[300] αἰτήσομαι γάρ ς´ ἀξίαν μὲν οὔποτε
301 (ψυχῆς γὰρ οὐδέν ἐστι τιμιώτερον),
302 δίκαια δ´, ὡς φήσεις σύ· τούσδε γὰρ φιλεῖς
303 οὐχ ἧσσον ἢ ´γὼ παῖδας, εἴπερ εὖ φρονεῖς.
304 τούτους ἀνάσχου δεσπότας ἐμῶν δόμων
305 καὶ μὴ ´πιγήμηις τοῖσδε μητρυιὰν τέκνοις,
306 ἥτις κακίων οὖς´ ἐμοῦ γυνὴ φθόνωι
307 τοῖς σοῖσι κἀμοῖς παισὶ χεῖρα προσβαλεῖ.
308 μὴ δῆτα δράσηις ταῦτά γ´, αἰτοῦμαί ς´ ἐγώ·
309 ἐχθρὰ γὰρ ἡ ´πιοῦσα μητρυιὰ τέκνοις
310 τοῖς πρόσθ´, ἐχίδνης οὐδὲν ἠπιωτέρα.
311 καὶ παῖς μὲν ἄρσην πατέρ´ ἔχει πύργον μέγαν
312 {ὃν καὶ προσεῖπε καὶ προσερρήθη πάλιν}·
313 σὺ δ´, ὦ τέκνον μοι, πῶς κορευθήσηι καλῶς;
314 ποίας τυχοῦσα συζύγου τῶι σῶι πατρί;
315 μή σοί τιν´ αἰσχρὰν προσβαλοῦσα κληδόνα
316 ἥβης ἐν ἀκμῆι σοὺς διαφθείρηι γάμους.
317 οὐ γάρ σε μήτηρ οὔτε νυμφεύσει ποτὲ
318 οὔτ´ ἐν τόκοισι σοῖσι θαρσυνεῖ, τέκνον,
319 παροῦς´, ἵν´ οὐδὲν μητρὸς εὐμενέστερον.
320 δεῖ γὰρ θανεῖν με· καὶ τόδ´ οὐκ ἐς αὔριον
321 οὐδ´ ἐς τρίτην μοι μηνὸς ἔρχεται κακόν,
322 ἀλλ´ αὐτίκ´ ἐν τοῖς οὐκέτ´ οὖσι λέξομαι.
323 χαίροντες εὐφραίνοισθε· καὶ σοὶ μέν, πόσι,
324 γυναῖκ´ ἀρίστην ἔστι κομπάσαι λαβεῖν,
325 ὑμῖν δέ, παῖδες, μητρὸς ἐκπεφυκέναι.
326 (ΧΟΡΟΣ) θάρσει· πρὸ τούτου γὰρ λέγειν οὐχ ἅζομαι·
327 δράσει τάδ´, εἴπερ μὴ φρενῶν ἁμαρτάνει.
328 (ΑΔΜΗΤΟΣ) ἔσται τάδ´, ἔσται, μὴ τρέσηις· ἐπεί ς´ ἐγὼ
329 καὶ ζῶσαν εἶχον καὶ θανοῦς´ ἐμὴ γυνὴ
330 μόνη κεκλήσηι, κοὔτις ἀντὶ σοῦ ποτε
331 τόνδ´ ἄνδρα νύμφη Θεσσαλὶς προσφθέγξεται.
332 οὐκ ἔστιν οὕτως οὔτε πατρὸς εὐγενοῦς
333 οὔτ´ εἶδος ἄλλως ἐκπρεπεστάτη γυνή.
334 ἅλις δὲ παίδων· τῶνδ´ ὄνησιν εὔχομαι
335 θεοῖς γενέσθαι· σοῦ γὰρ οὐκ ὠνήμεθα.
336 οἴσω δὲ πένθος οὐκ ἐτήσιον τὸ σὸν
337 ἀλλ´ ἔστ´ ἂν αἰὼν οὑμὸς ἀντέχηι, γύναι,
338 στυγῶν μὲν ἥ μ´ ἔτικτεν, ἐχθαίρων δ´ ἐμὸν
339 πατέρα· λόγωι γὰρ ἦσαν οὐκ ἔργωι φίλοι.
340 σὺ δ´ ἀντιδοῦσα τῆς ἐμῆς τὰ φίλτατα
341 ψυχῆς ἔσωσας. ἆρά μοι στένειν πάρα
342 τοιᾶσδ´ ἁμαρτάνοντι συζύγου σέθεν;
343 παύσω δὲ κώμους συμποτῶν θ´ ὁμιλίας
344 στεφάνους τε μοῦσάν θ´ ἣ κατεῖχ´ ἐμοὺς δόμους.
345 οὐ γάρ ποτ´ οὔτ´ ἂν βαρβίτου θίγοιμ´ ἔτι
346 οὔτ´ ἂν φρέν´ ἐξάραιμι πρὸς Λίβυν λακεῖν
347 αὐλόν· σὺ γάρ μου τέρψιν ἐξείλου βίου.
348 σοφῆι δὲ χειρὶ τεκτόνων δέμας τὸ σὸν
349 εἰκασθὲν ἐν λέκτροισιν ἐκταθήσεται,
| [300] je t'en demanderai un prix, non pas égal, car rien n'est plus précieux que la vie, mais juste, comme tu l'avoueras toi-même. En effet, non moins que moi tu aimes ces enfants, puisque tu as le cœur bon; laisse-les maîtres dans ce palais, et ne leur donne point une marâtre ; ne prends pas une femme qui ne me vaudrait point, et qui, dans sa jalousie, porterait la main sur tes enfants et les miens. Ne fais pas cela, je t'en conjure : une marâtre est l'ennemie des enfants du premier lit, et non moins cruelle qu'une vipère. Mon fils a du moins son père pour défenseur ; il peut s'adresser à lui et recevoir ses conseils. Mais toi, ma fille, qui formera dignement ta jeunesse, si tu rencontres une telle compagne auprès de ton père ? Crains qu'elle n'imprime sur toi quelque tache honteuse, et ne flétrisse ton hymen dans la fleur même de ton âge; car ta mère ne te choisira pas un époux; elle ne sera pas là, ma fille, pour t'encourager dans les douleurs de l'enfantement, où la présence d'une mère est si consolante. Il faut que je meure; et ce n'est pas demain, ce n'est pas le troisième jour du mois que le terme fatal doit venir, c'est à l'instant même que je vais compter parmi ceux qui nu sont plus. Adieu, vivez heureux : toi, cher époux, tu peux te glorifier d'avoir eu la meilleure des femmes, et vous, mes enfants, la meilleure des mères.
LE CHOEUR.
Rassure-toi ; je ne crains pas de répondre pour lui : il fera ce que tu désires, à moins qu'il ne perde la raison.
328 ADMÈTE.
Je le ferai, oui, je le ferai ; ne crains rien. Puisque vivante tu fus mon épouse, tu le seras seule encore après ta mort, et nulle autre femme thessalienne, à ta place, ne m'appellera son époux ; non jamais, quelle que soit la noblesse de sa naissance, quel que soit l'éclat de sa beauté. J'ai assez d'enfants, et je prie les dieux de me les conserver, puisque je n'ai pu te conserver toi-même. Mon deuil durera non pas seulement une année, mais autant que ma vie, chère épouse, autant que ma haine pour une mère et pour un père qui m'aimaient en paroles, et non en réalité. C'est toi qui, donnant ta vie en échange de la mienne, m'as sauvé. Pourrais-je ne pas gémir en perdant une telle épouse? Je renonce désormais aux fêtes, aux joyeux festins, aux couronnes, et aux chants qui retentissaient dans mon palais. Je ne toucherai plus de la lyre ; ma voix ne s'animera plus à chanter au son de la flûte libyenne; car tu emportes avec toi toute la joie de ma vie. Mais ton image, reproduite par la main habile des artistes, reposera sur ma couche; prosterné à ses côtés,
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