[1,44] XLIV.
1. Ἐδίδαξε δὲ ἡμᾶς ταῦτα τὸ ἅγιον προφητικὸν πνεῦμα, διὰ
Μωυσέως φῆσαν τῷ πρώτῳ πλασθέντι ἀνθρώπῳ εἰρῆσθαι ὑπὸ τοῦ
θεοῦ οὕτως· Ἰδοὺ πρὸ προσώπου σου τὸ ἀγαθὸν καὶ τὸ κακόν, ἔκλεξαι
τὸ ἀγαθόν.
2. καὶ πάλιν διὰ Ἠσαίου, τοῦ ἑτέρου προφήτου, ὡς ἀπὸ τοῦ
πατρὸς τῶν ὅλων καὶ δεσπότου θεοῦ εἰς τοῦτο λεχθῆναι οὕτως·
3. Λούσασθε, καθαροὶ γένεσθε, ἀφέλετε τὰς πονηρίας ἀπὸ τῶν
ψυχῶν ὑμῶν, μάθετε καλὸν ποιεῖν, κρίνατε ὀρφανῷ καὶ δικαιώσατε
χήραν, καὶ δεῦτε καὶ διαλεχθῶμεν, λέγει κύριος· καὶ ἐὰν ὦσιν αἱ
ἁμαρτίαι ὑμῶν ὡς φοινικοῦν, ὡσεὶ ἔριον λευκανῶ, καὶ ἐὰν ὦσιν ὡς
κόκκινον, ὡς χιόνα λευκανῶ.
4. καὶ ἐὰν θέλητε καὶ εἰσακούσητέ μου, τὰ ἀγαθὰ τῆς γῆς
φάγεσθε, ἐὰν δὲ μὴ εἰσακούσητέ μου, μάχαιρα ὑμᾶς κατέδεται· τὸ γὰρ
στόμα κυρίου ἐλάλησε ταῦτα.
5. τὸ δὲ προειρημένον Μάχαιρα ὑμᾶς κατέδεται οὐ λέγει διὰ
μαχαιρῶν φονευθήσεσθαι τοὺς παρακούσαντας, ἀλλ’ ἡ μάχαιρα τοῦ
θεοῦ ἔστι τὸ πῦρ, οὗ βορὰ γίνονται οἱ τὰ φαῦλα πράττειν αἱρούμενοι.
6. διὰ τοῦτο λέγει· Μάχαιρα ὑμᾶς κατέδεται· τὸ γὰρ στόμα
κυρίου ἐλάλησεν.
7. εἰ δὲ καὶ περὶ τεμνούσης καὶ αὐτίκα ἀπαλλασσούσης
μαχαίρας ἔλεγεν, οὐκ ἂν εἶπε Κατέδεται.
8. ὥστε καὶ Πλάτων εἰπών· Αἰτία ἑλομένου, θεὸς δ’ ἀναίτιος,
παρὰ Μωυσέως τοῦ προφήτου λαβὼν εἶπε· πρεσβύτερος γὰρ Μωυσῆς
καὶ πάντων τῶν ἐν Ἕλλησι συγγραφέων.
9. καὶ πάντα, ὅσα περὶ ἀθανασίας ψυχῆς ἢ τιμωριῶν τῶν μετὰ
θάνατον ἢ θεωρίας οὐρανίων ἢ τῶν ὁμοίων δογμάτων καὶ φιλόσοφοι
καὶ ποιηταὶ ἔφασαν, παρὰ τῶν προφητῶν τὰς ἀφορμὰς λαβόντες καὶ
νοῆσαι δεδύνηται καὶ ἐξηγήσαντο.
10. ὅθεν παρὰ πᾶσι σπέρματα ἀληθείας δοκεῖ εἶναι· ἐλέγχονται
δὲ μὴ ἀκριβῶς νοήσαντες, ὅταν ἐναντία αὐτοὶ ἑαυτοῖς λέγωσιν.
11. ὥστε ὅ φαμεν, πεπροφητεῦσθαι τὰ μέλλοντα γίνεσθαι, οὐ
διὰ τὸ εἱμαρμένης ἀνάγκῃ πράττεσθαι λέγομεν· ἀλλὰ προγνώστου
τοῦ θεοῦ ὄντος τῶν μελλόντων ὑπὸ πάντων ἀνθρώπων
πραχθήσεσθαι, καὶ δόγματος ὄντος παρ’ αὐτόν, κατ’ ἀξίαν τῶν
πράξεων ἕκαστον ἀμείψεσθαι μέλλοντα τῶν ἀνθρώπων, καὶ τὰ παρ’
αὐτοῦ κατ’ ἀξίαν τῶν πραττομένων ἀπαντήσεσθαι, διὰ τοῦ
προφητικοῦ πνεύματος προλέγει, εἰς ἐπίστασιν καὶ ἀνάμνησιν ἀεὶ
ἄγων τὸ τῶν ἀνθρώπων γένος, δεικνὺς ὅτι καὶ μέλον ἐστὶν αὐτῷ καὶ
προνοεῖται αὐτῶν.
12. κατ’ ἐνέργειαν δὲ τῶν φαύλων δαιμόνων θάνατος ὡρίσθη
κατὰ τῶν τὰς Ὑστάσπου ἢ Σιβύλλης ἢ τῶν προφητῶν βίβλους
ἀναγινωσκόντων, ὅπως διὰ τοῦ φόβου ἀποστρέψωσιν ἐντυγχάνοντας
τοὺς ἀνθρώπους τῶν καλῶν γνῶσιν λαβεῖν, αὐτοῖς δὲ δουλεύοντας
κατέχωσιν· ὅπερ εἰς τέλος οὐκ ἴσχυσαν πρᾶξαι.
13. ἀφόβως μὲν γὰρ οὐ μόνον ἐντυγχάνομεν αὐταῖς, ἀλλὰ καὶ
ὑμῖν, ὡς ὁρᾶτε, εἰς ἐπίσκεψιν φέρομεν, ἐπιστάμενοι πᾶσιν εὐάρεστα
φανήσεσθαι· κἂν ὀλίγους δὲ πείσωμεν, τὰ μέγιστα κερδήσαντες
ἐσόμεθα· ὡς γεωργοὶ γὰρ ἀγαθοὶ παρὰ τοῦ δεσπόζοντος τὴν ἀμοιβὴν
ἕξομεν.
| [1,44] C'est le Saint-Esprit lui-même qui nous a donné ces enseignements,
puisqu'il atteste par l'organe de Moïse que Dieu dit au premier homme
sortant de ses mains: "Voici le bien et le mal devant toi: choisis le bien."
C'est ce que confirme un autre prophète, Esaïe, quand il met dans la
bouche de Dieu le Père les paroles suivantes: "Lavez-vous de vos souillures
et purifiez-vous; enlevez le mal de vos coeurs, et apprenez à faire le
bien; rendez justice à l'orphelin et défendez la veuve. Présentez-vous
alors, et nous compterons, dit le Seigneur. Vos péchés vous eussent-ils
rendus rouges comme la pourpre, je vous rendrai blancs comme la laine;
fussiez-vous écarlates, je vous rendrai plus blancs que la neige; et si vous
le voulez, et que vous m'écoutiez, vous serez nourris des biens de la terre;
mais si vous ne m'écoutez pas, le glaive vous dévorera; car c'est la bouche
du Seigneur qui a parlé." Or ces paroles, le glaive vous dévorera, ne signifient
pas que la désobéissance sera punie par les coups du glaive; mais
ce glaive de Dieu, c'est le feu dont ceux qui s'attachent au mal deviennent
la pâture. Aussi dit-il: "Le glaive vous dévorera; car c'est la bouche du
Seigneur qui a parlé." Et ce terme dévorera ne peut s'appliquer à l'épée
qui frappe et tue d'un seul coup. Aussi quand Platon a dit: "La faute est
à l'homme libre qui choisit, Dieu n'y est pour rien," il a emprunté cette
parole à Moïse; car Moïse est plus ancien que tous les écrivains de la
Grèce. Et tout ce que les poètes et les philosophes ont pu dire sur
l'immortalité de l'âme, sur les châtiments après la mort, sur la contemplation
céleste de la divinité ou tout autre dogme semblable, ils en ont pris le
principe dans les prophètes, et sont ainsi parvenus à comprendre et à
expliquer ces vérités. C'est là qu'ils ont puisé tous les éléments du vrai
qu'ils possèdent, et si leurs emprunts sont difficiles à constater, cela tient
à la grande contrariété de leurs opinions. Maintenant, de ce que nous
disons que l'avenir a été prédit, il n'en résulte pas que nous consacrions
le principe de la nécessité et du destin. Non, mais comme Dieu prévoit
toutes les actions futures des hommes, comme il doit rendre à chacun
selon le mérite de ses oeuvres, et récompenser les actes de vertu, il fait
faire des prédictions par l'Esprit saint, appelant ainsi sans cesse le genre
humain au souvenir et à la réflexion, et montrant pour lui toute sa
sollicitude et sa providence. Aussi les génies du mal sont-ils parvenus à
obtenir que l'on punit de mort ceux qui liraient les livres d'Hystaspe, de
la Sibylle et des prophètes; car ils voulaient, à force de crainte, détourner
les hommes de cette lecture et des salutaires enseignements qu'ils y
devaient trouver, et par ce moyen les retenir sous leur joug; mais ils n'ont
pas pu interdire ces ouvrages pour toujours; car non seulement nous-mêmes
nous les lisons sans crainte, mais nous vous les offrons pour que
vous les voyiez, et dans la persuasion qu'ils seront agréables à tous. Et
quand même nous ne les ferions lire qu'à un petit nombre, ce serait toujours
un gain immense; car, semblables à de bons laboureurs, nous
recevrions pour cette moisson une abondante récompense.
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