[4,1288b] CHAPITRE I.
§ 1 Ἐν ἁπάσαις ταῖς τέχναις καὶ ταῖς ἐπιστήμαις ταῖς μὴ κατὰ
μόριον γινομέναις, ἀλλὰ περὶ γένος ἕν τι τελείαις οὔσαις, μιᾶς ἐστι
θεωρῆσαι τὸ περὶ ἕκαστον γένος ἁρμόττον, οἷον ἄσκησις σώματι ποία
τε ποίῳ συμφέρει, καὶ τίς ἀρίστη (τῷ γὰρ κάλλιστα πεφυκότι καὶ
κεχορηγημένῳ τὴν ἀρίστην ἀναγκαῖον ἁρμόττειν), καὶ τίς τοῖς πλείστοις
μία πᾶσιν (καὶ γὰρ τοῦτο τῆς γυμναστικῆς ἔργον ἐστίν), ἔτι δ' ἐάν τις μὴ
τῆς ἱκνουμένης ἐπιθυμῇ μήθ' ἕξεως μήτ' ἐπιστήμης τῶν περὶ τὴν
ἀγωνίαν, μηδὲν ἧττον τοῦ παιδοτρίβου καὶ τοῦ γυμναστικοῦ
παρασκευάσαι γε καὶ ταύτην ἐστὶ τὴν δύναμιν. Ὁμοίως δὲ τοῦτο καὶ περὶ
ἰατρικὴν καὶ περὶ ναυπηγίαν καὶ ἐσθῆτα καὶ περὶ πᾶσαν ἄλλην τέχνην
ὁρῶμεν συμβαῖνον.
§ 2. Ὥστε δῆλον ὅτι καὶ πολιτείαν τῆς αὐτῆς ἐστιν ἐπιστήμης τὴν
ἀρίστην θεωρῆσαι τίς ἐστι καὶ ποία τις ἂν οὖσα μάλιστ' εἴη κατ' εὐχὴν
μηδενὸς ἐμποδίζοντος τῶν ἐκτός, καὶ τίς τίσιν ἁρμόττουσα (πολλοῖς γὰρ
τῆς ἀρίστης τυχεῖν ἴσως ἀδύνατον, ὥστε τὴν κρατίστην τε ἁπλῶς καὶ τὴν
ἐκ τῶν ὑποκειμένων ἀρίστην οὐ δεῖ λεληθέναι τὸν ἀγαθὸν νομοθέτην
καὶ τὸν ὡς ἀληθῶς πολιτικόν), ἔτι δὲ τρίτην τὴν ἐξ ὑποθέσεως (δεῖ γὰρ
καὶ τὴν δοθεῖσαν δύνασθαι θεωρεῖν, ἐξ ἀρχῆς τε πῶς ἂν γένοιτο, καὶ
γενομένη τίνα τρόπον ἂν σῴζοιτο πλεῖστον χρόνον· λέγω δὲ οἷον εἴ τινι
πόλει συμβέβηκε μήτε τὴν ἀρίστην πολιτεύεσθαι πολιτείαν, ἀχορήγητον
δὲ εἶναι καὶ τῶν ἀναγκαίων, μήτε τὴν ἐνδεχομένην ἐκ τῶν ὑπαρχόντων,
ἀλλά τινα φαυλοτέραν).
§ 3. Παρὰ πάντα δὲ ταῦτα τὴν μάλιστα πάσαις ταῖς πόλεσιν
ἁρμόττουσαν δεῖ γνωρίζειν, ὥσθ' οἱ πλεῖστοι τῶν ἀποφαινομένων περὶ
πολιτείας, καὶ εἰ τἆλλα λέγουσι καλῶς, τῶν γε χρησίμων
διαμαρτάνουσιν. Οὐ γὰρ μόνον τὴν ἀρίστην δεῖ θεωρεῖν, ἀλλὰ καὶ τὴν
δυνατήν, ὁμοίως δὲ καὶ τὴν ῥᾴω καὶ κοινοτέραν ἁπάσαις· νῦν δ' οἱ μὲν
τὴν ἀκροτάτην καὶ δεομένην πολλῆς χορηγίας ζητοῦσι μόνον, οἱ δὲ
μᾶλλον κοινήν τινα λέγοντες, τὰς ὑπαρχούσας ἀναιροῦντες πολιτείας,
τὴν Λακωνικὴν ἤ τινα ἄλλην ἐπαινοῦσι.
| [4,1288b] CHAPITRE PREMIER.
§ 1. Dans tous les arts, dans toutes les sciences qui ne restent point trop partielles,
mais qui arrivent à embrasser complètement un ordre entier de faits, chacune doit
pour sa part étudier sans exception tout ce qui se rapporte à son objet spécial.
Prenons, par exemple, la science des exercices corporels. Quelle est l'utilité de ces
exercices? Comment doivent-ils se modifier suivant les tempéraments divers ?
L'exercice le plus salutaire n'est-il pas nécessairement celui qui convient le mieux
aux natures les plus vigoureuses et les plus belles ? Quels exercices sont
exécutables pour le plus grand nombre des élèves ? En est-il un qui puisse
également convenir à tous? Telles sont les questions que se pose la gymnastique.
De plus, quand bien même aucun des élèves du gymnase ne prétendrait acquérir
ni la vigueur, ni l'adresse d'un athlète de profession, le pédotribe et le gymnaste
n'en sont pas moins capables de lui procurer au besoin un pareil développement
de forces. Une remarque analogue serait non moins juste pour la médecine, pour
la construction navale, pour la fabrication des vêtements, et pour tous les autres
arts en général.
§ 2. C'est donc évidemment à une même science de rechercher quelle est la
meilleure forme de gouvernement, quelle est la nature de ce gouvernement, et à
quelles conditions il serait aussi parfait qu'on peut le désirer, indépendamment de
tout obstacle extérieur; et d'autre part, de savoir quelle constitution il convient
d'adopter selon les peuples divers, dont la majeure partie ne saurait probablement
recevoir une constitution parfaite. Ainsi, quel est en soi et absolument le meilleur
gouvernement, et quel est aussi le meilleur relativement aux éléments qui sont à
constituer : voilà ce que doivent savoir le législateur et le véritable homme d'État.
On peut ajouter qu'ils doivent encore être capables de juger une constitution qui
leur serait hypothétiquement soumise, et d'assigner, d'après les données qui leur
seraient fournies, les principes qui la feraient vivre dès l'origine, et lui
assureraient, une fois qu'elle serait établie, la plus longue durée possible. Or je
suppose ici, comme on voit, un gouvernement qui n'aurait point reçu une
organisation parfaite, sans être dénué d'ailleurs des éléments indispensables, mais
qui n'aurait pas tiré tout le parti possible de ses ressources, et qui aurait encore
beaucoup à faire.
§ 3. Du reste, si le premier devoir de l'homme d'État est de connaître la
constitution qui doit généralement passer pour la meilleure que la plupart des
cités puissent recevoir, il faut avouer que le plus souvent les écrivains politiques,
tout en faisant preuve d'un grand talent, se sont trompés sur les points capitaux. Il
ne suffit pas d'imaginer un gouvernement parfait; il faut surtout un gouvernement
praticable, d'une application facile et commune à tous les États. Loin de là, on ne
nous présente aujourd'hui que des constitutions inexécutables, et excessivement
compliquées; ou, si l'on s'arrête à des idées plus pratiques, c'est pour louer
Lacédémone, ou un État quelconque, aux dépens de tous les autres États qui
existent de nos jours.
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