[15,65] 65. Οἱ δὲ Λακεδαιμόνιοι, πεντακόσια ἔτη τὴν Λακωνικὴν τετηρηκότες
ἀπόρθητον, τότε θεωροῦντες δῃουμένην ὑπὸ τῶν πολεμίων οὐκ
ἐκαρτέρουν, ἀλλὰ τοῖς θυμοῖς προπίπτοντες ἐξεπήδων ἐκ τῆς πόλεως·
κωλυόμενοι δ' ὑπὸ τῶν πρεσβυτέρων προϊέναι μακρότερον ἀπὸ τῆς
πατρίδος, μή τις ἐπίθηται, ἐπείσθησαν τὴν ἡσυχίαν ἄγειν καὶ τῇ πόλει
παρέχεσθαι τὴν ἀσφάλειαν. (2) Τῶν δὲ περὶ τὸν ᾿Επαμεινώνδαν διὰ
τοῦ Ταϋγέτου καταβαινόντων ἐπὶ τὸν Εὐρώταν, καὶ διαβαινόντων τὸν
ποταμὸν σφοδρὸν ὄντα τῷ ῥεύματι κατὰ τὴν χειμερινὴν ὥραν,
ὁρῶντες οἱ Λακεδαιμόνιοι τεταραγμένην τὴν δύναμιν τῶν ἐναντίων
διὰ τὴν χαλεπότητα τῆς διαβάσεως, καιρὸν ἔλαβον εὔθετον πρὸς τὴν
ἐπίθεσιν, καὶ τὰς μὲν γυναῖκας καὶ παῖδας, ἔτι δὲ καὶ τοὺς
γεγηρακότας, ἀπέλιπον ἐν τῇ πόλει φυλάττοντας τὴν Σπάρτην, αὐτοὶ
δὲ πανδημεὶ συντάξαντες τοὺς νέους ἐξεχύθησαν ἐπὶ τοὺς πολεμίους,
καὶ προσπεσόντες ἄφνω τοῖς διαβαίνουσι πολὺν ἐποιοῦντο φόνον. (3)
Ἀμυνομένων δὲ τῶν Βοιωτῶν καὶ τῶν ᾿Αρκάδων, καὶ τῷ πλήθει
κυκλούντων τοὺς ἐναντίους, οἱ Σπαρτιᾶται πολλοὺς ἀνῃρηκότες
ἐπανῆλθον εἰς τὴν πόλιν, φανερῶς ἐνδεδειγμένοι τὰς ἰδίας
ἀνδραγαθίας. (4) Μετὰ δὲ ταῦτα τῶν περὶ τὸν ᾿Επαμεινώνδαν πάσῃ
τῇ δυνάμει καταπληκτικῶς προσβαλλόντων τῇ πόλει, οἱ μὲν
Σπαρτιᾶται συνεργὸν ἔχοντες τὴν τῶν τόπων ὀχυρότητα, πολλοὺς
μὲν ἀπέκτειναν τῶν προπετῶς βιαζομένων, τέλος δ' οἱ πολιορκοῦντες
πᾶσαν εἰσενεγκάμενοι σπουδὴν τὸ μὲν πρῶτον ἀπείκαζον βίᾳ
χειρώσασθαι τὴν Σπάρτην· ἐπεὶ δὲ τῶν βιαζομένων οἱ μὲν
ἀπέθνησκον, οἱ δ' ἐτραυματίζοντο, ἀνεκαλέσαντο τῇ σάλπιγγι τοὺς
στρατιώτας οἱ περὶ τὸν ᾿Επαμεινώνδαν, αὐτοὶ δὲ προσελθόντες τῇ
πόλει προεκαλοῦντο τοὺς Σπαρτιάτας εἰς παράταξιν, ἢ
ξυνομολογεῖσθαι προσέταττον ἥττους εἶναι τῶν πολεμίων. (5)
Ἀποκριναμένων δὲ τῶν Σπαρτιατῶν, ὅτι καιρὸν λαβόντες εὔθετον
διαγωνιοῦνται περὶ τῶν ὅλων, ἀπηλλάγησαν ἀπὸ τῆς πόλεως. Πᾶσαν
δὲ τὴν Λακωνικὴν δῃώσαντες, καὶ λαφύρων ἀναρίθμητον πλῆθος
ἀθροίσαντες, ἀπεχώρησαν εἰς τὴν ᾿Αρκαδίαν.
(6) Μετὰ δὲ ταῦτ' ᾿Αθηναῖοι μέν, ὑστερηκότες τῶν καιρῶν, ἐπανῆλθον
εἰς τὴν ᾿Αττικὴν οὐδὲν πράξαντες μνήμης ἄξιον, τοῖς δὲ
Λακεδαιμονίοις παρὰτῶν συμμάχων ἧκον βοηθήσοντες στρατιῶται
τετρακισχίλιοι. Πρὸς δὲ τούτοις προσθέντες τοὺς Εἵλωτας
ἠλευθερωμένους προσφάτως χιλίους καὶ τῶν Βοιωτῶν φυγάδων
διακοσίους, ἔτι δ' ἐκ τῶν σύνεγγυς πόλεων οὐκ ὀλίγους
μεταπεμψάμενοι, κατεσκεύαζον δύναμιν ἀντίπαλον τοῖς πολεμίοις.
Ταύτην δ' ἀθρόαν συνέχοντες καὶ γυμνάζοντες αἰεὶ μᾶλλον ἐθάρρουν
καὶ παρεσκευάζοντο πρὸς τὸν ὑπὲρ τῶν ὅλων ἀγῶνα.
| [15,65] Les Lacédémoniens qui avaient conservé pendant cinq cents ans
leurs terres exemptes de dévastation, ne purent soutenir tranquillement
cet affront et ce dommage, ils sortirent en foule et sans ordre pour
garantir leurs possessions. Mais les magistrats leur ayant fait défense de
s'écarter de la ville de peur que l'ennemi ne profitât de leur absence pour
s'y jeter, ils se soumirent à cet ordre et ne songèrent plus qu'à la défense
de leur Capitale. (2) Cependant comme Épaminondas avait voulu arriver
au fleuve Eurotas en passant par-dessus le mont Taygète et traverser
ensuite ce fleuve extrêmement rapide pendant la saison d'hiver où l'on
était alors ; les Lacédémoniens qui aperçurent le dérangement de son
armée causé par la difficulté de ce passage, en profitèrent habilement
pour l'attaquer. Ils laissèrent donc leurs femmes, leurs enfants et les
vieillards pour toute garde dans la ville et conduisant en bon ordre leur
jeunesse bien armée, ils se jetèrent tout d'un coup sur ceux qui venaient
de passer et en firent un grand carnage. (3) Mais comme les Béotiens et
les Arcadiens se défendaient. vigoureusement et commençaient par leur
grand nombre à environner les Spartiates, ces derniers après avoir fait
perdre bien du monde à leurs ennemis rentrèrent dans leur ville, en
laissant un témoignage remarquable d'une valeur toujours la même
qu'elle avait été en d'autres temps. (4) De son côté Épaminondas amena
hardiment ses troupes jusqu'au pied des murailles. Les Spartiates
soutenus par l'avantage du lieu renversaient tous ceux qui s'avançaient
avec trop de témérité : et les ennemis qui remplaçaient toujours les morts
par un plus grand nombre d'assaillants, firent croire plus d'une fois qu'ils
emporteraient la ville d'assaut. Cependant comme le nombre des blessés
et des morts croissait à vue d'oeil, Épaminondas fit sonner la retraite.
Mais avant que de se retirer, ses soldats crièrent au pied des murs à
ceux de la ville, qu'ils vinssent se battre en pleine campagne ou qu'ils se
déclarassent inférieurs à leurs ennemis. (5) Les assiégés répondirent
qu'ils prendraient un jour convenable pour décider cette question ; sur
quoi les assiégeants revinrent au camp et aussitôt après parcourant le fer
à la main toute la Laconie, ils en remportèrent un butin immense et
retournèrent dans l'Arcadie.
(6) A l'égard des Athéniens qui étaient arrivés trop tard pour être de
quelque utilité aux Spartiates, ils s'en revinrent aussi sans avoir rien fait
qui mérite d'être écrit. Mais il survint d'ailleurs à Lacédémone de la part
de ses alliés un secours de quatre mille hommes. Outre cela ils
donnèrent publiquement la liberté à mille de leurs Hilotes et formant un
corps composé de deux cents bannis de la Béotie et du même nombre
d'hommes qu'ils firent venir des villes de leur voisinage, ils se mirent
insensiblement en état de défense; et tenant les uns et les autres dans
des exercices continuels, ils se disposaient avec beaucoup de courage et
de confiance à une action décisive.
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