HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Éthique à Nicomaque, livre VII

Page 1149

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[7,1149] Τὸ μὲν οὖν ἔχειν ἕκαστα τούτων (1149a) (1) ἔξω τῶν ὅρων ἐστὶ τῆς κακίας, καθάπερ καὶ θηριότης· τὸν δ' ἔχοντα κρατεῖν κρατεῖσθαι οὐχ ἁπλῆ ἀκρασία ἀλλ' καθ' ὁμοιότητα, καθάπερ καὶ τὸν περὶ τοὺς θυμοὺς ἔχοντα τοῦτον τὸν τρόπον τοῦ πάθους, ἀκρατῆ δ' οὐ λεκτέον. Πᾶσα (5) γὰρ ὑπερβάλλουσα καὶ ἀφροσύνη καὶ δειλία καὶ ἀκολασία καὶ χαλεπότης αἳ μὲν θηριώδεις αἳ δὲ νοσηματώδεις εἰσίν· μὲν γὰρ φύσει τοιοῦτος οἷος δεδιέναι πάντα, κἂν ψοφήσῃ μῦς, θηριώδη δειλίαν δειλός, δὲ τὴν γαλῆν ἐδεδίει διὰ νόσον· καὶ τῶν ἀφρόνων οἱ μὲν ἐκ φύσεως ἀλόγιστοι (10) καὶ μόνον τῇ αἰσθήσει ζῶντες θηριώδεις, ὥσπερ ἔνια γένη τῶν πόρρω βαρβάρων, οἱ δὲ διὰ νόσους, οἷον τὰς ἐπιληπτικάς, μανίας νοσηματώδεις. Τούτων δ' ἔστι μὲν ἔχειν τινὰ ἐνίοτε μὲν μόνον, μὴ κρατεῖσθαι δέ, λέγω δὲ οἷον εἰ Φάλαρις κατεῖχεν ἐπιθυμῶν παιδίου φαγεῖν πρὸς ἀφροδισίων (15) ἄτοπον ἡδονήν· ἔστι δὲ καὶ κρατεῖσθαι, μὴ μόνον ἔχειν· ὥσπερ οὖν καὶ μοχθηρίας μὲν κατ' ἄνθρωπον ἁπλῶς λέγεται μοχθηρία, δὲ κατὰ πρόσθεσιν, ὅτι θηριώδης νοσηματώδης, ἁπλῶς δ' οὔ, τὸν αὐτὸν τρόπον δῆλον ὅτι καὶ ἀκρασία ἐστὶν μὲν θηριώδης δὲ νοσηματώδης, ἁπλῶς (20) δὲ κατὰ τὴν ἀνθρωπίνην ἀκολασίαν μόνη. Ὅτι μὲν οὖν ἀκρασία καὶ ἐγκράτειά ἐστι μόνον περὶ ἅπερ ἀκολασία καὶ σωφροσύνη, καὶ ὅτι περὶ τὰ ἄλλα ἐστὶν ἄλλο εἶδος ἀκρασίας, λεγόμενον κατὰ μεταφορὰν καὶ οὐχ ἁπλῶς, δῆλον. VI. Ὅτι δὲ καὶ ἧττον αἰσχρὰ ἀκρασία (25) τοῦ θυμοῦ τῶν ἐπιθυμιῶν, θεωρήσωμεν. Ἔοικε γὰρ θυμὸς ἀκούειν μέν τι τοῦ λόγου, παρακούειν δέ, καθάπερ οἱ ταχεῖς τῶν διακόνων, οἳ πρὶν ἀκοῦσαι πᾶν τὸ λεγόμενον ἐκθέουσιν, εἶτα ἁμαρτάνουσι τῆς προστάξεως, καὶ οἱ κύνες, πρὶν σκέψασθαι εἰ φίλος, ἂν μόνον ψοφήσῃ, ὑλακτοῦσιν· οὕτως (30) θυμὸς διὰ θερμότητα καὶ ταχυτῆτα τῆς φύσεως ἀκούσας μέν, οὐκ ἐπίταγμα δ' ἀκούσας, ὁρμᾷ πρὸς τὴν τιμωρίαν. μὲν γὰρ λόγος φαντασία ὅτι ὕβρις ὀλιγωρία ἐδήλωσεν, δ' ὥσπερ συλλογισάμενος ὅτι δεῖ τῷ τοιούτῳ πολεμεῖν χαλεπαίνει δὴ εὐθύς· δ' ἐπιθυμία, ἐὰν (35) μόνον εἴπῃ ὅτι ἡδὺ λόγος αἴσθησις, ὁρμᾷ πρὸς τὴν ἀπόλαυσιν. (1149b) (1) Ὥσθ' μὲν θυμὸς ἀκολουθεῖ τῷ λόγῳ πως, δ' ἐπιθυμία οὔ. Αἰσχίων οὖν· μὲν γὰρ τοῦ θυμοῦ ἀκρατὴς τοῦ λόγου πως ἡττᾶται, δὲ τῆς ἐπιθυμίας καὶ οὐ τοῦ λόγου. Ἔτι ταῖς φυσικαῖς μᾶλλον συγγνώμη ἀκολουθεῖν ὀρέξεσιν, (5) ἐπεὶ καὶ ἐπιθυμίαις ταῖς τοιαύταις μᾶλλον ὅσαι κοιναὶ πᾶσι, καὶ ἐφ' ὅσον κοιναί· δὲ θυμὸς φυσικώτερον καὶ χαλεπότης τῶν ἐπιθυμιῶν τῶν τῆς ὑπερβολῆς καὶ τῶν μὴ ἀναγκαίων, ὥσπερ ἀπολογούμενος ὅτι τὸν πατέρα τύπτοι « Καὶ γὰρ οὗτος, ἔφη, τὸν ἑαυτοῦ κἀκεῖνος τὸν ἄνωθεν,» (10) καὶ τὸ παιδίον δείξας « Καὶ οὗτος ἐμέ, ἔφη, ὅταν ἀνὴρ γένηται· συγγενὲς γὰρ ἡμῖν·» καὶ ἑλκόμενος ὑπὸ τοῦ υἱοῦ παύεσθαι ἐκέλευε πρὸς ταῖς θύραις· καὶ γὰρ αὐτὸς ἑλκύσαι τὸν πατέρα μέχρις ἐνταῦθα. Ἔτι ἀδικώτεροι οἱ ἐπιβουλότεροι. μὲν οὖν θυμώδης οὐκ ἐπίβουλος, οὐδ' θυμός, (15) ἀλλὰ φανερός· δ' ἐπιθυμία, καθάπερ τὴν Ἀφροδίτην φασίν· « Δολοπλόκου γὰρ κυπρογενοῦς· » καὶ τὸν κεστὸν ἱμάντα Ὅμηρος· « Πάρφασις, τ' ἔκλεψε νόον πύκα περ φρονέοντος. » Ὥστ' εἴπερ ἀδικωτέρα καὶ αἰσχίων ἀκρασία αὕτη τῆς περὶ τὸν θυμόν ἐστι, καὶ ἁπλῶς ἀκρασία καὶ (20) κακία πως. Ἔτι οὐδεὶς ὑβρίζει λυπούμενος, δ' ὀργῇ ποιῶν πᾶς ποιεῖ λυπούμενος, δ' ὑβρίζων μεθ' ἡδονῆς. Εἰ οὖν οἷς ὀργίζεσθαι μάλιστα δίκαιον, ταῦτα ἀδικώτερα, καὶ ἀκρασία δι' ἐπιθυμίαν· οὐ γάρ ἐστιν ἐν θυμῷ ὕβρις. Ὡς μὲν τοίνυν αἰσχίων περὶ ἐπιθυμίας ἀκρασία τῆς περὶ τὸν θυμόν, (25) καὶ ὅτι ἔστιν ἐγκράτεια καὶ ἀκρασία περὶ ἐπιθυμίας καὶ ἡδονὰς σωματικάς, δῆλον· αὐτῶν δὲ τούτων τὰς διαφορὰς ληπτέον. Ὥσπερ γὰρ εἴρηται κατ' ἀρχάς, αἳ μὲν ἀνθρώπιναί εἰσι καὶ φυσικαὶ καὶ τῷ γένει καὶ τῷ μεγέθει, αἳ δὲ θηριώδεις, αἳ δὲ διὰ πηρώσεις καὶ νοσήματα. (30) Τούτων δὲ περὶ τὰς πρώτας σωφροσύνη καὶ ἀκολασία μόνον ἐστίν· διὸ καὶ τὰ θηρία οὔτε σώφρονα οὔτ' ἀκόλαστα λέγομεν ἀλλ' κατὰ μεταφορὰν καὶ εἴ τινι ὅλως ἄλλο πρὸς ἄλλο διαφέρει γένος τῶν ζῴων ὕβρει καὶ σιναμωρίᾳ καὶ τῷ παμφάγον εἶναι· οὐ γὰρ ἔχει προαίρεσιν (35) οὐδὲ λογισμόν, ἀλλ' ἐξέστηκε τῆς φύσεως, ὥσπερ οἱ μαινόμενοι τῶν ἀνθρώπων. [7,1149] Cependant, s'abandonner à ces travers, (1149a) sans aucun frein, est d'une perversité odieuse, comme la férocité même : mais les surmonter, ou s'en laisser vaincre, quand on les a, ne peut s'appeler tempérance ou intempérance que par analogie, et non dans un sens absolu, comme en parlant d'un homme qui est dans ce cas à l'égard de la colère, on peut dire qu'il est intempérant de la colère (c'est à-dire, incapable de la surmonter), mais non pas simplement qu'il est intempérant. Car tout ce qui va dans l'excès en fait de vices, soit imprudence, soit lâcheté, soit débauche, soit dureté ou inhumanité, appartient ou à des affections brutales, ou à des affections maladives. En effet, celui qui est naturellement craintif, au point de s'effrayer du bruit que fait une souris, montre une lâcheté qui tient de la bête plus que de l'homme. Mais la crainte de cet homme qui (dit-on) avait peur des belettes, était en lui l'effet d'une maladie. Parmi les gens qui sont tout-à-fait déraisonnables, il y en a qui, par nature, sont incapables de suivre un raisonnement, et qui ne se dirigent que d'après les impressions faites sur leurs sens; ceux-là sont réduits à l'instinct purement animal, comme certains peuples qui habitent les pays lointains: mais chez d'autres, c'est l'effet des maladies, telles que l'épilepsie, ou la folie. Cependant, il peut arriver que quelqu'un de ces êtres dégradés ait de tels vices, mais ne s'en laisse pas toujours dominer : par exemple, si un Phalaris résiste à la fureur qu'il a d'égorger un jeune enfant et de le manger, ou au désir d'en abuser pour ses infâmes voluptés. Enfin, il est possible qu'il ait de ces désirs forcenés, et qu'il y cède. De même donc qu'il y a des vices qui n'excèdent pas les limites de la dépravation humaine, et qu'on appelle simplement des vices, tandis qu'il y en a d'autres qu'on ne peut appeler ainsi qu'en y ajoutant qu'ils sont l'indice d'une nature brutale, ou d'une constitution maladive : ainsi l'on voit clairement qu'il y a une intempérance brutale, ou résultant de la maladie, et qu'on ne doit appeler simplement intempérance, que celle qui n'a rien de contraire à la nature humaine. Il est donc évident que l'intempérance et la tempérance sont relatives aux mêmes objets que la débauche et la sobriété; et que, quand on applique ces mots à d'autres choses et à une autre espèce d'intempérance, on leur donne alors un sens métaphorique, et non pas simple ou absolu. VI. Faisons voir maintenant qu'il y a moins de honte à céder à la colère qu'à ne pas maîtriser ses désirs. En effet, elle semble, jusqu'à un certain point, capable d'entendre la raison; mais elle l'entend mal : comme ces serviteurs empressés, qui se mettent à courir avant d'avoir entendu tout ce qu'on veut leur dire, et qui ensuite exécutent mal l'ordre qu'on leur donne ; ou comme les chiens qui aboient au premier coup qu'on frappe à la porte, avant de reconnaître si celui qui frappe est un ami de la maison. Ainsi, l'homme colère, cédant à sa chaleur et à son impétuosité naturelles, avant d'avoir entendu l'ordre qu'il reçoit, court à la vengeance. Car sa raison, ou son imagination, lui fait reconnaître qu'il y a outrage, ou signe de mépris, et aussitôt, comme s'il avait conclu légitimement qu'il faut se battre contre l'auteur de l'outrage, le voilà plein de fureur. Mais le désir, pour peu que la raison ou les sens lui fassent connaître une chose comme propre à donner du plaisir, se précipite, en quelque sorte, vers la jouissance : (1149b) de sorte que la colère suit au moins la raison jusqu'à un certain point, mais le désir ne la suit en rien. Il est donc plus méprisable : car celui qui cède à la colère reste, à quelques égards, au-dessous de la raison ; mais celui qui cède à ses désirs ne la considère en rien. D'ailleurs, on est plus pardonnable de céder aux désirs naturels, ou, entre ceux-ci, à ceux qui sont plus généralement le partage de l'homme, et autant qu'ils sont communs à la nature humaine; or, la colère, même portée à un certain degré de violence, est plus naturelle que les désirs violents et qui ne sont pas des nécessités. C'est ce qu'alléguait, pour sa défense, cet homme à qui on reprochait de battre son père : « Lui-même, répondit-il, a aussi battu le sien, lequel en avait agi de même avec son propre père ; et montrant son enfant en bas âge : « Celui-ci, ajouta-t-il, me traitera de la même manière, quand il sera devenu homme; car c'est chez nous une habitude de famille. » Et cet autre qui se voyait traîné par son fils, lui ordonna de s'arrêter quand il serait sur le seuil de la porte, attendu que lui-même n'avait traîné son père que jusque-là. D'un autre côté, il y a plus d'injustice dans ceux qui cachent plus leurs desseins. Or, l'homme violent et colère n'est pas dissimulé, sa passion se montre à découvert; au lieu qu'on peut dire du désir ce qu'un poète dit de Vénus, «de la déesse de Chypre, habile à ourdir des trames perfides», et ce que dit Homère en décrivant « cette ceinture, tissu merveilleux qui inspire un langage flatteur et tendre, capable de séduire même l'homme d'une a prudence consommée. » Tellement que, si cette sorte d'intempérance est plus injuste et plus honteuse que celle qui se rapporte à la colère, ce sera celle-là qu'on devra appeler proprement intempérance, et, pour ainsi dire, vice, dans un sens absolu. Ajoutons, enfin, que personne n'éprouve un sentiment de peine, en se livrant à l'incontinence; mais tout homme qui agit avec colère est, par cela même, péniblement affecté, tandis que l'incontinence est accompagnée de volupté. Si donc les circonstances où la colère est le plus légitime, sont celles où l'injustice est plus grande, l'intempérance qui est l'effet du désir, doit être aussi plus injuste : car l'intention d'outrager n'est pas la cause de la colère. L'on voit donc clairement que l'intempérance dans les désirs est plus honteuse que l'intempérance dans la colère; et que la tempérance et l'intempérance proprement dites sont relatives aux désirs et aux plaisirs des sens. Mais il est bon de constater les différences qui s'y trouvent; car, comme on l'a dit en commençant, il y a de ces plaisirs qui, par leur espèce et leur degré, sont propres à la nature humaine : il y en a d'autres qui n'appartiennent qu'à la nature animale, ou qui n'ont lieu que par l'effet d'un désordre dans l'organisation, ou d'un état maladif. Or, c'est aux premiers que se rapportent la sobriété et l'intempérance. Voilà pourquoi nous ne disons point, en parlant des animaux, qu'ils sont tempérants ou intempérants, si ce n'est par métaphore, ou pour marquer quelque différence notable entre une espèce d'animaux et une autre, sous le rapport de l'incontinence, de la lasciveté, ou de la voracité : car il n'y a en eux ni délibération, ni raisonnement, mais quelquefois aberration de l'instinct naturel, comme chez les hommes en démence.


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Dernière mise à jour : 29/05/2008