[15,79] 79. Εὐθὺς οὖν ὁ δῆμος ἐψηφίσατο τριήρεις μὲν ἑκατὸν ναυπηγεῖσθαι,
νεώρια δὲ ταύταις ἴσα τὸν ἀριθμόν, ῾Ροδίους δὲ καὶ Χίους καὶ
Βυζαντίους προτρέπεσθαι βοηθῆσαι ταῖς ἐπιβολαῖς. Αὐτὸς δὲ μετὰ
δυνάμεως ἐκπεμφθεὶς ἐπὶ τὰς εἰρημένας πόλεις Λάχητα μὲν τὸν
᾿Αθηναίων στρατηγόν, ἔχοντα στόλον ἀξιόλογον καὶ διακωλύειν τοὺς
Θηβαίους ἀπεσταλμένον, καταπληξάμενος καὶ ἀποπλεῦσαι
συναναγκάσας, ἰδίας τὰς πόλεις τοῖς Θηβαίοις ἐποίησεν. (2) Εἰ μὲν
οὖν ὁ ἀνὴρ οὗτος πλείω χρόνον ἐπέζησεν, ὡμολογημένως ἂν οἱ
Θηβαῖοι τῇ κατὰ γῆν ἡγεμονίᾳ καὶ τὴν τῆς θαλάττης ἀρχὴν
προσεκτήσαντο· ἐπεὶ δὲ μετ' ὀλίγον χρόνον ἐν τῇ περὶ τὴν Μαντίνειαν
μάχῃ λαμπροτάτην τὴν νίκην τῇ πατρίδι περιποιήσας ἡρωικῶς
ἐτελεύτησεν, εὐθέως καὶ τὰ τῶν Θηβαίων πράγματα τῇ τούτου
τελευτῇ συναπέθανεν. ἀλλὰ περὶ μὲν τούτων τὰ κατὰ μέρος μικρὸν
ὕστερον ἀκριβῶς διέξιμεν. (3) Τότε δὲ τοῖς Θηβαίοις ἔδοξε στρατεύειν
ἐπὶ τὸν ᾿Ορχομενὸν διὰ τοιαύτας τινὰς αἰτίας. τῶν φυγάδων τινὲς
βουλόμενοι τὴν ἐν Θήβαις πολιτείαν εἰς ἀριστοκρατικὴν κατάστασιν
μεταστῆσαι, συνέπεισαν τοὺς τῶν ᾿Ορχομενίων ἱππεῖς, ὄντας
τριακοσίους, συνεπιλαβέσθαι τῆς ἐπιβολῆς. (4) Οὗτοι δὲ εἰωθότες
μετὰ Θηβαίων ἀπαντᾶν ἡμέρᾳ τεταγμένῃ πρὸς τὴν ἐξοπλισίαν, εἰς
ταύτην συνέθεντο ποιήσασθαι τὴν ἐπίθεσιν· πολλῶν δὲ καὶ ἄλλων
κοινωνούντων τῆς προθέσεως καὶ προσορμησάντων, ἀπήντησαν πρὸς
τὸν καιρόν. (5) Οἱ μὲν οὖν συστησάμενοι τὴν πρᾶξιν μετανοήσαντες
ἐδήλωσαν τοῖς βοιωτάρχαις τὴν ἐπίθεσιν, προδόντες τοὺς
συνομόσαντας, καὶ διὰ τῆς εὐεργεσίας ταύτης ἑαυτοῖς ἐπορίσαντο τὴν
σωτηρίαν. Τῶν δ' ἀρχόντων συλλαβόντων τοὺς τῶν ᾿Ορχομενίων
ἱππεῖς καὶ παραγαγόν ων εἰς τὴν ἐκκλησίαν, ὁ δῆμος ἐψηφίσατο
τούτους μὲν ἀποσφάξαι, τοὺς δ' ᾿Ορχομενίους ἐξανδραποδίσασθαι
καὶ τὴν πόλιν κατασκάψαι. Ἐκ παλαιῶν γὰρ χρόνων οἱ Θηβαῖοι πρὸς
τούτους ἀλλοτρίως διέκειντο, δασμοφοροῦντες μὲν τοῖς Μινύαις ἐν
τοῖς ἡρωικοῖς χρόνοις, ὕστερον δ' ὑφ' ῾Ηρακλέους ἐλευθερωθέντες. (6)
Οἱ δ' οὖν Θηβαῖοι καιρὸν ἔχειν νομίσαντες καὶ προφάσεις εὐλόγους
τῆς τιμωρίας λαβόντες, ἐστράτευσαν ἐπὶ τὸν ᾿Ορχομενόν·
κατασχόντες δὲ τὴν πόλιν τοὺς μὲν ἄνδρας ἀπέκτειναν, τέκνα δὲ καὶ
γυναῖκας ἐξηνδραποδίσαντο.
| [15,79] Le peuple ordonna par un décret que l'on construisît incessamment cent
galères à trois rangs de rames et un arsenal composé d'autant de loges pour les
recevoir ; on fit même proposer aux insulaires de Rhodes et de Chio, et aux
citoyens de Byzance de prendre part à cette entreprise. Épaminondas député
lui-même à ces villes, rencontra Lachès à la tête d'une flotte athénienne qui était
considérable et qu'on envoyait pour s'opposer aux tentatives des Thébains. La
rencontre d'Épaminondas mit Lachès en crainte et l'obligea de se retirer ; et le
Thébain, ayant poursuivi sa route attira toutes ces villes à son parti. (2) Si ce
grand homme avait vécu plus longtemps, les Thébains se seraient sans doute
acquis suivant son projet l'empire de la terre et de la mer : mais étant mort peu
de temps après à la bataille de Mantinée, non sans avoir assuré à sa patrie une
victoire glorieuse, il sembla avait emporté avec lui dans le tombeau toute la
fortune de Thèbes, comme nous le verrons bientôt plus en détail. (3) Pour lors
les Thébains jugèrent à propos de se rendre maîtres d'Orchomène par les
raisons que nous allons dire. Quelques bannis de Thèbes voulant changer en
aristocratie le gouvernement populaire de leur patrie, engagèrent trois cents
cavaliers d'Orchomène à favoriser leur dessein. (4) Car comme ces derniers
avaient coutume de se rendre à Thèbes pour y passer en revue et pour y
prendre l'ordre, ils résolurent entre eux de profiter de cette occasion pour faire
réussir le projet qu'on leur avait communiqué. Plusieurs autres se joignirent à
eux pour l'exécution dont on leur avait marqué le jour. (5) Mais quelques-uns
d'entre eux se repentant de leur entreprise au moment qu'il fallait l'exécuter,
allèrent tout découvrir aux béotarques et leur nommant les conjurés ils tâchèrent
d'assurer leur vie par la déclaration qu'ils firent eux-mêmes de leurs complices.
Aussitôt les chefs se saisirent des cavaliers d'Orchomène et, les ayant fait
comparaître dans la place publique, le peuple les condamna tous à être égorgés
: mais de plus il ordonna qu'on réduisit à l'esclavage tous les habitants
d'Orchomène et que leur ville fut rasée. Les Thébains les haïssaient de longue
main parce que dans les temps héroïques, ils payaient aux Minyens, dont
Orchomène était la capitale, un tribut dont ils ne furent délivrés que par Hercule.
(6) Jugeant donc que le temps de leur vengeance était venu et croyant en avoir
un prétexte légitime, ils allèrent assiéger cette ville. Après en avoir fait mourir
tous les citoyens capables de porter les armes, ils réduisirent à l'esclavage les
enfants et toutes les femmes.
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