HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodote, Histoires, livre III

Chapitres 150-160

  Chapitres 150-160

[3,150] Ἐπὶ δὲ Σάμον στρατεύματος ναυτικοῦ οἰχομένου Βαβυλώνιοι ἀπέστησαν, κάρτα εὖ παρεσκευασμένοι· ἐν ὅσῳ γὰρ τε Μάγος ἦρχε καὶ οἱ ἑπτὰ ἐπανέστησαν, ἐν τούτῳ παντὶ τῷ χρόνῳ καὶ τῇ ταραχῇ ἐς τὴν πολιορκίην παρεσκευάζοντο. (2) καί κως ταῦτα ποιεῦντες ἐλάνθανον. ἐπείτε δὲ ἐκ τοῦ ἐμφανέος ἀπέστησαν, ἐποίησαν τοιόνδε· τὰς μητέρας ἐξελόντες, γυναῖκα ἕκαστος μίαν προσεξαιρέετο τὴν ἐβούλετο ἐκ τῶν ἑωυτοῦ οἰκίων, τὰς δὲ λοιπὰς ἁπάσας συναγαγόντες ἀπέπνιξαν· τὴν δὲ μίαν ἕκαστος σιτοποιὸν ἐξαιρέετο· ἀπέπνιξαν δὲ αὐτάς, ἵνα μή σφεων τὸν σῖτον ἀναισιμώσωσι. [3,150] CL. Tandis que l'armée navale se rendait à Samos , les Babyloniens se révoltèrent après avoir fait de grands préparatifs. Pendant le règne du mage, et tandis que les sept Perses se soulevaient contre lui, ils profitèrent de ce temps et des troubles qu'il y eut à cette occasion, pour se disposer à soutenir un siège sans que les Perses en eussent la moindre connaissance. Après qu'ils eurent secoué ouvertement le joug, ils prirent les mesures suivantes : de toutes les femmes qui se trouvèrent dans Babylone, chaque homme, indépendamment de sa mère, ne se réserva que celle qu'il aimait le plus de toutes celles de sa maison. Quant aux autres, ils les assemblèrent toutes en un même lieu, et les étranglèrent. Celle que chacun s'était réservée devait lui apprêter à manger ; et ils étranglèrent le reste, afin de ménager leurs provisions.
[3,151] Πυθόμενος δὲ ταῦτα Δαρεῖος καὶ συλλέξας πᾶσαν τὴν ἑωυτοῦ δύναμιν ἐστρατεύετο ἐπαὐτούς, ἐπελάσας δὲ ἐπὶ τὴν Βαβυλῶνα ἐπολιόρκεε φροντίζοντας οὐδὲν τῆς πολιορκίης. ἀναβαίνοντες γὰρ ἐπὶ τοὺς προμαχεῶνας τοῦ τείχεος οἱ Βαβυλώνιοι κατωρχέοντο καὶ κατέσκωπτον Δαρεῖον καὶ τὴν στρατιὴν αὐτοῦ, καί τις αὐτῶν εἶπε τοῦτο τὸ ἔπος. (2) “τί κάτησθε Πέρσαι ἐνθαῦτα, ἀλλοὐκ ἀπαλλάσσεσθε; τότε γὰρ αἱρήσετε ἡμέας, ἐπεὰν ἡμίονοι τέκωσι„. τοῦτο εἶπε τῶν τις Βαβυλωνίων οὐδαμὰ ἐλπίζων ἂν ἡμίονον τεκεῖν. [3,151] CLI. A la première nouvelle de leur révolte, Darius assembla toutes ses forces, et marcha contre eux. Lorsqu'il fut arrivé devant la place, il en forma le siège ; mais les Babyloniens firent voir qu'ils s'en inquiétaient peu. Ils montèrent sur leurs remparts, et se mirent à danser et à faire des plaisanteries contre Darius et son armée ; et l'un d'entre eux leur dit cette parole remarquable : "Perses, pourquoi perdre ainsi le temps devant nos murailles ! Retirez-vous plutôt ; vous prendrez Babylone lorsque les mules engendreront. » Ainsi parla un Babylonien, ne pensant pas qu'une mule pût jamais engendrer.
[3,152] Ἑπτὰ δὲ μηνῶν καὶ ἐνιαυτοῦ διεληλυθότος ἤδη Δαρεῖός τε ἤσχαλλε καὶ στρατιὴ πᾶσα οὐ δυνατὴ ἐοῦσα ἑλεῖν τοὺς Βαβυλωνίους. καίτοι πάντα σοφίσματα καὶ πάσας μηχανὰς ἐπεποιήκεε ἐς αὐτοὺς Δαρεῖος· ἀλλοὐδὣς ἐδύνατο ἑλεῖν σφεας, ἄλλοισί τε σοφίσμασι πειρησάμενος, καὶ δὴ καὶ τῷ Κῦρος εἷλε σφέας, καὶ τούτῳ ἐπειρήθη. ἀλλὰ γὰρ δεινῶς ἦσαν ἐν φυλακῇσι οἱ Βαβυλώνιοι, οὐδὲ σφέας οἷός τε ἦν ἑλεῖν. [3,152] CLII. Il y avait déjà un an et sept mois que Darius était avec son armée devant Babylone sans pouvoir la prendre : il en était très affligé. Il s'était, mais en vain , servi de toutes sortes de stratagèmes ; il avait même eu recours à celui qui avait autrefois réussi à Cyrus ; mais les Babyloniens se tenaient sans cesse sur leurs gardes, et il n'était pas possible de les forcer.
[3,153] Ἐνθαῦτα εἰκοστῷ μηνὶ Ζωπύρῳ τῷ Μεγαβύζου, τούτου ὃς τῶν ἑπτὰ ἀνδρῶν ἐγένετο τῶν τὸν Μάγον κατελόντων, τούτῳ τῷ Μεγαβύζου παιδὶ Ζωπύρῳ ἐγένετο τέρας τόδε· τῶν οἱ σιτοφόρων ἡμιόνων μία ἔτεκε. ὡς δέ οἱ ἐξαγγέλθη καὶ ὑπὸ ἀπιστίης αὐτὸς Ζώπυρος εἶδε τὸ βρέφος, ἀπείπας τοῖσι ἰδοῦσι μηδενὶ φράζειν τὸ γεγονὸς ἐβουλεύετο. (2) καί οἱ πρὸς τὰ τοῦ Βαβυλωνίου ῥήματα, ὃς κατἀρχὰς ἔφησε, ἐπεάν περ ἡμίονοι τέκωσι, τότε τὸ τεῖχος ἁλώσεσθαι, πρὸς ταύτην τὴν φήμην Ζωπύρῳ ἐδόκεε εἶναι ἁλώσιμος Βαβυλών· σὺν γὰρ θεῷ ἐκεῖνόν τε εἰπεῖν καὶ ἑωυτῷ τεκεῖν τὴν ἡμίονον. [3,153] CLIII. Le vingtième mois du siège, il arriva un prodige chez Zopyre, fils de ce Mégabyse qui, avec les six autres conjurés, détrôna le mage : une des mules qui lui servaient à porter ses provisions fit un poulain. Il n'en voulut d'abord rien croire ; mais, s'en étant convaincu par ses yeux, il défendit expressément à ses gens d'en parler. S'étant mis ensuite à réfléchir sur ce prodige, il se rappela les paroles du Babylonien qui avait dit, au commencement du siège, qu'on prendrait la ville lorsque les mules, toutes stériles qu'elles sont, engendreraient. Il crut, en conséquence de ce présage, qu'on pouvait prendre Babylone, que le Babylonien avait parlé de la sorte par une permission divine, et que la mule avait mis bas pour lui.
[3,154] Ὡς δέ οἱ ἐδόκεε μόρσιμον εἶναι ἤδη τῇ Βαβυλῶνι ἁλίσκεσθαι, προσελθὼν Δαρείου ἀπεπυνθάνετο εἰ περὶ πολλοῦ κάρτα ποιέεται τὴν Βαβυλῶνα ἑλεῖν. πυθόμενος δὲ ὡς πολλοῦ τιμῷτο, ἄλλο ἐβουλεύετο, ὅκως αὐτός τε ἔσται ἑλὼν αὐτὴν καὶ ἑωυτοῦ τὸ ἔργον ἔσται· κάρτα γὰρ ἐν τοῖσι Πέρσῃσι αἱ ἀγαθοεργίαι ἐς τὸ πρόσω μεγάθεος τιμῶνται. (2) ἄλλῳ μέν νυν οὐκ ἐφράζετο ἔργῳ δυνατὸς εἶναί μιν ὑποχειρίην ποιῆσαι, εἰ δἑωυτὸν λωβησάμενος αὐτομολήσειε ἐς αὐτούς. ἐνθαῦτα ἐν ἐλαφρῷ ποιησάμενος ἑωυτὸν λωβᾶται λώβην ἀνήκεστον· ἀποταμὼν γὰρ ἑωυτοῦ τὴν ῥῖνα καὶ τὰ ὦτα καὶ τὴν κόμην κακῶς περικείρας καὶ μαστιγώσας ἦλθε παρὰ Δαρεῖον. [3,154] CLIV. Ayant reconnu que les destins assuraient la prise de Babylone, il alla trouver Darius, et lui demanda s'il avait fort à coeur la conquête de cette place. Ce prince lui ayant répondu qu'il le souhaitait ardemment, il délibéra comment il ferait pour s'en emparer, et pour que la prise de cette ville ne pût être attribuée à d'autre qu'à lui. Les Perses estiment en effet beaucoup les belles actions ; et chez eux c'est le plus sûr moyen de parvenir aux plus grands honneurs. Ayant fait réflexion qu'il ne pouvait se rendre maître de cette place qu'en se mutilant, pour passer ensuite chez les ennemis en qualité de transfuge, il ne balança pas un instant, et ne tint aucun compte d'une difformité à laquelle il n'était pas possible de remédier. Il se coupa donc le nez elles oreilles, se rasa d'une manière honteuse le tour de la tête, se mit le corps en sang à coups de fouet, et, en cet état, il alla se présenter au roi.
[3,155] Δαρεῖος δὲ κάρτα βαρέως ἤνεικε ἰδὼν ἄνδρα δοκιμώτατον λελωβημένον, ἔκ τε τοῦ θρόνου ἀναπηδήσας ἀνέβωσέ τε καὶ εἴρετό μιν ὅστις εἴη λωβησάμενος καὶ τι ποιήσαντα. (2) δὲ εἶπεοὐκ ἔστι οὗτος ὡνήρ, ὅτι μὴ σύ, τῷ ἐστὶ δύναμις τοσαύτη ἐμὲ δὴ ὧδε διαθεῖναι· οὐδέ τις ἀλλοτρίων βασιλεῦ τάδε ἔργασται, ἀλλαὐτὸς ἐγὼ ἐμεωυτόν, δεινόν τι ποιεύμενος Ἀσσυρίους Πέρσῃσι καταγελᾶν„. (3) δἀμείβετο σχετλιώτατε ἀνδρῶν, ἔργῳ τῷ αἰσχίστῳ οὔνομα τὸ κάλλιστον ἔθευ, φὰς διὰ τοὺς πολιορκεομένους σεωυτὸν ἀνηκέστως διαθεῖναι. τί δ᾽, μάταιε, λελωβημένου σεῦ θᾶσσον οἱ πολέμιοι παραστήσονται; κῶς οὐκ ἐξέπλωσας τῶν φρενῶν σεωυτὸν διαφθείρας;„ (4) δὲ εἶπεεἰ μέν τοι ὑπερετίθεα τὰ ἔμελλον ποιήσειν, οὐκ ἄν με περιεῖδες· νῦν δἐπἐμεωυτοῦ βαλόμενος ἔπρηξα. ἤδη ὦν ἢν μὴ τῶν σῶν δεήσῃ, αἱρέομεν Βαβυλῶνα. ἐγὼ μὲν γὰρ ὡς ἔχω αὐτομολήσω ἐς τὸ τεῖχος καὶ φήσω πρὸς αὐτοὺς ὡς ὑπὸ σεῦ τάδε ἔπαθον· καὶ δοκέω, πείσας σφέας ταῦτα ἔχειν οὕτω, τεύξεσθαι στρατιῆς. (5) σὺ δέ, ἀπἧς ἂν ἡμέρης ἐγὼ ἐσέλθω ἐς τὸ τεῖχος, ἀπὸ ταύτης ἐς δεκάτην ἡμέρην τῆς σεωυτοῦ στρατιῆς, τῆς οὐδεμία ἔσται ὤρη ἀπολλυμένης, ταύτης χιλίους τάξον κατὰ τὰς Σεμιράμιος καλεομένας πύλας· μετὰ δὲ αὖτις ἀπὸ τῆς δεκάτης ἐς ἑβδόμην ἄλλους μοι τάξον δισχιλίους κατὰ τὰς Νινίων καλεομένας πύλας· ἀπὸ δὲ τῆς ἑβδόμης διαλείπειν εἴκοσι ἡμέρας, καὶ ἔπειτα ἄλλους κάτισον ἀγαγὼν κατὰ τὰς Χαλδαίων καλεομένας πύλας, τετρακισχιλίους. ἐχόντων δὲ μήτε οἱ πρότεροι μηδὲν τῶν ἀμυνεύντων μήτε οὗτοι, πλὴν ἐγχειριδίων· τοῦτο δὲ ἐᾶν ἔχειν. (6) μετὰ δὲ τὴν εἰκοστὴν ἡμέρην ἰθέως τὴν μὲν ἄλλην στρατιὴν κελεύειν πέριξ προσβάλλειν πρὸς τὸ τεῖχος, Πέρσας δέ μοι τάξον κατά τε τὰς Βηλίδας καλεομένας καὶ Κισσίας πύλας. ὡς γὰρ ἐγὼ δοκέω, ἐμέο μεγάλα ἔργα ἀποδεξαμένου, τά τε ἄλλα ἐπιτρέψονται ἐμοὶ Βαβυλώνιοι καὶ δὴ καὶ τῶν πυλέων τὰς βαλανάγρας· τὸ δὲ ἐνθεῦτεν ἐμοί τε καὶ Πέρσῃσι μελήσει τὰ δεῖ ποιέειν„. [3,155] CLV. Darius, indigné de voir un homme de ce rang si cruellement traité, se lève précipitamment de son trône, et lui demande avec empressement qui l'avait ainsi mutilé, et pour quel sujet. « Personne que vous, seigneur, répondit Zopyre, n'est assez puissant pour me traiter de la sorte. Une main étrangère ne m'a point mis en cet état ; je l'ai fait moi-même, outré de voir les Assyriens se moquer des Perses. - O le plus malheureux des hommes, s'écria Darius; en disant que vous vous êtes traité à cause des assiégés d'une manière irrémédiable, vous cherchez à couvrir d'un beau nom l'action la plus honteuse ! Insensé ! les ennemis se rendront-ils donc plus tôt, parce que vous vous êtes ainsi mutilé ? N'avez-vous donc pas perdu l'esprit quand vous vous êtes mis en cet état ? - Seigneur, reprit Zopyre, si je vous avais comuniqué mon dessein, vous ne m'auriez jamais permis de l'exécuter : aussi n'ai je pris conseil que de moi-même. Babylone est à nous, si vous ne nous manquez pas. Dans l'état où vous me voyez, je vais passer dans la ville en qualité de transfuge ; je dirai aux Babyloniens que ce traitement m'a été fait par votre ordre : j'espère que, si je réussis à les persuader, j'obtiendrai le commandement d'une partie de leurs troupes. Pour vous, seigneur, le dixième jour après que j'aurai été reçu à Babylone, choisissez mille hommes dont la perte vous importe peu ; placez-tes près de la porte de Sémiramis. Sept jours après, postez-en deux mille autres près de la porte de Ninive. Laissez ensuite passer vingt jours, et vous enverrez quatre mille hommes près de la porte des Chaldéens. Mais que les uns et les autres n'aient pour se défendre d'autres armes que leurs épées. Enfin, le vingtième jour après, faites avancer le reste de l'armée droit sur la ville, pour donner un assaut général. Mais surtout placez-moi les Perses aux portes Bélides et Cissiennes. Je ne doute point que les Babyloniens, témoins de mes grandes actions, ne me confient entre autres choses les clefs de ces portes : alors nous aurons soin , les Perses et moi, de faire ce qu'il faudra. »
[3,156] Ταῦτα ἐντειλάμενος ἤιε ἐπὶ τὰς πύλας, ἐπιστρεφόμενος ὡς δὴ ἀληθέως αὐτόμολος. ὁρῶντες δὲ ἀπὸ τῶν πύργων οἱ κατὰ τοῦτο τεταγμένοι κατέτρεχον κάτω καὶ ὀλίγον τι παρακλίναντες τὴν ἑτέρην πύλην εἰρώτων τίς τε εἴη καὶ ὅτευ δεόμενος ἥκοι. δέ σφι ἠγόρευε ὡς εἴη τε Ζώπυρος καὶ αὐτομολέοι ἐς ἐκείνους. (2) ἦγον δή μιν οἱ πυλουροί, ταῦτα ὡς ἤκουσαν, ἐπὶ τὰ κοινὰ τῶν Βαβυλωνίων· καταστὰς δὲ ἐπαὐτὰ κατοικτίζετο, φὰς ὑπὸ Δαρείου πεπονθέναι τὰ ἐπεπόνθεε ὑπἑωυτοῦ, παθεῖν δὲ ταῦτα διότι συμβουλεῦσαι οἱ ἀπανιστάναι τὴν στρατιήν, ἐπείτε δὴ οὐδεὶς πόρος ἐφαίνετο τῆς ἁλώσιος. (3) “νῦν τεἔφη λέγωνἐγὼ ὑμῖν Βαβυλώνιοι ἥκω μέγιστον ἀγαθόν, Δαρείῳ δὲ καὶ τῇ στρατιῇ καὶ Πέρσῃσι μέγιστον κακόν· οὐ γὰρ δὴ ἐμέ γε ὧδε λωβησάμενος καταπροΐξεται· ἐπίσταμαι δαὐτοῦ πάσας τὰς διεξόδους τῶν βουλευμάτων„. τοιαῦτα ἔλεγε. [3,156] CLVI. Ce discours achevé, il s'enfuit vers les portes de la ville, se retournant de temps en temps, comme s'il eût été un véritable transfuge. Ceux qui étaient en sentinelle sur les tours, l'ayant aperçu, descendirent promptement ; et, ayant entr'ouvert un guichet de la porte, ils lui demandèrent qui il était et ce qu'il venait chercher. Il leur ré-pondit qu'il était Zopyre, et qu'il venait se rendre aux Babyloniens. Sur cette déclaration, les gardes de la porte le conduisirent à l'assemblée de la nation. Lorsqu'il fut arrivé, il se mit à déplorer son malheur : il attribua à Darius le traitement qu'il s'était fait, et leur dit que ce prince l'avait mis en cet état parce que, ne voyant nulle apparence de forcer la place, il lui avait conseillé d'en lever le siège. « Maintenant donc, leur dit-il, je viens vers vous, ô Babyloniens, et pour votre plus grand avantage, et pour le plus grand malheur de Darius , de son armée et des Perses. Tous ses projets me sont connus ; il ne m'aura point ainsi mutilé impunément. »
[3,157] Οἳ δὲ Βαβυλώνιοι ὁρῶντες ἄνδρα τὸν ἐν Πέρσῃσι δοκιμώτατον ῥινός τε καὶ ὤτων ἐστερημένον, μάστιξί τε καὶ αἵματι ἀναπεφυρμένον, πάγχυ ἐλπίσαντες λέγειν μιν ἀληθέα καί σφι ἥκειν σύμμαχον, ἐπιτρέπεσθαι ἕτοιμοι ἦσαν τῶν ἐδέετο σφέων· ἐδέετο δὲ στρατιῆς. (2) δὲ ἐπείτε αὐτῶν τοῦτο παρέλαβε, ἐποίεε τά περ τῷ Δαρείῳ συνεθήκατο· ἐξαγαγὼν γὰρ τῇ δεκάτῃ ἡμέρῃ τὴν στρατιὴν τῶν Βαβυλωνίων καὶ κυκλωσάμενος τοὺς χιλίους, τοὺς πρώτους ἐνετείλατο Δαρείῳ τάξαι, τούτους κατεφόνευσε. (3) μαθόντες δέ μιν οἱ Βαβυλώνιοι τοῖσι ἔπεσι τὰ ἔργα παρεχόμενον ὅμοια, πάγχυ περιχαρέες ἐόντες πᾶν δὴ ἕτοιμοι ἦσαν ὑπηρετέειν. δὲ διαλιπὼν ἡμέρας τὰς συγκειμένας, αὖτις ἐπιλεξάμενος τῶν Βαβυλωνίων ἐξήγαγε καὶ κατεφόνευσε τῶν Δαρείου στρατιωτέων τοὺς δισχιλίους. (4) ἰδόντες δὲ καὶ τοῦτο τὸ ἔργον οἱ Βαβυλώνιοι πάντες Ζώπυρον εἶχον ἐν στόμασι αἰνέοντες. δὲ αὖτις διαλιπὼν τὰς συγκειμένας ἡμέρας ἐξήγαγε ἐς τὸ προειρημένον, καὶ κυκλωσάμενος κατεφόνευσε τοὺς τετρακισχιλίους. ὡς δὲ καὶ τοῦτο κατέργαστο, πάντα δὴ ἦν ἐν τοῖσι Βαβυλωνίοισι Ζώπυρος, καὶ στρατάρχης τε οὗτός σφι καὶ τειχοφύλαξ ἀπεδέδεκτο. [3,157] CLVII. Les Babyloniens, voyant un Perse de la première qualité le nez et les oreilles coupés, le corps déchiré de coups et tout en sang, crurent qu'il disait vrai, et qu'il venait les secourir. Ils étaient disposés à lui accorder tout ce qu'il souhaitait. Il leur demanda des troupes ; on lui en donna, et il fit tout ce dont il était convenu avec le roi. Le dixième jour après son arrivée, il sortit à la tête des troupes dont les Babyloniens lui avaient confié le commandement, et, ayant investi dans leur poste les premiers mille hommes que Darius avait envoyés par son conseil, il les tailla en pièces. Les Babyloniens, ayant reconnu que ses actions répondaient à ses discours, en témoignèrent une grande joie, et n'en furent que plus disposés à lui obéir en tout. Zopyre laissa passer le nombre de jours dont il était convenu avec Darius ; et, s'étant mis à la tête de l'élite des troupes babyloniennes, il fit une seconde sortie, dans laquelle il tua deux mille hommes. Les Babyloniens, témoins de cette action, ne s'entretenaient que de Zopyre. Après ce second exploit, laissant encore écouler le nombre de jours convenu, il fit une troisième sortie, mena ses troupes vers le poste où il avait dit à Darius d'envoyer quatre mille hommes ; et, les ayant investis, il les massacra. Ce nouveau succès le rendit tout-puissant parmi les assiégés : il était tout, on lui confia tout, le commandement de l'armée et la garde des remparts.
[3,158] Προσβολὴν δὲ Δαρείου κατὰ τὰ συγκείμενα ποιευμένου πέριξ τὸ τεῖχος, ἐνθαῦτα δὴ πάντα τὸν δόλον Ζώπυρος ἐξέφαινε. οἱ μὲν γὰρ Βαβυλώνιοι ἀναβάντες ἐπὶ τὸ τεῖχος ἠμύνοντο τὴν Δαρείου στρατιὴν προσβάλλουσαν, δὲ Ζώπυρος τάς τε Κισσίας καὶ Βηλίδας καλεομένας πύλας ἀναπετάσας ἐσῆκε τοὺς Πέρσας ἐς τὸ τεῖχος. (2) τῶν δὲ Βαβυλωνίων οἳ μὲν εἶδον τὸ ποιηθέν, οὗτοι μὲν ἔφευγον ἐς τοῦ Διὸς τοῦ Βήλου τὸ ἱρόν· οἳ δὲ οὐκ εἶδον, ἔμενον ἐν τῇ ἑωυτοῦ τάξι ἕκαστος, ἐς δὴ καὶ οὗτοι ἔμαθον προδεδομένοι. [3,158] CLVIII. Enfin Darius fit, au jour marqué, approcher son armée de toutes parts pour donner un assaut général. Alors Zopyre manifesta sa fraude : Tandis que les Babyloniens, montés sur les remparts, se défendaient contre l'armée de Darius, Zopyre ouvrit les portes Cissiennes et Bélides, et introduisit les Perses dans la place. Ceux des Babyloniens qui s'en étaient aperçus se réfugièrent dans le temple de Jupiter Bélus ; mais ceux qui ne l'avaient pas vu tinrent ferme dans leurs postes, jusqu'à ce qu'ils eussent aussi reconnu qu'on les avait livrés aux ennemis.
[3,159] Βαβυλὼν μέν νυν οὕτω τὸ δεύτερον αἱρέθη. Δαρεῖος δὲ ἐπείτε ἐκράτησε τῶν Βαβυλωνίων, τοῦτο μὲν σφέων τὸ τεῖχος περιεῖλε καὶ τὰς πύλας πάσας ἀπέσπασε· τὸ γὰρ πρότερον ἑλὼν Κῦρος τὴν Βαβυλῶνα ἐποίησε τούτων οὐδέτερον· τοῦτο δὲ Δαρεῖος τῶν ἀνδρῶν τοὺς κορυφαίους μάλιστα ἐς τρισχιλίους ἀνεσκολόπισε, τοῖσι δὲ λοιποῖσι Βαβυλωνίοισι ἀπέδωκε τὴν πόλιν οἰκέειν. (2) ὡς δἕξουσι γυναῖκας οἱ Βαβυλώνιοι ἵνα σφι γενεὴ ὑπογίνηται, τάδε Δαρεῖος προϊδὼν ἐποίησε· τὰς γὰρ ἑωυτῶν, ὡς καὶ κατἀρχὰς δεδήλωται, ἀπέπνιξαν οἱ Βαβυλώνιοι τοῦ σίτου προορέοντες· ἐπέταξε τοῖσι περιοίκοισι ἔθνεσι γυναῖκας ἐς Βαβυλῶνα κατιστάναι, ὅσας δὴ ἑκάστοισι ἐπιτάσσων, ὥστε πέντε μυριάδων τὸ κεφαλαίωμα τῶν γυναικῶν συνῆλθε· ἐκ τουτέων δὲ τῶν γυναικῶν οἱ νῦν Βαβυλώνιοι γεγόνασι. [3,159] CLIX. Ce fut ainsi que Babylone tomba pour la seconde fois en la puissance des Perses. Darius, s'en étant rendu maître, en fit abattre les murs et enlever toutes les portes. Cyrus, qui l'avait prise avant lui, n'avait fait ni l'un ni l'autre. Il fit ensuite mettre en croix environ trois mille hommes des plus distingués de Babylone. Quant aux autres, il leur permit d'habiter la ville comme auparavant. En même temps il eut soin de leur donner des femmes pour la repeupler ; car les Babyloniens, comme nous l'avons dit au commencement, avaient étranglé les leurs dans la vue de ménager leurs provisions. Il ordonna donc aux peuples voisins d'envoyer des femmes à Babylone, et chaque nation fut taxée a un certain nombre. Elles se montaient en tout à cinquante mille. C'est de ces femmes que sont descendus les Babyloniens d'aujourd'hui.
[3,160] Ζωπύρου δὲ οὐδεὶς ἀγαθοεργίην Περσέων ὑπερεβάλετο παρὰ Δαρείῳ κριτῇ οὔτε τῶν ὕστερον γενομένων οὔτε τῶν πρότερον, ὅτι μὴ Κῦρος μοῦνος· τούτῳ γὰρ οὐδεὶς Περσέων ἠξίωσέ κω ἑωυτὸν συμβαλεῖν. πολλάκις δὲ Δαρεῖον λέγεται γνώμην τήνδε ἀποδέξασθαι, ὡς βούλοιτο ἂν Ζώπυρον εἶναι ἀπαθέα τῆς ἀεικείης μᾶλλον Βαβυλῶνάς οἱ εἴκοσι πρὸς τῇ ἐούσῃ προσγενέσθαι. (2) ἐτίμησε δέ μιν μεγάλως· καὶ γὰρ δῶρά οἱ ἀνὰ πᾶν ἔτος ἐδίδου ταῦτα τὰ Πέρσῃσι ἐστὶ τιμιώτατα, καὶ τὴν Βαβυλῶνά οἱ ἔδωκε ἀτελέα νέμεσθαι μέχρι τῆς ἐκείνου ζόης, καὶ ἄλλα πολλὰ ἐπέδωκε. Ζωπύρου δὲ τούτου γίνεται Μεγάβυζος, ὃς ἐν Αἰγύπτῳ ἀντία Ἀθηναίων καὶ τῶν συμμάχων ἐστρατήγησε· Μεγαβύζου δὲ τούτου γίνεται Ζώπυρος, ὃς ἐς Ἀθήνας ηὐτομόλησε ἐκ Περσέων. [3,160] CLX. Il n'y a jamais eu en Perse, au jugement de Darius, dans les siècles les plus reculés ou dans les derniers temps, personne qui ait surpassé Zopyre par ses belles actions, excepté Cyrus, à qui jamais aucun Perse ne se jugea digne d'être comparé. On rapporte que Darius déclarait souvent qu'il eût mieux aimé que Zopyre ne se fût pas traité si cruellement, que de devenir maître de vingt autres villes comme Babylone. Il lui accorda les plus grandes distinctions : tous les ans, il lui faisait présent de ce que les Perses regardent comme le plus honorable. Il lui donna la ville de Babylone, sans en exiger la moindre redevance, pour en jouir sa vie durant, et y ajouta beaucoup d'autres choses. Zopyre eut un fils, nommé Mégabyze, qui commanda en Égypte contre les Athéniens et leurs alliés. Mégabyze eut un fils, qui s'appelait aussi Zopyre. Celui-ci quitta les Perses, et passa volontairement à Athènes.


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Dernière mise à jour : 13/05/2005