[4,1296b] ἀλλ' ἢ ἄρχειν ζητεῖν ἢ κρατουμένους ὑπομένειν. Τίς μὲν οὖν
ἀρίστη πολιτεία, καὶ διὰ τίν' αἰτίαν, ἐκ τούτων φανερόν·
§ 13. τῶν δ' ἄλλων πολιτειῶν, ἐπειδὴ πλείους δημοκρατίας καὶ πλείους
ὀλιγαρχίας φαμὲν εἶναι, ποίαν πρώτην θετέον καὶ δευτέραν καὶ τοῦτον
δὴ τὸν τρόπον ἐχομένην τῷ τὴν μὲν εἶναι βελτίω τὴν δὲ χείρω,
διωρισμένης τῆς ἀρίστης οὐ χαλεπὸν ἰδεῖν. Ἀεὶ γὰρ ἀναγκαῖον εἶναι
βελτίω τὴν ἐγγύτατα ταύτης, χείρω δὲ τὴν ἀφεστηκυῖαν τοῦ μέσου
πλεῖον, ἂν μὴ πρὸς ὑπόθεσιν κρίνῃ τις. Λέγω δὲ τὸ πρὸς ὑπόθεσιν, ὅτι
πολλάκις, οὔσης ἄλλης πολιτείας αἱρετωτέρας, ἐνίοις οὐδὲν κωλύει
συμφέρειν ἑτέραν μᾶλλον εἶναι πολιτείαν.
CHAPITRE X.
§ 1. Τίς δὲ πολιτεία τίσι καὶ ποία συμφέρει ποίοις, ἐχόμενόν ἐστι τῶν
εἰρημένων διελθεῖν. Ληπτέον δὴ πρῶτον περὶ πασῶν καθόλου ταὐτόν·
δεῖ γὰρ κρεῖττον εἶναι τὸ βουλόμενον μέρος τῆς πόλεως τοῦ μὴ
βουλομένου μένειν τὴν πολιτείαν. Ἔστι δὲ πᾶσα πόλις ἔκ τε τοῦ ποιοῦ
καὶ ποσοῦ. Λέγω δὲ ποιὸν μὲν ἐλευθερίαν πλοῦτον παιδείαν εὐγένειαν,
ποσὸν δὲ τὴν τοῦ πλήθους ὑπεροχήν.
§ 2. Ἐνδέχεται δὲ τὸ μὲν ποιὸν ὑπάρχειν ἑτέρῳ μέρει τῆς πόλεως, ἐξ ὧν
συνέστηκε μερῶν ἡ πόλις, ἄλλῳ δὲ μέρει τὸ ποσόν, οἷον πλείους τὸν
ἀριθμὸν εἶναι τῶν γενναίων τοὺς ἀγεννεῖς ἢ τῶν πλουσίων τοὺς
ἀπόρους, μὴ μέντοι τοσοῦτον ὑπερέχειν τῷ ποσῷ ὅσον λείπεται τῷ
ποιῷ. Διὸ ταῦτα πρὸς ἄλληλα συγκριτέον. Ὅπου μὲν οὖν ὑπερέχει τὸ
τῶν ἀπόρων πλῆθος τὴν εἰρημένην ἀναλογίαν, ἐνταῦθα πέφυκεν εἶναι
δημοκρατίαν, καὶ ἕκαστον εἶδος δημοκρατίας κατὰ τὴν ὑπεροχὴν τοῦ
δήμου ἑκάστου, οἷον ἐὰν μὲν τὸ τῶν γεωργῶν ὑπερτείνῃ πλῆθος, τὴν
πρώτην δημοκρατίαν, ἐὰν δὲ τὸ τῶν βαναύσων καὶ μισθαρνούντων, τὴν
τελευταίαν, ὁμοίως δὲ καὶ τὰς ἄλλας τὰς μεταξὺ τούτων·
§ 3. ὅπου δὲ τὸ τῶν εὐπόρων καὶ γνωρίμων μᾶλλον ὑπερτείνει τῷ ποιῷ
ἢ λείπεται τῷ ποσῷ, ἐνταῦθα ὀλιγαρχίαν, καὶ τῆς ὀλιγαρχίας τὸν αὐτὸν
τρόπον ἕκαστον εἶδος κατὰ τὴν ὑπεροχὴν τοῦ ὀλιγαρχικοῦ πλήθους.
Δεῖ δ' ἀεὶ τὸν νομοθέτην ἐν τῇ πολιτείᾳ προσλαμβάνειν τοὺς μέσους· ἄν
τε γὰρ ὀλιγαρχικοὺς τοὺς νόμους τιθῇ, στοχάζεσθαι χρὴ τῶν μέσων,
ἐάν τε δημοκρατικούς, προσάγεσθαι τοῖς νόμοις τούτους.
§ 4. Ὅπου δὲ τὸ τῶν μέσων ὑπερτείνει πλῆθος ἢ συναμφοτέρων τῶν
ἄκρων ἢ καὶ θατέρου μόνον, ἐνταῦθ' ἐνδέχεται πολιτείαν εἶναι μόνιμον.
| [4,1296b] ou bien l'on tâche de s'emparer du pouvoir, ou bien l'on se résigne
à l'obéissance quand on n'est pas le plus fort. Ces considérations suffisent pour montrer
quel est le meilleur gouvernement, et ce qui en fait l'excellence.
§ 13. Quant aux autres constitutions, qui sont les diverses formes de démocraties
et d'oligarchies admises par nous, il est facile de voir dans quel ordre on doit les
classer; celle-ci la première, celle-là la seconde, et ainsi de suite, selon qu'elles sont
meilleures ou moins bonnes, comparativement au type parfait que nous avons
esquissé. Nécessairement elles seront d'autant meilleures qu'elles se
rapprocheront davantage du moyen terme, d'autant moins bonnes qu'elles en
seront plus éloignées. J'excepte toujours les cas spéciaux, et j'entends par là que
telle constitution, bien que préférable en soi, est cependant moins bonne que telle
autre pour un peuple particulier.
CHAPITRE X.
§ 1. Passons à une question qui tient de bien près à toutes celles-là; c'est celle de
l'espèce et de la nature du gouvernement selon les peuples à gouverner. Un
premier principe général s'applique à tous les gouvernements : toujours la portion
de la cité qui veut le maintien des institutions doit être plus forte que celle qui en
veut le renversement. Dans tout État, il faut distinguer deux objets : la quantité et
la qualité des citoyens. Par qualité, j'entends la liberté, la richesse, les lumières, la
naissance; par quantité, j'entends la prépondérance numérique.
§ 2. La qualité peut appartenir à telle portion des éléments politiques, et la
quantité se trouver dans telle autre. Ainsi, les gens sans naissance peuvent être
plus nombreux que ceux de naissance illustre; les pauvres, plus nombreux que les
riches, sans toutefois que la supériorité du nombre puisse compenser la différence
en qualité. Aussi, doit-on tenir bien compte de ces rapports proportionnels.
Partout où, même ce rapport étant gardé, la multitude des pauvres a la
supériorité, la démocratie s'établit naturellement avec toutes ses combinaisons
diverses, suivant l'importance relative de chaque partie du peuple. Par exemple, si
les laboureurs sont les plus nombreux, c'est la première de toutes les démocraties;
si les artisans et les mercenaires sont en plus grand nombre, c'est la dernière; les
autres espèces se classent également entre ces deux extrêmes.
§ 3. Partout où la classe riche et distinguée l'emporte plus en qualité. qu'elle ne le
cède en nombre, l'oligarchie se constitue de la même manière avec toutes ses
nuances, selon la tendance particulière de la masse oligarchique qui l'emporte.
Mais le législateur ne doit jamais avoir en vue que la moyenne propriété. S'il fait
des lois oligarchiques, c'est à elle qu'il doit penser; s'il fait des lois démocratiques,
c'est encore elle qu'il doit ranger à ces lois.
§ 4. La constitution n'est solide que là où la classe moyenne l'emporte en nombre
sur les deux classes extrêmes, ou du moins sur chacune d'elles.
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