[600] δώμασιν ἀρτιθανῆ· τὸ γὰρ εὐγενὲς
601 ἐκφέρεται πρὸς αἰδῶ.
602 ἐν τοῖς ἀγαθοῖσι δὲ πάντ´ ἔνεστιν·
603 σοφίας ἄγαμαι.
604 πρὸς δ´ ἐμᾶι ψυχᾶι θράσος ἧσται
605 θεοσεβῆ φῶτα κεδνὰ πράξειν.
606 (ΑΔΜΗΤΟΣ) ἀνδρῶν Φεραίων εὐμενὴς παρουσία,
607 νέκυν μὲν ἤδη πάντ´ ἔχοντα πρόσπολοι
608 φέρουσιν ἄρδην πρὸς τάφον τε καὶ πυράν·
609 ὑμεῖς δὲ τὴν θανοῦσαν, ὡς νομίζεται,
610 προσείπατ´ ἐξιοῦσαν ὑστάτην ὁδόν.
611 (ΧΟΡΟΣ) καὶ μὴν ὁρῶ σὸν πατέρα γηραιῶι ποδὶ
612 στείχοντ´, ὀπαδούς τ´ ἐν χεροῖν δάμαρτι σῆι
613 κόσμον φέροντας, νερτέρων ἀγάλματα.
614 (ΦΕΡΗΣ)
614 ἥκω κακοῖσι σοῖσι συγκάμνων, τέκνον·
615 ἐσθλῆς γάρ, οὐδεὶς ἀντερεῖ, καὶ σώφρονος
616 γυναικὸς ἡμάρτηκας. ἀλλὰ ταῦτα μὲν
617 φέρειν ἀνάγκη καίπερ ὄντα δύσφορα.
618 δέχου δὲ κόσμον τόνδε καὶ κατὰ χθονὸς
619 ἴτω. τὸ ταύτης σῶμα τιμᾶσθαι χρεών,
620 ἥτις γε τῆς σῆς προύθανε ψυχῆς, τέκνον,
621 καί μ´ οὐκ ἄπαιδ´ ἔθηκεν οὐδ´ εἴασε σοῦ
622 στερέντα γήραι πενθίμωι καταφθίνειν,
623 πάσαις δ´ ἔθηκεν εὐκλεέστερον βίον
624 γυναιξίν, ἔργον τλᾶσα γενναῖον τόδε.
625 ὦ τόνδε μὲν σώσας´, ἀναστήσασα δὲ
626 ἡμᾶς πίτνοντας, χαῖρε, κἀν Ἅιδου δόμοις
627 εὖ σοι γένοιτο. φημὶ τοιούτους γάμους
628 λύειν βροτοῖσιν, ἢ γαμεῖν οὐκ ἄξιον.
629 (ΑΔΜΗΤΟΣ) οὔτ´ ἦλθες ἐς τόνδ´ ἐξ ἐμοῦ κληθεὶς τάφον
630 οὔτ´ ἐν φίλοισι σὴν παρουσίαν λέγω.
631 κόσμον δὲ τὸν σὸν οὔποθ´ ἥδ´ ἐνδύσεται·
632 οὐ γάρ τι τῶν σῶν ἐνδεὴς ταφήσεται.
633 τότε ξυναλγεῖν χρῆν ς´ ὅτ´ ὠλλύμην ἐγώ·
634 σὺ δ´ ἐκποδὼν στὰς καὶ παρεὶς ἄλλωι θανεῖν
635 νέωι γέρων ὢν τόνδ´ ἀποιμώξηι νεκρόν;
636 οὐκ ἦσθ´ ἄρ´ ὀρθῶς τοῦδε σώματος πατήρ,
637 οὐδ´ ἡ τεκεῖν φάσκουσα καὶ κεκλημένη
638 μήτηρ μ´ ἔτικτε, δουλίου δ´ ἀφ´ αἵματος
639 μαστῶι γυναικὸς σῆς ὑπεβλήθην λάθραι.
640 ἔδειξας εἰς ἔλεγχον ἐξελθὼν ὃς εἶ,
641 καί μ´ οὐ νομίζω παῖδα σὸν πεφυκέναι.
642 ἦ τἄρα πάντων διαπρέπεις ἀψυχίαι,
643 ὃς τηλικόσδ´ ὢν κἀπὶ τέρμ´ ἥκων βίου
644 οὐκ ἠθέλησας οὐδ´ ἐτόλμησας θανεῖν
645 τοῦ σοῦ πρὸ παιδός, ἀλλὰ τήνδ´ εἰάσατε
646 γυναῖκ´ ὀθνείαν, ἣν ἐγὼ καὶ μητέρα
647 καὶ πατέρ´ ἂν ἐνδίκως ἂν ἡγοίμην μόνην.
648 καίτοι καλόν γ´ ἂν τόνδ´ ἀγῶν´ ἠγωνίσω
649 τοῦ σοῦ πρὸ παιδὸς κατθανών, βραχὺς δέ σοι
| [600] morte récemment dans ce palais ; car les naturels généreux sont portés à respecter autrui. Tous les dons de la nature sont le partage des gens de bien ; et mon cœur a la ferme confiance que le mortel pieux doit prospérer.
ADMÈTE.
Citoyens de Phères, dont la présence témoigne l'affection, déjà mes serviteurs portent le corps d'Alceste, paré de tous ses ornements, à sa sépulture et au bûcher. Vous, selon la coutume, adressez vos adieux à l'infortunée qui fait son dernier voyage.
LE CHOEUR.
Je vois ton père qui s'avance d'un pas appesanti par la vieillesse, et les serviteurs portant dans leurs mains des ornements pour ton épouse, présents agréables aux morts.
PHÉRÈS.
Je partage tes peines, mon fils ; tu as perdu une épouse vertueuse et chaste, personne ne le niera ; mais il faut supporter ce malheur, tout accablant qu'il est. Recois ces vêtements précieux, et dépose-les dans la tombe. C'est un devoir d'honorer celle qui est morte pour te sauver la vie, qui m'a conservé un fils, et qui n'a pas permis que ma vieillesse abandonnée se consumât dans le deuil. Par cette action généreuse, elle a laissé à toutes les femmes une vie glorieuse à imiter. O toi qui as sauvé mon fils et relevé ma vieillesse abattue, adieu : sois heureuse dans le séjour de Pluton. Voilà les mariages profitables aux mortels; autrement, se marier est inutile.
629 ADMÈTE.
Ce n'est point appelé par moi que tu es venu à ces funérailles ; et, je le dis, ta présence ne m'est pas agréable. Jamais Alceste ne revêtira les ornements que tu lui offres ; elle n'a besoin de rien qui vienne de toi, pour être ensevelie. Il fallait pleurer, alors que j'allais mourir. Mais tu te tins à l'écart, laissant mourir une autre plus jeune, vieux comme tu es; et maintenant tu viens gémir sur ce cadavre. Non, tu n'es pas réellement mon père, et celle qui dit m'avoir enfanté, et qu'on appelle ma mère, ne m'a pas enfanté ; mais, issu d'un sang esclave, j'ai été furtivement attaché au sein de ta femme. Par les effets tu as prouvé qui tu es, et je crois fermement que je ne suis pas ton fils. Certes, il faut que tu sois le plus lâche des hommes, toi qui, si avancé en âge, et touchant au terme de la vie, n'as pas voulu, n'as pas osé mourir pour ton fils, mais as laissé cet honneur à une femme, à une étrangère, que seule aujourd'hui j'ai droit de regarder comme ma mère et comme mon père. Certes, c'eût été pour toi une glorieuse épreuve, de mourir pour ton fils :
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