HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Éthique à Nicomaque, livre VII

Page 1148

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[7,1148] (1148a) (1) ἐκείνῳ γὰρ κοινὸς λόγος τοῦ ἰδίου μικρὸν διέφερεν, ἀλλ' ὅμως ἕτερος ἦν. Σημεῖον δέ· μὲν γὰρ ἀκρασία ψέγεται οὐχ ὡς ἁμαρτία μόνον ἀλλὰ καὶ ὡς κακία τις ἁπλῶς οὖσα κατά τι μέρος, τούτων δ' οὐδείς. Τῶν δὲ (5) περὶ τὰς σωματικὰς ἀπολαύσεις, περὶ ἃς λέγομεν τὸν σώφρονα καὶ ἀκόλαστον, μὴ τῷ προαιρεῖσθαι τῶν ἡδέων διώκων τὰς ὑπερβολάς - καὶ τῶν λυπηρῶν φεύγων, πείνης καὶ δίψης καὶ ἀλέας καὶ ψύχους καὶ πάντων τῶν περὶ ἁφὴν καὶ γεῦσιν - ἀλλὰ παρὰ τὴν προαίρεσιν καὶ τὴν (10) διάνοιαν, ἀκρατὴς λέγεται, οὐ κατὰ πρόσθεσιν, ὅτι περὶ τάδε, καθάπερ ὀργῆς, ἀλλ' ἁπλῶς μόνον. Σημεῖον δέ· καὶ γὰρ μαλακοὶ λέγονται περὶ ταύτας, περὶ ἐκείνων δ' οὐδεμίαν. Καὶ διὰ τοῦτ' εἰς ταὐτὸ τὸν ἀκρατῆ καὶ τὸν ἀκόλαστον τίθεμεν καὶ ἐγκρατῆ καὶ σώφρονα, ἀλλ' οὐκ ἐκείνων (15) οὐδένα, διὰ τὸ περὶ τὰς αὐτάς πως ἡδονὰς καὶ λύπας εἶναι· οἳ δ' εἰσὶ μὲν περὶ ταὐτά, ἀλλ' οὐχ ὡσαύτως εἰσίν, ἀλλ' οἳ μὲν προαιροῦνται οἳ δ' οὐ προαιροῦνται. Διὸ μᾶλλον ἀκόλαστον ἂν εἴποιμεν ὅστις μὴ ἐπιθυμῶν ἠρέμα διώκει τὰς ὑπερβολὰς καὶ φεύγει μετρίας λύπας, τοῦτον ὅστις διὰ (20) τὸ ἐπιθυμεῖν σφόδρα· τί γὰρ ἂν ἐκεῖνος ποιήσειεν, εἰ προσγένοιτο ἐπιθυμία νεανικὴ καὶ περὶ τὰς τῶν ἀναγκαίων ἐνδείας λύπη ἰσχυρά; Ἐπεὶ δὲ τῶν ἐπιθυμιῶν καὶ τῶν ἡδονῶν αἳ μέν εἰσι τῷ γένει καλῶν καὶ σπουδαίων (τῶν γὰρ ἡδέων ἔνια φύσει αἱρετά), τὰ δ' ἐναντία τούτων, τὰ δὲ (25) μεταξύ, καθάπερ διείλομεν πρότερον, οἷον χρήματα καὶ κέρδος καὶ νίκη καὶ τιμή· πρὸς ἅπαντα δὲ καὶ τὰ τοιαῦτα καὶ τὰ μεταξὺ οὐ τῷ πάσχειν καὶ ἐπιθυμεῖν καὶ φιλεῖν ψέγονται, ἀλλὰ τῷ πῶς καὶ ὑπερβάλλειν (διὸ ὅσοι μὲν παρὰ τὸν λόγον κρατοῦνται διώκουσι τῶν φύσει τι καλῶν (30) καὶ ἀγαθῶν, οἷον οἱ περὶ τιμὴν μᾶλλον δεῖ σπουδάζοντες περὶ τέκνα καὶ γονεῖς· καὶ γὰρ ταῦτα τῶν ἀγαθῶν, καὶ ἐπαινοῦνται οἱ περὶ ταῦτα σπουδάζοντες· ἀλλ' ὅμως ἔστι τις ὑπερβολὴ καὶ ἐν τούτοις, εἴ τις ὥσπερ Νιόβη μάχοιτο καὶ πρὸς τοὺς θεούς, ὥσπερ Σάτυρος (1148b) (1) φιλοπάτωρ ἐπικαλούμενος περὶ τὸν πατέρα· λίαν γὰρ ἐδόκει μωραίνεινμοχθηρία μὲν οὖν οὐδεμία περὶ ταῦτ' ἐστὶ διὰ τὸ εἰρημένον, ὅτι φύσει τῶν αἱρετῶν ἕκαστόν ἐστι δι' αὑτό, φαῦλαι δὲ καὶ φευκταὶ αὐτῶν εἰσὶν αἱ ὑπερβολαί. Ὁμοίως (5) δ' οὐδ' ἀκρασία· γὰρ ἀκρασία οὐ μόνον φευκτὸν ἀλλὰ καὶ τῶν ψεκτῶν ἐστίν· δι' ὁμοιότητα δὲ τοῦ πάθους προσεπιτιθέντες τὴν ἀκρασίαν περὶ ἕκαστον λέγουσιν, οἷον κακὸν ἰατρὸν καὶ κακὸν ὑποκριτήν, ὃν ἁπλῶς οὐκ ἂν εἴποιεν κακόν. Ὥσπερ οὖν οὐδ' ἐνταῦθα, διὰ τὸ μὴ κακίαν εἶναι (10) ἑκάστην αὐτῶν ἀλλὰ τῷ ἀνάλογον ὁμοίαν, οὕτω δῆλον ὅτι κἀκεῖ ὑποληπτέον μόνην ἀκρασίαν καὶ ἐγκράτειαν εἶναι ἥτις ἐστὶ περὶ ταὐτὰ τῇ σωφροσύνῃ καὶ ἀκολασίᾳ, περὶ δὲ θυμοῦ καθ' ὁμοιότητα λέγομεν· διὸ καὶ προστιθέντες ἀκρατῆ θυμοῦ ὥσπερ τιμῆς καὶ κέρδους φαμέν. V. (15) Ἐπεὶ δ' ἐστὶν ἔνια μὲν ἡδέα φύσει, καὶ τούτων τὰ μὲν ἁπλῶς τὰ δὲ κατὰ γένη καὶ ζῴων καὶ ἀνθρώπων, τὰ δ' οὐκ ἔστιν, ἀλλὰ τὰ μὲν διὰ πηρώσεις τὰ δὲ δι' ἔθη γίνεται, τὰ δὲ διὰ μοχθηρὰς φύσεις, ἔστι καὶ περὶ τούτων ἕκαστα παραπλησίας ἰδεῖν ἕξεις· λέγω δὲ τὰς θηριώδεις, (20) οἷον τὴν ἄνθρωπον ἣν λέγουσι τὰς κυούσας ἀνασχίζουσαν τὰ παιδία κατεσθίειν, οἵοις χαίρειν φασὶν ἐνίους τῶν ἀπηγριωμένων περὶ τὸν Πόντον, τοὺς μὲν ὠμοῖς τοὺς δὲ ἀνθρώπων κρέασιν, τοὺς δὲ τὰ παιδία δανείζειν ἀλλήλοις εἰς εὐωχίαν, τὸ περὶ Φάλαριν λεγόμενον. Αὗται μὲν θηριώδεις, (25) αἳ δὲ διὰ νόσους γίνονται (καὶ διὰ μανίαν ἐνίοις, ὥσπερ τὴν μητέρα καθιερεύσας καὶ φαγών, καὶ τοῦ συνδούλου τὸ ἧπαρ) αἳ δὲ νοσηματώδεις ἐξ ἔθους, οἷον τριχῶν τίλσεις καὶ ὀνύχων τρώξεις, ἔτι δ' ἀνθράκων καὶ γῆς, πρὸς δὲ τούτοις τῶν ἀφροδισίων τοῖς ἄρρεσιν· τοῖς μὲν γὰρ φύσει (30) τοῖς δ' ἐξ ἔθους συμβαίνουσιν, οἷον τοῖς ὑβριζομένοις ἐκ παίδων. Ὅσοις μὲν οὖν φύσις αἰτία, τούτους μὲν οὐδεὶς ἂν εἴπειεν ἀκρατεῖς, ὥσπερ οὐδὲ τὰς γυναῖκας, ὅτι οὐκ ὀπύουσιν ἀλλ' ὀπύονται· ὡσαύτως δὲ καὶ ὅσοι νοσηματώδως ἔχουσι δι' ἔθος. [7,1148] (1148a) car la définition commune de l'espèce ne différait, pour lui, que très peu du nom propre, et pourtant ce n'était pas la même. La preuve de ce qu'on avance ici, c'est que l'on blâme l'intempérance, non seulement comme une erreur, ou comme une faute passagère, mais comme un vice, ou absolument parlant, ou relatif à quelque chose de particulier; mais aucun de ceux dont j'ai parlé ne peut être blâmé de la même manière. A l'égard des plaisirs des sens, à l'occasion desquels on dit qu'un homme est tempérant ou intempérant, celui qui recherche avidement les choses agréables, et qui fuit les sensations pénibles, comme la faim, la soif, le chaud et le froid, et, en général, tout ce qui affecte les sens du toucher et du goût; celui, dis-je, qui les fuit ou les recherche, non pas par choix, mais contre son intention, est appelé simplement et absolument intempérant, sans qu'il soit besoin d'ajouter que c'est par rapport à telle ou telle chose, comme on le fait dans le cas de la colère. La preuve, c'est qu'on se sert aussi du mot débauche, pour exprimer cette sorte d'intempérance, et non pour celle qui se rapporte à quelqu'un des autres plaisirs (17). Et voilà pourquoi on peut dire d'un même homme, à l'occasion des plaisirs des sens, qu'il est débauché et intempérant, ou qu'il est sobre et tempérant; mais on ne se servira pas indifféremment de ces expressions dans l'autre cas, parce que, dans le premier, il est question de plaisirs et de peines du même genre. Au reste, si l'on est occupé des mêmes sentiments, on ne l'est pas toujours de la même manière. Chez les uns, ils sont l'effet d'un choix, d'une préférence, et non chez les autres. C'est pourquoi nous regardons comme plus débauché celui qui, sans désirs, ou, au moins, n'ayant que des désirs modérés, se livre à des excès, ou fuit les peines médiocres, que celui qui y est excité par de violents désirs ; car, que ne ferait pas le premier, si ses désirs avaient cette impétuosité, ou s'il était assiégé des plus pressants besoins? Cependant, comme entre les désirs et les plaisir, il y en a qui sont naturellement honnêtes et vertueux (car on peut distinguer, dans les choses agréables, celles qui sont naturellement désirables de celles qui sont, au contraire, un juste sujet de mépris et d'aversion, et de celles qui sont, pour ainsi dire, intermédiaires entre les unes et les autre, comme nous l'avons remarqué précédemment : tels sont la victoire, le profit, l'honneur ). Or, on n'est pas blâmable pour aimer toutes ces choses, et celles qui ne sont ni désirables, ni odieuses, ni pour les désirer et y trouver quelque satisfaction; mais on l'est par la manière dont on en est touché, et pour les désirer à l'excès. Aussi blâme-t-on tous ceux qui, sans écouter la raison, recherchent avec une ardeur extrême quelqu'une de ces choses naturellement désirables et estimables, comme les honneurs, et qui y attachent plus d'importance qu'il ne faut. L'affection d'un père pour ses enfants, et la tendresse filiale sont même dans ce cas : car sans doute ce sont là des biens, et on loue ceux qui en sont touchés. Il peut, cependant, y avoir de l'excès dans de pareils sentiments, si, comme Niobé, on les porte jusqu'à manquer de respect pour les dieux, ou si, à l'exemple de Satyrus, (1148b) qui fut surnommé Philopator, on porte jusqu'à l'extravagance (18) la tendresse pour un père. Il n'y a pourtant là ni vice, ni perversité, par la raison que nous avons dite, parce que chacune de ces choses est en elle-même et naturellement un bien désirable; mais c'est l'excès qui y est répréhensible, et qu'il y faut éviter. Ce n'est pas non plus intempérance ou débauche : car non seulement la débauche est une chose qu'on doit fuir, elle est même très blâmable; mais on y applique le terme d'intempérance, en ajoutant en quoi, ou dans quel genre, à cause d'une certaine ressemblance dans la manière d'être affecté : comme on dit un méchant médecin, un méchant acteur, en parlant d'un homme qu'on n'appellerait pas simplement méchant. De même donc que, dans ce cas, on ne s'exprimerait pas ainsi, parce qu'en effet, il n'y a pas de méchanceté ou de perversité dans chacune de ces personnes, mais qu'on n'emploie le mot méchant que par analogie, et à cause d'une certaine ressemblance; ainsi, dans la question qui nous occupe, il est bien entendu qu'on ne se sert des mots tempérance et intempérance, qu'à l'occasion des mêmes choses auxquelles se rapportent la sobriété et la débauche et qu'on ne les emploie, au sujet de la colère, que par analogie. Voilà pourquoi on y ajoute toujours quelque autre expression, en disant intempérant (ou qui n'est pas maître) de sa colère, de sa passion pour les honneurs ou pour la richesse. V. Comme il y a des choses agréables par leur nature, et que, parmi celles-ci, il y en a qui le sont absolument et en général, d'autres qui ne plaisent qu'à certaines races d'hommes et à de certaines espèces d'animaux; d'autres, enfin, qui ne plaisent pas en elles-mêmes, mais seulement par l'effet de quelque altération des organes, à cause de la coutume, ou par une dépravation des goûts naturels: on peut observer des dispositions, ou manières d'être, appropriées jusqu'à un certain point à ces différents genres de choses. Je veux parler des habitudes de férocité, comme on le dit de cette femme qui ouvre le ventre des femmes enceintes, et dévore les petits enfants avant qu'ils soient nés ; ou de ces peuples voisins du Pont-Euxin, devenus tout-à-fait sauvages, dont les uns se plaisent à manger de la viande crue, les autres de la chair humaine, et d'autres ont coutume de se donner réciproquement leurs enfants pour en faire des festins; ou les atrocités qu'on raconte de Phalaris : telles sont les habitudes de férocité. Mais il y a des gens chez qui elles sont l'effet de la maladie, et d'autres en qui elles sont produites par quelque démence: comme celui qui sacrifia sa mère, et la dévora, et celui qui mangea le coeur de son compagnon d'esclavage. Les actions de ce genre, qu'on peut attribuer à la maladie, ou à la coutume, sont, par exemple, de s'arracher les cheveux, de se ronger les ongles, de manger du charbon ou de la terre. Ajoutons à cela l'amour entre personnes d'un même sexe, qui naît chez les uns d'une perversité naturelle, et chez d'autres d'habitudes vicieuses contractées dès l'enfance. Or, on ne peut pas appeler intempérants ceux en qui la cause de pareils égarements est naturelle, comme les goûts dépravés de certaines femmes; ou ceux à qui la coutume a fait contracter une disposition maladive.


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Dernière mise à jour : 29/05/2008