[4,1299b] § 5. ἐν δὲ ταῖς μικραῖς ἀνάγκη συνάγειν εἰς ὀλίγους πολλὰς
ἀρχάς ςδιὰ γὰρ ὀλιγανθρωπίαν οὐ ῥᾴδιόν ἐστι πολλοὺς ἐν ταῖς ἀρχαῖς
εἶναι· τίνες γὰρ οἱ τούτοις ἔσονται διαδεξόμενοι πάλιν. Δέονται δ' ἐνίοτε
τῶν αὐτῶν ἀρχῶν καὶ νόμων αἱ μικραὶ ταῖς μεγάλαις· πλὴν αἱ μὲν
δέονται πολλάκις τῶν αὐτῶν, ταῖς δ' ἐν πολλῷ χρόνῳ τοῦτο συμβαίνει,
διόπερ οὐθὲν κωλύει πολλὰς ἐπιμελείας ἅμα προστάττειν (οὐ γὰρ
ἐμποδιοῦσιν ἀλλήλαις), καὶ πρὸς τὴν ὀλιγανθρωπίαν ἀναγκαῖον τὰ
ἀρχεῖα οἷον ὀβελισκολύχνια ποιεῖν.
§ 6. Ἐὰν οὖν ἔχωμεν λέγειν πόσας ἀναγκαῖον ὑπάρχειν πάσῃ πόλει, καὶ
πόσας οὐκ ἀναγκαῖον μὲν δεῖ δ' ὑπάρχειν, ῥᾷον ἄν τις εἰδὼς ταῦτα
συνίδοι ποίας ἁρμόττει συνάγειν ἀρχὰς εἰς μίαν ἀρχήν. Ἁρμόττει δὲ καὶ
τοῦτο μὴ λεληθέναι, ποίων δεῖ κατὰ τόπον ἀρχεῖα πολλὰ ἐπιμελεῖσθαι
καὶ ποίων πανταχοῦ μίαν ἀρχὴν εἶναι κυρίαν, οἷον εὐκοσμίας πότερον
ἐν ἀγορᾷ μὲν ἀγορανόμον, ἄλλον δὲ κατ' ἄλλον τόπον, ἢ πανταχοῦ τὸν
αὐτόν· καὶ πότερον κατὰ τὸ πρᾶγμα δεῖ διαιρεῖν ἢ κατὰ τοὺς
ἀνθρώπους, λέγω δ' οἷον ἕνα τῆς εὐκοσμίας, ἢ παίδων ἄλλον καὶ γυναικῶν·
§ 7. καὶ κατὰ τὰς πολιτείας δέ, πότερον διαφέρει καθ' ἑκάστην καὶ τὸ
τῶν ἀρχῶν γένος ἢ οὐθέν, οἷον ἐν δημοκρατίᾳ καὶ ὀλιγαρχίᾳ καὶ
ἀριστοκρατίᾳ καὶ μοναρχίᾳ πότερον αἱ αὐταὶ μέν εἰσιν ἀρχαὶ κύριαι, οὐκ
ἐξ ἴσων δ' οὐδ' ἐξ ὁμοίων, ἀλλ' ἑτέρων ἐν ἑτέραις, οἷον ἐν μὲν ταῖς
ἀριστοκρατίαις ἐκ πεπαιδευμένων, ἐν δὲ ταῖς ὀλιγαρχίαις ἐκ τῶν
πλουσίων, ἐν δὲ ταῖς δημοκρατίαις ἐκ τῶν ἐλευθέρων, ἢ τυγχάνουσι μέν
τινες οὖσαι καὶ κατ' αὐτὰς τὰς διαφορὰς τῶν ἀρχῶν, ἔστι δ' ὅπου
συμφέρουσιν αἱ αὐταὶ καὶ ὅπου διαφέρουσαι (ἔνθα μὲν γὰρ ἁρμόττει
μεγάλας ἔνθα δ' εἶναι μικρὰς τὰς αὐτάς).
§ 8. Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ ἴδιαί τινες εἰσίν, οἷον ἡ τῶν προβούλων· αὕτη γὰρ
οὐ δημοκρατική. Βουλὴ δὲ δημοτικόν· δεῖ μὲν γὰρ εἶναί τι τοιοῦτον ᾧ
ἐπιμελὲς ἔσται τοῦ δήμου προβουλεύειν, ὅπως ἀσχολῶν ἔσται, τοῦτο
δ', ἐὰν ὀλίγοι τὸν ἀριθμὸν ὦσιν, ὀλιγαρχικόν· τοὺς δὲ προβούλους
ὀλίγους ἀναγκαῖον εἶναι τὸ πλῆθος, ὥστ' ὀλιγαρχικόν. Ἀλλ' ὅπου ἄμφω
αὗται αἱ ἀρχαί, οἱ πρόβουλοι καθεστᾶσιν ἐπὶ τοῖς βουλευταῖς· ὁ μὲν γὰρ
βουλευτὴς δημοτικόν, ὁ δὲ πρόβουλος ὀλιγαρχικόν. Καταλύεται δὲ καὶ
τῆς βουλῆς ἡ δύναμις ἐν ταῖς τοιαύταις δημοκρατίαις ἐν αἷς αὐτὸς
συνιὼν ὁ δῆμος χρηματίζει περὶ πάντων.
| [4,1299b] § 5. Dans les petits États, au contraire, il faut concentrer bien des attributions
diverses dans quelques mains; les citoyens sont trop rares pour que le corps des
magistrats puisse être nombreux. Où trouver en effet des remplaçants ? Les petits
États ont souvent besoin des mêmes magistratures, des mêmes lois que les grands;
seulement, dans les uns, les fonctions reviennent fréquemment aux mêmes mains;
dans les autres, cette nécessité ne se reproduit que de loin à loin . Mais rien
n'empêche de confier à un même homme plusieurs fonctions à la fois, pourvu que
ces fonctions ne se contrarient point entre elles. La pénurie des citoyens force
nécessairement à multiplier les attributions des emplois; et l'on peut alors
comparer les emplois publics à ces instruments à plusieurs fins, qui servent en
même temps de lances et de flambeaux.
§ 6. Nous pourrions d'abord déterminer le nombre des emplois indispensables
dans tout État, et de ceux qui, sans être aussi absolument nécessaires, lui font
cependant besoin. En partant de cette donnée, il serait facile de découvrir quels
sont ceux que l'on peut réunir sans danger en une seule main. Il faudrait
distinguer encore avec soin ceux dont un même magistrat peut être chargé suivant
les localités, et ceux qui pourraient être, en tous lieux, réunis sans inconvénient.
Ainsi, en fait de police urbaine, est-il nécessaire d'établir un magistrat spécial pour
la surveillance du marché public, un autre magistrat pour tel autre lieu? Ou bien
ne faut-il qu'un magistrat unique pour la cité entière ? La division des attributions
doit-elle se régler sur les choses ou sur les personnes ? Je veux dire : faut-il qu'un
fonctionnaire, par exemple, soit chargé de toute la police urbaine, et un autre de la
surveillance des femmes et des enfants ?
§ 7. En envisageant la question par rapport à la constitution, on peut demander si,
dans chaque système politique, l'espèce des fonctions est différente, ou si elle reste
partout identique. Ainsi, dans la démocratie, dans l'oligarchie, l'aristocratie, la
monarchie, les hautes magistratures sont-elles les mêmes, bien qu'elles ne soient
pas confiées à des individus égaux ni même à des individus semblables? Mais ne
varient-elles pas avec les divers gouvernements? Dans l'aristocratie, par exemple,
ne sont-elles pas remises aux gens éclairés ? dans l'oligarchie, aux gens riches, et
dans la démocratie, aux hommes libres ? Quelques-unes des magistratures ne
doivent-elles pas être organisées sur ces bases diverses ? Ou bien, n'est-il pas des
cas où il est bon qu'elles soient les mêmes de part et d'autre? N'en est-il pas où il
est bon qu'elles soient différentes? Ne convient-il pas qu'avec les mêmes
attributions, leur pouvoir soit tantôt restreint et tantôt fort étendu ?
§ 8. Il est certain que quelques magistratures sont exclusivement spéciales à un
système : telle est celle de commissions préparatoires, si contraires à la démocratie,
qui exige un sénat. Il n'est pas moins sûr qu'il faut des fonctionnaires analogues
chargés de préparer les délibérations du peuple, afin d'épargner son temps. Mais
si ces fonctionnaires sont en petit nombre, l'institution est oligarchique ; et comme
des commissaires ne peuvent jamais être fort nombreux, l'institution appartient
essentiellement à l'oligarchie. Mais partout où il existe simultanément un comité et
un sénat, le pouvoir des commissaires est toujours au-dessus de celui des
sénateurs. Le sénat est de principe démocratique; le comité, de principe
oligarchique. Le pouvoir du sénat est encore annulé dans les démocraties où le
peuple s'assemble en masse, pour décider lui-même de toutes les affaires.
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