[4,1289a] § 4. Χρὴ δὲ τοιαύτην εἰσηγεῖσθαι τάξιν ἧς ῥᾳδίως ἐκ τῶν ὑπαρχόντων
καὶ πεισθήσονται καὶ δυνήσονται κοινωνεῖν, ὡς ἔστιν οὐκ ἔλαττον ἔργον
τὸ ἐπανορθῶσαι πολιτείαν ἢ κατασκευάζειν ἐξ ἀρχῆς, ὥσπερ καὶ τὸ
μεταμανθάνειν ἢ μανθάνειν ἐξ ἀρχῆς· διὸ πρὸς τοῖς εἰρημένοις καὶ ταῖς
ὑπαρχούσαις πολιτείαις δεῖ δύνασθαι βοηθεῖν τὸν πολιτικόν, καθάπερ
ἐλέχθη καὶ πρότερον. Τοῦτο δὲ ἀδύνατον ἀγνοοῦντα πόσα πολιτείας
ἔστιν εἴδη. Νῦν δὲ μίαν δημοκρατίαν οἴονταί τινες εἶναι καὶ μίαν
ὀλιγαρχίαν· οὐκ ἔστι δὲ τοῦτ' ἀληθές.
§ 5. Ὥστε δεῖ τὰς διαφορὰς μὴ λανθάνειν τὰς τῶν πολιτειῶν, πόσαι, καὶ
συντίθενται ποσαχῶς. Μετὰ δὲ ταῦτα τῆς αὐτῆς φρονήσεως ταύτης καὶ
νόμους τοὺς ἀρίστους ἰδεῖν καὶ τοὺς ἑκάστῃ τῶν πολιτειῶν
ἁρμόττοντας. Πρὸς γὰρ τὰς πολιτείας τοὺς νόμους δεῖ τίθεσθαι καὶ
τίθενται πάντες, ἀλλ' οὐ τὰς πολιτείας πρὸς τοὺς νόμους. Πολιτεία μὲν
γάρ ἐστι τάξις ταῖς πόλεσιν ἡ περὶ τὰς ἀρχάς, τίνα τρόπον νενέμηνται,
καὶ τί τὸ κύριον τῆς πολιτείας καὶ τί τὸ τέλος ἑκάστης τῆς κοινωνίας
ἐστίν· νόμοι δ' οἱ κεχωρισμένοι τῶν δηλούντων τὴν πολιτείαν, καθ' οὓς
δεῖ τοὺς ἄρχοντας ἄρχειν καὶ φυλάττειν τοὺς παραβαίνοντας αὐτούς.
§ 6. Ὥστε δῆλον ὅτι τὰς διαφορὰς ἀναγκαῖον καὶ τὸν ὁρισμὸν ἔχειν τῆς
πολιτείας ἑκάστης καὶ πρὸς τὰς τῶν νόμων θέσεις· οὐ γὰρ οἷόν τε τοὺς
αὐτοὺς νόμους συμφέρειν ταῖς ὀλιγαρχίαις οὐδὲ ταῖς δημοκρατίαις πάσαις,
εἴπερ δὴ πλείους καὶ μὴ μία δημοκρατία μηδὲ ὀλιγαρχία μόνον ἔστιν.
CHAPITRE II.
§ 1. Ἐπεὶ δ' ἐν τῇ πρώτῃ μεθόδῳ περὶ τῶν πολιτειῶν διειλόμεθα τρεῖς
μὲν τὰς ὀρθὰς πολιτείας, βασιλείαν ἀριστοκρατίαν πολιτείαν, τρεῖς δὲ
τὰς τούτων παρεκβάσεις, τυραννίδα μὲν βασιλείας ὀλιγαρχίαν δὲ
ἀριστοκρατίας δημοκρατίαν δὲ πολιτείας, καὶ περὶ μὲν ἀριστοκρατίας καὶ
βασιλείας εἴρηται (τὸ γὰρ περὶ τῆς ἀρίστης πολιτείας θεωρῆσαι ταὐτὸ
καὶ περὶ τούτων ἐστὶν εἰπεῖν τῶν ὀνομάτων· βούλεται γὰρ ἑκατέρα κατ'
ἀρετὴν συνεστάναι κεχορηγημένην), ἔτι δὲ τί διαφέρουσιν ἀλλήλων
ἀριστοκρατία καὶ βασιλεία, καὶ πότε δεῖ βασιλείαν νομίζειν, διώρισται
πρότερον, λοιπὸν περὶ πολιτείας διελθεῖν τῆς τῷ κοινῷ
προσαγορευομένης ὀνόματι, καὶ περὶ τῶν ἄλλων πολιτειῶν, ὀλιγαρχίας
τε καὶ δημοκρατίας καὶ τυραννίδος.
§ 2. Φανερὸν μὲν οὖν καὶ τούτων τῶν παρεκβάσεων τίς χειρίστη καὶ
δευτέρα τίς. Ἀνάγκη γὰρ τὴν μὲν τῆς πρώτης καὶ θειοτάτης παρέκβασιν
εἶναι χειρίστην, τὴν δὲ βασιλείαν ἀναγκαῖον ἢ τοὔνομα μόνον ἔχειν οὐκ
οὖσαν,
| [4,1289a] § 4. Mais quand on propose une constitution, il faut qu'elle puisse être acceptée
et mise aisément à exécution, en partant de la situation des États actuels. En
politique, du reste, il n'est pas moins difficile de réformer un gouvernement que
de le créer, de même qu'il est plus malaisé de désapprendre que d'apprendre pour
la première fois. Ainsi, l'homme d'État, outre les qualités que je viens d'indiquer,
doit être capable, je le répète, d'améliorer l'organisation d'un gouvernement déjà
constitué; et cette tâche lui serait complètement impossible, s'il ne connaissait pas
toutes les formes diverses de gouvernement. C'est en effet une erreur grave de
croire, comme on le fait communément, qu'il n'y a qu'une seule espèce de
démocratie, qu'une seule espèce d'oligarchie.
§ 5. A cette indispensable connaissance du nombre et des combinaisons possibles
des diverses formes politiques, il faut joindre une égale étude, et des lois qui sont
en elles-mêmes les plus parfaites, et de celles qui sont le mieux en rapport avec
chaque constitution; car les lois doivent être faites pour les constitutions, tous les
législateurs reconnaissent bien ce principe, et non les constitutions pour les lois.
La constitution dans l'État, c'est l'organisation des magistratures, la répartition des
pouvoirs, l'attribution de la souveraineté, en un mot, la détermination du but
spécial de chaque association politique. Les lois au contraire, distinctes des
principes essentiels et caractéristiques de la constitution, sont la règle du magistrat
dans l'exercice du pouvoir, et dans la répression des délits qui portent atteinte à
ces lois.
§ 6. Il est donc absolument nécessaire de connaître le nombre et les différences de
chacune des constitutions, ne fût-ce même que pour pouvoir porter des lois; en
effet, les mêmes lois ne sauraient convenir à toutes les oligarchies, à toutes les
démocraties, la démocratie et l'oligarchie ayant chacune plus d'une espèce et
n'étant pas uniques.
CHAPITRE II.
§ 1. Dans notre première étude sur les constitutions, nous avons reconnu trois
espèces de constitutions pures : la royauté, l'aristocratie, la république; et trois
autres espèces, déviations dés premières : la tyrannie pour la royauté, l'oligarchie
pour l'aristocratie, la démagogie pour la république. Nous avons parlé déjà de
l'aristocratie et de la royauté; car traiter du gouvernement parfait, c'était traiter en
même temps de ces deux f'ormes, qui s'appuient toutes deux sur les principes de
la plus complète vertu. Nous avons en outre expliqué les différences de
l'aristocratie et de la royauté entre elles, et nous avons dit ce qui constitue
spécialement la royauté. Il nous reste encore à parler, et du gouvernement qui
reçoit le nom commun de république, et des autres constitutions, oligarchie,
démagogie et tyrannie.
§ 2. Il est aisé de trouver aussi, entre ces mauvais gouvernements, l'ordre de
dégradation. Le pire de tous sera certainement la corruption du premier et du plus
divin des bons gouvernements. Or, la royauté n'existe que de nom sans avoir
aucune réalité,
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