[2,24] CHAPITRE XXIV.
§ 1. Πρὸς δὲ τοὺς παρὰ τὸ συμβεβηκὸς μία μὲν ἡ αὐτὴ λύσις πρὸς ἅπαντας. Ἐπεὶ γὰρ ἀδιόριστόν ἐστι τὸ πότε λεκτέον ἐπὶ τοῦ πράγματος ὅταν ἐπὶ τοῦ συμβεβηκότος ὑπάρχῃ, καὶ ἐπ´ ἐνίων μὲν δοκεῖ καὶ φασίν, ἐπ´ ἐνίων δ´ οὔ φασιν ἀναγκαῖον εἶναι, ῥητέον οὖν συμβιβασθέντος ὁμοίως πρὸς ἅπαντας ὅτι οὐκ ἀναγκαῖον, ἔχειν δὲ δεῖ προφέρειν τὸ "οἷον". § 2. Εἰσὶ δὲ πάντες οἱ τοιοίδε τῶν λόγων παρὰ τὸ συμβεβηκός· "Ἆρ´ οἶδας ὃ μέλλω σε ἐρωτᾶν;" "Ἆρ´ οἶδας τὸν προσιόντα, ἢ τὸν ἐγκεκαλυμμένον;" "Ἆρ´ ὁ ἀνδριὰς σόν ἐστιν ἔργον, ἢ σὸς ὁ κύων πατήρ;" "Ἆρα τὰ ὀλιγάκις ὀλίγα ὀλίγα;" φανερὸν γὰρ ἐν ἅπασι τούτοις ὅτι οὐκ ἀνάγκη τὸ κατὰ τοῦ συμβεβηκότος καὶ κατὰ τοῦ πράγματος ἀληθεύεσθαι· μόνοις γὰρ τοῖς κατὰ τὴν οὐσίαν ἀδιαφόροις καὶ ἓν οὖσιν ἅπαντα δοκεῖ ταὐτὰ ὑπάρχειν. Τῷ δ´ ἀγαθῷ οὐ ταὐτόν ἐστιν ἀγαθῷ (180a) τ´ εἶναι καὶ μέλλοντι ἐρωτᾶσθαι, οὐδὲ τῷ προσιόντι ἢ ἐγκεκαλυμμένῳ προσιόντι τε εἶναι καὶ Κορίσκῳ· ὥστ´ οὐκ εἰ οἶδα τὸν Κορίσκον, ἀγνοῶ δὲ τὸν προσιόντα, τὸν αὐτὸν οἶδα καὶ ἀγνοῶ· οὐδ´ εἰ τοῦτ´ ἔστιν ἐμόν, ἔστι δ´ ἔργον, ἐμόν ἐστιν ἔργον, ἀλλ´ ἢ κτῆμα ἢ πρᾶγμα ἢ ἄλλο τι. Τὸν αὐτὸν δὲ τρόπον καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων.
§ 3. Λύουσι δέ τινες διαιροῦντες τὴν ἐρώτησιν. Φασὶ γὰρ ἐνδέχεσθαι ταὐτὸ πρᾶγμα εἰδέναι καὶ ἀγνοεῖν, ἀλλὰ μὴ κατὰ ταὐτό· τὸν οὖν προσιόντα οὐκ εἰδότες, τὸν δὲ Κορίσκον εἰδότες, ταὐτὸ μὲν εἰδέναι καὶ ἀγνοεῖν φασιν, ἀλλ´ οὐ κατὰ ταὐτό.
§ 4. Καίτοι πρῶτον μέν, καθάπερ ἤδη εἴπομεν, δεῖ τῶν παρὰ ταὐτὸ λόγων τὴν αὐτὴν εἶναι διόρθωσιν. Αὕτη δ´ οὐκ ἔσται, ἄν τις μὴ ἐπὶ τοῦ εἰδέναι ἀλλ´ ἐπὶ τοῦ εἶναι ἤ πως ἔχειν τὸ αὐτὸ ἀξίωμα λαμβάνῃ, οἷον "εἰ ὅδε ἐστὶ πατήρ, ἔστι δὲ σός"· εἰ γὰρ ἐπ´ ἐνίων τοῦτ´ ἔστιν ἀληθὲς καὶ ἐνδέχεται τὸ αὐτὸ εἰδέναι καὶ ἀγνοεῖν, ἀλλ´ ἐνταῦθα οὐδὲν κοινωνεῖ τὸ λεχθέν.
§ 5. Οὐδὲν δὲ κωλύει τὸν αὐτὸν λόγον πλείους μοχθηρίας ἔχειν, ἀλλ´ οὐχ ἡ πάσης μοχθηρίας ἐμφάνισις λύσις ἐστίν· ἐγχωρεῖ γὰρ ὅτι μὲν ψεῦδος συλλελόγισται δεῖξαί τινα, παρ´ ὃ δὲ μὴ δεῖξαι, οἷον τὸν Ζήνωνος λόγον, ὅτι οὐκ ἔστι κινηθῆναι. Ὥστε καὶ εἴ τις ἐπιχειρεῖ συνάγειν ὡς δυνατόν, ἁμαρτάνει, κἂν (εἰ) μυριάκις ᾖ συλλελογισμένος· οὐ γάρ ἐστιν αὕτη λύσις· ἦν γὰρ ἡ λύσις ἐμφάνισις ψευδοῦς συλλογισμοῦ παρ´ ὃ ψευδής. Εἰ οὖν μὴ συλλελόγισται, †εἰ καὶ ἀληθὲς ἢ ψεῦδος† ἐπιχειρεῖ συνάγειν, ἡ ἐκείνου δήλωσις λύσις ἐστίν. § 6. Ἴσως δὲ καὶ τοῦτ´ ἐπ´ ἐνίων οὐδὲν κωλύει συμβαίνειν· πλὴν ἐπί γε τούτων οὐδὲ τοῦτο δόξειεν ἄν· καὶ γὰρ τὸν Κορίσκον ὅτι Κορίσκος οἶδε καὶ τὸ προσιὸν ὅτι προσιόν. Ἐνδέχεσθαι δὲ δοκεῖ τὸ αὐτὸ εἰδέναι καὶ μή, οἷον ὅτι μὲν λευκὸν εἰδέναι, ὅτι δὲ μουσικὸν μὴ γνωρίζειν· οὕτω γὰρ τὸ αὐτὸ οἶδε καὶ οὐκ οἶδεν, ἀλλ´ οὐ κατὰ ταὐτόν. Τὸ δὲ προσιὸν καὶ Κορίσκον ὄν, καὶ ὅτι προσιὸν καὶ ὅτι Κορίσκος, οἶδεν.
§ 7. Ὁμοίως δ´ ἁμαρτάνουσι καὶ οἱ λύοντες ὅτι ἅπας ἀριθμὸς ὀλίγος, ὥσπερ οὓς εἴπομεν· εἰ γάρ, μὴ συμπεραινομένου, τοῦτο παραλιπόντες ἀληθὲς συμπεπεράνθαι φασί (πάντα γὰρ εἶναι καὶ πολὺν καὶ ὀλίγον), ἁμαρτάνουσιν.
§ 8. Ἔνιοι δὲ καὶ τῷ διττῷ λύουσι τοὺς συλλογισμούς, οἷον ὅτι σός ἐστι πατὴρ ἢ υἱὸς ἢ δοῦλος.
§ 9. Καίτοι φανερὸν ὡς εἰ (180b) παρὰ τὸ πολλαχῶς λέγεσθαι φαίνεται ὁ ἔλεγχος, δεῖ τοὔνομα ἢ τὸν λόγον κυρίως εἶναι πλειόνων. Τὸ δὲ τόνδ´ εἶναι τοῦδε τέκνον οὐδεὶς λέγει κυρίως, εἰ δεσπότης ἐστὶ τέκνου, ἀλλὰ παρὰ τὸ συμβεβηκὸς ἡ σύνθεσίς ἐστιν· "Ἆρ´ ἐστὶ τοῦτο σόν;" "Ναί." "Ἔστι δὲ τοῦτο τέκνον· σὸν ἄρα τοῦτο τέκνον." Ἀλλ´ οὐ σὸν τέκνον ὅτι συμβέβηκεν εἶναι καὶ σὸν καὶ τέκνον.
§ 10. Καὶ τὸ εἶναι τῶν κακῶν τι ἀγαθόν· "Ἡ γὰρ φρόνησίς ἐστιν ἐπιστήμη τῶν κακῶν". Τὸ δὲ τοῦτο τούτων εἶναι οὐ λέγεται πολλαχῶς, ἀλλὰ κτῆμα. Εἰ δ´ ἄρα πολλαχῶς (καὶ γὰρ τὸν ἄνθρωπον τῶν ζῴων φαμὲν εἶναι, ἀλλ´ οὔ τι κτῆμα· καὶ ἐάν τι πρὸς τὰ κακὰ λέγηται ὡς τινός, διὰ τοῦτο τῶν κακῶν ἐστιν, ἀλλ´ οὐ τοῦτο τῶν κακῶν), παρὰ τὸ πῂ οὖν καὶ ἁπλῶς φαίνεται. Καίτοι ἐνδέχεται ἴσως ἀγαθὸν εἶναί τι τῶν κακῶν διττῶς, ἀλλ´ οὐκ ἐπὶ τοῦ λόγου τούτου, ἀλλ´ εἴ τι δοῦλον εἴη ἀγαθὸν μοχθηροῦ, μᾶλλον. Ἴσως δ´ οὐδ´ οὕτως· οὐ γὰρ εἰ ἀγαθὸν καὶ τούτου, ἀγαθὸν τούτου ἅμα. Οὐδὲ τὸ τὸν ἄνθρωπον φάναι τῶν ζῴων εἶναι (οὐ) λέγεται πολλαχῶς· οὐ γὰρ εἴ ποτέ τι σημαίνομεν ἀφελόντες, τοῦτο λέγεται πολλαχῶς· καὶ γὰρ τὸ ἥμισυ εἰπόντες τοῦ ἔπους "δός μοι Ἰλιάδα" σημαίνομεν, οἷον τὸ "μῆνιν ἄειδε, θεά".
| [2,24] CHAPITRE XXIV.
§ 1. Quant aux paralogismes tirés de l'accident, la solution est une et la même pour tous. En effet, comme on ne détermine pas les cas, où l'on peut attribuer aussi à la chose l'attribut de l'accident, et comme dans certains cas cette attribution est évidente et qu'on la reconnaît, et que, dans d'autres, on dit qu'elle n'est pas nécessaire, il faut soutenir toujours, en étendant ce raisonnement à tous les cas, que cette attribution n'est pas nécessaire, et qu'on doit pouvoir montrer comment elle l'est. § 2. Tous ces paralogismes de l'accident ressemblent aux suivants : Sais-tu ce que je vais te demander ? Sais-tu celui qui s'approche, ou celui qui est caché? Cette statue est-elle ton ouvrage? Ou ce chien est-il ton père? Est-ce que les choses peu nombreuses, peu nombreusement prises sont peu nombreuses? Il est évident, dans tous ces cas, qu'il n'est pas nécessaire que ce qui est vrai de l'accident le soit aussi de la chose. En effet, ce n'est qu'aux choses qui sont sans différence dans leur essence et qui sont individuelles, que tous les mêmes attributs paraissent pouvoir appartenir : or, pour un homme qui est bon, ce n'est pas la même chose d'être bon (180a) et de devoir être interrogé, ni pour celui qui approche ou qui est caché, ce n'est pas la même chose de s'approcher et d'être Coriscus. De sorte que, si je connais Coriscus, et que je ne connaisse pas celui qui s'approche, on ne peut pas dire que je connais et que je ne connais pas le même homme. On ne peut pas davantage, si cette chose est une œuvre et qu'elle soit à moi, dire qu'elle est mon œuvre : mais c'est ma propriété ou ma chose, ou telle autre expression qu'on voudra. Même solution pour tous les autres paralogismes.
§ 3. Quelques uns résolvent la difficulté en divisant la question : Oui, disent-ils, il se peut qu'on sache et qu'on ignore une même chose, mais non pas sous le même rapport: par exemple, ne connaissant pas celui qui s'approche, et connaissant Coriscus, c'est, disent-ils, connaître et ignorer une même chose, mais non pas sous le même rapport.
§ 4. Cependant, ainsi que nous l'avons dit, il faut pouvoir rectifier de la même manière les raisonnements qui sont erronés par une même cause. Or, cette rectification n'aura point lieu, si l'on prend la même assertion, non pas avec le mot savoir, mais avec le mot être absolument, ou être de telle ou telle façon, par exemple, si cet homme est père et qu'il soit vôtre. En effet si pour certains cas cette solution est vraie, et qu'on puisse savoir et ignorer une même chose, le principe admis n'a pas du tout ici d'application.
§ 5. Rien n'empêche, du reste, que le même raisonnement n'ait plusieurs défauts. Mais il ne suffit pas de découvrir toutes les fautes pour que ce soit toujours une solution ; car il se peut qu'on montre que l'adversaire a fait un faux raisonnement, sans montrer en quoi il pèche : par exemple, comme ce principe de Zénon qu'il ne peut y avoir de mouvement. Si donc l'on cherchait à réduire ce raisonnement à l'absurde, on se tromperait, eût-on fait dix mille conclusions régulières; car ce n'est pas là positivement la solution. La solution vraie était de faire voir que le raisonnement est faux et en quoi il est faux. Si donc l'adversaire n'a pas fait de conclusion régulière, qu'il essaie d'ailleurs de soutenir, soit le vrai soit le faux, montrer qu'il n'a pas conclu, ce sera la vraie solution. § 6. Mais peut-être n'y a-t-il aucune difficulté à ce que cela se produise dans quelques cas; seulement, dans ces cas même qu'on vient de citer, cette solution n'est pas possible; car celui qui connaît Coriscus sait aussi que c'est Coriscus, et celui qui connaît ce qui s'approche connaît aussi qu'il s'approche. On peut connaître et ne connaître pas une même chose : par exemple, on peut savoir que cette personne est blanche et ne pas savoir qu'elle est musicienne ; car, de cette façon, on sait et l'on ne sait pas une même chose, mais non pas sous le même rapport. Mais quant à ce qui s'approche et à Coriscus ; on sait que la chose s'approche et que c'est Coriscus.
§ 7. De même on se trompe, et l'on ne donne pas plus de solution que dans les cas que nous venons de citer, quand on soutient que tout nombre est petit et grand; car, si ne faisant pas de conclusion précise, et laissant de côté ce point, on dit qu'on a conclu le vrai, parce que tout nombre est grand et petit, l'on se trompe complètement.
§ 8. Quelques personnes résolvent aussi en distinguant le double sens, dans les cas où l'on dit, par exemple ; Donc, c'est ton père, ou ton fils, ou ton esclave.
§ 9. Pourtant, il est clair que, si (180b) la réfutation paraît devoir tenir à la diversité des sens, il faut que le mot ou la phrase puisse s'appliquer en propre à plusieurs choses. Mais on ne peut jamais dire proprement que tel soit l'enfant de tel, parce que tel est maître de l'enfant. Mais la combinaison des idées est purement accidentelle : Ceci est-il à toi ? Oui; mais ceci est un enfant; c'est donc ton enfant. Oui, accidentellement, ceci est à toi et est un enfant, mais ce n'est pas ton enfant.
§ 10. Même solution quand on dit que tel bien peut être des maux; car la réflexion est la science des maux. Mais dire que ceci est de cela n'a pas plusieurs sens, cela veut dire seulement que ceci est la propriété de cela. Si donc la phrase a plusieurs sens, car nous disons que l'homme est des animaux, en tant qu'il en fait partie, et non en tant qu'il en est la propriété, et si quelque chose est mis en rapport avec le mal par la particule : de, il est par cela même des maux : mais cependant il n'est pas au nombre des maux. L'expression, toute restrictive qu'elle est, paraît donc prise aussi dans le sens absolu. Cependant, un bien peut être des maux de deux façons, non pas dans le sens qui précède, mais plutôt en ce sens où l'on dit qu'un bon esclave est d'un méchant maître. Mais peut-être ceci même n'est-il pas exact ; car si l'esclave est bon, et qu'il soit de ce maître, il n'est pas bon de ce maître, en réunissant les deux expressions. Dire que l'homme est des animaux, cela non plus n'a pas plusieurs sens ; car on ne peut pas dire qu'une expression ait plusieurs sens, par cela seul qu'on lui retranche quelque chose. Ainsi, il suffit de prononcer la moitié d'un vers pour exprimer : Donne-moi l'Iliade. Et nous disons ainsi : Donne-moi: Déesse, chante la colère, etc., etc.
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