[4,1290a] κἂν εἴ τι δὴ τοιοῦτον ἕτερον εἴρηται πόλεως εἶναι μέρος
ἐν τοῖς περὶ τὴν ἀριστοκρατίαν· ἐκεῖ γὰρ διείλομεν ἐκ πόσων μερῶν
ἀναγκαίων ἐστὶ πᾶσα πόλις· τούτων γὰρ τῶν μερῶν ὁτὲ μὲν πάντα
μετέχει τῆς πολιτείας ὁτὲ δ' ἐλάττω ὁτὲ δὲ πλείω.
§ 3. Φανερὸν τοίνυν ὅτι πλείους ἀναγκαῖον εἶναι πολιτείας, εἴδει
διαφερούσας ἀλλήλων· καὶ γὰρ ταῦτ' εἴδει διαφέρει τὰ μέρη σφῶν
αὐτῶν. Πολιτεία μὲν γὰρ ἡ τῶν ἀρχῶν τάξις ἐστί, ταύτας δὲ διανέμονται
πάντες ἢ κατὰ τὴν δύναμιν τῶν μετεχόντων ἢ κατά τιν' αὐτῶν ἰσότητα
κοινήν, λέγω δ' οἷον τῶν ἀπόρων ἢ τῶν εὐπόρων ἢ κοινήν τιν' ἀμφοῖν.
Ἀναγκαῖον ἄρα πολιτείας εἶναι τοσαύτας ὅσαι περ τάξεις κατὰ τὰς
ὑπεροχάς εἰσι καὶ κατὰ τὰς διαφορὰς τῶν μορίων.
§ 4. Μάλιστα δὲ δοκοῦσιν εἶναι δύο, καθάπερ ἐπὶ τῶν πνευμάτων
λέγεται τὰ μὲν βόρεια τὰ δὲ νότια, τὰ δ' ἄλλα τούτων παρεκβάσεις, οὕτω
καὶ τῶν πολιτειῶν δύο, δῆμος καὶ ὀλιγαρχία. Τὴν γὰρ ἀριστοκρατίαν τῆς
ὀλιγαρχίας εἶδος τιθέασιν ὡς οὖσαν ὀλιγαρχίαν τινά, καὶ τὴν
καλουμένην πολιτείαν δημοκρατίαν, ὥσπερ ἐν τοῖς πνεύμασι τὸν μὲν
ζέφυρον τοῦ βορέου, τοῦ δὲ νότου τὸν εὖρον. Ὁμοίως δ' ἔχει καὶ περὶ
τὰς ἁρμονίας, ὥς φασί τινες· καὶ γὰρ ἐκεῖ τίθενται εἴδη δύο, τὴν δωριστὶ
καὶ τὴν φρυγιστί, τὰ δ' ἄλλα συντάγματα τὰ μὲν Δώρια τὰ δὲ Φρύγια
καλοῦσιν.
§ 5. Μάλιστα μὲν οὖν εἰώθασιν οὕτως ὑπολαμβάνειν περὶ τῶν
πολιτειῶν· ἀληθέστερον δὲ καὶ βέλτιον ὡς ἡμεῖς διείλομεν, δυοῖν ἢ μιᾶς
οὔσης τῆς καλῶς συνεστηκυίας τὰς ἄλλας εἶναι παρεκβάσεις, τὰς μὲν
τῆς εὖ κεκραμένης ἁρμονίασσ τὰς δὲ τῆς ἀρίστης πολιτείας, ὀλιγαρχικὰς
μὲν τὰς συντονωτέρας καὶ δεσποτικωτέρας, τὰς δ' ἀνειμένας καὶ
μαλακὰς δημοτικάς.
§ 6. Οὐ δεῖ δὲ τιθέναι δημοκρατίαν, καθάπερ εἰώθασί τινες νῦν, ἁπλῶς
οὕτως, ὅπου κύριον τὸ πλῆθος ςκαὶ γὰρ ἐν ταῖς ὀλιγαρχίαις καὶ
πανταχοῦ τὸ πλέον μέρος κύριονν, οὐδ' ὀλιγαρχίαν, ὅπου κύριοι ὀλίγοι
τῆς πολιτείας. Εἰ γὰρ εἴησαν οἱ πάντες χίλιοι καὶ τριακόσιοι, καὶ τούτων
οἱ χίλιοι πλούσιοι, καὶ μὴ μεταδιδοῖεν ἀρχῆς τοῖς τριακοσίοις καὶ πένησιν
ἐλευθέροις οὖσι καὶ τἆλλα ὁμοίοις, οὐθεὶς ἂν φαίη δημοκρατεῖσθαι
τούτους· ὁμοίως δὲ καὶ εἰ πένητες ὀλίγοι μὲν εἶεν, κρείττους δὲ τῶν
εὐπόρων πλειόνων ὄντων, οὐδεὶς ἂν ὀλιγαρχίαν προσαγορεύσειεν
οὐδὲ τὴν τοιαύτην, εἰ τοῖς ἄλλοις οὖσι πλουσίοις μὴ μετείη τῶν τιμῶν.
| [4,1290a] et de tant d'autres avantages, indiqués par nous quand nous
avons traité de l'aristocratie, et compté les éléments indispensables de tout État.
Or, ces éléments de l'État peuvent prendre part au pouvoir, soit dans leur
universalité, soit en nombre plus ou moins grand.
§ 3. Il s'ensuit évidemment que les espèces de constitutions doivent être, de toute
nécessité, aussi diverses que ces parties mêmes le sont entre elles, suivant leurs
espèces différentes. La constitution n'est pas autre chose que la répartition
régulière du pouvoir, qui se divise toujours entre les associés, soit en raison de
leur importance particulière, soit d'après un certain principe d'égalité commune;
c'est-à-dire qu'on peut faire une part aux riches, et une autre aux pauvres, ou leur
donner des droits communs. Ainsi, les constitutions seront nécessairement aussi
nombreuses que le sont les combinaisons de supériorité et de différence entre les
parties de l'État.
§ 4. Il semble qu'on pourrait reconnaître deux espèces principales dans ces parties,
de même qu'on reconnaît deux sortes principales de vents : ceux du nord et ceux
du midi, dont les autres ne sont que des dérivations. En politique, ce serait la
démocratie et l'oligarchie; car on suppose que l'aristocratie n'est qu'une forme de
l'oligarchie, avec laquelle elle se confond, comme ce qu'on nomme république
n'est qu'une forme de la démocratie, de même que parmi les vents, le vent d'ouest
dérive du vent du nord; le vent d'est, du vent du midi. Des auteurs ont même
poussé la comparaison plus loin. Dans l'harmonie, disent-ils, on ne reconnaît que
deux modes fondamentaux, le dorien et le phrygien; et dans ce système, toutes les
autres combinaisons se rapportent alors à l'un ou à l'autre de ces deux modes.
§ 5. Nous laisserons de côté ces divisions arbitraires des gouvernements qu'on
adopte trop souvent, préférant celle que nous en avons donnée nous-même,
comme plus vraie et plus exacte. Pour nous, il n'y a que deux constitutions, ou
même une seule constitution bien combinée, dont toutes les autres dérivent en
dégénérant. Si tous les modes, en musique, dérivent d'un mode parfait
d'harmonie, toutes les constitutions dérivent de la constitution modèle;
oligarchiques, si le pouvoir y est plus concentré et plus despotique;
démocratiques, si les ressorts en sont plus relâchés et plus doux.
§ 6. C'est une erreur grave, quoique fort commune, de faire reposer exclusivement
la démocratie sur la souveraineté du nombre; car, dans les oligarchies aussi, et l'on
peut même dire partout, la majorité est toujours souveraine. D'un autre côté,
l'oligarchie ne consiste pas davantage dans la souveraineté de la minorité.
Supposons un État composé de treize cents citoyens, et parmi eux que les riches,
au nombre de mille, dépouillent de tout pouvoir politique les trois cents autres,
qui, quoique pauvres, sont libres cependant aussi bien qu'eux, et leurs égaux à
tous autres égards que la richesse; dans cette hypothèse, pourra-t-on dire que
l'État est démocratique? Et de même, si les pauvres en minorité sont politiquement
au-dessus des riches, bien que ces derniers soient plus nombreux, on ne pourra
pas dire davantage que c'est là une oligarchie, si les autres citoyens, les riches, sont
écartés du gouvernement.
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