[1,2] Εἰ δή τι τέλος ἐστὶ τῶν πρακτῶν
ὃ δι´ αὑτὸ βουλόμεθα, τἆλλα δὲ διὰ τοῦτο, καὶ μὴ
πάντα δι´ ἕτερον αἱρούμεθα (πρόεισι γὰρ οὕτω γ´ εἰς ἄπειρον,
ὥστ´ εἶναι κενὴν καὶ ματαίαν τὴν ὄρεξιν), δῆλον ὡς τοῦτ´ ἂν
εἴη τἀγαθὸν καὶ τὸ ἄριστον. ἆρ´ οὖν καὶ πρὸς τὸν βίον ἡ
γνῶσις αὐτοῦ μεγάλην ἔχει ῥοπήν, καὶ καθάπερ τοξόται
σκοπὸν ἔχοντες μᾶλλον ἂν τυγχάνοιμεν τοῦ δέοντος; εἰ δ´
οὕτω, πειρατέον τύπῳ γε περιλαβεῖν αὐτὸ τί ποτ´ ἐστὶ καὶ
τίνος τῶν ἐπιστημῶν ἢ δυνάμεων. δόξειε δ´ ἂν τῆς κυριωτάτης
καὶ μάλιστα ἀρχιτεκτονικῆς. τοιαύτη δ´ ἡ πολιτικὴ
φαίνεται· τίνας γὰρ εἶναι χρεὼν τῶν ἐπιστημῶν ἐν ταῖς πόλεσι,
(1095) καὶ ποίας ἑκάστους μανθάνειν καὶ μέχρι τίνος, αὕτη
διατάσσει· ὁρῶμεν δὲ καὶ τὰς ἐντιμοτάτας τῶν δυνάμεων
ὑπὸ ταύτην οὔσας, οἷον στρατηγικὴν οἰκονομικὴν ῥητορικήν·
χρωμένης δὲ ταύτης ταῖς λοιπαῖς {πρακτικαῖς} τῶν ἐπιστημῶν,
ἔτι δὲ νομοθετούσης τί δεῖ πράττειν καὶ τίνων ἀπέχεσθαι,
τὸ ταύτης τέλος περιέχοι ἂν τὰ τῶν ἄλλων, ὥστε τοῦτ´
ἂν εἴη τἀνθρώπινον ἀγαθόν. εἰ γὰρ καὶ ταὐτόν ἐστιν ἑνὶ
καὶ πόλει, μεῖζόν γε καὶ τελειότερον τὸ τῆς πόλεως φαίνεται
καὶ λαβεῖν καὶ σῴζειν· ἀγαπητὸν μὲν γὰρ καὶ ἑνὶ
μόνῳ, κάλλιον δὲ καὶ θειότερον ἔθνει καὶ πόλεσιν.
| [1,2] CHAPITRE II :
S'il est exact qu'il y ait quelque fin de nos actes que nous voulons pour
elle-même, tandis que les autres fins ne sont recherchées que pour cette
première fin même, s'il est vrai aussi que nous ne nous déterminons pas à agir
en toutes circonstances en remontant d'une fin particulière à une autre — car on
se perdrait dans l'infini et nos tendances se videraient de leur contenu et
deviendraient sans effet —, il est évident que cette fin dernière peut être le
bien et même le bien suprême. 2. N'est-il pas exact que, par rapport à la
vie humaine, la connaissance de ce bien a une importance considérable et que, la
possédant, comme des archers qui ont sous les yeux le but à atteindre, nous
aurons des chances de découvrir ce qu'il convient de faire ? 3. S'il en est
ainsi, il faut nous efforcer de préciser, même d'une manière sommaire, la nature
de ce bien et de dire de quelles sciences ou de quels moyens d'action il relève.
4. Il peut sembler qu'il dépend de la science souveraine et au plus haut point
organisatrice. 5. Apparemment, c'est la science politique. Elle détermine
quelles sont les sciences indispensables dans les États, fixe celles que chaque
citoyen doit apprendre et dans quelle mesure. Ne voyons-nous pas, en effet, que
les sciences les plus honorées se trouvent sous sa dépendance, par exemple la
science militaire, l'économique et la rhétorique ? 6. Comme la politique utilise
les autres sciences pratiques, qu'elle légifère sur ce qu'il faut faire et
éviter, la fin qu'elle poursuit peut embrasser la fin des autres sciences, au
point d'être le bien suprême de l'homme. 7. Même si le bien de l'individu
s'identifie avec celui de l'État, il paraît bien plus important et plus conforme
aux fins véritables de prendre en mains et de sauvegarder le bien de l'État. Le
bien certes est désirable quand il intéresse un individu pris à part ; mais son
caractère est plus beau et plus divin, quand il s'applique à un peuple et à des
États entiers.
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