[15,7] 7. Παραπλήσιον δὲ συνέβη καὶ περὶ Πλάτωνα τὸν φιλόσοφον
γενέσθαι. μεταπεμψάμενος γὰρ τὸν ἄνδρα τοῦτον τὸ μὲν πρῶτον
ἀποδοχῆς ἠξίου τῆς μεγίστης, ὁρῶν αὐτὸν παρρησίαν ἔχοντα ἀξίαν
τῆς φιλοσοφίας· ὕστερον δ' ἔκ τινων λόγων προσκόψας αὐτῷ
παντελῶς ἀπηλλοτριώθη, καὶ προαγαγὼν εἰς τὸ πρατήριον ὡς
ἀνδράποδον ἀπέδοτο μνῶν εἴκοσι. Ἀλλὰ τοῦτον μὲν οἱ φιλόσοφοι
συνελθόντες ἐξηγόρασαν καὶ ἐξαπέστειλαν εἰς τὴν ῾Ελλάδα, φιλικὴν
νουθεσίαν ἐπιφθεγξάμενοι, διότι δεῖ τὸν σοφὸν τοῖς τυράννοις ἢ ὡς
ἥκιστα ἢ ὡς ἥδιστα ὁμιλεῖν· (2) Ὁ δὲ Διονύσιος τῆς εἰς τὰ ποιήματα
σπουδῆς οὐκ ἀφιστάμενος εἰς μὲν τὴν ᾿Ολυμπιακὴν πανήγυριν
ἐξαπέστειλε τοὺς εὐφωνοτάτους τῶν ὑποκριτῶν διαθησομένους ἐν
τοῖς ὄχλοις μετ' ᾠδῆς τὰ ποιήματα. Οὗτοι δὲ τὸ μὲν πρῶτον διὰ τὴν
εὐφωνίαν ἐξέπληττον τοὺς ἀκούοντας, μετὰ δὲ ταῦτα ἀναθεωρήσεως
γενομένης κατεφρονήθησαν καὶ πολὺν ἀπηνέγκαντο γέλωτα. (3) Ὁ
δὲ Διονύσιος ἀκούσας τὴν τῶν ποιημάτων καταφρόνησιν ἐνέπεσεν εἰς
ὑπερβολὴν λύπης· αἰεὶ δὲ μᾶλλον τοῦ πάθους ἐπίτασιν λαμβάνοντος,
μανιώδης διάθεσις κατέσχε τὴν ψυχὴν αὐτοῦ, καὶ φθονεῖν αὐτῷ
φάσκων ἅπαντας τοὺς φίλους ὑπώπτευεν ὡς ἐπιβουλεύοντας. καὶ
πέρας ἐπὶ τοσοῦτο προῆλθε λύττης καὶ παρακοπῆς, ὥστε τῶν φίλων
πολλοὺς μὲν ἐπὶ ψευδέσιν αἰτίαις ἀνελεῖν, οὐκ ὀλίγους δὲ καὶ
ἐφυγάδευσεν· ἐν οἷς ἦν Φίλιστος καὶ Λεπτίνης ὁ ἀδελφός, ἄνδρες
διαφέροντες ἀνδρείᾳ καὶ πολλὰς καὶ μεγάλας χρείας ἐν τοῖς πολέμοις
αὐτῷ παρεσχημένοι. (4) Οὗτοι μὲν οὖν φυγόντες εἰς Θουρίους τῆς
᾿Ιταλίας, καὶ παρὰ τοῖς ᾿Ιταλιώταις μεγάλης ἀποδοχῆς τυγχάνοντες,
ὕστερον δεηθέντος τοῦ Διονυσίου διηλλάγησαν, καὶ κατελθόντες εἰς
τὰς Συρακούσας εἰς τὴν προϋπάρξασαν εὔνοιαν ἀποκατεστάθησαν· ὁ
δὲ Λεπτίνης ἔγημε τὴν Διονυσίου θυγατέρα. Ταῦτα μὲν οὖν ἐπράχθη
κατὰ τοῦτον τὸν ἐνιαυτόν.
| [15,7] 7. Le philosophe Platon essuya de la part du tyran des disgrâces à peu
près semblables. Ayant été invité à venir le voir, Denys le reçut d'abord
avec de grands témoignages d'estime et parut même respecter en lui
cette liberté digne de la Philosophie. Mais offensé dans la suite de la
fermeté de quelques-uns de ses discours, il le prit véritablement en haine
et l'ayant fait conduire dans le marché des esclaves, il le vendit pour vingt
mines. Quelques philosophes qui se réunirent à ce dessein le rachetèrent
et le renvoyèrent dans la Grèce en lui disant en amis, qu'un philosophe
ne devait voir les tyrans que très rarement s'il ne savait pas employer la
douceur des paroles à leur égard. (2) Denys perpétuellement enivré de sa
poésie envoya encore une fois aux jeux olympiques d'excellents
déclamateurs pour y réciter ses vers devant la nombreuse assemblée qui
se formait-là. Ces déclamateurs attirèrent d'abord une grande foule
autour d'eux par la force et par la flexibilité de leur organe. Mais le fond
des choses se manifestant bientôt, on passa du dégoût à des éclats de
risée dont ils furent accablés. (3) Denys apprenant ce triste succès, en fut
véritablement désolé et son chagrin prenant tous les jours de nouvelles
forces, il tomba dans une espèce de frénésie. Croyant que tout le monde
devenait jaloux de son talent, il soupçonna ses propres amis de vouloir le
perdre : sa rage alla jusqu'au point de faire mourir quelques-uns
d'entr'eux pour de faux crimes qu'il leur imputait ; et il en exila un assez
grand nombre. Son frère Leptine et Philistus furent eux-mêmes de ces
derniers avec plusieurs autres officiers très braves gens et qui lui avaient
été d'un grand recours dans toutes ses guerres. (4) Ils se réfugièrent chez
les Thuriens en Italie où ils s'acquirent beaucoup de considération : de
sorte que Denys lui-même jugea à propos de les rappeler; et les ayant
reçus à Syracuse, il les rétablit dans ses bonnes grâces. Leptine épousa
dans la suite la fille de Denys. Ce sont là les principaux événements de
cette année.
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