[15,66] 66. ᾿Επαμεινώνδας δὲ φύσει μεγαλεπίβολος ὢν καὶ δόξης ὀρεγόμενος
αἰωνίου, συνεβούλευε τοῖς τε ᾿Αρκάσι καὶ τοῖς ἄλλοις συμμάχοις
οἰκίσαι τὴν Μεσσήνην, πολλὰ μὲν ἔτη γεγενημένην ἀνάστατον ὑπὸ
Λακεδαιμονίων, τόπον δ' εὔθετον ἔχουσαν κατὰ τῆς Σπάρτης.
συγκατατιθεμένων δὲ πάντων ἀνεζήτησε τοὺς ἀπολελειμμένους τῶν
Μεσσηνίων, καὶ τῶν ἄλλων τοὺς βουλομένους καταλέξας εἰς τὴν
πολιτείαν ἀνέκτισε τὴν Μεσσήνην, πολλοὺς ποιήσας αὐτῆς
οἰκήτορας. τούτοις δὲ κατακληρουχήσας τὴν χώραν καὶ
ἀνοικοδομήσας ἀνέσωσε πόλιν ἐπίσημον ῾Ελληνίδα, καὶ μεγάλης
ἀποδοχῆς ἔτυχε παρὰ πᾶσιν ἀνθρώποις. (2) Οὐκ ἀνοίκειον δ' εἶναι
νομίζω, πολλάκις τῆς Μεσσήνης ἁλούσης καὶ κατασκαφείσης, τὰ περὶ
αὐτὴν ἀπ' ἀρχῆς ὡς ἐν κεφαλαίοις παραδραμεῖν. Τὸ μὲν οὖν παλαιὸν
οἱ ἀπὸ Νηλέως καὶ Νέστορος κατέσχον αὐτὴν μέχρι τῶν Τρωικῶν
χρόνων, μετὰ δὲ ταῦθ' ὁ ᾿Αγαμέμνονος ᾿Ορέστης καὶ οἱ ἀπὸ τούτου
μέχρι τῆς καθόδου τῶν ῾Ηρακλειδῶν, ἀπὸ δὲ ταύτης Κρεσφόντης
ἔλαχε τὴν Μεσσηνίαν μερίδα, καὶ οἱ ἀπὸ τούτου μέχρι τινὸς
ἐβασίλευσαν αὐτῆς· ὕστερον δὲ τῶν ἀπὸ Κρεσφόντου τὴν βασιλείαν
ἀποβαλόντων Λακεδαιμόνιοι κύριοι κατέστησαν αὐτῆς. (3) Μετὰ δὲ
ταῦτα Τηλέκλου τοῦ βασιλέως τῶν Λακεδαιμονίων ἀποθανόντος ἐν
ἀγῶνι κατεπολεμήθησαν ὑπὸ Λακεδαιμονίων οἱ Μεσσήνιοι. Τοῦτον
δὲ τὸν πόλεμον εἰκοσαετῆ φασι γενέσθαι, κατομοσαμένων τῶν
Λακεδαιμονίων μὴ ἀνακάμψειν εἰς τὴν Σπάρτην, ἐὰν μὴ Μεσσήνην
ἕλωσιν. Τότε δὲ συνέβη τοὺς παρθενίας ὀνομασθέντας γεννηθῆναι
καὶ κτίσαι τὴν τῶν Ταραντίνων πόλιν. Ὕστερον δὲ δουλευόντων
Μεσσηνίων τοῖς Λακεδαιμονίοις, ᾿Αριστομένης ἔπεισε τοὺς
Μεσσηνίους ἀποστῆναι τῶν Σπαρτιατῶν, καὶ πολλὰ κακὰ
διειργάσατο τοὺς Σπαρτιάτας, ὅτε καὶ Τυρταῖος ὁ ποιητὴς ὑπὸ
᾿Αθηναίων ἡγεμὼν ἐδόθη τοῖς Σπαρτιάταις. (4) Ἔνιοι δὲ τὸν
᾿Αριστομένη γεγονέναι φασὶ κατὰ τὸν εἰκοσαετῆ πόλεμον. Ὁ δ'
ὕστατος ἐγένετο πόλεμος αὐτοῖς σεισμοῦ μεγάλου γενομένου· καὶ τῆς
μὲν Σπάρτης ὅλης σχεδὸν συγχυθείσης, ἀνδρῶν δ' ἐρήμου γενομένης,
οἱ Μεσσηνίων περιλειφθέντες ᾤκισαν τὴν ᾿Ιθώμην μετὰ τῶν
συναποστάντων Εἱλώτων, ἀναστάτου γεγενημένης τῆς Μεσσήνης
πολλοὺς χρόνους. (5) Ἀτυχήσαντες δ' ἐν πᾶσι τοῖς πολέμοις, τὸ
τελευταῖον ἀνάστατοι γενόμενοι κατῴκησαν ἐν Ναυπάκτῳ, δόντων
αὐτοῖς ᾿Αθηναίων οἰκητήριον τήνδε τὴν πόλιν. Καὶ τινὲς μὲν αὐτῶν
εἰς Κεφαλληνίαν ἐξέπεσον, τινὲς δ' ἐν Σικελίᾳ Μεσσήνην τὴν ἀπ'
ἐκείνων ὀνομασθεῖσαν κατῴκησαν. (6) Τὸ δὲ τελευταῖον κατὰ τοὺς
ὑποκειμένους καιροὺς Θηβαῖοι, πείσαντος αὐτοὺς ᾿Επαμεινώνδου καὶ
πανταχόθεν συναγαγόντος τοὺς Μεσσηνίους, ᾤκισαν τὴν Μεσσήνην
καὶ τὴν ἀρχαίαν αὐτοῖς χώραν ἀποκατέστησαν. Περὶ μὲν οὖν τὴν
Μεσσήνην τοσαύτας καὶ τηλικαύτας συνέβη γενέσθαι μεταβολάς.
| [15,66] Épaminondas homme plein de grandes vues et qui voulait rendre son nom
immortel persuada aux Arcadiens et à leurs alliés de rétablir la Ville de Messène,
dépeuplée et détruite depuis longtemps par les Lacédémoniens et qui était un poste
avantageux pour veiller sur Lacédémone. Ces peuples ayant goûté cette
proposition, il fit chercher avec soin les Messéniens qui pouvaient être
restés dans le Péloponnèse et leur associant tous ceux qui contentaient
de devenir leurs concitoyens, il rebâtit Messène et la peupla d'un grand
nombre d'habitants. Ensuite partageant entre eux les terres qu'il décora
même d'un grand nombre de maisons de campagne, il releva ainsi une
ville des plus fameuses de la Grèce et rendit lui-même son nom célèbre
parmi les hommes. (2) A ce propos, je crois qu'on sera bien aise de
trouver ici une histoire abrégée de cette ville abattue et rebâtie plus d'une
fois depuis son origine. Dans les premiers temps elle sut possédée par
les descendants de Nélée et de son fils Nestor jusqu'à la guerre de Troie.
Dans la suite elle appartint à Oreste fils d'Agamemnon, lequel Oreste la
laissa à sa postérité jusqu'au retour des Héraclides. Un de ces derniers
nommé Cresphonte l'eut pour son partage ; après lui ses descendants y
régnèrent quelque temps, et jusqu'à ce qu'étant déchus de cette royauté,
les Lacédémoniens s'emparèrent de Messène. (3) Dans la suite, quoique
Téléclyte roi de Lacédémone eut été tué par les Messéniens dans une
bataille, les Spartiates ne laissèrent pas de vaincre les Messéniens
révoltés. Mais cette guerre dura vingt ans et les soldats spartiates avaient
juré de ne pas rentrer dans leur ville, qu'ils n'eussent emporté Messène.
Ce fut à l'occasion de cette guerre et de cette longue absence des maris
que naquirent les enfants appelés parthéniens qui allèrent fonder la ville
de Tarente en Italie. Dans la suite comme les Spartiates victorieux
traitaient durement les Messéniens, un de ces derniers nommé
Aristomène persuada à ses concitoyens d'en secouer le joug : et en effet
il causa beaucoup de maux à ces maîtres insupportables. Ce fut contre
lui que les Athéniens envoyèrent, dit-on, le poète Tyrthée aux
Lacédémoniens, comme un de leurs capitaines. (4) D'autres assurent
pourtant qu'Aristomène n'avait agi que dans la guerre précédente qui
avait duré vingt années. Quoiqu'il en soit, la dernière guerre que ces deux
villes eurent ensemble, prit son origine de cette horrible tremblement de
terre qui renversa presque de fond en comble Lacédémone et qui
ensevelit la plupart de ses habitants. Car les restes des Messéniens
conjointement avec les Hilotes compagnons de leur servitude et de leur
révolte, prirent ce temps-là pour s'établir dans Ithome, puisque Messène
ne subsistait plus : (5) mais ayant été malheureux dans toutes les
attaques qu'ils eurent à soutenir, ils se retirèrent enfin à Naupacte, ville
que les Athéniens voulurent bien leur donner pour refuge et pour
habitation. Cependant quelques-uns d'entre eux passèrent dans l'île de
Cephalénie et quelques autres vinrent jusque dans la Sicile où ils
fondèrent Messène ou Messine, du même nom que la ville du
Péloponnèse. (6) Mais enfin dans le temps dont il s'agit actuellement, les
Thébains par le conseil d'Épaminondas ramassèrent tout ce qu'ils purent
trouver de Messéniens dispersez dans la Grèce et les rétablirent dans
leur ancienne habitation et même dans tout le territoire des environs qui
leur avait appartenu. Voilà un abrégé de l'histoire particulière des
Messéniens.
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