HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, La Logique. La réfutation des sophistes. Deuxième section (texte complet)

Chapitre 25

  Chapitre 25

[2,25] CHAPITRE ΧΧV. § 1. Τοὺς δὲ παρὰ τὸ κυρίως τόδε πῂ ποὺ πὼς πρός τι λέγεσθαι, καὶ μὴ ἁπλῶς, λυτέον σκοποῦντι τὸ συμπέρασμα πρὸς τὴν ἀντίφασιν, εἰ ἐνδέχεται τούτων τι πεπονθέναι. Τὰ γὰρ ἐναντία καὶ τὰ ἀντικείμενα καὶ φάσιν καὶ ἀπόφασιν ἁπλῶς μὲν ἀδύνατον ὑπάρχειν τῷ αὐτῷ, πῂ μέντοι ἑκάτερον πρός τι πώς, τὸ μὲν πῂ τὸ δ´ ἁπλῶς, οὐδὲν κωλύει. Ὥστ´ εἰ τόδε μὲν ἁπλῶς τόδε δὲ πῄ, οὔπω ἔλεγχος, τοῦτο δ´ ἐν τῷ συμπεράσματι θεωρητέον πρὸς τὴν ἀντίφασιν. § 2. Εἰσὶ δὲ πάντες οἱ τοιοῦτοι λόγοι τοῦτ´ ἔχοντες· "Ἆρ´ ἐνδέχεται τὸ μὴ ὂν εἶναι; ἀλλὰ μὴν ἔστι γέ τι μὴ ὄν." Ὁμοίως δὲ καὶ τὸ ὂν οὐκ ἔσται· οὐ γὰρ ἔσται τι τῶν ὄντων. "Ἇρ´ ἐνδέχεται τὸν αὐτὸν ἅμα εὐορκεῖν καὶ ἐπιορκεῖν;" "Ἆρ´ ἐγχωρεῖ τὸν αὐτὸν ἅμα τῷ αὐτῷ πείθεσθαι καὶ ἀπειθεῖν;" οὔτε τὸ εἶναί τι καὶ εἶναι ταὐτόν (τὸ γὰρ μὴ ὂν οὐκ εἰ ἔστι τι, καὶ ἔστιν ἁπλῶς), οὔτ´ εἰ εὐορκεῖ τόδε τῇδε, ἀνάγκη καὶ εὐορκεῖν ( γὰρ ὀμόσας ἐπιορκήσειν εὐορκεῖ ἐπιορκῶν τοῦτο (181a) μόνον, εὐορκεῖ δὲ οὔοὐδ´ ἀπειθῶν πείθεται, ἀλλὰ τὶ πείθεται. § 3. Ὅμοιος δ´ λόγος καὶ περὶ τοῦ ψεύδεσθαι τὸν αὐτὸν ἅμα καὶ ἀληθεύειν, ἀλλὰ διὰ τὸ μὴ εἶναι εὐθεώρητον πότερον ἄν τις ἀποδοίη, τὸ ἁπλῶς ἀληθεύειν ψεύδεσθαι, δύσκολον φαίνεται. Κωλύει δ´ αὐτὸν οὐδὲν ἁπλῶς μὲν εἶναι ψευδῆ πῂ δ´ ἀληθῆ τινος, καὶ εἶναι ἀληθῆ τινά, ἀληθῆ δὲ αὐτὸν μή. § 4. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν πρός τι καὶ ποὺ καὶ ποτέ· πάντες γὰρ οἱ τοιοῦτοι λόγοι παρὰ τοῦτο συμβαίνουσιν. "Ἆρ´ ὑγίεια πλοῦτος ἀγαθόν; ἀλλὰ τῷ ἄφρονι καὶ μὴ ὀρθῶς χρωμένῳ οὐκ ἀγαθόν· ἀγαθὸν ἄρα καὶ οὐκ ἀγαθόν." "Ἆρα τὸ ὑγιαίνειν δύνασθαι ἐν πόλει βέλτιον; ἀλλ´ ἔστιν ὅτε οὐ βέλτιον· ταὐτὸν ἄρα τῷ αὐτῷ ἀγαθὸν καὶ οὐκ ἀγαθόν." οὐδὲν κωλύει ἁπλῶς ὂν ἀγαθὸν τῷδε μὴ εἶναι ἀγαθόν, τῷδε μὲν ἀγαθόν, ἀλλ´ οὐ νῦν οὐκ ἐνταῦθ´ ἀγαθόν; " § 5. Ἆρ´ μὴ βούλοιτ´ ἂν φρόνιμος, κακόν; ἀποβαλεῖν δ´ οὐ βούλεται τἀγαθόν· κακὸν ἄρα τἀγαθόν." Οὐ γὰρ ταὐτὸν εἰπεῖν τἀγαθὸν εἶναι κακὸν καὶ τὸ ἀποβαλεῖν τἀγαθόν. § 6. Ὁμοίως δὲ καὶ τοῦ κλέπτου λόγος· οὐ γάρ, εἰ κακόν ἐστιν κλέπτης, καὶ τὸ λαβεῖν ἐστι κακόν. Οὔκουν τὸ κακὸν βούλεται, ἀλλὰ τἀγαθόν· τὸ γὰρ λαβεῖν ἀγαθόν. § 7. Καὶ νόσος κακόν ἐστιν, ἀλλ´ οὐ τὸ ἀποβαλεῖν νόσον. § 8. "Ἆρα τὸ δίκαιον τοῦ ἀδίκου καὶ τὸ δικαίως τοῦ ἀδίκως αἱρετώτερον; ἀλλ´ ἀποθανεῖν ἀδίκως αἱρετώτερον." § 9. "Ἆρα δίκαιόν ἐστι τὰ αὑτοῦ ἔχειν ἕκαστον; δ´ ἄν τις κρίνῃ κατὰ δόξαν τὴν αὑτοῦ, κἂν ψευδής, κύριά ἐστιν ἐκ τοῦ νόμου· τὸ αὐτὸ ἄρα δίκαιον καὶ οὐ δίκαιον"· § 10. καὶ "πότερον δεῖ κρίνειν, τὸν τὰ δίκαια λέγοντα τὸν τὰ ἄδικα; ἀλλὰ μὴν καὶ τὸν ἀδικούμενον δίκαιόν ἐστιν ἱκανῶς λέγειν ἔπαθεν· ταῦτα δ´ ἦν ἄδικα." § 11. Οὐ γάρ, εἰ παθεῖν τι ἀδίκως αἱρετόν, τὸ ἀδίκως αἱρετώτερον τοῦ δικαίως, ἀλλ´ ἁπλῶς μὲν τὸ δικαίως, τοδὶ μέντοι οὐδὲν κωλύει ἀδίκως δικαίως. § 12. Καὶ τὸ ἔχειν τὰ αὐτοῦ δίκαιον, τὸ δὲ τἀλλότρια οὐ δίκαιον· κρίσιν μέντοι ταύτην δικαίαν εἶναι οὐδὲν κωλύει, οἷον ἂν κατὰ δόξαν τοῦ κρίναντος· οὐ γάρ, εἰ δίκαιον τῳδὶ ὡδί, καὶ ἁπλῶς δίκαιον. § 13. Ὁμοίως δὲ καὶ ἄδικα ὄντα οὐδὲν κωλύει λέγειν γε αὐτὰ δίκαιον εἶναι· οὐ γάρ, εἰ λέγειν δίκαιον, ἀνάγκη δίκαια εἶναι, ὥσπερ οὐδ´ εἰ ὠφέλιμον λέγειν, ὠφέλιμα. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν δικαίων. Ὥστ´ οὐκ εἰ τὰ λεγόμενα ἄδικα, λέγων ἄδικα νικᾶται· λέγει γὰρ λέγειν ἐστὶ δίκαια, ἁπλῶς δὲ καὶ παθεῖν ἄδικα. [2,25] CHAPITRE XXV. § 1. Quant aux paralogismes venant de ce qu'on a pris une restriction de lieu, de temps, de manière, ou une relation, au lieu de s'exprimer absolument, il faut les résoudre en regardant si la conclusion a une contradiction, et si elle peut la recevoir à quelque égard que ce soit. En effet, il est impossible, absolument parlant, que les contraires soient à une même chose, non plus que les opposés, ni l'affirmation et la négation. Mais il est possible, cependant, que l'un et l'autre y soient ensemble dans telle partie, dans telle relation, de telle façon, que l'un y soit d'une façon restrictive, et l'autre absolument ; de sorte que si l'un y est absolument, et l'autre avec restriction, il n'y a pas là de réfutation. Mais c'est là ce qu'il faut voir dans la conclusion en regardant à la contradiction. § 2. Tous les paralogismes de ce genre sous-entendent ce principe : Le non-être peut-il donc être? Le non-être est certainement quelque chose. Et de même l'être ne sera pas; car il ne sera pas quelqu'une des choses qui sont. Le même homme peut-il en même temps jurer vrai, et se parjurer ? Le même homme peut-il, en même temps, obéir et désobéir au même ordre ? Mais, ne peut-on pas dire que : être quelque chose, et être, ce n'est pas la même chose? Et ainsi, le non-être, pour être quelque chose, n'est pas cependant absolument. Ne peut-on pas dire encore qu'on peut jurer vrai pour telle chose et de telle façon, sans que nécessairement l'on jure vrai? car celui qui a juré de se parjurer, en se parjurant, jure vrai sur ce point seul, (181a) mais il ne jure pas vrai d'une manière absolue, pas plus que celui qui désobéit n'obéit, mais il peut obéir en quelque chose. § 3. C'est le même raisonnement, quand on dit que le même homme ment et dit la vérité en même temps. Mais c'est parce qu'il n'est pas aisé de savoir si l'on avance qu'il ment ou dit vrai absolument, que ce cas paraît difficile. Rien n'empêche qu'absolument il ne mente, et il ne dise vrai en un sens et à quelque égard, et qu'il ne soit véridique pour certaines choses et ne le soit pas absolument. § 4. Et de même pour les restrictions de relation de lieu et de temps ; car tous ces paralogismes portent sur ce point: La santé ou la richesse est-elle un bien ? Mais elle n'est pas un bien pour l'insensé, ni pour celui qui ne sait pas s'en servir ; donc elle est un bien et n'est pas un bien. Est-ce un bien d'avoir de la santé, d'avoir du pouvoir dans l'État? Souvent, cela ne vaut pas mieux. Ainsi donc, la même chose est bonne et pas bonne pour le même homme. Ou bien, rien n'empêche qu'étant bonne absolument, elle ne le soit pas pour tel homme : ou encore elle peut être bonne pour cet homme, mais non pas maintenant, ni dans cette circonstance. § 5. Mais ce que ne voudrait pas l'homme sage, est-il un mal? or, il ne veut pas perdre le bien : donc le bien est un mal. Mais ce n'est pas la même chose de dire : Le bien est un mal, ou perdre le bien. § 6. Même solution pour le paralogisme du voleur ; car si le voleur est un mal, prendre n'est pas aussi un mal : donc on ne veut pas le mal quand on veut le prendre; on veut le bien, car c'est un bien de le prendre. § 7. Et la maladie est un mal, mais ce n'en est pas un de perdre la maladie. § 8. Le juste est-il préférable à l'injuste, et le justement à l'injustement? Mais il vaut mieux mourir injustement que justement. § 9. Est-il juste que chacun ait ce qui lui appartient? or, le jugement que chaque juge porte d'après son opinion, bien que cette opinion soit fausse, a toute valeur d'après la loi ; donc, la même chose est juste et ne l'est pas. § 10. Qui doit-on condamner? celui qui dit des choses justes ou celui qui dit des choses injustes? Mais il est juste que celui qui a été lésé dise tout au long ce qu'il a souffert ; or, ce qu'il a souffert était des choses injustes. § 11. En effet, de ce qu'il vaut mieux souffrir quelque chose injustement, il ne s'ensuit pas que l'injustement soit préférable au justement. C'est le justement qui l'est d'une manière absolue; mais rien n'empêche que telle chose injustement ne soit préférable à cette même chose justement. § 12. Il est juste aussi que chacun ait ce qui lui appartient: il est injuste d'avoir le bien d'autrui. Mais rien n'empêche cependant que ce jugement ne soit juste; par exemple, s'il est conforme à la conscience du juge. Toutefois si telle chose est juste de telle ou telle façon, ce n'est pas un motif pour qu'elle soit juste absolument. § 13. Et de même, bien que ces choses soient injustes, rien n'empêche qu'il ne soit juste de les dire ; car de ce qu'il est juste de les dire, il n'y a pas nécessité qu'elles soient justes, de même qu'elles ne sont pas utiles parce qu'il est utile de les dire. Et de même pour les choses justes. En effet, de ce que les choses dites sont injustes, celui qui les dit ne fait pas des choses injustes ; car il dit les choses qu'il est juste de dire, bien qu'absolument elles soient injustes, et surtout injustes à souffrir.


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Dernière mise à jour : 19/11/2009