[15,40] 40. Μετὰ γὰρ τὴν συγχωρηθεῖσαν τοῖς δήμοις αὐτονομίαν αἱ πόλεις
ἐνέπιπτον εἰς ταραχὰς μεγάλας καὶ στάσεις, μάλιστα δὲ αἱ κατὰ τὴν
Πελοπόννησον. Ὀλιγαρχικοῖς γὰρ πολιτεύμασι κεχρημέναι, καὶ ταῖς
τῆς δημοκρατίας ἐξουσίαις ἀπειραγάθως χρώμεναι, πολλοὺς τῶν
ἀγαθῶν ἀνδρῶν ἐφυγάδευον καὶ κρίσεις ἐπιβάλλουσαι
συκοφαντώδεις κατεδίκαζον. Διόπερ εἰς στάσεις ἐμπίπτουσαι φυγὰς
καὶ δημεύσεις οὐσιῶν ἐποιοῦντο, μάλιστα δὲ πρὸς τοὺς ἐπὶ τῆς
Λακεδαιμονίων ἡγεμονίας προεστηκότας τῶν πατρίδων. (2) Ἐν γὰρ
τοῖς τότε χρόνοις ἐπιτακτικῶς ἐκείνων τοῖς πολίταις
προσενηνεγμένων, ὕστερον ὁ δημοτικὸς ὄχλος ἀπολαβὼν τὴν
ἐλευθερίαν ἐμνησικάκει. Πρῶτον δὲ τῶν Φιαλέων οἱ φυγάδες
συστραφέντες κατελάβοντο τὴν καλουμένην ῾Ηραίαν, χωρίον ὀχυρόν.
Ἐκ ταύτης δ' ὁρμηθέντες παρεισέπεσον εἰς τὴν Φιάλειαν, καὶ
Διονυσίαν κατὰ τύχην ὄντων ἐπιπεσόντες ἀπροσδοκήτως τοῖς ἐν τῷ
θεάτρῳ καθημένοις, καὶ πολλοὺς ἀποσφάξαντες, οὐκ ὀλίγους δὲ καὶ
συναπονοήσασθαι πείσαντες, ἀνεχώρησαν εἰς τὴν Σπάρτην. (3) Οἱ δὲ
τῆς Κορίνθου φυγάδες, συχνοὶ διατρίβοντες παρὰ τοῖς ᾿Αργείοις,
ἐπεχείρησαν κατιέναι· παραδεχθέντες δ' ἐπὶ τὴν πόλιν ὑπό τινων
οἰκείων καὶ φίλων, διαβληθέντες ἐγένοντο (τε) περικατάληπτοι·
μέλλοντες δὲ συναρπάζεσθαι, καὶ φοβούμενοι τὴν ἐκ τῆς ἁλώσεως
αἰκίαν, ἀλλήλους ἀπέκτειναν. Οἱ δὲ Κορίνθιοι πολλοὺς τῶν πολιτῶν
αἰτιασάμενοι μετεσχηκέναι τοῖς φυγάσι τῆς ἐπιθέσεως, οὓς μὲν
ἀπέκτειναν, οὓς δ' ἐφυγάδευσαν. (4) Ἐν δὲ τῇ πόλει τῶν Μεγαρέων
ἐπιχειρήσαντές τινες μεταστῆσαι τὴν πολιτείαν, καὶ κρατηθέντες ὑπὸ
τοῦ δήμου, πολλοὶ μὲν ἀνῃρέθησαν, οὐκ ὀλίγοι δ' ἐξέπεσον. Ὁμοίως
δὲ καὶ παρὰ τοῖς Σικυωνίοις τινὲς νεωτερίζειν ἐπιβαλόμενοι καὶ
σφαλέντες ἀνῃρέθησαν. (5) Παρὰ δὲ τοῖς Φλιασίοις πολλῶν
φυγαδευομένων, καὶ καταλαβομένων ἐπὶ τῆς χώρας φρούριον ὀχυρὸν
καὶ πλῆθος μισθοφόρων ἀθροισάντων, ἐγένετο μάχη πρὸς τοὺς ἐκ τῆς
πόλεως, καὶ νικησάντων τῶν φυγάδων ἀνῃρέθησαν τῶν Φλιασίων
ὑπὲρ τοὺς τριακοσίους. ὕστερον δὲ προδόντων τῶν φυλάκων τοὺς
φυγάδας, κρατήσαντες οἱ Φλιάσιοι τῶν φυγάδων ἀνεῖλον πλείους τῶν
ἑξακοσίων, τοὺς δὲ λοιποὺς ἐκβαλόντες ἐκ τῆς χώρας ἠνάγκασαν
φυγεῖν εἰς ῎Αργος. Αἱ μὲν οὖν κατὰ Πελοπόννησον πόλεις ἐν
τοιαύταις συμφοραῖς ἦσαν.
| [15,40] Mais pour ne point rompre actuellement le fil de notre histoire, nous
devons dire que toutes les villes devenues maîtresses d'elles-mêmes
tombèrent par là dans le trouble et la confusion, et surtout celles du
Péloponnèse. Gouvernées auparavant par un petit nombre de magistrats,
elles usèrent inconsidérément, témérairement et à leur désavantage, du
pouvoir populaire. Elles chassèrent plusieurs des plus honnêtes gens de
leurs citoyens : elles prononcèrent des condamnations injustes sur les
dépositions des imposteurs et des envieux ; et s'enflammant de jalousie
et de haine intestine, on ne voyait que bannissements et confiscations de
biens. Ce désordre régna principalement dans les villes qui avaient été
sujettes à Lacédémone ; (2) d'autant que les magistrats établis de sa part
y ayant exercé un empire très dur, le peuple devenu le maître se vengeait
d'eux sans ménagement : ce fut à cette occasion que les bannis de la
ville de Phialée se saisirent d'un lieu fort qui se nommait Herée, d'où ils
faisaient de violentes incursions dans la ville dont ils étaient exclus. Ayant
un jour pris le temps qu'on célébrait les fêtes de Bacchus, ils tombèrent à
l'imprévu sur ceux qui étaient admis dans l'amphithéâtre. Après en avoir
égorgé plusieurs et s'être même fait aider dans cette exécution par ceux
des citoyens à qui ils inspiraient leur rage, ils se retirèrent tous ensemble
à Sparte. (3) Les exilés de Corinthe qui étaient en grand nombre dans
Argos avaient résolu de rentrer de force dans leur ville. Quelques parents
et quelques amis avaient déjà reçu secrètement quelques-uns d'entre eux
dans leurs maisons mais ils furent découverts et dans ta crainte qu'ils
eurent d'être pris et de subir la honte d'un supplice déshonorant, ils se
donnèrent la mort les uns aux autres, Les Corinthiens ayant ensuite
appelé en jugement ceux des leurs qu'ils croyaient avoir trempé dans
cette conjuration condamnèrent les uns à la mort et les autres à l'exil. (4)
A Mégare quelques-uns ayant entrepris de changer l'état présent de la
république furent de même accablés par le peuple qui fit mourir les uns et
chassa les autres. La même chose arriva à Sicyone, où l'on fit périr tous
ceux qui voulaient faire quelque réforme au gouvernement présent. (5)
Enfin plusieurs citoyens ayant été chassés de Phlius, ils se saisirent
d'une forteresse voisine où ils firent venir encore un assez grand nombre
de soudoyés par le secours desquels ils livrèrent un combat à ceux de la
ville et leur tuèrent plus de trois cents hommes. Mais ensuite cette
garnison étrangère trahit ceux-là mêmes qui l’avaient appelée de sorte
que les habitants de Phlius eurent à leur tour l'avantage sur ces bannis et
leur firent perdre plus de six cents hommes. Ils mirent en fuite tout le
reste qui fut obligé de sortir de la province et de se réfugier dans Argos.
Voilà un abrégé des calamités qui assiégeaient alors le Péloponnèse.
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