[15,1] 1. Παρ' ὅλην τὴν πραγματείαν εἰωθότες χρῆσθαι τῇ συνήθει τῆς
ἱστορίας παρρησίᾳ, καὶ τοῖς μὲν ἀγαθοῖς ἀνδράσιν ἐπὶ τῶν καλῶν
ἔργων τὸν δίκαιον ἐπιλέγειν ἔπαινον, τοὺς δὲ φαύλους, ὅταν
ἐξαμαρτάνωσιν, ἀξιοῦν δικαίας ἐπιτιμήσεως, διὰ τοῦ τοιούτου τρόπου
νομίζομεν τοὺς μὲν εὖ πεφυκότας πρὸς ἀρετὴν τῷ διὰ τῆς δόξης
ἀθανατισμῷ προτρέψεσθαι ταῖς καλλίσταις ἐγχειρεῖν πράξεσι, τοὺς
δὲ τὴν ἐναντίαν ἔχοντας διάθεσιν ταῖς ἁρμοττούσαις βλασφημίαις
ἀποτρέψειν τῆς ἐπὶ τὴν κακίαν ὁρμῆς. (2) Διὸ καὶ τῇ γραφῇ παρόντες
ἐπ' ἐκείνους τοὺς χρόνους, ἐν οἷς Λακεδαιμόνιοι περὶ Λεῦκτρα
παραδόξως ἡττηθέντες μεγάλῃ περιέπεσον συμφορᾷ, καὶ πάλιν περὶ
Μαντίνειαν πταίσαντες ἀνελπίστως ἀπέβαλον τὴν τῶν ῾Ελλήνων
ἡγεμονίαν, ἡγούμεθα δεῖν τὴν ὑπόστασιν τῆς γραφῆς διαφυλάττειν
καὶ τὴν ἁρμόττουσαν ἐπιτίμησιν τοῖς Λακεδαιμονίοις ποιήσασθαι.
(3) Τίς γὰρ ἂν οὐχ ἡγήσαιτο κατηγορίας αὐτοὺς ἀξίους ὑπάρχειν, οἵτινες
παρὰ τῶν προγόνων παραλαβόντες ἡγεμονίαν κάλλιστα
τεθεμελιωμένην, καὶ ταύτην διὰ τὴν ἀρετὴν τῶν προγόνων
διαφυλαχθεῖσαν ἔτη πλείω τῶν πεντακοσίων, οἱ τότε Λακεδαιμόνιοι
διὰ τὴν ἑαυτῶν ἀβουλίαν καταλυθεῖσαν ἐπεῖδον, οὐκ ἀλόγως. οἱ μὲν
γὰρ πρὸ αὐτῶν βεβιωκότες πολλοῖς πόνοις καὶ μεγάλοις κινδύνοις
τὴν τηλικαύτην κατεκτήσαντο δόξαν, ἐπιεικῶς καὶ φιλανθρώπως
προσφερόμενοι τοῖς ὑποτεταγμένοις· οἱ δὲ μεταγενέστεροι βιαίως καὶ
χαλεπῶς χρώμενοι τοῖς συμμάχοις, ἔτι δὲ πολέμους ἀδίκους καὶ
ὑπερηφάνους ἐνιστάμενοι πρὸς τοὺς ῞Ελληνας, οὐκ ἀλόγως ἀπέβαλον
τὴν ἀρχὴν διὰ τὰς ἰδίας ἀβουλίας. (4) Έν γὰρ ταῖς συμφοραῖς αὐτῶν τὸ
μῖσος τῶν ἀδικουμένων ἔλαβε καιρὸν ἀμύνασθαι τοὺς
προηδικηκότας, καὶ τοῖς ἐκ προγόνων ἀνικήτοις γεγονόσι τοσαύτη
καταφρόνησις ἐπηκολούθησεν, ὅσην εἰκός ἐστι γενέσθαι κατὰ τῶν
ἀναιρούντων τὰς τῶν προγόνων ἀρετάς. (5) Τοιγαροῦν Θηβαῖοι μὲν οἱ
πρότερον ἐπὶ πολλὰς γενεὰς τοῖς κρείττοσιν ὑποτεταγμένοι, τότε
τούτους ἀνελπίστως νικήσαντες ἡγεμόνες κατέστησαν τῶν ῾Ελλήνων,
Λακεδαιμόνιοι δὲ μετὰ τὴν ἀφαίρεσιν τῆς ἡγεμονίας οὐδέποτ'
ἐδυνήθησαν ἀναλαβεῖν τὸ τῶν προγόνων ἀξίωμα. (6) Ἡμεῖς δὲ
τούτοις ἀρκούντως ἐπιτετιμηκότες ἐπὶ τὸ συνεχὲς τῆς ἱστορίας
μεταβησόμεθα πρὸς - - - τῇ γραφῇ χρόνους. Ἡ μὲν οὖν πρὸ ταύτης
βύβλος, οὖσα τῆς ὅλης συντάξεως τεσσαρεσκαιδεκάτη, τὸ τέλος ἔσχε
τῶν πράξεων εἰς τὸν ῾Ρηγίνων ἀνδραποδισμὸν ὑπὸ Διονυσίου καὶ τὴν
ἅλωσιν τῆς ῾Ρώμης ὑπὸ Γαλατῶν, ἥτις ἐγένετο κατὰ τὸν
προηγούμενον ἐνιαυτὸν τῆς Περσῶν στρατείας εἰς Κύπρον ἐπ'
Εὐαγόραν τὸν βασιλέα· ἐν ταύτῃ δὲ τὴν ἀρχὴν ἀπὸ τούτου τοῦ
πολέμου ποιησάμενοι καταλήξομεν ἐπὶ τὸν προηγούμενον ἐνιαυτὸν
τῆς Φιλίππου τοῦ ᾿Αμύντου βασιλείας.
| [15,1] I. NOUS avons fait jusqu'ici un usage fidèle et constant de la liberté et de
l'autorité de l'Histoire, qui donne aux bonnes actions les louanges qu'elles
méritent, et qui attache aux mauvaises l'opprobre qui leur est dû. La
conduite que nous avons tenue à cet égard, nous fait espérer que les
âmes bien nées seront portées à la vertu par l'immortalité de la gloire qui
l'accompagne ; et que ceux-mêmes qui auraient apporté en naissant des
inclinations perverses, en arrêteront les effets pernicieux par la crainte
des reproches éternels qu'ils attireraient sur leur mémoire. (2) C'est dans
cette vue que nous voyant arrivés au temps où les Lacédémoniens furent
vaincus à Leuctres, malgré les apparences les plus favorables pour eux ;
et où cette première défaite fut suivie à Mantinée d'une seconde qui leur
fit perdre la supériorité qu'ils avaient eue longtemps sur toute la Grèce :
nous croyons suivre le plan général que nous nous sommes proposé , en
faisant voir avant toutes choses, combien était juste de la part des Dieux
la punition des Lacédémoniens. (3) Et qui en effet pourrait ne pas
condamner un peuple qui ayant reçu de ses fondateurs une autorité bien
établie, et qui par la sagesse d'une longue suite d'ancêtres l'ayant
conservée pendant cinq cents ans, la perd par la démence et surtout par
les injustices où tombe cette indigne postérité. Les premiers Spartiates ne
devaient la puissance où ils étaient parvenus qu'à des guerres périlleuses
et même sanglantes : mais du moins ils avaient adouci le joug des
vaincus en usant à leur égard d'équité et d'humanité, au lieu que leurs
descendants traitèrent leurs alliés , avec beaucoup de violence et
d'injustice. Ils firent même aux autres Grecs diverses querelles qui
n'avaient pour fondement qu'un orgueil insensé de leur part , et qui n'eut
aussi pour fin que leur propre chute. (4) Dès qu'on vit leur fortune
ébranlée ; tous ceux qu'ils avaient offensés se préparèrent à leur
vengeance particulière; bientôt ces hommes dont les aïeux étaient
invincibles, tombèrent dans le mépris qui est du à tous ceux qui
dégénèrent de la vertu de leurs ancêtres. (5) Ce fut ainsi que les
Thébains qui les regardaient depuis plusieurs générations, comme
supérieurs à eux par la valeur, les ayant vaincus contre leur propre
espérance devinrent eux-mêmes les chefs de la Grèce ; et les
Lacédémoniens ayant une fois perdu ce titre, ne purent jamais revenir à
leur ancienne réputation. (6) Pour nous, après ce court préambule que
nous avons cru devoir à la vérité et à la justice ; nous allons rentrer dans
l'ordre des temps Ainsi le Livre précédent qui a été le 14e de notre
Histoire, ayant exposé la captivité où Denys réduisît les habitants de
Rhéges, et la prise de Rome par les Gaulois deux événements qui ont
précédé l'année de la descente des Perses en l’île de Chypre contre le
roi Évagoras: nous commencerons ce Livre par le récit de cette guerre ,
et nous le finirons à l'année qui précède immédiatement l'avènement de
Philippe fils d'Amyntas au trône de Macédoine.
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