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[2,17] Ναῦν δὲ εἶχεν ἰδίαν, τοῦτο προκατασκευάσας οἴκοθεν εἰ
τύχοι τῆς ἐπιχειρήσεως. οἱ μὲν δὴ ἄλλοι θεωροὶ ἀπέπλευσαν, αὐτὸς
δὲ μικρὸν ἀπεσάλευε τῆς γῆς, ἅμα μὲν ὡς δοκοίη τοῖς πολίταις
ἕπεσθαι, ἅμα δὲ ἵνα μή, πλησίον τῆς Τύρου τοῦ σκάφους ὄντος,
κατάφωρος γένοιτο μετὰ τὴν ἁρπαγήν. ἐπεὶ δὲ ἐγένετο κατὰ
Σάραπτα κώμην Τυρίων ἐπὶ θαλάττῃ κειμένην, ἐνταῦθα προσπορίζεται
λέμβον, δίδωσι δὲ τῷ Ζήνωνι· τοῦτο γὰρ ἦν ὄνομα τῷ οἰκέτῃ,
ὃν ἐπὶ τὴν ἁρπαγὴν παρεσκευάκει. ὁ δὲ (ἦν γὰρ καὶ ἄλλως
εὔρωστος τὸ σῶμα καὶ φύσει πειρατικός) ταχὺ μὲν ἐξεῦρε λῃστὰς
ἁλιεῖς ἀπὸ τῆς κώμης ἐκείνης καὶ δῆτα ἀπέπλευσεν ἐπὶ τὴν Τύρον.
ἔστι δὲ μικρὸν ἐπίνειον Τυρίων, νησίδιον ἀπέχον ὀλίγον τῆς Τύρου
(Ῥοδόπης αὐτὸ τάφον οἱ Τύριοι λέγουσιν), ἔνθα ὁ λέμβος ἐφήδρευεν.
| [2,17] Quand elle fut achevée, les envoyés de Byzance se
rembarquèrent. Pour lui, il résolut de ne se point trop éloigner
du rivage, tant pour être à portée de secourir ses complices,
s'il les voyait poursuivis par le peuple, que pour recevoir plus
promptement sa proie lorsqu'ils l'auraient enlevée. Rien ne manquait
aux mesures qu'il avait prises : le vaisseau qu'il montait ne dépendait
que de lui seul, et il avait eu soin de le munir d'armes et de tout
ce qui était nécessaire pour faciliter le succès de son dessein.
Dès qu'il fut sur mer, il prit la route de Sarepta, bourg maritime
qui relève de Tyr. Ayant acheté en cet endroit une barque
légère, il en confia le soin à Zénon : c'est ainsi que s'appelait l'esclave
qui devait enlever Leucippe, homme robuste, entreprenant, et qui,
dès sa plus tendre jeunesse, avait exercé le métier de pirate.
Dans ce village qui sert de retraite à quelques pêcheurs grossiers
et farouches, Zénon forma sans peine une troupe de gens tels
qu'il souhaitait. Il en mit quelques-uns en embuscade sur la côte de
Tyr, et se tint caché avec les autres dans une petite île voisine,
nommée le tombeau de Rhodope, lieu solitaire où les vaisseaux
qui naviguent sur la mer Tyrienne se réfugient lorsqu'ils sont pressés
par la tempête.
| [2,18] Πρὸ δὲ τῆς πανηγύρεως, ἣν ὁ Καλλισθένης προσεδόκα,
γίνεται δὴ τὰ τοῦ ἀετοῦ καὶ τῶν μάντεων· καὶ εἰς τὴν ὑστεραίαν
παρεσκευαζόμεθα νύκτωρ ὡς θυσόμενοι τῷ θεῷ. τούτων δὲ τὸν
Ζήνωνα ἐλάνθανεν οὐδέν· ἀλλ´ ἐπειδὴ καιρὸς ἦν βαθείας ἑσπέρας,
ἡμεῖς μὲν προήλθομεν, ὁ δὲ εἵπετο. ἄρτι δὲ γενομένων ἡμῶν ἐπὶ
τῷ χείλει τῆς θαλάσσης, ὁ μὲν τὸ συγκείμενον ἀνέτεινε σημεῖον, ὁ
δὲ λέμβος ἐξαίφνης προσέπλει, καὶ ἐπεὶ πλησίον ἐγένετο, ἦσαν ἐν
αὐτῷ νεανίσκοι δέκα. ὀκτὼ δὲ ἑτέρους ἐπὶ τῆς γῆς εἶχον προλοχίσαντες,
οἳ γυναικείας μὲν εἶχον ἐσθῆτας καὶ τῶν γενείων ἐψίλωντο
τὰς τρίχας· ἔφερον δὲ ἕκαστος ὑπὸ κόλπῳ ξίφος, ἐκόμιζον
δὲ καὶ αὐτοὶ θυσίαν, ὡς ἂν ἥκιστα ὑποπτευθεῖεν· ἡμεῖς δὲ ᾠόμεθα
γυναῖκας εἶναι. ἐπεὶ δὲ συνετίθεμεν τὴν πυράν, ἐξαίφνης βοῶντες
συντρέχουσι καὶ τὰς μὲν δᾷδας ἡμῶν ἀποσβεννύουσι, φευγόντων δὲ
ἀτάκτως ὑπὸ τῆς ἐκπλήξεως, τὰ ξίφη γυμνώσαντες ἁρπάζουσι τὴν
ἀδελφὴν τὴν ἐμὴν καὶ ἐνθέμενοι τῷ σκάφει, ἐμβάντες εὐθὺς ὄρνιθος
δίκην ἀφίπτανται. ἡμῶν δὲ οἱ μὲν ἔφευγον, οὐδὲν οὔτε εἰδότες
οὔτε ἑωρακότες, οἱ δὲ ἅμα τε εἶδον καὶ ἐβόων· "Λῃσταὶ Καλλιγόνην
ἔχουσι." τὸ δὲ πλοῖον ἤδη μέσην ἐπέραινε τὴν θάλασσαν. ὡς δὲ
τοῖς Σαράπτοις προσέσχον, πόρρωθεν ὁ Καλλισθένης τὸ σημεῖον
ἰδὼν ὑπήντησεν ἐπιπλεύσας καὶ δέχεται μὲν τὴν κόρην, πλεῖ δὲ
εὐθὺς πελάγιος. ἐγὼ δὲ ἀνέπνευσα μὲν οὕτω διαλυθέντων μοι
παραδόξως τῶν γάμων, ἠχθόμην δὲ ὅμως ὑπὲρ ἀδελφῆς περιπεσούσης
τοιαύτῃ συμφορᾷ.
| [2,18] D'un autre côté, mon père, se trouvant prêt à célébrer le sacrifice
que les augures lui avaient recommandé d'offrir à Jupiter l'Hospitalier,
toute notre famille se rendit avec lui sur le rivage.
Zénon, qui en fut informé, fit approcher sa barque. Elle était montée
de dix hommes forts, munis d'armes avantageuses, et disposés à tout
entreprendre. Huit autres, embusqués sur terre, nous attendaient dans
un équipage bien différent : ils étaient déguisés en femmes ; sous cet
habillement paisible, chacun d'eux portait une épée. Ceux-ci se
joignirent à nous dès qu'ils nous aperçurent. Pour écarter tout
soupçon, ils conduisaient devant eux quelques victimes. Nous crûmes
effectivement que c'étaient des femmes pieuses de la ville
ou des environs, qui, sur le bruit que nous devions offrir au maître
du monde un pompeux sacrifice, venaient mêler leurs voeux aux nôtres.
A peine eûmes-nous construit le bûcher, que les satellites de Zénon,
tant ceux qui étaient déguisés en femmes que ceux qui venaient
de l'île voisine pour les soutenir, s'élancèrent sur nous l'épée à la main,
en poussant des cris furieux, éteignirent nos flambeaux, et, profitant
du désordre où nous jetait une attaque si imprévue, enlevèrent ma
soeur. L'action fut vive. Les ravisseurs, sans perdre un instant,
montèrent sur leur barque avec Calligone, et, pour ainsi dire,
s'envolèrent comme des oiseaux. Quelques-uns de notre bande
avaient d'abord pris la fuite, sans attendre l'issue de cette violence ;
d'autres en furent les témoins. On entendit tout-à-coup plusieurs voix
confuses qui publiaient, en gémissant, qu'une troupe de pirates
enlevait Calligone. Déjà leur barque approchait de Sarepta, lorsque
Callisthène, reconnaissant de loin le signal dont il était convenu avec
Zénon, vint à sa rencontre, prit ma soeur sur son vaisseau et gagna
le large à force de rames.
C'est ainsi que, contre mon attente, la fortune me préserva d'un mariage
qui n'était propre qu'à me rendre malheureux. Alors une nouvelle
espérance vint ranimer ma passion qui, depuis quelques jours, était
ensevelie au fond de mon coeur sous un noir chagrin. D'un autre
côté cependant, je ne pouvais m'empêcher de déplorer la disgrâce
de Calligone.
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