HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodote, Histoires, livre III

Chapitres 130-139

  Chapitres 130-139

[3,130] Σταθέντα δὲ ἐς μέσον εἰρώτα Δαρεῖος τὴν τέχνην εἰ ἐπίσταιτο· δὲ οὐκ ὑπεδέκετο, ἀρρωδέων μὴ ἑωυτὸν ἐκφήνας τὸ παράπαν τῆς Ἑλλάδος ἀπεστερημένος· (2) κατεφάνη τε τῷ Δαρείῳ τεχνάζειν ἐπιστάμενος, καὶ τοὺς ἀγαγόντας αὐτὸν ἐκέλευσε μάστιγάς τε καὶ κέντρα παραφέρειν ἐς τὸ μέσον. δὲ ἐνθαῦτα δὴ ὦν ἐκφαίνει, φὰς ἀτρεκέως μὲν οὐκ ἐπίστασθαι, ὁμιλήσας δὲ ἰητρῷ φλαύρως ἔχειν τὴν τέχνην. (3) μετὰ δέ, ὥς οἱ ἐπέτρεψε, Ἑλληνικοῖσι ἰήμασι χρεώμενος καὶ ἤπια μετὰ τὰ ἰσχυρὰ προσάγων ὕπνου τέ μιν λαγχάνειν ἐποίεε καὶ ἐν χρόνῳ ὀλίγῳ ὑγιέα μιν ἀπέδεξε, οὐδαμὰ ἔτι ἐλπίζοντα ἀρτίπουν ἔσεσθαι. (4) δωρέεται δή μιν μετὰ ταῦτα Δαρεῖος πεδέων χρυσέων δύο ζεύγεσι· δέ μιν ἐπείρετο εἴ οἱ διπλήσιον τὸ κακὸν ἐπίτηδες νέμει, ὅτι μιν ὑγιέα ἐποίησε. ἡσθεὶς δὲ τῷ ἔπεϊ Δαρεῖος ἀποπέμπει μιν παρὰ τὰς ἑωυτοῦ γυναῖκας· παράγοντες δὲ οἱ εὐνοῦχοι ἔλεγον πρὸς τὰς γυναῖκας ὡς βασιλέι οὗτος εἴη ὃς τὴν ψυχὴν ἀπέδωκε. (5) ὑποτύπτουσα δὲ αὐτέων ἑκάστη φιάλῃ τοῦ χρυσοῦ ἐς θήκην ἐδωρέετο Δημοκήδεα οὕτω δή τι δαψιλέι δωρεῇ ὡς τοὺς ἀποπίπτοντας ἀπὸ τῶν φιαλέων στατῆρας ἑπόμενος οἰκέτης, τῷ οὔνομα ἦν Σκίτων, ἀνελέγετο καί οἱ χρῆμα πολλόν τι χρυσοῦ συνελέχθη. [3,130] CXXX. Darius lui ayant demandé s'il savait la médecine, Démocèdes n'en convint point, dans la crainte de se fermer à jamais le chemin de la Grèce s'il se faisait connaître. Darius, s'étant aperçu qu'il tergiversait en disant qu'il n'était pas médecin, quoiqu'il le fût effectivement, ordonna à ceux qui le lui avaient amené d'apporter des fouets et des poinçons. Démocèdes ne crut pas devoir dissimuler plus longtemps. Il dit qu'il n'avait pas une connaissance profonde de la médecine, mais qu'il en avait pris une légère teinture en fréquentant un médecin. Sur cet aveu, le roi se mit entre ses mains. Démocèdes le traita à la manière des Grecs ; et, faisant succéder les remèdes doux et calmants aux remèdes violents, il parvint à lui procurer du sommeil, et en peu de temps il le guérit, quoique ce prince eût perdu toute espérance de pouvoir jamais se servir de son pied. Cette cure achevée, Darius lui fit présent de deux paires de ceps d'or. Démocèdes lui demanda s'il prétendait doubler ainsi son mal, en récompense de sa guérison. Le roi, charmé de cette repartie, l'envoya à ses femmes. Les eunuques qui le conduisaient leur dirent que c'était lui qui avait rendu la vie au roi. Ces femmes firent présent à Démocèdes de statères qu'elles puisaient dans un coffre avec une soucoupe. Ce présent fut si considérable, que le domestique qui le suivait, et qui s'appelait Sciton, fit une grosse somme des pièces d'or qu'il ramassa à mesure qu'elles tombaient des soucoupes.
[3,131] δὲ Δημοκήδης οὗτος ὧδε ἐκ Κρότωνος ἀπιγμένος Πολυκράτεϊ ὡμίλησε· πατρὶ συνείχετο ἐν τῇ Κρότωνι ὀργὴν χαλεπῷ· τοῦτον ἐπείτε οὐκ ἐδύνατο φέρειν, ἀπολιπὼν οἴχετο ἐς Αἴγιναν. καταστὰς δὲ ἐς ταύτην πρώτῳ ἔτεϊ ὑπερεβάλετο τοὺς ἄλλους ἰητρούς, ἀσκευής περ ἐὼν καὶ ἔχων οὐδὲν τῶν ὅσα περὶ τὴν τέχνην ἐστὶ ἐργαλήια. (2) καί μιν δευτέρῳ ἔτεϊ ταλάντου Αἰγινῆται δημοσίῃ μισθοῦνται, τρίτῳ δὲ ἔτεϊ Ἀθηναῖοι ἑκατὸν μνέων, τετάρτῳ δὲ ἔτεϊ Πολυκράτης δυῶν ταλάντων. οὕτω μὲν ἀπίκετο ἐς τὴν Σάμον, καὶ ἀπὸ τούτου τοῦ ἀνδρὸς οὐκ ἥκιστα Κροτωνιῆται ἰητροὶ εὐδοκίμησαν. (3) ἐγένετο γὰρ ὦν τοῦτο ὅτε πρῶτοι μὲν Κροτωνιῆται ἰητροὶ ἐλέγοντο ἀνὰ τὴν Ἑλλάδα εἶναι, δεύτεροι δὲ Κυρηναῖοι. κατὰ τὸν αὐτὸν δὲ τοῦτον χρόνον καὶ Ἀργεῖοι ἤκουον μουσικὴν εἶναι Ἑλλήνων πρῶτοι. [3,131] CXXXI. Voici à quelle occasion Démocèdes avait quitté Crotone, sa patrie, et s'était attaché à Polycrate. Il vivait avec un père d'un caractère dur et colère. Ne pouvant plus supporter son humeur, il alla à Égine, où s'étant établi, il surpassa, dès la première année, les plus habiles médecins, quoiqu'il ne se fût point préparé à y exercer sa profession, et qu'il n'eût aucun des instruments nécessaires. La seconde année, les Éginètes lui donnèrent un talent de pension sur le trésor public. La troisième, les Athéniens lui firent une pension de cent mines. Enfin, la quatrième année, Polycrate lui offrit deux talents, et, par cette amorce, l'attira à Samos. C'est à lui que les médecins de Crotone doivent la plus grande partie de leur réputation. Il fut un temps où on les regarda comme les premiers médecins de toute la Grèce, et les Cyrénéens comme les seconds. Vers le même temps, les Argiens passaient pour les plus habiles musiciens de la Grèce.
[3,132] Τότε δὴ Δημοκήδης ἐν τοῖσι Σούσοισι ἐξιησάμενος Δαρεῖον οἶκόν τε μέγιστον εἶχε καὶ ὁμοτράπεζος βασιλέι ἐγεγόνεε, πλήν τε ἑνὸς τοῦ ἐς Ἕλληνας ἀπιέναι πάντα τἆλλά οἱ παρῆν. (2) καὶ τοῦτο μὲν τοὺς Αἰγυπτίους ἰητρούς, οἳ βασιλέα πρότερον ἰῶντο, μέλλοντας ἀνασκολοπιεῖσθαι ὅτι ὑπὸ Ἕλληνος ἰητροῦ ἑσσώθησαν, τούτους βασιλέα παραιτησάμενος ἐρρύσατο· τοῦτο δὲ μάντιν Ἠλεῖον Πολυκράτεϊ ἐπισπόμενον καὶ ἀπημελημένον ἐν τοῖσι ἀνδραπόδοισι ἐρρύσατο. ἦν δὲ μέγιστον πρῆγμα Δημοκήδης παρὰ βασιλέι. [3,132] CXXXII. Démocèdes ayant parfaitement guéri Darius, on lui donna une très grande maison à Suses ; il mangeait à la table du roi, et rien ne lui manquait, que la liberté de retourner en Grèce. Il obtint du roi la grâce des Égyptiens qui étaient auparavant ses médecins ordinaires, et qui, pour s'être laissé surpasser en leur art par un médecin grec, avaient été condamnés à être mis en croix. Il fit rendre la liberté à un devin d'Élée qui avait suivi Polycrate, et qu'on avait mis au nombre des esclaves, sans qu'on songeât à lui. Enfin Démocèdes jouissait auprès du roi d'une très grande considération.
[3,133] Ἐν χρόνῳ δὲ ὀλίγῳ μετὰ ταῦτα τάδε ἄλλα συνήνεικε γενέσθαι. Ἀτόσσῃ τῇ Κύρου μὲν θυγατρὶ Δαρείου δὲ γυναικὶ ἐπὶ τοῦ μαστοῦ ἔφυ φῦμα, μετὰ δὲ ἐκραγὲν ἐνέμετο πρόσω. ὅσον μὲν δὴ χρόνον ἦν ἔλασσον, δὲ κρύπτουσα καὶ αἰσχυνομένη ἔφραζε οὐδενί· ἐπείτε δὲ ἐν κακῷ ἦν, μετεπέμψατο τὸν Δημοκήδεα καί οἱ ἐπέδεξε. (2) δὲ φὰς ὑγιέα ποιήσειν ἐξορκοῖ μιν μέν οἱ ἀντυπουργήσειν ἐκείνην τοῦτο τὸ ἂν αὐτῆς δεηθῇ· δεήσεσθαι δὲ οὐδενὸς τῶν ὅσα ἐς αἰσχύνην ἐστὶ φέροντα. [3,133] CXXXIII. Il survint, peu de temps après, à Atosse, fille de Cyrus et femme de Darius, un tumeur au sein, qui s'ouvrit et fit de grands progrès. Tant que le mal fut peu considérable, cette princesse le cacha par pudeur, et n'en dit mot à personne. Mais quand elle vit qu'il devenait dangereux, elle manda Démocèdes et le lui fit voir. Il lui promit de la guérir ; mais il exigea d'elle, avec serment, qu'elle l'obligerait à son tour dans une chose dont il la prierait, l'assurant, au reste, qu'il ne lui demanderait rien dont elle eût à rougir.
[3,134] Ὡς δὲ ἄρα μιν μετὰ ταῦτα ἰώμενος ὑγιέα ἀπέδεξε, ἐνθαῦτα δὴ διδαχθεῖσα ὑπὸ τοῦ Δημοκήδεος Ἄτοσσα προσέφερε ἐν τῇ κοίτῃ Δαρείῳ λόγον τοιόνδε. “ βασιλεῦ, ἔχων δύναμιν τοσαύτην κάτησαι, οὔτε τι ἔθνος προσκτώμενος οὔτε δύναμιν Πέρσῃσι. (2) οἰκὸς δὲ ἐστὶ ἄνδρα καὶ νέον καὶ χρημάτων μεγάλων δεσπότην φαίνεσθαί τι ἀποδεικνύμενον, ἵνα καὶ Πέρσαι ἐκμάθωσι ὅτι ὑπἀνδρὸς ἄρχονται. ἐπἀμφότερα δέ τοι συμφέρει ταῦτα ποιέειν, καὶ ἵνα σφέων Πέρσαι ἐπίστωνται ἄνδρα εἶναι τὸν προεστεῶτα, καὶ ἵνα τρίβωνται πολέμῳ μηδὲ σχολὴν ἄγοντες ἐπιβουλεύωσί τοι. (3) νῦν γὰρ ἄν τι καὶ ἀποδέξαιο ἔργον, ἕως νέος εἶς ἡλικίην· αὐξομένῳ γὰρ τῷ σώματι συναύξονται καὶ αἱ φρένες, γηράσκοντι δὲ συγγηράσκουσι καὶ ἐς τὰ πρήγματα πάντα ἀπαμβλύνονται„. (4) μὲν δὴ ταῦτα ἐκ διδαχῆς ἔλεγε, δἀμείβετο τοῖσιδε. “ γύναι, πάντα ὅσα περ αὐτὸς ἐπινοέω ποιήσειν εἴρηκας· ἐγὼ γὰρ βεβούλευμαι ζεύξας γέφυραν ἐκ τῆσδε τῆς ἠπείρου ἐς τὴν ἑτέρην ἤπειρον ἐπὶ Σκύθας στρατεύεσθαι· καὶ ταῦτα ὀλίγου χρόνου ἔσται τελεύμενα„. λέγει Ἄτοσσα τάδε. (5) “ὅρα νυν, ἐπὶ Σκύθας μὲν τὴν πρώτην ἰέναι ἔασον· οὗτοι γάρ, ἐπεὰν σὺ βούλῃ, ἔσονταί τοι· σὺ δέ μοι ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα στρατεύεσθαι. ἐπιθυμέω γὰρ λόγῳ πυνθανομένη Λακαίνας τέ μοι γενέσθαι θεραπαίνας καὶ Ἀργείας καὶ Ἀττικὰς καὶ Κορινθίας. ἔχεις δὲ ἄνδρα ἐπιτηδεότατον ἀνδρῶν πάντων δέξαι τε ἕκαστα τῆς Ἑλλάδος καὶ κατηγήσασθαι, τοῦτον ὅς σευ τὸν πόδα ἐξιήσατο„. (6) ἀμείβεται Δαρεῖος γύναι, ἐπεὶ τοίνυν τοι δοκέει τῆς Ἑλλάδος ἡμέας πρῶτα ἀποπειρᾶσθαι, κατασκόπους μοι δοκέει Περσέων πρῶτον ἄμεινον εἶναι ὁμοῦ τούτῳ τῷ σὺ λέγεις πέμψαι ἐς αὐτούς, οἳ μαθόντες καὶ ἰδόντες ἐξαγγελέουσι ἕκαστα αὐτῶν ἡμῖν· καὶ ἔπειτα ἐξεπιστάμενος ἐπαὐτοὺς τρέψομαι„. [3,134] CXXXIV. Atosse, guérie par les remèdes de Démocèdes, résolut de lui tenir parole. Étant au lit avec Darius, elle lui parla ainsi, selon les instructions de Démocèdes : «Je m'étonne, seigneur, qu'ayant tant de troupes à votre disposition, vous demeuriez tranquillement dans votre palais, sans songer à conquérir de nouveaux pays et à étendre les bornes de votre empire. Cependant il convient à un monarque jeune, et qui possède de grandes richesses, de se signaler par des actions qui fassent connaître à ses sujets qu'ils ont un homme de coeur à leur tête. Il vous importe, par deux raisons, de suivre mon conseil : la première, pour montrer aux Perses qu'ils ont un roi plein de courage et de valeur; la seconde, afin qu'accablés de travaux, l'oisiveté ne les porte point à se soulever contre vous. Faites donc quelques grands exploits, tandis que vous êtes dans la fleur de l'âge. L'âme croît avec le corps; mais, à mesure que le corps vieillit, l'âme vieillit aussi, et devient inhabile à tout.» Ainsi parla Atosse, suivant les instructions de Démocèdes. «Vos discours, lui répondit Darius, s'accordent avec mes desseins. J'ai résolu de marcher contre les Scythes, et de construire à cet effet un pont pour passer de notre continent dans l'autre. Il ne faut que peu de temps pour en venir à bout.» «Seigneur, reprit Atosse, ne commencez point, je vous prie, par les Scythes ; ils seront à vous quand vous le voudrez : marchez plutôt contre la Grèce. Car, seigneur, sur ce que j'ai ouï dire des femmes de ce pays, je ne désire rien tant que d'avoir à mon service des Lacédémoniennes, des Argiennes, des Athéniennes et des Corinthiennes. Vous avez ici l'homme du monde le plus propre à vous instruire de ce qui regarde la Grèce, et à vous servir de guide dans cette expédition ; c'est celui qui vous a guéri de votre entorse.» "Puisque vous êtes d'avis, répondit Darius, que nous commencions par la Grèce, il me semble qu'avant tout il est à propos d'envoyer quelques Perses avec l'homme dont vous me parlez, pour prendre une connaissance exacte du pays ; et, lorsqu'à leur retour ils m'auront instruit de tout ce qu'ils auront vu et appris, je me mettrai en marche.»
[3,135] Ταῦτα εἶπε καὶ ἅμα ἔπος τε καὶ ἔργον ἐποίεε. ἐπείτε γὰρ τάχιστα ἡμέρη ἐπέλαμψε, καλέσας Περσέων ἄνδρας δοκίμους πεντεκαίδεκα ἐνετέλλετό σφι ἑπομένους Δημοκήδεϊ διεξελθεῖν τὰ παραθαλάσσια τῆς Ἑλλάδος, ὅκως τε μὴ διαδρήσεται σφέας Δημοκήδης, ἀλλά μιν πάντως ὀπίσω ἀπάξουσι. (2) ἐντειλάμενος δὲ τούτοισι ταῦτα, δεύτερα καλέσας αὐτὸν Δημοκήδεα ἐδέετο αὐτοῦ ὅκως ἐξηγησάμενος πᾶσαν καὶ ἐπιδέξας τὴν Ἑλλάδα τοῖσι Πέρσῃσι ὀπίσω ἥξει· δῶρα δέ μιν τῷ πατρὶ καὶ τοῖσι ἀδελφεοῖσι ἐκέλευε πάντα τὰ ἐκείνου ἔπιπλα λαβόντα ἄγειν, φὰς ἄλλα οἱ πολλαπλήσια ἀντιδώσειν· πρὸς δὲ ἐς τὰ δῶρα ὁλκάδα οἱ ἔφη συμβαλέεσθαι πλήσας ἀγαθῶν παντοίων, τὴν ἅμα οἱ πλεύσεσθαι. (3) Δαρεῖος μὲν δή, δοκέειν ἐμοί, ἀποὐδενὸς δολεροῦ νόου ἐπαγγέλλετό οἱ ταῦτα. Δημοκήδης δὲ δείσας μή εὑ ἐκπειρῷτο Δαρεῖος, οὔτι ἐπιδραμὼν πάντα τὰ διδόμενα ἐδέκετο, ἀλλὰ τὰ μὲν ἑωυτοῦ κατὰ χώρην ἔφη καταλείψειν, ἵνα ὀπίσω σφέα ἀπελθὼν ἔχοι, τὴν μέντοι ὁλκάδα, τήν οἱ Δαρεῖος ἐπαγγέλλετο ἐς τὴν δωρεὴν τοῖσι ἀδελφεοῖσι, δέκεσθαι ἔφη. ἐντειλάμενος δὲ καὶ τούτῳ ταὐτὰ Δαρεῖος ἀποστέλλει αὐτοὺς ἐπὶ θάλασσαν. [3,135] CXXXV. A peine eut-il dit ces choses, qu'il les exécuta. Dès que le jour commença à paraître , il fit venir quinze Perses des premiers de la nation, leur commanda de suivre Démocèdes, de reconnaître avec lui tous les pays maritimes de la Grèce, et leur enjoignit surtout de prendre garde qu'il ne leur échappât, et de le ramener avec eux, quelque chose qui arrivât. Ces ordres donnés, il manda Démocèdes, et le pria de revenir dès qu'il aurait fait voir aux Perses toute la Grèce. Il lui commanda aussi de porter avec lui tous ses meubles, pour en faire présent à son père et à ses frères, lui promettant de le dédommager au centuple; et, outre cela, il lui dit qu'il le ferait accompagner par un vaisseau de charge rempli de ces présents et de toutes sortes de richesses. Les promesses de ce prince étaient, comme je le crois, sans artifice ; cependant Démocèdes, craignant qu'il n'eût dessein de l'éprouver, accepta tous ces dons sans montrer beaucoup d'empressement. Mais pour les meubles et autres effets qui lui appartenaient, il dit qu'il les laisserait à Suses, afin de les retrouver à son retour. Il se contenta du vaisseau de charge que lui promettait le roi, afin de porter les présents qu'il faisait à ses frères.
[3,136] Καταβάντες δὲ οὗτοι ἐς Φοινίκην καὶ Φοινίκης ἐς Σιδῶνα πόλιν αὐτίκα μὲν τριήρεας δύο ἐπλήρωσαν, ἅμα δὲ αὐτῇσι καὶ γαῦλον μέγαν παντοίων ἀγαθῶν· παρεσκευασμένοι δὲ πάντα ἔπλεον ἐς τὴν Ἑλλάδα, προσίσχοντες δὲ αὐτῆς τὰ παραθαλάσσια ἐθηεῦντο καὶ ἀπεγράφοντο, ἐς τὰ πολλὰ αὐτῆς καὶ ὀνομαστὰ θεησάμενοι ἀπίκοντο τῆς Ἰταλίης ἐς Τάραντα. (2) ἐνθαῦτα δὲ ἐκ ῥηστώνης τῆς Δημοκήδεος Ἀριστοφιλίδης τῶν Ταραντίνων βασιλεὺς τοῦτο μὲν τὰ πηδάλια παρέλυσε τῶν Μηδικέων νεῶν, τοῦτο δὲ αὐτοὺς τοὺς Πέρσας εἶρξε ὡς κατασκόπους δῆθεν ἐόντας. ἐν δὲ οὗτοι ταῦτα ἔπασχον, Δημοκήδης ἐς τὴν Κρότωνα ἀπικνέεται· ἀπιγμένου δὲ ἤδη τούτου ἐς τὴν ἑωυτοῦ Ἀριστοφιλίδης ἔλυσε τοὺς Πέρσας, καὶ τὰ παρέλαβε τῶν νεῶν ἀπέδωκέ σφι. [3,136] CXXXVI. Darius, lui ayant aussi donné ses ordres, lui dit de se rendre avec les Perses sur les bords de la mer. Lorsqu'ils furent arrivés en Phénicie, ils allèrent à Sidon, où ils firent équiper sur-le-champ deux trirèmes et un gros vaisseau de charge, qu'ils remplirent de toutes sortes de richesses. Leurs préparatifs achevés, ils passèrent en Grèce, dont ils visitèrent les côtes et levèrent le plan. Enfin, après en avoir reconnu les places les plus célèbres, ils firent voile en Italie, et abordèrent à Tarente. Aristophilides , roi de ce pays, fit ôter, par bonté pour Démocèdes, le gouvernail des vaisseaux des Mèdes, et arrêter en même temps les Perses comme espions. Tandis qu'on les tenait en prison, Démocèdes se retira à Crotone. Lorsqu'il fut arrivé chez lui, Aristophilides relâcha les Perses, et leur rendit ce qu'il avait fait enlever de leurs vaisseaux.
[3,137] Πλέοντες δὲ ἐνθεῦτεν οἱ Πέρσαι καὶ διώκοντες Δημοκήδεα ἀπικνέονται ἐς τὴν Κρότωνα, εὑρόντες δέ μιν ἀγοράζοντα ἅπτοντο αὐτοῦ. (2) τῶν δὲ Κροτωνιητέων οἳ μὲν καταρρωδέοντες τὰ Περσικὰ πρήγματα προϊέναι ἕτοιμοι ἦσαν, οἳ δὲ ἀντάπτοντο καὶ τοῖσι σκυτάλοισι ἔπαιον τοὺς Πέρσας προϊσχομένους ἔπεα τάδε. “ἄνδρες Κροτωνιῆται, ὁρᾶτε τὰ ποιέετε· ἄνδρα βασιλέος δρηπέτην γενόμενον ἐξαιρέεσθε. (3) κῶς ταῦτα βασιλέι Δαρείῳ ἐκχρήσει περιυβρίσθαι; κῶς δὲ ὑμῖν τὰ πιεύμενα ἕξει καλῶς, ἢν ἀπέλησθε ἡμέας; ἐπὶ τίνα δὲ τῆσδε προτέρην στρατευσόμεθα πόλιν; τίνα δὲ προτέρην ἀνδραποδίζεσθαι περιησόμεθα;„ (4) ταῦτα λέγοντες τοὺς Κροτωνιήτας οὔκων ἔπειθον, ἀλλἐξαιρεθέντες τε τὸν Δημοκήδεα καὶ τὸν γαῦλον τὸν ἅμα ἤγοντο ἀπαιρεθέντες ἀπέπλεον ὀπίσω ἐς τὴν Ἀσίην, οὐδἔτι ἐζήτησαν τὸ προσωτέρω τῆς Ἑλλάδος ἀπικόμενοι ἐκμαθεῖν, ἐστερημένοι τοῦ ἡγεμόνος. (5) τοσόνδε μέντοι ἐνετείλατό σφι Δημοκήδης ἀναγομένοισι, κελεύων εἰπεῖν σφεας Δαρείῳ ὅτι ἅρμοσται τὴν Μίλωνος θυγατέρα Δημοκήδης γυναῖκα. τοῦ γὰρ δὴ παλαιστέω Μίλωνος ἦν οὔνομα πολλὸν παρὰ βασιλέι· κατὰ δὲ τοῦτό μοι δοκέει σπεῦσαι τὸν γάμον τοῦτον τελέσας χρήματα μεγάλα Δημοκήδης, ἵνα φανῇ πρὸς Δαρείου ἐὼν καὶ ἐν τῇ ἑωυτοῦ δόκιμος. [3,137] CXXXVII. Les Perses, ayant remis à la voile, poursuivirent Démocèdes, et arrivèrent à Crotone. Ils l'arrêtèrent dans la place publique, où ils le rencontrèrent. La crainte de la puissance des Perses avait disposé une partie des Crotoniates à le leur remettre ; mais d'autres l'arrachèrent de leurs mains, et les repoussèrent à coups de bâtons. «Crotoniates, leur disaient les Perses, prenez garde à ce que vous faites : celui que vous nous enlevez est un esclave fugitif ; il appartient au roi. Pensez-vous donc que Darius souffre impunément une telle insulte, et que vous vous trouviez bien de nous avoir arraché Démocèdes ? car enfin votre ville ne sera-t-elle pas la première que nous attaquerons, et que nous tâcherons de réduire en servitude ?» Ces menaces furent inutiles. Les Crotoniates, sans y avoir égard, leur enlevèrent non seulement Démocèdes, mais encore le vaisseau de charge, qu'ils avaient amené avec eux. Les Perses, privés de leur guide, retournèrent en Asie, sans chercher à pénétrer plus avant dans la Grèce pour reconnaître le pays. Démocèdes, à leur départ, leur enjoignit de dire à Darius qu'il était fiancé avec la fille de Milon. Le nom de ce lutteur était alors fort connu à la cour de Perse. Pour moi, je pense qu'il hâta ce mariage, et qu'il y dépensa de grandes sommes, afin de faire voir à Darius qu'il jouissait aussi dans sa patrie d'une grande considération.
[3,138] Ἀναχθέντες δὲ ἐκ τῆς Κρότωνος οἱ Πέρσαι ἐκπίπτουσι τῇσι νηυσὶ ἐς Ἰηπυγίην, καί σφεας δουλεύοντας ἐνθαῦτα Γίλλος ἀνὴρ Ταραντῖνος φυγὰς ῥυσάμενος ἀπήγαγε παρὰ βασιλέα Δαρεῖον. δὲ ἀντὶ τούτων ἕτοιμος ἦν διδόναι τοῦτο τι βούλοιτο αὐτός. (2) Γίλλος δὲ αἱρέεται κάτοδόν οἱ ἐς Τάραντα γενέσθαι, προαπηγησάμενος τὴν συμφορήν· ἵνα δὲ μὴ συνταράξῃ τὴν Ἑλλάδα, ἢν διαὐτὸν στόλος μέγας πλέῃ ἐπὶ τὴν Ἰταλίην, Κνιδίους μούνους ἀποχρᾶν οἱ ἔφη τοὺς κατάγοντας γίνεσθαι, δοκέων ἀπὸ τούτων ἐόντων τοῖσι Ταραντίνοισι φίλων μάλιστα τὴν κάτοδόν οἱ ἔσεσθαι. (3) Δαρεῖος δὲ ὑποδεξάμενος ἐπετέλεε· πέμψας γὰρ ἄγγελον ἐς Κνίδον κατάγειν σφέας ἐκέλευε Γίλλον ἐς Τάραντα. πειθόμενοι δὲ Δαρείῳ Κνίδιοι Ταραντίνους οὔκων ἔπειθον, βίην δὲ ἀδύνατοι ἦσαν προσφέρειν. (4) ταῦτα μέν νυν οὕτω ἐπρήχθη· οὗτοι δὲ πρῶτοι ἐκ τῆς Ἀσίης ἐς τὴν Ἑλλάδα ἀπίκοντο Πέρσαι, καὶ οὗτοι διὰ τοιόνδε πρῆγμα κατάσκοποι ἐγένοντο. [3,138] CXXXVIII. Les Perses ayant levé l'ancre, les vents les écartèrent de leur route, et les poussèrent en Iapygie, où on les fit prisonniers. Mais Gillus, banni de Tarente, les délivra, et les ramena à Darius. La reconnaissance avait disposé ce prince à lui accorder toutes ses demandes. Gillus lui raconta sa disgrâce, et le pria de le faire rétablir à Tarente. Mais, pour ne pas jeter l'épouvante et le trouble dans la Grèce, comme cela n'aurait pas manqué d'arriver si l'on eût envoyé à cause de lui une flotte considérable en Italie, il dit que les Cnidiens suffiraient seuls pour le rétablir dans sa patrie, et qu'étant amis des Tarentins, il était persuadé qu'à leur sollicitation on ne ferait nulle difficulté de lui accorder son rappel. Darius le lui promit ; et, sans différer plus longtemps, il envoya un exprès à Cnide, avec ordre aux Cnidiens de ramener Gillus à Tarente. Les Cnidiens obéirent ; mais ils ne purent rien obtenir des Tarentins, et ils n'étaient point assez puissants pour employer la force. C'est ainsi que les choses se passèrent. Ces Perses sont les premiers qui soient vernis d'Asie en Grèce pour reconnaître le pays.
[3,139] Μετὰ δὲ ταῦτα Σάμον βασιλεὺς Δαρεῖος αἱρέει, πολίων πασέων πρώτην Ἑλληνίδων καὶ βαρβάρων, διὰ τοιήνδε τινὰ αἰτίην. Καμβύσεω τοῦ Κύρου στρατευομένου ἐπΑἴγυπτον ἄλλοι τε συχνοὶ ἐς τὴν Αἴγυπτον ἀπίκοντο Ἑλλήνων, οἳ μέν, ὡς οἰκός, κατἐμπορίην στρατευόμενοι, οἳ δὲ τινὲς καὶ αὐτῆς τῆς χώρης θεηταί· τῶν ἦν καὶ Συλοσῶν Αἰάκεος, Πολυκράτεός τε ἐὼν ἀδελφεὸς καὶ φεύγων ἐκ Σάμου. (2) τοῦτον τὸν Συλοσῶντα κατέλαβε εὐτυχίη τις τοιήδε. λαβὼν χλανίδα καὶ περιβαλόμενος πυρρὴν ἠγόραζε ἐν τῇ Μέμφι· ἰδὼν δὲ αὐτὸν Δαρεῖος, δορυφόρος τε ἐὼν Καμβύσεω καὶ λόγου οὐδενός κω μεγάλου, ἐπεθύμησε τῆς χλανίδος καὶ αὐτὴν προσελθὼν ὠνέετο. (3) δὲ Συλοσῶν ὁρέων τὸν Δαρεῖον μεγάλως ἐπιθυμέοντα τῆς χλανίδος, θείῃ τύχῃ χρεώμενος λέγειἐγὼ ταύτην πωλέω μὲν οὐδενὸς χρήματος, δίδωμι δὲ ἄλλως, εἴ περ οὕτω δεῖ γενέσθαι πάντως τοι„. αἰνέσας ταῦτα Δαρεῖος παραλαμβάνει τὸ εἷμα. [3,139] CXXXIX. Après ces événements, Darius prit Samos. De toutes les villes, tant grecques que barbares, celle-ci fut la première qu'il attaqua, pour les raisons que je vais dire. Beaucoup de Grecs avaient suivi Cambyse, fils de Cyrus, dans son expédition en Égypte ; les uns, comme on peut le croire, pour trafiquer, d'autres pour servir, et quelques-uns aussi par curiosité et pour voir le pays. Du nombre de ces derniers fut Syloson, banni de Samos, fils d'Aeacès et frère de Polycrate. Il lui arriva une aventure qui contribua à sa fortune. Se promenant un jour sur la place de Memphis, un manteau d'écarlate sur les épaules, Darius, qui n'était alors qu'un. simple garde du corps de Cambyse, et qui ne jouissait pas encore d'une grande considération, l'aperçut et eut envie de son manteau. Il s'approcha de cet étranger, et le pria de le lui vendre. Syloson, remarquant que Darius en avait une envie extrême, lui répondit, comme inspiré de quelque dieu : «Pour quelque prix que ce soit, je ne veux point le vendre ; mais, puisqu'il faut que les choses soient ainsi , j'aime mieux vous en faire présent.» Darius loua sa générosité, et accepta le manteau.


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Dernière mise à jour : 13/05/2005