[4,1293a] § 5. Τέταρτον δὲ εἶδος δημοκρατίας ἡ τελευταία τοῖς χρόνοις ἐν
ταῖς πόλεσι γεγενημένη. Διὰ γὰρ τὸ μείζους γεγονέναι πολὺ τὰς πόλεις
τῶν ἐξ ὑπαρχῆς καὶ προσόδων ὑπάρχειν εὐπορίας, μετέχουσι μὲν
πάντες τῆς πολιτείας διὰ τὴν ὑπεροχὴν τοῦ πλήθους, κοινωνοῦσι δὲ καὶ
πολιτεύονται διὰ τὸ δύνασθαι σχολάζειν καὶ τοὺς ἀπόρους,
λαμβάνοντας μισθόν. Καὶ μάλιστα δὲ σχολάζει τὸ τοιοῦτον πλῆθος· οὐ
γὰρ ἐμποδίζει αὐτοὺς οὐθὲν ἡ τῶν ἰδίων ἐπιμέλεια, τοὺς δὲ πλουσίους
ἐμποδίζει, ὥστε πολλάκις οὐ κοινωνοῦσι τῆς ἐκκλησίας οὐδὲ τοῦ
δικάζειν. Διὸ γίνεται τὸ τῶν ἀπόρων πλῆθος κύριον τῆς πολιτείας, ἀλλ'
οὐχ οἱ νόμοι. Τὰ μὲν οὖν τῆς δημοκρατίας εἴδη τοσαῦτα καὶ τοιαῦτα διὰ
ταύτας τὰς ἀνάγκας ἐστίν,
§ 6. τάδε δὲ τῆς ὀλιγαρχίας· ὅταν μὲν πλείους ἔχωσιν οὐσίαν, ἐλάττω δὲ
καὶ μὴ πολλὴν λίαν, τὸ τῆς πρώτης ὀλιγαρχίας εἶδός ἐστιν· ποιοῦσι γὰρ
ἐξουσίαν μετέχειν τῷ κτωμένῳ, καὶ διὰ τὸ πλῆθος εἶναι τῶν μετεχόντων
τοῦ πολιτεύματος ἀνάγκη μὴ τοὺς ἀνθρώπους ἀλλὰ τὸν νόμον εἶναι
κύριον (ὅσῳ γὰρ ἂν πλεῖον ἀπέχωσι τῆς μοναρχίας, καὶ μήτε τοσαύτην
ἔχωσιν οὐσίαν ὥστε σχολάζειν ἀμελοῦντες μήθ' οὕτως ὀλίγην ὥστε
τρέφεσθαι ἀπὸ τῆς πόλεως, ἀνάγκη τὸν νόμον ἀξιοῦν αὐτοῖς ἄρχειν,
ἀλλὰ μὴ αὐτούς)·
§ 7. ἐὰν δὲ δὴ ἐλάττους ὦσιν οἱ τὰς οὐσίας ἔχοντες ἢ οἱ τὸ πρότερον,
πλείω δέ, τὸ τῆς δευτέρας ὀλιγαρχίας γίνεται εἶδος· μᾶλλον γὰρ
ἰσχύοντες πλεονεκτεῖν ἀξιοῦσιν, διὸ αὐτοὶ μὲν αἱροῦνται ἐκ τῶν ἄλλων
τοὺς εἰς τὸ πολίτευμα βαδίζοντας, διὰ δὲ τὸ μήπω οὕτως ἰσχυροὶ εἶναι
ὥστ' ἄνευ νόμου ἄρχειν τὸν νόμον τίθενται τοιοῦτον.
§ 8. Ἐὰν δ' ἐπιτείνωσι τῷ ἐλάττονες ὄντες μείζονας οὐσίας ἔχειν, ἡ τρίτη
ἐπίδοσις γίνεται τῆς ὀλιγαρχίας, τὸ δι' αὑτῶν μὲν τὰς ἀρχὰς ἔχειν, κατὰ
νόμον δὲ τὸν κελεύοντα τῶν τελευτώντων διαδέχεσθαι τοὺς υἱεῖς. Ὅταν
δὲ ἤδη πολὺ ὑπερτείνωσι ταῖς οὐσίαις καὶ ταῖς πολυφιλίαις, ἐγγὺς ἡ
τοιαύτη δυναστεία μοναρχίας ἐστίν, καὶ κύριοι γίνονται οἱ ἄνθρωποι,
ἀλλ' οὐχ ὁ νόμος· καὶ τὸ τέταρτον εἶδος τῆς ὀλιγαρχίας τοῦτ' ἐστίν,
ἀντίστροφον τῷ τελευταίῳ τῆς δημοκρατίας.
§ 9. Ἔτι δ' εἰσὶ δύο πολιτεῖαι παρὰ δημοκρατίαν τε καὶ ὀλιγαρχίαν, ὧν
τὴν μὲν ἑτέραν λέγουσί τε πάντες καὶ εἴρηται τῶν τεττάρων πολιτειῶν
εἶδος ἕν (λέγουσι δὲ τέτταρας μοναρχίαν ὀλιγαρχίαν δημοκρατίαν,
τέταρτον δὲ τὴν καλουμένην ἀριστοκρατίαν)· πέμπτη δ' ἐστὶν ἣ
προσαγορεύεται τὸ κοινὸν ὄνομα πασῶν (πολιτείαν γὰρ καλοῦσινν,
ἀλλὰ διὰ τὸ μὴ πολλάκις γίνεσθαι λανθάνει τοὺς πειρωμένους ἀριθμεῖν
τὰ τῶν πολιτειῶν εἴδη, καὶ χρῶνται ταῖς τέτταρσι μόνον νὥσπερ
Πλάτων) ἐν ταῖς πολιτείαις.
| [4,1293a] § 5. La quatrième est celle qui s'est produite la dernière chronologiquement
parlant. Des États s'étant formés beaucoup plus étendus que ne l'avaient été jadis
les premiers, et des revenus considérables y répandant l'aisance, la multitude
acquit par son importance tous les droits politiques; et les citoyens purent alors
vaquer en commun à la direction des affaires générales, parce qu'ils eurent du
loisir, et que des indemnités assurèrent même aux moins aisés le temps nécessaire
pour s'y livrer. Ce sont même alors ces citoyens pauvres qui ont le plus de loisir :
ils n'ont point à s'inquiéter de l'administration de leurs intérêts particuliers, cause
qui empêche si souvent les riches de se rendre aux assemblées du peuple et aux
tribunaux dont ils sont membres ; et il arrive par là que la multitude devient
souveraine à la place des lois.
Telles sont les causes nécessaires qui déterminent le nombre et les diversités des
démocraties.
§ 6. La première espèce d'oligarchie est celle où la majorité des citoyens possède
des fortunes qui sont moindres que celle dont nous venons de parler, et qui sont
peu considérables. Le pouvoir est attribué à tous ceux qui jouissent du revenu
légal; et le grand nombre de citoyens qui acquièrent ainsi des droits politiques, a
été cause qu'on a dû remettre la souveraineté à la loi, et non point aux hommes.
Fort éloignés, par leur nombre, de l'unité monarchique, trop peu riches pour jouir
d'un loisir absolu, et pas assez pauvres pour devoir vivre aux dépens de l'État, il y
a nécessité pour eux de proclamer la loi souveraine, au lieu de se faire eux-mêmes
souverains.
§ 7. En supposant les possesseurs moins nombreux que dans la première
hypothèse, et les fortunes plus considérables, c'est la seconde espèce d'oligarchie.
L'ambition s'accroît alors avec la puissance, et les riches nomment eux-mêmes
parmi les autres citoyens ceux qui entrent dans les emplois du gouvernement.
Trop peu puissants encore pour régner sur la loi, ils le sont assez cependant pour
faire rendre la loi qui leur accorde ces immenses prérogatives.
§ 8. En concentrant encore dans un moindre nombre de mains les fortunes
devenues plus grandes, on arrive au troisième degré de l'oligarchie, où les
membres de la minorité occupent personnellement les fonctions, mais
conformément à la loi qui les rend héréditaires. En supposant pour les membres
de l'oligarchie un nouvel accroissement dans leurs richesses et dans le nombre de
leurs partisans, ce gouvernement héréditaire est tout près de la monarchie. Les
hommes y règnent, et non plus la loi. Cette quatrième forme de l'oligarchie
correspond à la dernière forme de la démocratie.
§ 9. A côté de la démocratie et de l'oligarchie, il existe deux autres formes
politiques, dont l'une est reconnue par tous les auteurs, et a été reconnue par nous
aussi, pour faire partie des quatre principales constitutions, en admettant, suivant
l'opinion commune, que ces constitutions soient la monarchie, l'oligarchie, la
démocratie et ce qu'on appelle l'aristocratie. Une cinquième forme politique est
celle qui reçoit le nom générique de toutes les autres, et qu'on nomme
communément République; comme elle est fort rare, elle échappe souvent aux
auteurs qui prétendent énumérer les espèces diverses de gouvernements, et qui ne
reconnaissent que les quatre qui viennent d'être nommées plus haut, comme
Platon l'a fait dans ses deux Républiques.
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