HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, De l'amour

Chapitre 5

  Chapitre 5

[5] Ἔτι δὲ πλείονα λέγειν προθυμουμένου τοῦ Πρωτογένους, ἀντικρούσας Δαφναῖοςεὖ γε νὴ Δί´ἔφητοῦ Σόλωνος ἐμνήσθης καὶ χρηστέον αὐτῷ γνώμονι τοῦ ἐρωτικοῦ ἀνδρός, ’ἔσθ´ ἥβης ἐρατοῖσιν ἐπ´ ἄνθεσι παιδοφιλήσῃ μηρῶν ἱμείρων καὶ γλυκεροῦ στόματος‘. πρόσλαβε δὲ τῷ Σόλωνι καὶ τὸν Αἰσχύλον λέγοντασέβας δὲ μηρῶν οὐ κατῃδέσω, δυσχάριστε τῶν πυκνῶν φιλημάτων.‘ ἕτεροι μὲν γὰρ καταγελῶσιν αὐτῶν, εἰ καθάπερ θύτας καὶ μάντεις εἰς τὰ μηρία καὶ τὴν ὀσφὺν ἀποβλέπειν τοὺς ἐραστὰς κελεύουσιν· ἐγὼ δὲ παμμέγεθες τοῦτο ποιοῦμαι σημεῖον ὑπὲρ τῶν γυναικῶν· εἰ γὰρ παρὰ φύσιν ὁμιλία πρὸς ἄρρενας οὐκ ἀναιρεῖ τὴν ἐρωτικὴν εὔνοιαν οὐδὲ βλάπτει, πολὺ μᾶλλον εἰκός ἐστι τὸν γυναικῶν ἀνδρῶν ἔρωτα τῇ φύσει χρώμενον εἰς φιλίαν διὰ χάριτος ἐξικνεῖσθαι. χάρις γὰρ οὖν, Πρωτόγενες, τοῦ θήλεος ὕπειξις τῷ ἄρρενι κέκληται πρὸς τῶν παλαιῶν· ὡς καὶ Πίνδαρος ἔφη τὸν Ἥφαιστονἄνευ χαρίτωνἐκ τῆς Ἥρας γενέσθαι· καὶ τὴν οὔπω γάμων ἔχουσαν ὥραν Σαπφὼ προσαγορεύουσά φησιν ὅτισμίκρα μοι πάις ἔμμεναι, ἐφαίνεο κἄχαρις‘. δ´ Ἡρακλῆς ὑπό τινος ἐρωτᾶταιβίᾳ δ´ ἔπραξας χάριτας πείσας κόρην;‘ δ´ ἀπὸ τῶν ἀρρένων ἀκόντων μὲν μετὰ βίας γινομένη καὶ λεηλασίας, ἂν δ´ ἑκουσίως, σὺν μαλακίᾳ καὶ θηλύτητι, ’βαίνεσθαικατὰ Πλάτωνανόμῳ τετράποδος καὶ παιδοσπορεῖσθαιπαρὰ φύσιν ἐνδιδόντων, ἄχαρις χάρις παντάπασι καὶ ἀσχήμων καὶ ἀναφρόδιτος. ὅθεν, οἶμαι, καὶ Σόλων ἐκεῖνα μὲν ἔγραψε νέος ὢν ἔτι καὶσπέρματος πολλοῦ μεστόςὡς Πλάτων φησί· ταυτὶ δὲ πρεσβύτης γενόμενος· ’ἔργα δὲ Κυπρογενοῦς νῦν μοι φίλα καὶ Διονύσου καὶ Μουσέων, τίθης´ ἀνδράσιν εὐφροσύνας‘, ὥσπερ ἐκ ζάλης καὶ χειμῶνος καὶ τῶν παιδικῶν ἐρώτων ἔν τινι γαλήνῃ τῇ περὶ γάμον καὶ φιλοσοφίαν θέμενος τὸν βίον. Εἰ μὲν οὖν τὸ ἀληθὲς σκοποῦμεν, Πρωτόγενες, ἓν καὶ ταὐτόν ἐστι πρὸς παῖδας καὶ γυναῖκας πάθος τὸ τῶν Ἐρώτων· εἰ δὲ βούλοιο φιλονεικῶν διαιρεῖν, οὐ μέτρι´ ἂν δόξειε ποιεῖν παιδικὸς οὗτος, ἀλλ´ ὥσπερ ὀψὲ γεγονὼς καὶ παρ´ ὥραν τῷ βίῳ νόθος καὶ σκότιος ἐξελαύνειν τὸν γνήσιον Ἔρωτα καὶ πρεσβύτερον. ἐχθὲς γάρ, ἑταῖρε, καὶ πρῴην μετὰ τὰς ἀποδύσεις καὶ ἀπογυμνώσεις τῶν νέων παραδὺς εἰς τὰ γυμνάσια καὶ προσανατριβόμενος ἡσυχῆ καὶ προσαγκαλιζόμενος, εἶτα κατὰ μικρὸν ἐν ταῖς παλαίστραις πτεροφυήσας οὐκέτι καθεκτός ἐστιν, ἀλλὰ λοιδορεῖ καὶ προπηλακίζει τὸν γαμήλιον ἐκεῖνον καὶ συνεργὸν ἀθανασίας τῷ θνητῷ γένει, σβεννυμένην ἡμῶν τὴν φύσιν αὖθις ἐξανάπτοντα διὰ τῶν γενέσεων. οὗτος δ´ ἀρνεῖται τὴν ἡδονήν; αἰσχύνεται γὰρ καὶ φοβεῖται· δεῖ δέ τινος εὐπρεπείας ἁπτομένῳ καλῶν καὶ ὡραίων· πρόφασις οὖν φιλία καὶ ἀρετή. κονίεται δὴ καὶ ψυχρολουτεῖ καὶ τὰς ὀφρῦς αἴρει καὶ φιλοσοφεῖν φησι καὶ σωφρονεῖν ἔξω διὰ τὸν νόμον· εἶτα νύκτωρ καὶ καθ´ ἡσυχίανγλυκεῖ´ ὀπώρα φύλακος ἐκλελοιπότος‘ . Εἰ δ´, ὥς φησι Πρωτογένης, οὐκ ἔστιν ἀφροδισίων παιδικῶν κοινωνία, πῶς Ἔρως ἔστιν Ἀφροδίτης μὴ παρούσης, ἣν εἴληχε θεραπεύειν ἐκ θεῶν καὶ περιέπειν, τιμῆς τε μετέχειν καὶ δυνάμεως ὅσον ἐκείνη δίδωσιν; εἰ δ´ ἔστι τις Ἔρως χωρὶς Ἀφροδίτης, ὥσπερ μέθη χωρὶς οἴνου πρὸς σύκινον πόμα καὶ κρίθινον, ἄκαρπον αὐτοῦ καὶ ἀτελὲς τὸ ταρακτικόν ἐστι καὶ πλήσμιον καὶ ἁψίκορον.’ [5] Protogène, ainsi animé, se préparait à en dire davantage, mais Daphnée lui rompit en visière : «Vous avez fort à propos, dit-il, rappelé le témoignage de Solon; et c'est bien lui qu'il faut citer, comme arbitre en matière d'amour, car il a dit : "Aimez chez les garçons cette fleur agréable, Ces membres gracieux, et cette bouche aimable!" A Solon joignez encore Eschyle s'écriant : "Eh quoi! pour mes attraits tu n'as que du mépris ! De mes nombreux baisers est-ce donc là le prix?" Précisément on tourne en ridicule ce qu'ils ont dit là, parce qu'ils veulent, prétend-on, que les cuisses et les reins soient l'objet d'un examen attentif comme si l'on était devin et sacrificateur. Pour moi, j'estime que c'est là un grand argument en faveur des femmes. Si le commerce contre nature entretenu avec des garçons n'étouffe pas la tendresse amoureuse et ne lui porte aucune atteinte, à bien plus forte raison l'amour d'un sexe pour l'autre, amour qui est un sentiment tout naturel, doit-il, en raison de la grâce qui l'accompagne, se terminer par un attachement durable. «En effet, ô Protogène, c'est du mot "grâce" que se servent les anciens pour désigner la condescendance de la femme aux désirs de l'homme. Ainsi Pindare nous apprend que Vulcain fut enfanté par Junon "Sans le secours des Grâces." Une jeune fille n'étant pas encore en âge d'être mariée, Sapho lui dit : "Tu n'es à mes yeux qu'une enfant, A qui la grâce est encore étrangère." Ailleurs, quelqu'un adresse cette question à Hercule : "Est-ce par violence, est-ce de son plein gré Que de cette beauté tu conquérais les grâces?" Au contraire, quand les faveurs des adolescents leur sont arrachées malgré eux, c'est un acte de violence et de brigandage. Si l'on obtient d'eux ces faveurs, mais que ce soit pour assouvir sa sensualité comme si l'on avait affaire à une femme, et pour profiter de la complaisance avec laquelle ils se laissent contre nature, dit Platon, «monter comme des quadrupèdes et remplir du germe créateur», je dis que ces sortes de grâces sont parfaitement disgracieuses et répugnent autant à la décence qu'à l'amour. «C'est ce qui me porte à croire que quand Solon composa ces vers il était encore jeune, et «qu'il débordait de «sève», comme dit encore Platon. Écoutez au contraire ces autres vers, oeuvre de sa vieillesse : "Les Muses, Vénus et le vin Maintenant comblent mon envie. Tour à tour je leur sacrifie: C'est pour les mortels le vrai bien." On voit que ce tourbillon, cette tempête, cet amour des mâles ont fait place au calme donné par le mariage et par l'étude, ce double état auquel il a consacré sa vie. Si donc nous cherchons la vérité, Protogène, l'amour des garçons et celui des femmes ne sont qu'une seule et même affection ! Mais si, par désir d'argumenter, vous voulez établir une distinction entre eux, vous trouverez qu'il n'y a rien de raisonnable dans l'amour des garçons. C'est, pour ainsi dire, un fils venu tard, né lorsque ses parents étaient hors d'âge, un bâtard, un enfant de ténèbres, qui chasse l'amour vrai, son aîné. Car c'est d'hier, ami, c'est d'avant-hier, qu'à la suite de ces exercices où les jeunes gens se dépouillent et se montrent tous nus, cet amour s'est glissé dans les gymnases. Il ne s'y est installé d'abord qu'en silence; puis il y a gagné du terrain. Enfin peu à peu il a envahi les palestres; ses ailes ont poussé, et l'on ne saurait plus le contenir. Il insulte l'amour conjugal; il traîne dans la boue cet amour qui contribue à perpétuer éternellement le genre humain, et qui, par la génération, rallume soudain le flambeau des existences près de s'éteindre. «Mais par honte et par crainte cette passion désavoue le penchant qui la porte à la volupté; et comme il lui faut un prétexte honnête pour s'approcher de la beauté et de la jeunesse, un amoureux de cette sorte met en avant l'amitié et la vertu. Il se couvre de poussière; il se baigne dans l'eau froide ; il élève ses sourcils; il se dit philosophe; il est sage extérieurement, par crainte des lois. Mais il se réserve pour la nuit, quand tout repose : "Quand l'absence de tout gardien Donne aux fruits dérobés plus de saveur encore." «Que si, comme le prétend Protogène, ce n'est pas un désir de copulation charnelle, comment serait-ce un amour, puisque Vénus n'y figure point, elle dont le culte a été assigné en partage à l'Amour par la volonté des dieux? C'est Vénus que doit suivre constamment l'Amour : il doit s'associer aux hommages qu'elle reçoit et n'exercer que la part de puissance qu'elle veut bien lui donner. S'il existe un Amour sans Vénus, c'est comme une ivresse sans vin, une ivresse causée par une décoction de figues et d'orge; c'est quelque chose d'infructueux, d'incomplet, ne suscitant que troubles, que plénitude fâcheuse et satiété.


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Dernière mise à jour : 8/06/2005