[5,473] (473a) ῏Αρ’ οἷόν τέ τι πραχθῆναι ὡς λέγεται, ἢ φύσιν ἔχει πρᾶξιν λέξεως
ἧττον ἀληθείας ἐφάπτεσθαι, κἂν εἰ μή τῳ δοκεῖ; ἀλλὰ σὺ πότερον ὁμολογεῖς
οὕτως ἢ οὔ;
῾Ομολογῶ, ἔφη.
Τοῦτο μὲν δὴ μὴ ἀνάγκαζέ με, οἷα τῷ λόγῳ διήλθομεν, τοιαῦτα παντάπασι καὶ
τῷ ἔργῳ δεῖν γιγνόμενα <ἂν> ἀποφαίνειν· ἀλλ’, ἐὰν οἷοί τε γενώμεθα εὑρεῖν ὡς
ἂν ἐγγύτατα τῶν εἰρημένων πόλις οἰκήσειεν, φάναι ἡμᾶς (473b) ἐξηυρηκέναι ὡς
δυνατὰ ταῦτα γίγνεσθαι ἃ σὺ ἐπιτάττεις. ἢ οὐκ ἀγαπήσεις τούτων τυγχάνων;
ἐγὼ μὲν γὰρ ἂν ἀγαπῴην.
Καὶ γὰρ ἐγώ, ἔφη.
Τὸ δὲ δὴ μετὰ τοῦτο, ὡς ἔοικε, πειρώμεθα ζητεῖν τε καὶ ἀποδεικνύναι τί ποτε νῦν
κακῶς ἐν ταῖς πόλεσι πράττεται δι’ ὃ οὐχ οὕτως οἰκοῦνται, καὶ τίνος ἂν
σμικροτάτου μεταβαλόντος ἔλθοι εἰς τοῦτον τὸν τρόπον τῆς πολιτείας πόλις,
μάλιστα μὲν ἑνός, εἰ δὲ μή, δυοῖν, εἰ δὲ μή, ὅτι ὀλιγίστων τὸν ἀριθμὸν καὶ
σμικροτάτων τὴν δύναμιν.
(473c) Παντάπασι μὲν οὖν, ἔφη.
῾Ενὸς μὲν τοίνυν, ἦν δ’ ἐγώ, μεταβαλόντος δοκοῦμέν μοι ἔχειν δεῖξαι ὅτι
μεταπέσοι ἄν, οὐ μέντοι σμικροῦ γε οὐδὲ ῥᾳδίου, δυνατοῦ δέ.
Τίνος; ἔφη.
᾿Επ’ αὐτῷ δή, ἦν δ’ ἐγώ, εἰμὶ ὃ τῷ μεγίστῳ προσῃκάζομεν κύματι. εἰρήσεται δ’
οὖν, εἰ καὶ μέλλει γέλωτί τε ἀτεχνῶς ὥσπερ κῦμα ἐκγελῶν καὶ ἀδοξίᾳ
κατακλύσειν. σκόπει δὲ ὃ μέλλω λέγειν.
Λέγε, ἔφη.
᾿Εὰν μή, ἦν δ’ ἐγώ, ἢ οἱ φιλόσοφοι βασιλεύσωσιν ἐν (473d) ταῖς πόλεσιν ἢ οἱ
βασιλῆς τε νῦν λεγόμενοι καὶ δυνάσται φιλοσοφήσωσι γνησίως τε καὶ ἱκανῶς,
καὶ τοῦτο εἰς ταὐτὸν συμπέσῃ, δύναμίς τε πολιτικὴ καὶ φιλοσοφία, τῶν δὲ νῦν
πορευομένων χωρὶς ἐφ’ ἑκάτερον αἱ πολλαὶ φύσεις ἐξ ἀνάγκης ἀποκλεισθῶσιν,
οὐκ ἔστι κακῶν παῦλα, ὦ φίλε Γλαύκων, ταῖς πόλεσι, δοκῶ δ’ οὐδὲ τῷ
ἀνθρωπίνῳ γένει, (473e) οὐδὲ αὕτη ἡ πολιτεία μή ποτε πρότερον φυῇ τε εἰς τὸ
δυνατὸν καὶ φῶς ἡλίου ἴδῃ, ἣν νῦν λόγῳ διεληλύθαμεν. ἀλλὰ τοῦτό ἐστιν ὃ ἐμοὶ
πάλαι ὄκνον ἐντίθησι λέγειν, ὁρῶντι ὡς πολὺ παρὰ δόξαν ῥηθήσεται· χαλεπὸν
γὰρ ἰδεῖν ὅτι οὐκ ἂν ἄλλη τις εὐδαιμονήσειεν οὔτε ἰδίᾳ οὔτε δημοσίᾳ.
Καὶ ὅς, ῏Ω Σώκρατες, ἔφη, τοιοῦτον ἐκβέβληκας ῥῆμά τε καὶ λόγον,
| [5,473] (473a) Est-il possible d'exécuter une chose telle qu'on la décrit ? Ou bien est-il dans la nature
des choses que l'exécution ait moins de prise sur le vrai que le discours, bien que certains ne le
croient pas ? Mais toi, en conviens-tu ou non ?
J'en conviens.
Ne me force donc pas à te montrer parfaitement réalisé le plan que nous avons tracé dans
notre discours. Si nous sommes à même de découvrir comment, d'une manière très proche de
celle que nous avons décrite, une cité peut être organisée, avoue que (473b) nous aurons
découvert que tes prescriptions sont réalisables. Ne seras-tu pas content de ce résultat ? Pour
moi, je le serai.
Et moi aussi, dit-il.
Maintenant nous devons, ce semble, tâcher de découvrir et de montrer quel vice intérieur
empêche les cités actuelles d'être organisées comme nous disons, et quel est le moindre
changement possible qui les conduira à notre forme de gouvernement : de préférence un seul,
sinon, deux, sinon, les moins nombreux et les moins importants qu'il se puisse.
(473c) Parfaitement.
Or nous croyons pouvoir montrer qu'avec un seul changement les cités actuelles seraient
complètement transformées; il est vrai que ce changement n'est ni peu important, ni facile,
mais il est possible.
Quel est-il ?
Me voici arrivé à ce que nous comparions à la plus haute vague : mais la chose sera dite, dût-elle,
comme une vague en gaieté me couvrir de ridicule et de honte. Examine ce que je vais dire.
Parle.
Tant que les philosophes ne seront pas rois dans (473d) les cités, ou que ceux qu'on appelle
aujourd'hui rois et souverains ne seront pas vraiment et sérieusement philosophes; tant que la
puissance politique et la philosophie ne se rencontreront pas dans le même sujet; tant que les
nombreuses natures qui poursuivent actuellement l'un ou l'autre de ces buts de façon exclusive
ne seront pas mises dans l'impossibilité d'agir ainsi, il n'y aura de cesse, mon cher
Glaucon, aux maux des cités, ni, ce me semble, à ceux du genre humain (473e), et jamais la cité
que nous avons décrite tantôt ne sera réalisée, autant qu'elle peut l'être, et ne verra la lumière
du jour. Voilà ce que j'hésitais depuis longtemps à dire, prévoyant combien ces paroles
heurteraient l'opinion commune. Il est en effet difficile de concevoir qu'il n'y ait pas de
bonheur possible autrement, pour l'État et pour les particuliers.
Alors lui : après avoir proféré semblable discours,
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