[5,451] ὃ δὴ (451a) ἐγὼ δρῶ,
φοβερόν τε καὶ σφαλερόν, οὔ τι γέλωτα ὀφλεῖν - παιδικὸν γὰρ τοῦτό γε -ἀλλὰ μὴ
σφαλεὶς τῆς ἀληθείας οὐ μόνον αὐτὸς ἀλλὰ καὶ τοὺς φίλους συνεπισπασάμενος
κείσομαι περὶ ἃ ἥκιστα δεῖ σφάλλεσθαι. προσκυνῶ δὲ ᾿Αδράστειαν, ὦ Γλαύκων,
χάριν οὗ μέλλω λέγειν· ἐλπίζω γὰρ οὖν ἔλαττον ἁμάρτημα ἀκουσίως τινὸς
φονέα γενέσθαι ἢ ἀπατεῶνα καλῶν τε καὶ ἀγαθῶν καὶ δικαίων νομίμων πέρι.
τοῦτο οὖν τὸ κινδύνευμα κινδυνεύειν ἐν ἐχθροῖς κρεῖττον ἢ (451b) φίλοις, ὥστε εὖ
με παραμυθῇ.
Καὶ ὁ Γλαύκων γελάσας, ᾿Αλλ’, ὦ Σώκρατες, ἔφη, ἐάν τι πάθωμεν πλημμελὲς
ὑπὸ τοῦ λόγου, ἀφίεμέν σε ὥσπερ φόνου καὶ καθαρὸν εἶναι καὶ μὴ ἀπατεῶνα
ἡμῶν. ἀλλὰ θαρρήσας λέγε.
᾿Αλλὰ μέντοι, εἶπον, καθαρός γε καὶ ἐκεῖ ὁ ἀφεθείς, ὡς ὁ νόμος λέγει· εἰκὸς δέ γε,
εἴπερ ἐκεῖ, κἀνθάδε.
Λέγε τοίνυν, ἔφη, τούτου γ’ ἕνεκα.
Λέγειν δή, ἔφην ἐγώ, χρὴ ἀνάπαλιν αὖ νῦν, ἃ τότε ἴσως (451c) ἔδει ἐφεξῆς λέγειν·
τάχα δὲ οὕτως ἂν ὀρθῶς ἔχοι, μετὰ ἀνδρεῖον δρᾶμα παντελῶς διαπερανθὲν τὸ
γυναικεῖον αὖ περαίνειν, ἄλλως τε καὶ ἐπειδὴ σὺ οὕτω προκαλῇ.
᾿Ανθρώποις γὰρ φῦσι καὶ παιδευθεῖσιν ὡς ἡμεῖς διήλθομεν, κατ’ ἐμὴν δόξαν οὐκ
ἔστ’ ἄλλη ὀρθὴ παίδων τε καὶ γυναικῶν κτῆσίς τε καὶ χρεία ἢ κατ’ ἐκείνην τὴν
ὁρμὴν ἰοῦσιν, ἥνπερ τὸ πρῶτον ὡρμήσαμεν· ἐπεχειρήσαμεν δέ που ὡς ἀγέλης
φύλακας τοὺς ἄνδρας καθιστάναι τῷ λόγῳ.
Ναί.
(451d) ᾿Ακολουθῶμεν τοίνυν καὶ τὴν γένεσιν καὶ τροφὴν παραπλησίαν
ἀποδιδόντες, καὶ σκοπῶμεν εἰ ἡμῖν πρέπει ἢ οὔ.
Πῶς; ἔφη.
῟Ωδε. τὰς θηλείας τῶν φυλάκων κυνῶν πότερα συμφυλάττειν οἰόμεθα δεῖν ἅπερ
ἂν οἱ ἄρρενες φυλάττωσι καὶ συνθηρεύειν καὶ τἆλλα κοινῇ πράττειν, ἢ τὰς μὲν
οἰκουρεῖν ἔνδον ὡς ἀδυνάτους διὰ τὸν τῶν σκυλάκων τόκον τε καὶ τροφήν, τοὺς
δὲ πονεῖν τε καὶ πᾶσαν ἐπιμέλειαν ἔχειν περὶ τὰ ποίμνια;
(451e) Κοινῇ, ἔφη, πάντα· πλὴν ὡς ἀσθενεστέραις χρώμεθα, τοῖς δὲ ὡς
ἰσχυροτέροις.
Οἷόν τ’ οὖν, ἔφην ἐγώ, ἐπὶ τὰ αὐτὰ χρῆσθαί τινι ζῴῳ, ἂν μὴ τὴν αὐτὴν τροφήν τε
καὶ παιδείαν ἀποδιδῷς;
Οὐχ οἷόν τε.
Εἰ ἄρα ταῖς γυναιξὶν ἐπὶ ταὐτὰ χρησόμεθα καὶ τοῖς ἀνδράσι, ταὐτὰ καὶ διδακτέον
αὐτάς.
| [5,451] comme moi en ce moment, est chose effrayante et dangereuse, non pas parce qu'elle expose
(451a) au rire - cette considération serait puérile - mais parce qu'en glissant hors de la vérité
on entraîne ses amis dans sa chute, en un cas où il importe au plus haut point de ne pas
perdre pied. Je me prosterne donc devant Adrastée, Glaucon, pour ce que je vais dire.
Car j'estime que celui qui tue quelqu'un involontairement
commet un moindre crime que celui qui se rend coupable de tromperie en ce qui concerne les
belles, bonnes et justes lois. Encore vaut-il mieux courir ce risque au milieu d'ennemis qu'au
milieu d'amis : de sorte que tu m'encourages (451b) joliment !
Alors Glaucon souriant : Si nous subissons quelque dommage du fait de la discussion,
Socrate, nous t'acquitterons comme innocent du meurtre et de la tromperie dont nous aurons
été les victimes ! Prends donc courage et parle.
Certes, dis-je, l'acquitté est un innocent aux termes de la loi. Il est donc naturel, s'il en est
ainsi dans ce cas, qu'il en soit de même dans le cas présent.
Alors parle pour cette raison.
Il faut donc, repris-je, revenir en arrière et dire ce que j'eusse peut-être dû dire dans l'ordre, au
moment voulu.
(451c) Peut-être cependant est-il bon qu'après avoir parfaitement déterminé le rôle des hommes
nous déterminions celui des femmes, d'autant plus que tu le veux ainsi.
Pour des hommes par nature et par éducation tels que nous les avons décrits il n'y a, selon
moi, de possession et d'usage légitimes des enfants et des femmes que dans la voie où nous les
avons engagés au début. Or nous avons essayé d'en faire, en quelque sorte,
les gardiens d'un troupeau.
Oui.
(451d) Suivons donc cette idée; donnons-leur pour ce qui touche à la procréation et à
l'éducation des règles correspondantes, puis examinons si le résultat nous convient ou non.
Comment? demanda-t-il.
De la sorte, répondis-je : estimons-nous que les femelles des chiens doivent coopérer avec les
mâles à la garde, chasser avec eux et faire tout le reste en commun, ou bien qu'elles doivent
rester au chenil, incapables d'autre chose parce qu'elles enfantent et nourrissent les petits,
tandis que les mâles travaillent et assument toute la charge du troupeau?
Nous voulons, dit-il, que tout leur soit commun, réserve (451e) faite que, pour les services que
nous en attendons, nous traitons les femelles comme plus faibles et les mâles comme plus forts.
Or, peut-on tirer d'un animal les mêmes services que d'un autre s'il n'a été nourri et élevé de la
même manière?
C'est impossible assurément.
Si donc nous exigeons des femmes les mêmes services que des hommes nous devons les
former aux mêmes disciplines.
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