HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

EURIPIDE, Alceste (tragédie complète)

Vers 150-199

  Vers 150-199

[150] (ΧΟΡΟΣ) ἴστω νυν εὐκλεής γε κατθανουμένη
151 γυνή τ´ ἀρίστη τῶν ὑφ´ ἡλίωι μακρῶι.
152 (ΘΕΡΑΠΑΙΝΑ) πῶς δ´ οὐκ ἀρίστη; τίς δ´ ἐναντιώσεται;
153 τί χρὴ λέγεσθαι τὴν ὑπερβεβλημένην
154 γυναῖκα; πῶς δ´ ἂν μᾶλλον ἐνδείξαιτό τις
155 πόσιν προτιμῶς´ θέλους´ ὑπερθανεῖν;
156 καὶ ταῦτα μὲν δὴ πᾶς´ ἐπίσταται πόλις·
157 δ´ ἐν δόμοις ἔδρασε θαυμάσηι κλύων.
158 ἐπεὶ γὰρ ἤισθεθ´ ἡμέραν τὴν κυρίαν
159 ἥκουσαν, ὕδασι ποταμίοις λευκὸν χρόα
160 ἐλούσατ´, ἐκ δ´ ἑλοῦσα κεδρίνων δόμων
161 ἐσθῆτα κόσμον τ´ εὐπρεπῶς ἠσκήσατο,
162 καὶ στᾶσα πρόσθεν Ἑστίας κατηύξατο·
163 Δέσποιν´, ἐγὼ γὰρ ἔρχομαι κατὰ χθονός,
164 πανύστατόν σε προσπίτνους´ αἰτήσομαι
165 τέκν´ ὀρφανεῦσαι τἀμά· καὶ τῶι μὲν φίλην
166 σύζευξον ἄλοχον, τῆι δὲ γενναῖον πόσιν·
167 μηδ´ ὥσπερ αὐτῶν τεκοῦς´ ἀπόλλυμαι
168 θανεῖν ἀώρους παῖδας, ἀλλ´ εὐδαίμονας
169 ἐν γῆι πατρώιαι τερπνὸν ἐκπλῆσαι βίον.
170 πάντας δὲ βωμούς, οἳ κατ´ Ἀδμήτου δόμους,
171 προσῆλθε κἀξέστεψε καὶ προσηύξατο,
172 πτόρθων ἀποσχίζουσα μυρσίνης φόβην,
173 ἄκλαυτος ἀστένακτος, οὐδὲ τοὐπιὸν
174 κακὸν μεθίστη χρωτὸς εὐειδῆ φύσιν.
175 κἄπειτα θάλαμον ἐσπεσοῦσα καὶ λέχος
176 ἐνταῦθα δὴ ´δάκρυσε καὶ λέγει τάδε·
177 λέκτρον, ἔνθα παρθένει´ ἔλυς´ ἐγὼ
178 κορεύματ´ ἐκ τοῦδ´ ἀνδρός, οὗ θνήισκω πάρος,
179 χαῖρ´· οὐ γὰρ ἐχθαίρω ς´· ἀπώλεσας δέ με
180 μόνον· προδοῦναι γάρ ς´ ὀκνοῦσα καὶ πόσιν
181 θνήισκω. σὲ δ´ ἄλλη τις γυνὴ κεκτήσεται,
182 σώφρων μὲν οὐκ ἂν μᾶλλον, εὐτυχὴς δ´ ἴσως.
183 κυνεῖ δὲ προσπίτνουσα, πᾶν δὲ δέμνιον
184 ὀφθαλμοτέγκτωι δεύεται πλημμυρίδι.
185 ἐπεὶ δὲ πολλῶν δακρύων εἶχεν κόρον,
186 στείχει προνωπὴς ἐκπεσοῦσα δεμνίων,
187 καὶ πολλὰ θαλάμων ἐξιοῦς´ ἐπεστράφη
188 κἄρριψεν αὑτὴν αὖθις ἐς κοίτην πάλιν.
189 παῖδες δὲ πέπλων μητρὸς ἐξηρτημένοι
190 ἔκλαιον· δὲ λαμβάνους´ ἐς ἀγκάλας
191 ἠσπάζετ´ ἄλλοτ´ ἄλλον ὡς θανουμένη.
192 πάντες δ´ ἔκλαιον οἰκέται κατὰ στέγας
193 δέσποιναν οἰκτίροντες· δὲ δεξιὰν
194 προύτειν´ ἑκάστωι κοὔτις ἦν οὕτω κακὸς
195 ὃν οὐ προσεῖπε καὶ προσερρήθη πάλιν.
196 τοιαῦτ´ ἐν οἴκοις ἐστὶν Ἀδμήτου κακά.
197 καὶ κατθανών τἂν ὤιχετ´, ἐκφυγὼν δ´ ἔχει
198 τοσοῦτον ἄλγος, οὔποθ´ οὗ λελήσεται.
199 (ΧΟΡΟΣ) που στενάζει τοισίδ´ Ἄδμητος κακοῖς,
[150] LE CHOEUR. Qu'elle le sache bien, sa mort est glorieuse, et elle est de beaucoup la plus noble des femmes qui existent sous le soleil. 152 LA SERVANTE. Comment ne serait-elle pas la plus noble des femmes? Qui dira le contraire? Que serait donc celle qui la surpasserait ? Comment témoigner plus de tendresse à un époux, qu'en voulant mourir pour lui? Toute la ville le sait. Mais ce qu'elle a fait dans le palais, tu l'apprendras avec admiration. Lorsqu'elle s'aperçut que le jour fatal était venu, elle lava son beau corps dans une eau courante, et, tirant de ses coffres de cèdre une robe et ses ornements, elle se para avec élégance ; et, debout devant le foyer, elle fait entendre sa prière : « Déesse, dit-elle, puisque je vais descendre aux enfers, prosternée, pour la dernière fois, devant toi, je te supplie de veiller sur mes enfants orphelins : donne à l'un une tendre épouse qu'il aime, et à l'autre un généreux époux. Qu'ils ne meurent pas, comme leur mère, d'une mort prématurée ; mais qu'ils remplissent des jours fortunés sur la terre de la patrie. » Puis elle se rend à tous les autels qui étaient dans le palais d'Admète; elle les couronne, et y prie, en arrachant les feuilles des branches de myrte, sans pousser ni sanglots, ni gémissements : l'approche même de la mort n'avait pas terni la fraîcheur de son teint. Ensuite elle court à son appartement, et, tombant sur sa couche, elle se mit à pleurer, en disant : « Ô lit nuptial, sur lequel j'ai dénoué ma ceinture virginale par la main de l'homme pour qui je meurs, adieu ; je ne puis te haïr ; mais tu m'as perdue : c'est pour ne pas te trahir, toi et mon époux, que je meurs. Une autre épouse te possédera, non plus chaste, mais peut-être plus heureuse. » Et, se laissant aller sur sa couche, elle la baise, et l'arrose d'un torrent de larmes. Après s'être rassasiée de pleurs, elle s'éloigne du lit, la tête penchée, sort de l'appartement, y rentre à plusieurs reprises, et se jette autant de fois sur sa couche. Cependant ses enfants, suspendus aux vêtements de leur mère, pleuraient; et elle, les prenant dans ses bras, les embrassait l'un après l'autre, comme au moment de mourir. Tous les esclaves pleuraient aussi dans le palais, émus de pitié pour leur maîtresse. Elle tendait la main à chacun d'eux, et il n'en est aucun, si humble qu'il fût, auquel elle n'adressât la parole, et dont elle ne reçût les adieux. Voilà le triste spectacle que présente la maison d'Admète. En mourant, il n'aurait perdu que la vie ; mais, en échappant à la mort, il lui reste une douleur telle qu'il ne l'oubliera jamais. 199 LE CHOEUR. Sans doute Admète gémit sur son malheur,


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Dernière mise à jour : 1/10/2009