[4,1297b] Δεῖ δὲ τὴν πολιτείαν εἶναι μὲν ἐκ τῶν τὰ ὅπλα ἐχόντων μόνον·
τοῦ δὲ τιμήματος τὸ πλῆθος ἁπλῶς μὲν ὁρισαμένους οὐκ ἔστιν εἰπεῖν
τοσοῦτον ὑπάρχειν, ἀλλὰ σκεψαμένους τὸ ποῖον ἐπιβάλλει μακρότατον
ὥστε τοὺς μετέχοντας τῆς πολιτείας εἶναι πλείους τῶν μὴ μετεχόντων,
τοῦτο τάττειν.
§ 9. Ἐθέλουσι γὰρ οἱ πένητες καὶ μὴ μετέχοντες τῶν τιμῶν ἡσυχίαν
ἔχειν, ἐὰν μήτε ὑβρίζῃ τις αὐτοὺς μήτε ἀφαιρῆται μηθὲν τῆς οὐσίας.
Ἀλλὰ τοῦτο οὐ ῥᾴδιον· οὐ γὰρ ἀεὶ συμβαίνει χαρίεντας εἶναι τοὺς
μετέχοντας τοῦ πολιτεύματος. Καὶ εἰώθασι δέ, ὅταν πόλεμος ᾖ, ὀκνεῖν,
ἂν μὴ λαμβάνωσι τροφήν, ἄποροι δὲ ὦσιν· ἐὰν δὲ πορίζῃ τις τροφήν,
βούλονται πολεμεῖν.
§ 10. Ἔστι δὲ ἡ πολιτεία παρ' ἐνίοις οὐ μόνον ἐκ τῶν ὁπλιτευόντων
ἀλλὰ καὶ ἐκ τῶν ὡπλιτευκότων· ἐν Μαλιεῦσι δὲ ἡ μὲν πολιτεία ἦν ἐκ
τούτων, τὰς δὲ ἀρχὰς ᾑροῦντο ἐκ τῶν στρατευομένων. Καὶ ἡ πρώτη δὲ
πολιτεία ἐν τοῖς Ἕλλησιν ἐγένετο μετὰ τὰς βασιλείας ἐκ τῶν
πολεμούντων, ἡ μὲν ἐξ ἀρχῆς ἐκ τῶν ἱππέων (τὴν γὰρ ἰσχὺν καὶ τὴν
ὑπεροχὴν ἐν τοῖς ἱππεῦσιν ὁ πόλεμος εἶχεν· ἄνευ μὲν γὰρ συντάξεως
ἄχρηστον τὸ ὁπλιτικόν, αἱ δὲ περὶ τῶν τοιούτων ἐμπειρίαι καὶ τάξεις ἐν
τοῖς ἀρχαίοις οὐχ ὑπῆρχον, ὥστ' ἐν τοῖς ἱππεῦσιν εἶναι τὴν ἰσχύν),
§ 11. αὐξανομένων δὲ τῶν πόλεων καὶ τῶν ἐν τοῖς ὅπλοις ἰσχυσάντων
μᾶλλον πλείους μετεῖχον τῆς πολιτείας· διόπερ ἃς νῦν καλοῦμεν
πολιτείας, οἱ πρότερον ἐκάλουν δημοκρατίας· ἦσαν δὲ αἱ ἀρχαῖαι
πολιτεῖαι εὐλόγως ὀλιγαρχικαὶ καὶ βασιλικαί. Δι' ὀλιγανθρωπίαν γὰρ οὐκ
εἶχον πολὺ τὸ μέσον, ὥστ' ὀλίγοι τε ὄντες τὸ πλῆθος καὶ κατὰ τὴν
σύνταξιν φαῦλοι ὑπέμενον τὸ ἄρχεσθαι.
§ 12. Διὰ τίνα μὲν οὖν εἰσιν αἰτίαν αἱ πολιτεῖαι πλείους, καὶ διὰ τί παρὰ
τὰς λεγομένας ἕτεραι ιδημοκρατία τε γὰρ οὐ μία τὸν ἀριθμόν ἐστι, καὶ
τῶν ἄλλων ὁμοίωσσ, ἔτι δὲ τίνες αἱ διαφοραὶ καὶ διὰ τίνα αἰτίαν
συμβαίνει, πρὸς δὲ τούτοις τίς ἀρίστη τῶν πολιτειῶν ὡς ἐπὶ τὸ πλεῖστον
εἰπεῖν, καὶ τῶν ἄλλων ποία ποίοις ἁρμόττει τῶν πολιτειῶν, εἴρηται.
CHAPITRE XI.
§ 1. Πάλιν δὲ καὶ κοινῇ καὶ χωρὶς περὶ ἑκάστης λέγωμεν περὶ τῶν
ἐφεξῆς, λαβόντες ἀρχὴν τὴν προσήκουσαν αὐτῶν. Ἔστι δὴ τρία μόρια
τῶν πολιτειῶν πασῶν, περὶ ὧν δεῖ θεωρεῖν τὸν σπουδαῖον νομοθέτην
ἑκάστῃ τὸ συμφέρον· ὧν ἐχόντων καλῶς ἀνάγκη τὴν πολιτείαν ἔχειν
καλῶς, καὶ τὰς πολιτείας ἀλλήλων διαφέρειν ἐν τῷ διαφέρειν ἕκαστον
τούτων. Ἔστι δὲ τῶν τριῶν τούτων ἓν μὲν τί τὸ βουλευόμενον περὶ τῶν κοινῶν,
| [4,1297b] Le corps politique ne doit être composé que de citoyens armés. Quant au
cens, il n'est guère possible d'en fixer la quotité d'une manière absolue et
invariable ; mais il faut lui donner la base la plus large qu'il puisse recevoir, pour
que le nombre de ceux qui ont part au gouvernement dépasse le nombre de ceux
qui en sont exclus.
§ 9. Les pauvres, même quand on leur refuse l'honneur des fonctions publiques,
ne réclament pas et restent tranquilles, pourvu qu'on ne vienne pas les outrager et
lès dépouiller du peu qu'ils possèdent. Cette équité envers les pauvres n'est pas,
du reste, chose du tout facile; car les chefs du gouvernement ne sont pas toujours
les plus doux des hommes. En temps de guerre, les pauvres, par suite de leur
indigence, resteront dans l'inaction, à moins que l'État ne les nourrisse ; mais si
l'on veut les entretenir, ils marcheront volontiers au combat.
§ 10. Dans quelques États, il suffit, non pas seulement de porter les armes, mais
même de les avoir portées, pour jouir du droit de cité. A Malie, le corps politique
se compose de tous les guerriers; et l'on ne choisit les magistrats que parmi ceux
qui font partie de l'armée. Les premières républiques qui, chez les Grecs,
succédèrent aux royautés, n'étaient formées que de guerriers portant les armes.
Dans l'origine même, tous les membres du gouvernement étaient des cavaliers ;
car la cavalerie faisait alors toute la force des armées et assurait le succès dans les
combats. De fait, l'infanterie, quand elle est sans discipline, est de peu de secours.
Dans ces temps reculés, on ne connaissait point encore par expérience toute la
puissance de la tactique pour les fantassins, et l'on plaçait toutes ses ressources
dans la cavalerie.
§ 11. Mais à mesure que les États s'étendirent, et que l'infanterie prit plus
d'importance, le nombre des hommes jouissant des droits politiques s'accrut dans
une égale proportion. Aussi, nos ancêtres appelaient-ils démocratie ce que nous
nommons aujourd'hui république. Ces antiques gouvernements étaient, à vrai
dire, des oligarchies ou des royautés ; les hommes y étaient trop rares pour que la
classe moyenne y fût considérable. Peu nombreux, et soumis d'ailleurs à un ordre
sévère, ils savaient supporter mieux le joug de l'obéissance.
§ 12. En résumé, nous avons vu pourquoi les constitutions sont si multiples,
pourquoi il en existe encore d'autres que celles que nous avons nommées, la
démocratie, ainsi que le reste des gouvernements, ayant beaucoup de nuances
diverses ; nous avons ensuite étudié les différences de ces constitutions et les
causes qui les amènent; enfin nous avons vu quelle était la forme politique la plus
parfaite, à parler d'une manière générale, et quelle était la meilleure relativement
aux peuples à constituer.
CHAPITRE XI.
§ 1. Reprenons maintenant l'étude de tous ces gouvernements en masse et un à un,
en remontant, pour ce qui va suivre, aux principes mêmes sur lesquels tous les
gouvernements reposent.
Dans tout État, il est trois parties, dont le législateur, s'il est sage, s'occupera, par-
dessus tout, à bien régler les intérêts. Ces trois parties une fois bien organisées,
l'État tout entier est nécessairement bien organisé lui-même ; et les États ne
peuvent différer réellement que par l'organisation différente de ces trois éléments.
Le premier de ces trois objets, c'est l'assemblée générale délibérant sur les affaires
publiques;
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