[5,4] Τί εἴπω; τί σιωπήσω; Ἐν πλουσίοις τῆς κτίσεως
θησαυροῖς ἄπορος μὲν ἡ εὕρεσις τοῦ τιμιωτέρου, δυσφορωτάτη
δὲ ἡ ζημία τοῦ παρεθέντος. Βλαστησάτω ἡ γῆ βοτάνην
χόρτου. Καὶ εὐθέως συνεξεδόθη τοῖς τροφίμοις τὰ δηλητήρια·
μετὰ τοῦ σίτου τὸ κώνειον· μετὰ τῶν λοιπῶν τροφίμων ἑλλέβορος,
καὶ ἀκόνιτον, καὶ μανδραγόρας, καὶ ὁ τῆς μήκωνος
ὀπός. Τί οὖν; ἀφέντες τὸ ἐπὶ τοῖς χρησίμοις τὴν χάριν
ὁμολογεῖν, ἐγκαλέσομεν τῷ δημιουργῷ ἐπὶ τοῖς φθαρτικοῖς
ἡμῶν τῆς ζωῆς; ἐκεῖνο δὲ οὐ λογισόμεθα, ὅτι οὐ πάντα τῆς
γαστρὸς ἕνεκεν τῆς ἡμετέρας δεδημιούργηται; Ἀλλ´ ἡμῖν
μὲν αἱ ἀποτεταγμέναι τροφαὶ πρόχειροι καὶ πᾶσιν εὔγνωστοι·
ἕκαστον δὲ τῶν γενομένων ἴδιόν τινα λόγον ἐν τῇ κτίσει
πληροῖ. Μὴ γὰρ ἐπειδή σοι δηλητήριον τὸ ταύριον αἷμα,
τούτου ἕνεκεν ἔδει ἢ μὴ παραχθῆναι τὸ ζῷον, ἢ παραχθὲν
ἄναιμον εἶναι, οὗ τῆς ἰσχύος πρὸς τοσαῦτα ἡμῶν ἐπιδεῖται ὁ
βίος; Ἀλλά σοι μὲν αὐτάρκης ὁ σύνοικος λόγος πρὸς τὴν
φυλακὴν τῶν ὀλεθρίων. Οὐ δήπου γὰρ πρόβατα μὲν καὶ
αἶγες ἴσασιν ἀποφεύγειν τὰ κακοῦντα αὐτῶν τὴν ζωὴν,
μόνῃ τῇ αἰσθήσει τὸ βλαβερὸν διακρίνοντα· σοὶ δὲ ᾧ καὶ
λόγος πάρεστι, καὶ ἰατρικὴ τέχνη τὸ χρήσιμον ἐκπορίζουσα,
καὶ ἡ τῶν προλαβόντων πεῖρα τῶν βλαπτόντων τὴν φυγὴν
ὑποβάλλουσα, χαλεπόν ἐστιν, εἰπέ μοι, ἐκκλῖναι τὰ δηλητήρια;
Ἔστι δὲ τούτων οὐδὲν ἀργῶς, οὐδὲν ἀχρήστως
γεγενημένον. Ἢ γὰρ τροφὴν παρέχει τινὶ τῶν ἀλόγων· ἢ
καὶ ἡμῖν αὐτοῖς παρὰ τῆς ἰατρικῆς τέχνης εἰς παραμυθίαν
τινῶν ἀρρωστημάτων ἐξεύρηται. Τὸ μὲν γὰρ κώνειον οἱ
ψᾶρες βόσκονται, διὰ τὴν κατασκευὴν τοῦ σώματος τὴν
ἐκ τοῦ δηλητηρίου βλάβην ἀποδιδράσκοντες. Λεπτοὺς γὰρ
ἔχοντες τοὺς ἐπὶ τῆς καρδίας πόρους, φθάνουσιν ἐκπέψαι
τὸ καταποθὲν, πρὶν τὴν ἀπ´ αὐτοῦ ψύξιν τῶν καιρίων
καθάψασθαι. Ἑλλέβορος δὲ ὀρτύγων ἐστὶ τροφὴ, ἰδιότητι
κράσεως τὴν βλάβην ἀποφευγόντων. Ἔστι δὲ καὶ αὐτὰ
ταῦτα ἐν καιρῷ ποτε καὶ ἡμῖν χρήσιμα. Διὰ μὲν γὰρ τοῦ
μανδραγόρου ὕπνον ἰατροὶ κατεπάγουσιν· ὀπίῳ δὲ τὰς
σφοδρὰς ὀδύνας τῶν σωμάτων κατακοιμίζουσιν. Ἤδη δέ
τινες τῷ κωνείῳ καὶ τὸ λυσσῶδες τῶν ὀρέξεων κατεμάραναν·
καὶ τῷ ἑλλεβόρῳ πολλὰ τῶν χρονίων παθῶν ἐξεμόχλευσαν.
Ὥστε ὃ ἐνόμιζες ἔχειν κατὰ τοῦ κτίσαντος ἔγκλημα, τοῦτό
σοι εἰς προσθήκην εὐχαριστίας περιελήλυθε.
| [5,4] Que dois-je dire ? que dois-je taire ? Au milieu des riches trésors de
la création, il est difficile de trouver ce qu'il y a de plus précieux, et l'on
se verrait privé avec peine de ce qui aurait été omis. Que la terre produise
de l'herbe verte : et aussitôt les poisons ont paru avec les plantes
nourricières, la ciguë avec le blé, l'ellébore, l'aconit, la mandragore, et le
jus du pavot avec le reste des plantes dont nous tirons notre vie. Quoi
donc ! oublierons-nous de rendre grâces au Créateur pour les productions
utiles, et ne songerons-nous qu'à nous plaindre de celles qui nous sont
nuisibles ? Ne ferons-nous pas attention que tout n'a pas été créé pour
notre subsistance ? Nous avons nos nourritures qui sont faciles à trouver
et à reconnaître ; chacune des choses créées a son emploi particulier
qu'elle remplit. Parce que le sang de taureau est pour vous un poison,
ne voit-on pas produire, ou devait-on produire en ne lui donnant pas de sang,
cet animal dont la force nous est d’un si grand usage ? Vous avez avec
vous dans la raison une compagne qui vous apprend à vous garantir des
productions pernicieuses. Quoi ! les brebis et les chèvres savent fuir les
herbes qui nuisent à leur vie ; elles savent, par le seul instinct, distinguer
ce qui leur est contraire ; et vous, qui avez la raison, qui avez l'art de la
médecine, lequel vous fait connaître les plantes salubres; qui avez
l'expérience de vos prédécesseurs, laquelle vous apprend à fuir celles qui
sont préjudiciables, vous est-il bien difficile, je vous le demande, d'éviter
les poisons ! D'ailleurs, aucun de ces poisons n'a été produit au hasard et
sans but. Où ils servent de nourriture à quelques animaux, ou l'art de la
médecine a su les tourner à notre avantage, et les employer à la guérison
de certaines maladies. La ciguë est mangée par les étourneaux, qui, par la
constitution de leur corps, évitent les effets de ce poison. Comme les
libres de leur estomac sont très-actives, ils l'ont digérée avant que sa
froideur ait pu atteindre les parties vitales. L'ellébore est aussi la pâture
des cailles, dont le tempérament propre les garantit de ce qu'elle a de
dangereux. Ces mêmes poisons nous sont quelquefois utiles dans
l'occasion. Les médecins se servent de la mandragore pour ramener le
sommeil fugitif, de l'opium pour apaiser les douleurs violentes. Plusieurs,
avec la ciguë, ont diminué la rage de la concupiscence, ou, avec
l'ellébore, ont dissipé des maladies invétérées. Ainsi ce que vous pensiez
être matière à des reproches contre le Créateur, est pour vous un
nouveau sujet de lui rendre grâces.
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