[15,3] 3. Οὗτος μὲν οὖν τοσαύτας ἀφορμὰς ἔχων τεθαρρηκότως
συγκατέβαινεν εἰς τὸν πόλεμον. Καὶ πρῶτον μὲν λῃστρικὰς ἔχων
ναῦς οὐκ ὀλίγας ἐφήδρευσε ταῖς κομιζομέναις τῶν πολεμίων ἀγοραῖς,
καὶ τὰς μὲν αὐτῶν διέφθειρεν ἐν θαλάττῃ, τὰς δὲ διεκώλυσεν, ἐνίας δὲ
ἀφείλατο. Διὸ καὶ τῶν ἐμπόρων μὴ τολμώντων εἰς τὴν Κύπρον
παρακομίζειν σῖτον, μεγάλων δὲ δυνάμεων ἠθροισμένων εἰς τὴν
νῆσον, ταχὺ σιτοδεία κατέσχε τὸ τῶν Περσῶν στρατόπεδον. (2) Τῆς δ'
ἀπορίας γενομένης εἰς στάσιν, οἱ μισθοφόροι τῶν Περσῶν ἐπὶ τοὺς
ἡγεμόνας ὁρμήσαντες καί τινας ἀνελόντες ταραχῆς καὶ στάσεως
ἐνέπλησαν τὸ στρατόπεδον. Μόγις δ' οἱ στρατηγοὶ τῶν Περσῶν καὶ ὁ
τῆς ναυτικῆς δυνάμεως ἡγούμενος, ὀνομαζόμενος δὲ Γλῶ,
κατέπαυσαν τὴν στάσιν. (3) Πλεύσαντες δὲ τῷ παντὶ στόλῳ καὶ σίτου
πλῆθος ἐκ τῆς Κιλικίας παρακομίσαντες, πολλὴν παρεῖχον τῆς
τροφῆς δαψίλειαν. Τῷ δ' Εὐαγόρᾳ σίτου πλῆθος ἱκανὸν ὁ βασιλεὺς
῎Ακορις ἐκ τῆς Αἰγύπτου παρεκόμισε, καὶ χρήματα καὶ τὴν ἄλλην
παρασκευὴν ἱκανὴν ἐξέπεμψεν. (4) Ὁ δ' Εὐαγόρας ὁρῶν ἑαυτὸν πολὺ
λειπόμενον τῇ ναυτικῇ δυνάμει, ἑξήκοντα μὲν ναῦς ἄλλας
προσεπλήρωσε, πεντήκοντα δὲ παρὰ ᾿Ακόριδος ἐξ Αἰγύπτου
μετεπέμψατο, ὥστε τὰς πάσας ἔχειν τριήρεις διακοσίας. Ταύτας δὲ
κοσμήσας πρὸς ναυμαχίαν καταπληκτικῶς, καὶ συνεχεῖς διαπείρας
καὶ γυμνασίας ποιούμενος, ἡτοιμάζετο πρὸς ναυμαχίαν. Διὸ καὶ τοῦ
βασιλικοῦ στόλου παραπλέοντος εἰς Κίτιον, ἀπροσδοκήτως
ἐπιπλεύσας ταῖς ναυσὶ (συντεταγμέναις) πολλὰ τῶν Περσῶν
ἐπλεονέκτει. (5) Ἐπέβαλε γὰρ συντεταγμέναις ναυσὶν ἐπὶ
ἀσυντάκτους, καὶ προβεβουλευμένοις ἀνδράσι πρὸς ἀπροσδοκήτους
ἀγωνιζόμενος εὐθὺς ἐν τῇ πρώτῃ συστάσει τὴν νίκην
προκατεσκεύασεν· ἀθρόαις γὰρ ταῖς τριήρεσιν ἐπιπλεύσας ἐπὶ
διεσπαρμένας καὶ τεταραγμένας, ἃς μὲν διέφθειρεν, ἃς δ' ἐχειροῦτο.
(6) Ὅμως δὲ τοῦ τε ναυάρχου τῶν Περσῶν Γλῶ καὶ τῶν ἄλλων
ἡγεμόνων γενναίως ὑποστάντων, ἐγένετο ναυμαχία καρτερά, καθ' ἣν
ὁ Εὐαγόρας τὸ μὲν πρῶτον ὑπερεῖχεν, ὕστερον δὲ τοῦ Γλῶ μετὰ τοῦ
βάρους ἐπενεχθέντος καὶ γενναίως ἀγωνισαμένου συνέβη φυγεῖν
τοὺς περὶ τὸν Εὐαγόραν καὶ πολλὰς τῶν τριήρων ἀποβαλεῖν.
| [15,3] 3. Évagoras comptant sur toutes ces forces se présenta hardiment
devant l'ennemi. Comme il avait dans son armement beaucoup de ces
barques légères dont les corsaires sont usage, il les mena d'abord au
devant des vaisseaux de charge qui portaient les provisions des ennemis
de sorte qu'il en coula à fond quelques-uns, il en prit d'autres et empêcha
les derniers de rejoindre leur flotte. Il arriva de là que les vaisseaux de
guerre des Perses, ayant déjà débarqué un grand nombre de soldats
dans l'île de Chypre, ces derniers tombèrent en peu de jours dans la
disette par la crainte qui empêchait les entrepreneurs des vivres d'en
approcher. (2) La faim produisit bientôt la révolte. Les soudoyés des
Perses se soulevèrent contre leurs capitaines et en ayant tué quelques-
uns ils remplirent tout le camp de sédition et de désordre. Ce ne fut pas
sans beaucoup de peine que les officiers principaux et le lieutenant
général nommé Gaos apaisèrent ce tumulte. (3) Ils ramenèrent toute la
flotte vers les côtes de la Cilicie, où ils se pourvurent abondamment de
tout ce qui leur était nécessaire. A l'égard d'Évagoras, le roi Acoris lui
avait envoyé de l'Égypte de l'argent et des provisions en abondance. (4)
Mais comme il sentait que son armée navale était trop inférieure à celle
des ennemis, il fit équiper encore soixante vaisseaux et en demanda
cinquante autres à Acoris : de sorte que sa flotte entière montait à deux
cents voiles. Il la prépara à de vrais combats de mer par des exercices
violents et périlleux, et auxquels il donnait peu de relâche. Ce fut sur la
confiance qu'il s'était procurée à lui-même, par ces préparatifs, que la
flotte du roi de Perse passant à la hauteur de Citium ville de Chypre, (5)
Évagoras à la tête de la sienne se jeta sur elle et tombant en bon ordre
sur des vaisseaux mal arrangés et qui ne s'y attendaient pas, il eut
d'abord tout le succès dû à une attaque bien disposée : il sembla même
s'assurer la victoire dès le premier moment. En effet il coula à fond une
partie des vaisseaux ennemis et se rendit maître de l'autre. (6) Cependant
Gaos et les autres officiers perses ayant eu le temps de se reconnaître,
formèrent une véritable défense et ayant rendu peu à peu le combat égal,
le désavantage passa à la fin du côté d'Évagoras. Il commença à céder et
bientôt après toute la flotte ennemie tombant sur la sienne lui fit perdre un
grand nombre de vaisseaux et le mit en fuite.
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