[53,17] οὕτω μὲν δὴ τό τε τοῦ δήμου καὶ τὸ τῆς γερουσίας κράτος
πᾶν ἐς τὸν Αὔγουστον μετέστη, καὶ ἀπ´ αὐτοῦ καὶ ἀκριβὴς μοναρχία
κατέστη. μοναρχία γάρ, εἰ καὶ τὰ μάλιστα καὶ δύο καὶ τρεῖς ἅμα
τὸ κῦρός ποτε ἔσχον, ἀληθέστατα ἂν νομίζοιτο. τὸ μὲν γὰρ ὄνομα
αὐτὸ τὸ μοναρχικὸν οὕτω δή τι οἱ Ῥωμαῖοι ἐμίσησαν ὥστε μήτε
δικτάτορας μήτε βασιλέας μήτ´ ἄλλο τι τοιουτότροπον τοὺς αὐτοκράτοράς
σφων ὀνομάζειν· τοῦ δὲ δὴ τῆς πολιτείας τέλους ἐς αὐτοὺς
ἀνακειμένου οὐκ ἔστιν ὅπως οὐ βασιλεύονται. αἱ μὲν γὰρ
ἀρχαὶ αἱ ἐκ τῶν νόμων ὡς πλήθει γενόμεναι καὶ νῦν πλὴν τῆς τῶν
τιμητῶν καθίστανται, διάγεται δὲ καὶ διοικεῖται πάντα ἁπλῶς ὅπως
ἂν ὁ ἀεὶ κρατῶν ἐθελήσῃ. καὶ ἵνα γε μὴ ἐκ δυναστείας ἀλλ´ ἐκ
τῶν νόμων τοῦτ´ ἔχειν δοκῶσι, πάνθ´ ὅσα ἐν τῇ δημοκρατίᾳ μέγα
παρ´ ἑκοῦσί σφισιν ἴσχυσεν, αὐτοῖς τοῖς ὀνόμασι χωρὶς τοῦ τῆς
δικτατορίας προσεποιήσαντο. ὕπατοί τε γὰρ πλειστάκις γίγνονται,
καὶ ἀνθύπατοι ἀεί, ὁσάκις ἂν ἔξω τοῦ πωμηρίου ὦσιν, ὀνομάζονται·
τήν τε τοῦ αὐτοκράτορος πρόσρησιν διὰ παντὸς οὐ μόνον οἱ νικήσαντές
τινας ἀλλὰ καὶ οἱ ἄλλοι πάντες, πρὸς δήλωσιν τῆς αὐτοτελοῦς
σφων ἐξουσίας, ἀντὶ τῆς τοῦ βασιλέως τοῦ τε δικτάτορος ἐπικλήσεως
ἔχουσιν. αὐτὰς μὲν γὰρ ἐκείνας οὐ τίθενται, ἐπειδήπερ
ἅπαξ ἐκ τῆς πολιτείας ἐξέπεσον, τὸ δὲ δὴ ἔργον αὐτῶν τῇ τοῦ
αὐτοκράτορος προσηγορίᾳ βεβαιοῦνται. καὶ ἐκ μὲν τούτων τῶν
ὀνομάτων καταλόγους τε ποιεῖσθαι καὶ χρήματα ἀθροίζειν πολέμους
τε ἀναιρεῖσθαι καὶ εἰρήνην σπένδεσθαι, τοῦ τε ξενικοῦ καὶ τοῦ
πολιτικοῦ ἀεὶ καὶ πανταχοῦ ὁμοίως ἄρχειν, ὥστε καὶ ἐντὸς τοῦ
πωμηρίου καὶ τοὺς ἱππέας καὶ τοὺς βουλευτὰς θανατοῦν δύνασθαι,
τά τε ἄλλα ὅσα τοῖς τε ὑπάτοις καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς αὐταρχήσασί
ποτε ποιεῖν ἐξῆν, λαμβάνουσιν· ἐκ δὲ δὴ τοῦ τιμητεύειν τούς τε
βίους καὶ τοὺς τρόπους ἡμῶν ἐξετάζουσι, καὶ ἀπογραφὰς ποιοῦνται
καὶ τοὺς μὲν καταλέγουσι καὶ ἐς τὴν ἱππάδα καὶ ἐς τὸ βουλευτικόν,
τοὺς δὲ καὶ ἀπαλείφουσιν, ὅπως ἂν αὐτοῖς δόξῃ. ἔκ τε τοῦ ἐν
πάσαις ταῖς ἱερωσύναις ἱερῶσθαι καὶ προσέτι καὶ τοῖς ἄλλοις τὰς
πλείους σφῶν διδόναι, ἀρχιέρεών τέ τινα αὐτῶν, κἂν δύο κἂν τρεῖς
ἅμα ἄρχωσιν, εἶναι, πάντων αὐτοὶ καὶ τῶν ὁσίων καὶ τῶν ἱερῶν
κυριεύουσιν. ἥ τε ἐξουσία ἡ δημαρχικὴ καλουμένη, ἣν οἱ πάνυ
ποτὲ ἀνθήσαντες ἔσχον, δίδωσί σφισι τά τε ἐπιγιγνόμενα ὑφ´
ἑτέρου τινός, ἂν μὴ συνεπαινῶσι, παύειν, καὶ μήθ´ ὑβρίζεσθαι κἂν
ἄρα τι καὶ τὸ βραχύτατον μὴ ὅτι ἔργῳ ἀλλὰ καὶ λόγῳ ἀδικεῖσθαι
δόξωσι, καὶ ἄκριτον τὸν ποιήσαντα αὐτὸ ὡς καὶ ἐναγῆ ἀπολλύναι.
δημαρχεῖν μὲν γάρ, ἅτε καὶ ἐς τοὺς εὐπατρίδας πάντως τελοῦντες,
οὐχ ὅσιον νομίζουσιν εἶναι· τὴν δὲ δὴ δύναμιν τὴν τῶν δημάρχων
πᾶσαν, ὅσηπερ τὰ μάλιστα ἐγένετο, προστίθενται, καὶ δι´ αὐτῆς
καὶ ἡ ἐξαρίθμησις τῶν ἐτῶν τῆς ἀρχῆς αὐτῶν, ὡς καὶ κατ´ ἔτος
αὐτὴν μετὰ τῶν ἀεὶ δημαρχούντων λαμβανόντων, προβαίνει. ταῦτα
μὲν ἐκ τῆς δημοκρατίας, ὥς που καὶ ἕκαστα ἐνομίσθη, οὕτω τε
καὶ διὰ τούτων τῶν ὀνομάτων εἰλήφασιν, ὅπως μηδὲν ἄνευ δόσεώς
τινος ἔχειν δοκῶσιν·
| [53,17] Ce fut ainsi que la puissance du peuple et du
sénat passa tout entière à Auguste, et qu'à partir de cette
époque fut établie une monarchie pure. Car on peut
avec vérité appeler cela une monarchie, bien que le pouvoir
ait été quelquefois exercé par deux ou par trois
chefs à la fois. Les Romains avaient pour ce mot de
monarchie une haine telle qu'ils ne donnèrent à leurs
empereurs ni le nom de dictateurs, ni celui de rois, ni
aucun autre de ce genre; néanmoins, le gouvernement de
l'État étant dans les mains de l'empereur, il est impossible
que les Romains ne soient pas soumis à une autorité
royale. Les magistratures régulièrement établies
d'après les lois subsistent bien encore aujourd'hui, quant
au nombre, à l'exception de celle de censeur, ce qui
n'empêche pas que tout se règle, tout s'administre suivant
le bon plaisir de celui qui est au pouvoir. Cependant,
afin de paraître tenir ce privilège non de leur
puissance, mais des lois, ils s'emparèrent, en conservant
les mêmes noms, excepté pour la dictature, de
toutes les dignités qui, sous la république, avaient,
par la volonté de ces deux ordres, une grande autorité.
C'est ainsi qu'ils sont consuls plusieurs fois, qu'ils se
donnent le nom de proconsuls autant de fois qu'ils sortent
du Pomoerium ; que le titre d'imperator appartient
non pas seulement à ceux qui ont rernporté une victoire,
mais aussi à tous les autres, qui le prennent en tout temps,
pour signifier leur souveraineté, en place de celui de
roi et de celui de dictateur. Sans s'attacher à ces noms,
attendu qu'ils ont été bannis, une fois pour toutes, de la
constitution, ils ne s'en assurent pas moins le bénéfice
sous celui d'empereurs. C'est en vertu de ces titres qu'ils
ont le droit d'opérer le recrutement de l'armée, de lever
des contributions, d'entreprendre la guerre et de conclure
la paix, de commander toujours et partout pareillement
les soldats étrangers et les légions, de sorte que,
dans l'enceinte du Pomoerium, ils ont le pouvoir de mettre
à mort les chevaliers et les sénateurs, et qu'ils ont
autorité pour faire ce que faisaient autrefois les consuls
et les autres magistrats exerçant l'autorité suprême :
censeurs, ils surveillent notre vie et nos moeurs et procèdent
au dénombrement des citoyens ; ils inscrivent les
uns sur les rôles de l'ordre équestre et sur ceux de
l'ordre sénatorial, et en effacent les autres suivant
qu'ils le jugent bon. Comme, en outre, ils sont revêtus
de tous les sacerdoces, que ce sont eux qui
donnent aux autres la plupart de ces sacerdoces,
que l'un d'eux, lors même que l'État a deux et jusqu'à
trois chefs, est grand pontife, ils sont les maîtres
de toutes choses, profanes et sacrées. La puissance
appelée tribunitienne, puissance que possédaient
autrefois, au temps où ils florissaient, les véritables tribuns,
leur confère le droit de casser les décisions rendues
par un magistrat, quand ils les désapprouvent, celui
de ne pas être outragés, et, dans le cas où ils se croiraient
offensés par des actes ou même par des paroles, celui d'en
faire périr, sans jugement, l'auteur comme un maudit. Les
empereurs, étant patriciens, croient, il est vrai, qu'il ne
leur est en aucune façon permis d'être tribuns, mais il
n'en exercent pas moins la puissance de cette charge
dans toute son étendue, et c'est par elle qu'ils comptent la
suite des années de leur règne, comme s'ils la recevaient
chaque année avec les divers tribuns du peuple qui se
succèdent. Ils ont emprunté à la république ces différents
pouvoirs avec les attributions réglées par les lois,
leur conservant leurs mêmes noms, afin de sembler ne
rien avoir qui ne leur ait été, pour ainsi dire, donné.
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