[15,81] 81. Οἱ δὲ Θηβαῖοι περιβόητον νίκην ἀπενηνεγμένοι, πρὸς ἅπαντας
ἔφασαν ἑαυτοὺς ἡττᾶσθαι διὰ τὴν Πελοπίδου τελευτήν· ἀξιόλογον
γὰρ ἀπολωλεκότες ἄνδρα, κατὰ λόγον ἔκρινον τὴν νίκην ἥττονα
ὑπάρχειν τῆς Πελοπίδου ζωῆς. Πολλὰς γὰρ καὶ μεγάλας χρείας
παρέσχετο τῇ πατρίδι, πλεῖστον δὲ συνεβάλετο πρὸς τὴν τῶν
Θηβαίων αὔξησιν. Ὲν γὰρ τῇ τῶν φυγάδων κατηλύσει, καθ' ἣν
ἀνεκτήσαντο τὴν Καδμείαν, ὡμολογημένως ἅπαντες τούτῳ τὸ
πρωτεῖον τοῦ κατορθώματος ἀπονέμουσιν. Τὴν δ' εὐημερίαν ταύτην
συνέβη πάντων τῶν ὕστερον γενομένων ἀγαθῶν αἰτίαν γενέσθαι.
(2) Ὲν δὲ τῇ περὶ Τεγύραν μάχῃ μόνος Πελοπίδας τῶν βοιωταρχῶν
ἐνίκησε τοὺς Λακεδαιμονίους, πλεῖστον ἰσχύοντας τῶν ῾Ελλήνων, ὅτε
διὰ τὸ μέγεθος τῆς νίκης πρῶτον ἔστησαν Θηβαῖοι τρόπαιον κατὰ
Λακεδαιμονίων. Κατὰ δὲ τὴν ἐν Λεύκτροις μάχην ἡγήσατο τοῦ ἱεροῦ
λόχου, μεθ' οὗ προεμβαλὼν τοῖς Σπαρτιάταις ἀρχηγὸς ἐγένετο τῆς
νίκης. ἐν δὲ ταῖς ἐπὶ Λακεδαίμονα στρατείαις ἑπτὰ μὲν ἡγήσατο
μυριάδων, πρὸς αὐτῇ δὲ τῇ Σπάρτῃ τρόπαιον ἔστησε κατὰ τῶν
Λακεδαιμονίων τῶν πάντα τὸν πρὸ τοῦ χρόνον ἀπορθήτων
γεγενημένων. (3) Πρὸς δὲ τὸν Περσῶν βασιλέα πρεσβεύσας ἐν ταῖς
κοιναῖς ὁμολογίαις τὴν Μεσσήνην κατ' ἰδίαν παρέλαβεν, ἣν
ἀνάστατον οὖσαν ἔτη τριακόσια Θηβαῖοι πάλιν ἀποκατέστησαν. Ἐπὶ
τελευτῆς δὲ διαγωνισάμενος πρὸς ᾿Αλέξανδρον ἔχοντα
πολλαπλασίονα δύναμιν οὐ μόνον ἐπιφανῶς ἐνίκησεν, ἀλλὰ καὶ τὸν
θάνατον ἔσχεν ἐπ' ἀρετῇ περιβόητον. (4) Πρὸς δὲ τοὺς πολίτας οὕτω
καλῶς ( ἀγωνισάμενος) διετέθη, ὥστε ἀπὸ τῆς εἰς τὰς Θήβας καθόδου
τῶν φυγάδων μέχρι τῆς ἑαυτοῦ τελευτῆς βοιωταρχῶν πάντα τὸν
χρόνον διετέλεσε, μηδενὸς ἄλλου τῶν πολιτῶν ταύτης ἠξιωμένου τῆς
τιμῆς. Πελοπίδας μὲν οὖν, διὰ τὴν ἰδίαν ἀρετὴν ὑπὸ πάντων ἀποδοχῆς
ἠξιωμένος, ἐχέτω καὶ παρ' ἡμῶν τὸν διὰ τῆς ἱστορίας ἔπαινον.
(5) Κατὰ δὲ τοὺς αὐτοὺς χρόνους Κλέαρχος, τὸ γένος ὢν ἐξ
῾Ηρακλείας τῆς ἐν τῷ Πόντῳ, ἐπέθετο τυραννίδι· κρατήσας δὲ τῆς
ἐπιβολῆς ἐζήλωσε μὲν τὴν διαγωγὴν τὴν Διονυσίου τοῦ Συρακοσίων
τυράννου, τυραννεύσας δὲ τῶν ῾Ηρακλεωτῶν ἐπιφανῶς ἦρξεν ἔτη
δώδεκα. (6) Ἅμα δὲ τούτοις πραττομένοις Τιμόθεος ὁ ᾿Αθηναίων
στρατηγὸς ἔχων δύναμιν πεζήν τε καὶ ναυτικὴν Τορώνην μὲν καὶ
Ποτίδαιαν πολιορκήσας εἷλε, Κυζικηνοῖς δὲ πολιορκουμένοις
ἐβοήθησεν.
| [15,81] Cependant les Thébains qui avaient réellement remporté une victoire
signalée, publiaient partout qu'ils avaient été vaincus eux-mêmes par la perte de
Pélopidas, jugeant avec raison qu'aucun avantage particulier ne pouvait leur
faire autant d'honneur qu'un tel citoyen. Il avait rendu en effet de très grands
services à sa patrie et avait infiniment contribué à la réputation de Thèbes. Car
dans l'entreprise qui fut faite par les Thébains chassés de Cadmée et dans
laquelle ils réussirent à reprendre cette citadelle sur les Spartiates, tout le
monde convient que le succès d'une expédition si glorieuse était dû tout entier à
Pélopidas ; et que par là il fut la première cause de tous les avantages que sa
nation remporta dans la suite sur ses ennemis. (2) Dans le combat de Tégée, lui
seul entre tous les béotarques battit les Lacédémoniens, qui étaient les plus
vaillants hommes de la Grèce et il eut la gloire du premier trophée qu'on eut
encore élevé à l'occasion de leur défaite. Enfin à la bataille de Leuctres, il fut
chef de la cohorte sacrée avec laquelle ayant marché le premier contre les
Spartiates, il donna le branle à la victoire mémorable qui demeura alors aux
Thébains. En rassemblant toutes ses expéditions contre Sparte, il avait
commandé jusqu'à soixante et dix mille hommes, et il dressa un trophée à la
porte même de cette ville dont jusqu'à lui les ennemis des Lacédémoniens ne
s'étaient jamais approchés. (3) Dans l'ambassade dont il fut chargé auprès du roi
de Perse, au sujet de la paix universelle de la Grèce, il prit les intérêts
particuliers de la ville de Messène et obtint qu'elle serait rebâtie, comme elle le
fut en effet par les Thébains eux-mêmes, trois cents ans après sa destruction.
Envoyé enfin contre Alexandre de Phères qui avait bien plus de troupes que lui,
il remporta d'abord une victoire complète sur cet adversaire et parvint lui-même
à une mort aussi glorieuse que sa vie. (4) Il était d'ailleurs tellement chéri des
citoyens et il leur avait paru si attaché à leurs intérêts, que depuis le retour des
exilés à Cadmée , jusqu'à sa mort, il avait toujours été continué dans le titre et
dans la fonction de béotarque, honneur qu'on n'avait fait à aucun autre de ses
collègues. L'histoire devait cet éloge à la vertu d'un personnage qui a été loué
par tous ceux qui ont connu son nom.
(5) En ce temps-là Cléarque né à Héraclée, ville de Pont, aspira à la tyrannie et
conçût le dessein de se rendre maître de sa patrie. Etant venu à bout de son
entreprise, il se proposa à lui-même pour modèle l'ancien Denys tyran de
Syracuse, qu'il imita en effet pendant les douze ans qu'il gouverna les
Héracléotes. Cependant Timothée général des Athéniens suivi d'une armée de
terre et d'une flotte assiégea et prit Torone et Potidée et porta ensuite du
secours aux habitants de Cyzique assiégés de leur côté.
|