[6] Λεγομένων τούτων ὁ Πεισίας ἦν δῆλος ἀγανακτῶν
καὶ παροξυνόμενος ἐπὶ τὸν Δαφναῖον· μικρὸν δ´ αὐτοῦ
καταλιπόντος ‘ὦ Ἡράκλεις’ ἔφη ‘τῆς εὐχερείας καὶ θρασύτητος,
ἀνθρώπους ὁμολογοῦντας ὥσπερ οἱ κύνες ἐκ τῶν
μορίων συνηρτῆσθαι πρὸς τὸ θῆλυ μεθιστάναι καὶ μετοικίζειν
τὸν θεὸν ἐκ γυμνασίων καὶ περιπάτων καὶ τῆς ἐν
ἡλίῳ καθαρᾶς καὶ ἀναπεπταμένης διατριβῆς εἰς ματρυλεῖα
καὶ κοπίδας καὶ φάρμακα καὶ μαγεύματα καθειργνύμενον
ἀκολάστων γυναικῶν· ἐπεὶ ταῖς γε σώφροσιν οὔτ´
ἐρᾶν οὔτ´ ἐρᾶσθαι δήπου προσῆκόν ἐστιν.’ ἐνταῦθα μέντοι
καὶ ὁ πατὴρ ἔφη τοῦ Πρωτογένους ἐπιλαβέσθαι καὶ
εἰπεῖν
‘’τόδ´ ἐξοπλίζει τοὔπος Ἀργεῖον λεών‘,
καὶ νὴ Δία Δαφναίῳ συνδίκους ἡμᾶς προστίθησιν οὐ
μετριάζων ὁ Πεισίας, ἀλλὰ τοῖς γάμοις ἀνέραστον ἐπάγων
καὶ ἄμοιρον ἐνθέου φιλίας κοινωνίαν, ἣν τῆς ἐρωτικῆς
πειθοῦς καὶ χάριτος ἀπολιπούσης μονονοὺ ζυγοῖς καὶ
χαλινοῖς ὑπ´ αἰσχύνης καὶ φόβου μάλα μόλις συνεχομένην
ὁρῶμεν.’ καὶ ὁ Πεισίας ‘ἐμοὶ μέν’ εἶπεν ‘ὀλίγον
μέλει τοῦ λόγου· Δαφναῖον δ´ ὁρῶ ταὐτὸν πάσχοντα τῷ
χαλκῷ· καὶ γὰρ ἐκεῖνος οὐχ οὕτως ὑπὸ τοῦ πυρὸς ὡς ὑπὸ
τοῦ πεπυρωμένου χαλκοῦ καὶ ῥέοντος, ἂν ἐπιχέῃ τις, ἀνατήκεται
καὶ ῥεῖ συνεξυγραινόμενος· καὶ τοῦτον οὐκ ἐνοχλεῖ
τὸ Λυσάνδρας κάλλος, ἀλλὰ συνδιακεκαυμένῳ καὶ γέμοντι
πυρὸς ἤδη πολὺν χρόνον πλησιάζων καὶ ἁπτόμενος
ἀναπίμπλαται· καὶ δῆλός ἐστιν, εἰ μὴ ταχὺ φύγοι
πρὸς ἡμᾶς, συντακησόμενος. ἀλλ´ ὁρῶ’ εἶπε ‘γινόμενον
ὅπερ ἂν μάλιστα σπουδάσειεν Ἀνθεμίων, προσκρούοντα
τοῖς δικασταῖς καὶ ἐμαυτόν, ὥστε παύομαι.’ καὶ ὁ Ἀνθεμίων
‘ὤνησας’ εἶπεν, ‘ὡς ἔδει γ´ ἀπ´ ἀρχῆς λέγειν
τι πρὸς τὴν ὑπόθεσιν.’
| [6] Pendant que Daphnée parlait ainsi, on voyait que
Pisias s'indignait et qu'il était furieux contre son interlocuteur.
Celui-ci s'étant arrêté quelque peu : «Par Hercule,
dit Pisias, c'est être bien léger et bien téméraire! Quoi!
Des hommes osent avouer que, comme des chiens, ils sont
attachés par les parties viriles à leurs femelles! Ils déplacent
l'Amour : ils bannissent ce dieu des gymnases, des promenades,
de ces entretiens purs et exposés à tous les regards,
pour l'enfermer dans des lieux de prostitution, au
milieu des couteaux de toilette, des drogues et des sorcelleries
de femmes impudiques! Car pour celles qui sont
honnêtes, il ne leur convient ni de poursuivre des amants
ni d'en accueillir.»
A ce moment mon père, c'est lui qui me l'a raconté,
saisit Protogène par la main, et lui dit :
"Aux Grecs un tel propos fera prendre Ies armes."
«Et, réellement, nous voilà décidés par les exagérations
mêmes de Pisias à soutenir la cause de Daphnée. Quoi!
Pisias veut introduire dans le mariage une association
privée d'amour, une association qui n'ait rien de cet attachement
inspiré par les dieux! Si la douce confiance de
l'amour, si la grâce, manquent à cette union, à peine le
joug et le frein de la pudeur et de la crainte pourront-ils
la maintenir. — Je me préoccupe peu de cette considération,
dit Pisias. Mais quant à Daphnée, je vois qu'il en
est de lui comme du cuivre, qui ne se fond pas tant par
l'action du feu que par celle d'un autre cuivre enflammé et
bouillant, que l'on verse dessus et qui le fait entrer en fusion.
Ce n'est pas que la beauté de Lysandra le bouleverse ; mais
comme déjà depuis longtemps il fréquente quelqu'un qui
est tout enflammé et plein de feu, ce contact l'a rempli lui-même
de flamme; et, bien évidemment, s'il ne se réfugie
en toute hâte auprès de nous, il se fondra tout entier. Mais,
ajouta Pisias, je vois se produire l'effet qu'Anthémion désirerait
plus que tout : je sens que je choque mes juges
à mon tour. Je m'arrêterai donc. — Vous faites là une
chose utile, dit alors Anthémion : puisque vous auriez dû,
dès le commencement, exposer quelque chose sur la question
qui nous est soumise.»
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