ἐπλεόναζον, ἐξ ἀνάγκης ἡ τοῦ
νομίσματος ἐπορίσθη χρῆσις. Οὐ γὰρ εὐβάστακτον ἕκαστον τῶν
κατὰ φύσιν ἀναγκαίων.
§ 14. Διὸ πρὸς τὰς ἀλλαγὰς τοιοῦτόν τι συνέθεντο πρὸς σφᾶς
αὐτοὺς διδόναι καὶ λαμβάνειν, ὃ τῶν χρησίμων αὐτὸ ὂν εἶχε τὴν
χρείαν εὐμεταχείριστον πρὸς τὸ ζῆν, οἷον σίδηρος καὶ ἄργυρος κἂν
εἴ τι τοιοῦτον ἕτερον, τὸ μὲν πρῶτον ἁπλῶς ὁρισθὲν μεγέθει καὶ
σταθμῷ, τὸ δὲ τελευταῖον καὶ χαρακτῆρα ἐπιβαλλόντων, ἵνα
ἀπολύσῃ τῆς μετρήσεως αὑτούς· ὁ γὰρ χαρακτὴρ ἐτέθη τοῦ ποσοῦ σημεῖον.
| [1,1257b] La ressemblance de ce second mode d'acquisition avec le premier,
est cause qu'ordinairement on ne voit dans tous deux qu'un seul et même objet. Le
fait est qu'ils ne sont ni identiques, ni bien éloignés ; le premier est naturel ; l'autre
ne vient pas de la nature, et il est bien plutôt le produit de l'art et de l'expérience.
Nous en commencerons ici l'étude.
§ 11. Toute propriété a deux usages, qui tous deux lui appartiennent essentiellement,
sans toutefois lui appartenir de la même façon : l'un est spécial à
la chose, l'autre ne l'est pas. Une chaussure peut à la fois servir à chausser le pied
ou à faire un échange. On peut du moins en tirer ce double usage. Celui qui,
contre de l'argent ou contre des aliments, échange une chaussure dont un autre a
besoin, emploie bien cette chaussure en tant que chaussure, mais non pas
cependant avec son utilité propre ; car elle n'avait point été faite pour l'échange.
J'en dirai autant de toutes les autres propriétés ; l'échange, en effet, peut
s'appliquer à toutes, puisqu'il est né primitivement entre les hommes de l'abondance
sur tel point et de la rareté sur tel autre, des denrées nécessaires à la vie.
§ 12. Il est trop clair que, dans ce sens, la vente ne fait nullement partie de
l'acquisition naturelle. Dans l'origine, l'échange ne s'étendait pas au delà des plus
stricts besoins, et il est certainement inutile dans la première association, celle de
la famille. Pour qu'il se produise, il faut que déjà le cercle de l'association soit plus
étendu. Dans le sein de la famille, tout était commun ; parmi les membres qui se
séparèrent, une communauté nouvelle s'établit pour des objets non moins
nombreux que les premiers, mais différents, et dont on dut se faire part suivant le
besoin. C'est encore là le seul genre d'échange que connaissent bien des nations
barbares ; il ne va pas au delà du troc des denrées indispensables ; c'est, par
exemple, du vin donné ou reçu pour du blé; et ainsi du reste.
§ 13. Ce genre d'échange est parfaitement naturel, et n'est point, à vrai dire, un
mode d'acquisition, puisqu'il n'a d'autre but que de pourvoir à la satisfaction de
nos besoins naturels. C'est là, cependant, qu'on peut trouver logiquement l'origine
de la richesse. A mesure que ces rapports de secours mutuels se transformèrent en
se développant, par l'importation des objets dont on était privé et l'exportation de
ceux dont on regorgeait, la nécessité introduisit l'usage de la monnaie, les denrées
indispensables étant, en nature, de transport difficile.
§ 14. On convint de donner et de recevoir dans les échanges une matière qui, utile
par elle-même, fût aisément maniable dans les usages habituels de la vie ; ce fut
du fer, par exemple, de l'argent, ou telle autre substance analogue, dont on
détermina d'abord la dimension et le poids, et qu'enfin, pour se délivrer des embarras
de continuels mesurages, on marqua d'une empreinte particulière, signe de sa valeur.
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