[4,1292a] ἕτερον εἶδος δημοκρατίας τὸ μετέχειν ἅπαντας τοὺς πολίτας ὅσοι
ἀνυπεύθυνοι, ἄρχειν δὲ τὸν νόμον· ἕτερον δὲ εἶδος δημοκρατίας τὸ παντὶ μετεῖναι
τῶν ἀρχῶν, ἐὰν μόνον ᾖ πολίτης, ἄρχειν δὲ τὸν νόμον· ἕτερον δὲ εἶδος
δημοκρατίας τἆλλα μὲν εἶναι ταὐτά, κύριον δ' εἶναι τὸ πλῆθος καὶ μὴ τὸν νόμον.
§ 4. Τοῦτο δὲ γίνεται ὅταν τὰ ψηφίσματα κύρια ᾖ ἀλλὰ μὴ ὁ νόμος·
συμβαίνει δὲ τοῦτο διὰ τοὺς δημαγωγούς. Ἐν μὲν γὰρ ταῖς κατὰ νόμον
δημοκρατουμέναις οὐ γίνεται δημαγωγός, ἀλλ' οἱ βέλτιστοι τῶν πολιτῶν
εἰσιν ἐν προεδρίᾳ· ὅπου δ' οἱ νόμοι μή εἰσι κύριοι, ἐνταῦθα γίνονται
δημαγωγοί. Μόναρχος γὰρ ὁ δῆμος γίνεται, σύνθετος εἷς ἐκ πολλῶν· οἱ
γὰρ πολλοὶ κύριοί εἰσιν οὐχ ὡς ἕκαστος ἀλλὰ πάντες. Ὅμηρος δὲ ποίαν
λέγει οὐκ ἀγαθὸν εἶναι πολυκοιρανίην, πότερον ταύτην ἢ ὅταν πλείους
ὦσιν οἱ ἄρχοντες ὡς ἕκαστος, ἄδηλον. Ὁ δ' οὖν τοιοῦτος δῆμος, ἅτε
μόναρχος ὤν, ζητεῖ μοναρχεῖν διὰ τὸ μὴ ἄρχεσθαι ὑπὸ νόμου, καὶ
γίνεται δεσποτικός, ὥστε οἱ κόλακες ἔντιμοι,
§ 5. καὶ ἔστιν ὁ τοιοῦτος δῆμος ἀνάλογον τῶν μοναρχιῶν τῇ τυραννίδι.
Διότι καὶ τὸ ἦθος τὸ αὐτό, καὶ ἄμφω δεσποτικὰ τῶν βελτιόνων, καὶ τὰ
ψηφίσματα ὥσπερ ἐκεῖ τὰ ἐπιτάγματα, καὶ ὁ δημαγωγὸς καὶ ὁ κόλαξ οἱ
αὐτοὶ καὶ ἀνάλογον. Καὶ μάλιστα δ' ἑκάτεροι παρ' ἑκατέροις ἰσχύουσιν,
οἱ μὲν κόλακες παρὰ τοῖς τυράννοις, οἱ δὲ δημαγωγοὶ παρὰ τοῖς δήμοις
τοῖς τοιούτοις.
§ 6. Αἴτιοι δέ εἰσι τοῦ εἶναι τὰ ψηφίσματα κύρια ἀλλὰ μὴ τοὺς νόμους
οὗτοι, πάντα ἀνάγοντες εἰς τὸν δῆμον· συμβαίνει γὰρ αὐτοῖς γίνεσθαι
μεγάλοις διὰ τὸ τὸν μὲν δῆμον πάντων εἶναι κύριον, τῆς δὲ τοῦ δήμου
δόξης τούτους· πείθεται γὰρ τὸ πλῆθος τούτοις. Ἔτι δ' οἱ ταῖς ἀρχαῖς
ἐγκαλοῦντες τὸν δῆμόν φασι δεῖν κρίνειν, ὁ δὲ ἀσμένως δέχεται τὴν
πρόκλησιν· ὥστε καταλύονται πᾶσαι αἱ ἀρχαί.
§ 7. Εὐλόγως δὲ ἂν δόξειεν ἐπιτιμᾶν ὁ φάσκων τὴν τοιαύτην εἶναι
δημοκρατίαν οὐ πολιτείαν. Ὅπου γὰρ μὴ νόμοι ἄρχουσιν, οὐκ ἔστι
πολιτεία. Δεῖ γὰρ τὸν μὲν νόμον ἄρχειν πάντων τῶν δὲ καθ' ἕκαστα τὰς
ἀρχάς, καὶ ταύτην πολιτείαν κρίνειν. Ὥστ' εἴπερ ἐστὶ δημοκρατία μία τῶν
πολιτειῶν, φανερὸν ὡς ἡ τοιαύτη κατάστασις, ἐν ᾗ ψηφίσμασι πάντα
διοικεῖται, οὐδὲ δημοκρατία κυρίως· οὐθὲν γὰρ ἐνδέχεται ψήφισμα εἶναι
καθόλου.
§ 8. Τὰ μὲν οὖν τῆς δημοκρατίας εἴδη διωρίσθω τὸν τρόπον τοῦτον.
CHAPITRE V
§ 1. Ὀλιγαρχίας δὲ εἴδη ἓν μὲν τὸ ἀπὸ τιμημάτων εἶναι τὰς ἀρχὰς
τηλικούτων ὥστε τοὺς ἀπόρους μὴ μετέχειν, πλείους ὄντας, ἐξεῖναι δὲ
τῷ κτωμένῳ μετέχειν τῆς πολιτείας,
| [4,1292a] Dans une troisième espèce de démocratie, tous les citoyens dont le titre n'est
pas contesté, arrivent aux magistratures; mais la loi règne souverainement. Dans une
autre, il suffit pour être magistrat d'être citoyen à un titre quelconque, la
souveraineté restant encore à la loi. Une cinquième espèce admet d'ailleurs les
mêmes conditions; mais on transporte la souveraineté à la multitude, qui remplace la loi.
§ 4. C'est qu'alors ce sont les décrets populaires, et non plus la loi, qui décident.
Ceci se fait, grâce à l'influence des démagogues. En effet, dans les démocraties où
la loi gouverne, il n'y a point de démagogues; et les citoyens les plus respectés ont
la direction des affaires. Les démagogues ne se montrent que là où la loi a perdu la
souveraineté. Le peuple alors est un vrai monarque, unique mais composé par la
majorité, qui règne, non point individuellement, mais en corps. Homère a blâmé la
multiplicité des chefs; mais l'on ne saurait dire s'il prétendait parler, comme nous
le faisons ici, d'un pouvoir exercé en masse, ou d'un pouvoir réparti entre
plusieurs chefs qui l'exercent chacun en particulier. Dès que le peuple est
monarque, il prétend agir en monarque, parce qu'il rejette le joug de la loi, et il se
fait despote; aussi, les flatteurs sont-ils bientôt en honneur.
§ 5. Cette démocratie est dans son genre ce que la tyrannie est à la royauté. De part
et d'autre, mêmes vices, même oppression des bons citoyens : ici les décrets, là les
ordres arbitraires. De plus, le démagogue et le flatteur, ont une ressemblance
frappante. Tous deux ils ont un crédit sans bornes, l'un sur le tyran, l'autre sur le
peuple ainsi corrompu.
§ 6. Les démagogues, pour substituer la souveraineté des décrets à celle des lois,
rapportent toutes les affaires au peuple; car leur propre puissance ne peut que
gagner à la souveraineté du peuple, dont ils disposent eux-mêmes
souverainement par la confiance qu'ils savent lui surprendre. D'un autre côté, tous
ceux qui croient avoir à se plaindre des magistrats ne manquent pas d'en appeler
au jugement exclusif du peuple; celui-ci accueille volontiers la requête, et tous les
pouvoir légaux sont alors anéantis.
§ 7. C'est là, on peut le dire avec raison, une déplorable démagogie. On peut lui
reprocher de n'être plus réellement une constitution. Il n'y a de constitution qu'à la
condition de la souveraineté des lois. Il faut que la loi décide des affaires
générales, comme le magistrat décide des affaires particulières, dans les formes
prescrites par la constitution. Si donc la démocratie est une des deux espèces
principales de gouvernement, l'État où tout se fait à coups de décrets populaires,
n'est pas même à vrai dire une démocratie, puisque les décrets ne peuvent jamais
statuer d'une manière générale.
§ 8. Voilà, du reste, ce que nous avions à dire sur les formes diverses de la
démocratie.
CHAPITRE V.
§ 1. Le caractère distinctif de la première espèce d'oligarchie, c'est la fixation d'un
cens assez élevé pour que les pauvres, bien qu'en majorité, ne puissent atteindre
au pouvoir, ouvert à ceux-là seuls qui possèdent le revenu fixé par la loi.
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