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[2,20] 20. ἀλλὰ Ἑλλῄνων μὲν τινὲς ἐπίσημοι βουλόμενοι γενέσθαι σοφίην ἔλεξαν περὶ τοῦ
ὕδατος τούτου τριφασίας ὁδούς? τῶν τὰς μὲν δύο τῶν ὁδῶν οὐδ? ἀξιῶ μνησθῆναι εἰ μὴ
ὅσον σημῆναι βουλόμενος μοῦνον? (2) τῶν ἡ ἑτέρη μὲν λέγει τοὺς ἐτησίας ἀνέμους
εἶναι αἰτίους πληθύειν τὸν ποταμόν, κωλύοντας ἐς θάλασσαν ἐκρέειν τὸν Νεῖλον.
πολλάκις δὲ ἐτησίαι μὲν οὔκων ἔπνευσαν, ὁ δὲ Νεῖλος τὠυτὸ ἐργάζεται. (3) πρὸς δέ, εἰ
ἐτησίαι αἴτιοι ἦσαν, χρῆν καὶ τοὺς ἄλλους ποταμούς, ὅσοι τοῖσι ἐτησίῃσι ἀντίοι ῥέουσι,
ὁμοίως πάσχειν καὶ κατὰ τὰ αὐτὰ τῷ Νείλῳ, καὶ μᾶλλον ἔτι τοσούτῳ ὅσῳ ἐλάσσονες
ἐόντες ἀσθενέστερα τὰ ῥεύματα παρέχονται. εἰσὶ δὲ πολλοὶ μὲν ἐν τῇ Συρίῃ ποταμοὶ
πολλοὶ δὲ ἐν τῇ Λιβύῃ, οἳ οὐδὲν τοιοῦτο πάσχουσι οἷόν τι καὶ ὁ Νεῖλος.
| [2,20] XX. Cependant il s'est trouvé des gens chez les Grecs qui, pour
se faire un nom par leur savoir, ont entrepris d'expliquer le
débordement de ce fleuve. Des trois opinions qui les ont
partagés, il y en a deux que je ne juge pas même dignes d'être
rapportées ; aussi ne ferai-je que les indiquer. Suivant la
première, ce sont les vents étésiens qui, repolissant de leur
souffle les eaux du Nil, et les empêchant de se porter à la mer,
occasionnent la crue de ce fleuve ; mais il arrive souvent que ces
vents n'ont point encore soufflé, et cependant le Nil n'en grossit
pas moins. Bien plus, si les vents étésiens étaient la cause de
l'inondation, il faudrait aussi que tous les autres fleuves dont le
cours est opposé à ces vents éprouvassent la même chose que le
Nil, et cela d'autant plus qu'ils sont plus petits et moins rapides :
or, il y a en Syrie et en Libye beaucoup de rivières qui ne sont
point sujettes à des débordements tels que ceux du Nil.
| [2,21] 21. ἡ δ? ἑτέρη ἀνεπιστημονεστέρη μὲν ἐστὶ τῆς λελεγμένης, λόγῳ δὲ εἰπεῖν
θωμασιωτέρη? ἣ λέγει ἀπὸ τοῦ Ὠκεανοῦ ῥέοντα αὐτὸν ταῦτα μηχανᾶσθαι, τὸν δὲ
Ὠκεανὸν γῆν περὶ πᾶσαν ῥέειν.
| [2,21] XXI. Le second sentiment est encore plus absurde ; mais, à dire
vrai, il a quelque chose de plus merveilleux. Selon cette opinion,
l'Océan environne toute la terre, et le Nil opère ce débordement
parce qu'il vient de l'Océan.
| [2,22] 22. ἡ δὲ τρίτη τῶν ὁδῶν πολλὸν ἐπιεικεστάτη ἐοῦσα μάλιστα ἔψευσται? λέγει γὰρ δὴ
οὐδ? αὕτη οὐδέν, φαμένη τὸν Νεῖλον ῥέειν ἀπὸ τηκομένης χιόνος? ὃς ῥέει μὲν ἐκ
Λιβύης διὰ μέσων Αἰθιόπων, ἐκδιδοῖ δὲ ἐς Αἴγυπτον. (2) κῶς ὦν δῆτα ῥέοι ἂν ἀπὸ
χιόνος, ἀπὸ τῶν θερμοτάτων ῥέων ἐς τὰ ψυχρότερα τὰ πολλά ἐστι; ἀνδρί γε
λογίζεσθαι τοιούτων πέρι οἵῳ τε ἐόντι, ὡς οὐδὲ οἰκὸς ἀπὸ χιόνος μιν ῥέειν, πρῶτον
μὲν καὶ μέγιστον μαρτύριον οἱ ἄνεμοι παρέχονται πνέοντες ἀπὸ τῶν χωρέων τουτέων
θερμοί? (3) δεύτερον δὲ ὅτι ἄνομβρος ἡ χώρη καὶ ἀκρύσταλλος διατελέει ἐοῦσα, ἐπὶ δὲ
χιόνι πεσούσῃ πᾶσα ἀνάγκη ἐστὶ ὗσαι ἐν πέντε ἡμέρῃσι, ὥστε, εἰ ἐχιόνιζε, ὕετο ἂν
ταῦτα τὰ χωρία? τρίτα δὲ οἱ ἄνθρωποι ὑπὸ τοῦ καύματος μέλανες ἐόντες. (4) ἰκτῖνοι δὲ
καὶ χελιδόνες δι? ἔτεος ἐόντες οὐκ ἀπολείπουσι, γέρανοι δὲ φεύγουσαι τὸν χειμῶνα
τὸν ἐν τῇ Σκυθικῇ χώρῃ γινόμενον φοιτῶσι ἐς χειμασίην ἐς τοὺς τόπους τούτους. εἰ
τοίνυν ἐχιόνιζε καὶ ὅσον ὦν ταύτην τὴν χώρην δι? ἧς τε ῥέει καὶ ἐκ τῆς ἄρχεται ῥέων ὁ
Νεῖλος, ἦν ἂν τούτων οὐδέν, ὡς ἡ ἀνάγκη ἐλέγχει.
| [2,22] XXII. Le troisième sentiment est le plus faux, quoiqu'il ait un
beaucoup plus grand degré de vraisemblance. C'est ne rien dire,
en effet, que de prétendre que le Nil provient de la fonte des
neiges, lui qui coule de la Libye par le milieu de l'Éthiopie, et
entre de là en Égypte. Comment donc pourrait-il être formé par
la fonte des neiges, puisqu'il vient d'un climat très chaud dans un
pays qui l'est moins ? Un homme capable de raisonner sur ces
matières peut trouver ici plusieurs preuves qu'il n'est pas même
vraisemblable que les débordements du Nil dérivent de cette
cause. La première, et la plus forte, vient des vents ; ceux qui
soufflent de ce pays-là sont chauds. La seconde se tire de ce
qu'on ne voit jamais en ce pays ni pluie ni glace. S'il y neigeait, il
faudrait aussi qu'il y plût ; car c'est une nécessité absolue que,
dans un pays où il tombe de la neige, il y pleuve dans l'espace de
cinq jours. La troisième vient de ce que la chaleur y rend les
hommes noirs, de ce que les milans et les hirondelles y
demeurent toute l'année, et de ce que les grues y viennent en
hiver, peur éviter les froids de la Scythie. Si donc il neigeait,
même en petite quantité, dans le pays que traverse le Nil, ou
dans celui où il prend sa source, il est certain qu'il n'arriverait
rien de toutes ces choses, comme le prouve ce raisonnement.
| [2,23] 23. ὁ δὲ περὶ τοῦ Ὠκεανοῦ λέξας ἐς ἀφανὲς τὸν μῦθον ἀνενείκας οὐκ ἔχει ἔλεγχον?
οὐ γὰρ τινὰ ἔγωγε οἶδα ποταμὸν Ὠκεανὸν ἐόντα, Ὅμηρον δὲ ἢ τινὰ τῶν πρότερον
γενομένων ποιητέων δοκέω τὸ οὔνομα εὑρόντα ἐς ποίησιν ἐσενείκασθαι.
| [2,23] XXIII. Celui qui a attribué à l'Océan la cause du débordement du
Nil a eu recours à une fable obscure, au lieu de raisons
convaincantes ; car, pour moi, je ne connais point de fleuve
qu'on puisse appeler l'Océan ; et je pense qu'Homère, ou quelque
autre poète plus ancien, ayant inventé ce nom, l'a introduit dans la poésie.
| [2,24] 24. εἰ δὲ δεῖ μεμψάμενον γνώμας τὰς προκειμένας αὐτὸν περὶ τῶν ἀφανέων
γνώμην ἀποδέξασθαι, φράσω δι? ὅ τι μοι δοκέει πληθύνεσθαι ὁ Νεῖλος τοῦ θέρεος?
τὴν χειμερινὴν ὥρην ἀπελαυνόμενος ὁ ἥλιος ἐκ τῆς ἀρχαίης διεξόδου ὑπὸ τῶν
χειμώνων ἔρχεται τῆς Λιβύης τὰ ἄνω. (2) ὡς μέν νυν ἐν ἐλαχίστῳ δηλῶσαι, πᾶν
εἴρηται? τῆς γὰρ ἂν ἀγχοτάτω τε ᾖ χώρης οὗτος ὁ θεὸς καὶ κατὰ ἥντινα, ταύτην οἰκὸς
διψῆν τε ὑδάτων μάλιστα καὶ τὰ ἐγχώρια ῥεύματα μαραίνεσθαι τῶν ποταμῶν.
| [2,24] XXIV. Mais si, après avoir blâmé les opinions précédentes, il est
nécessaire que je déclare moi-même ce que je pense sur ces
choses cachées, je dirai qu'il me paraît que le Nil grossit en été,
parce qu'en hiver le soleil, chassé de son ancienne route par la
rigueur de la saison , parcourt alors la région du ciel qui répond à
la partie supérieure de la Libye. Voilà, en peu de mots, la raison
de cette crue ; car il est probable que plus ce dieu tend vers un
pays et s'en approche, et plus il le dessèche et en tarit les fleuves.
| [2,25] 25. ὡς δὲ ἐν πλέονι λόγῳ δηλῶσαι, ὧδε ἔχει. διεξιὼν τῆς Λιβύης τὰ ἄνω ὁ ἥλιος τάδε
ποιέει? ἅτε διὰ παντὸς τοῦ χρόνου αἰθρίου τε ἐόντος τοῦ ἠέρος τοῦ κατὰ ταῦτα τὰ
χωρία καὶ ἀλεεινῆς τῆς χώρης ἐούσης καὶ ἀνέμων ψυχρῶν, διεξιὼν ποιέει οἷόν περ καὶ
τὸ θέρος ἔωθε ποιέειν ἰὼν τὸ μέσον τοῦ οὐρανοῦ? (2) ἕλκει γὰρ ἐπ? ἑωυτὸν τὸ ὕδωρ,
ἑλκύσας δὲ ἀπωθέει ἐς τὰ ἄνω χωρία, ὑπολαμβάνοντες δὲ οἱ ἄνεμοι καὶ
διασκιδνάντες τήκουσι? καὶ εἰσὶ οἰκότως οἱ ἀπὸ ταύτης τῆς χώρης πνέοντες, ὅ τε νότος
καὶ ὁ λίψ, ἀνέμων πολλὸν τῶν πάντων ὑετιώτατοι (3) δοκέει δέ μοι οὐδὲ πᾶν τὸ ὕδωρ
τὸ ἐπέτειον ἑκάστοτε ἀποπέμπεσθαι τοῦ Νείλου ὁ ἥλιος, ἀλλὰ καὶ ὑπολείπεσθαι περὶ
ἑωυτόν. πρηϋνομένου δὲ τοῦ χειμῶνος ἀπέρχεται ὁ ἥλιος ἐς μέσον τὸν οὐρανὸν
ὀπίσω, καὶ τὸ ἐνθεῦτεν ἤδη ὁμοίως ἀπὸ πάντων ἕλκει τῶν ποταμῶν. (4) τέως δὲ οἳ μὲν
ὀμβρίου ὕδατος συμμισγομένου πολλοῦ αὐτοῖσι, ἅτε ὑομένης τε τῆς χώρης καὶ
κεχαραδρωμένης, ῥέουσι μεγάλοι? τοῦ δὲ θέρεος τῶν τε ὄμβρων ἐπιλειπόντων αὐτοὺς
καὶ ὑπὸ τοῦ ἡλίου ἑλκόμενοι ἀσθενέες εἰσί. (5) ὁ δὲ Νεῖλος ἐὼν ἄνομβρος, ἑλκόμενος
δὲ ὑπὸ τοῦ ἡλίου μοῦνος ποταμῶν τοῦτον τὸν χρόνον, οἰκότως αὐτὸς ἑωυτοῦ ῥέει
πολλῷ ὑποδεέστερος ἢ τοῦ θέρεος? τότε μὲν γὰρ μετὰ πάντων τῶν ὑδάτων ἴσον
ἕλκεται, τὸν δὲ χειμῶνα μοῦνος πιέζεται. οὕτω τὸν ἥλιον νενόμικα τούτων αἴτιον εἶναι.
| [2,25] XXV. Mais il faut expliquer cela d'une manière plus étendue : l'air
est toujours serein dans la Libye supérieure ; il y fait toujours
chaud, et jamais il n'y souffle de vents froids. Lorsque le soleil
parcourt ce pays, il y produit le même effet qu'il a coutume de
produire en été, quand il passe par le milieu du ciel ; il attire les
vapeurs à lui, et les repousse ensuite vers les lieux élevés, où les
vents, les ayant reçues, les dispersent et les fondent. C'est
vraisemblablement par cette raison que les vents qui soufflent de
ce pays, comme le sud et le sud-ouest, sont les plus pluvieux de
tous. Je crois cependant que le soleil ne renvoie pas toute l'eau
du Nil qu'il attire annuellement, mais qu'il s'en réserve une
partie. Lorsque l'hiver est adouci, le soleil retourne au milieu du
ciel, et de là il attire également des vapeurs de tous les fleuves.
Jusqu'alors ils augmentent considérablement, à cause des pluies
dont la terre est arrosée , et qui forment des torrents ; mais ils
deviennent faibles en été, parce que les pluies leur manquent, et
que le soleil attire une partie de leurs eaux. Il n'en est pas de
même du Nil : comme en hiver il est dépourvu des eaux de pluie,
et que le soleil en élève des vapeurs, c'est, avec raison, la seule
rivière dont les eaux soient beaucoup plus basses en cette saison
qu'en été. Le soleil l'attire de même que tous les autres fleuves ;
mais, l'hiver, il est le seul que cet astre mette à contribution :
c'est pourquoi je regarde le soleil comme la cause de ces effets.
| [2,26] 26. αἴτιος δὲ ὁ αὐτὸς οὗτος κατὰ γνώμην τὴν ἐμὴν καὶ τὸν ἠέρα ξηρὸν τὸν ταύτῃ
εἶναι, διακαίων τὴν διέξοδον ἑωυτοῦ? οὕτω τῆς Λιβύης τὰ ἄνω θέρος αἰεὶ κατέχει. (2) εἰ
δὲ ἡ στάσις ἤλλακτο τῶν ὡρέων, καὶ τοῦ οὐρανοῦ τῇ μὲν νῦν ὁ βορέης τε καὶ ὁ χειμὼν
ἑστᾶσι, ταύτῃ μὲν τοῦ νότου ἦν ἡ στάσις καὶ τῆς μεσαμβρίης, τῇ δὲ ὁ νότος νῦν
ἕστηκε, ταύτῃ δὲ ὁ βορέης, εἰ ταῦτα οὕτω εἶχε, ὁ ἥλιος ἂν ἀπελαυνόμενος ἐκ μέσου
τοῦ οὐρανοῦ ὑπὸ τοῦ χειμῶνος καὶ τοῦ βορέω ἤιε ἂν τὰ ἄνω τῆς Εὐρώπης κατά περ
νῦν τῆς Λιβύης ἔρχεται, διεξιόντα δ? ἄν μιν διὰ πάσης <τῆς> Εὐρώπης ἔλπομαι ποιέειν
ἂν τὸν Ἴστρον τά περ νῦν ἐργάζεται τὸν Νεῖλον.
| [2,26] XXVI. C'est lui aussi qui rend, à mon avis, l'air sec en ce pays,
parce qu'il le brûle sur son passage ; et c'est pour cela qu'un été
perpétuel règne dans la Libye supérieure. Si l'ordre des saisons et
la position du ciel venaient à changer de manière que le nord prît
la place du sud, et le sud celle du nord, alors le soleil, chassé du
milieu du ciel par l'hiver, prendrait sans doute son cours par la
partie supérieure de l'Europe, comme il le fait aujourd'hui par le
haut de la Libye ; et je pense qu'en traversant ainsi toute
l'Europe, il agirait sur l'Ister comme il agit actuellement sur le Nil.
| [2,27] 27. τῆς αὔρης δὲ πέρι, ὅτι οὐκ ἀποπνέει, τήνδε ἔχω γνώμην, ὡς κάρτα ἀπὸ θερμέων
χωρέων οὐκ οἰκός ἐστι οὐδὲν ἀποπνέειν, αὔρη δὲ ἀπὸ ψυχροῦ τινος φιλέει πνέειν.
| [2,27] XXVII. J'ai dit qu'on ne sentait jamais de vents frais sur ce fleuve,
et je pense qu'il est contre toute vraisemblance qu'il puisse en
venir d'un climat chaud, parce qu'ils ont coutume de souffler d'un
pays froid : quoi qu'il en soit, laissons les choses comme elles
sont, et comme elles ont été dès le commencement.
| [2,28] 28. ταῦτα μέν νυν ἔστω ὡς ἔστι τε καὶ ὡς ἀρχὴν ἐγένετο? τοῦ δὲ Νείλου τὰς πηγὰς
οὔτε Αἰγυπτίων οὔτε Λιβύων οὔτε Ἑλλήνων τῶν ἐμοὶ ἀπικομένων ἐς λόγους οὐδεὶς
ὑπέσχετο εἰδέναι, εἰ μὴ ἐν Αἰγύπτῳ ἐν Σάι πόλι ὁ γραμματιστὴς τῶν ἱρῶν χρημάτων
τῆς Ἀθηναίης. (2) οὗτος δ? ἔμοιγε παίζειν ἐδόκεε φάμενος εἰδέναι ἀτρεκέως? ἔλεγε δὲ
ὧδε, εἶναι δύο ὄρεα ἐς ὀξὺ τὰς κορυφὰς ἀπηγμένα, μεταξὺ Συήνης τε πόλιος κείμενα
τῆς Θηβαΐδος καὶ Ἐλεφαντίνης, οὐνόματα δὲ εἶναι τοῖσι ὄρεσι τῷ μὲν Κρῶφι τῷ δὲ
Μῶφι? (3) τὰς ὦν δὴ πηγὰς τοῦ Νείλου ἐούσας ἀβύσσους ἐκ τοῦ μέσου τῶν ὀρέων
τούτων ῥέειν, καὶ τὸ μὲν ἥμισυ τοῦ ὕδατος ἐπ? Αἰγύπτου ῥέειν καὶ πρὸς βορέην
ἄνεμον, τὸ δ? ἕτερον ἥμισυ ἐπ? Αἰθιοπίης τε καὶ νότου. (4) ὡς δὲ ἄβυσσοι εἰσι αἱ πηγαί,
ἐς διάπειραν ἔφη τούτου Ψαμμήτιχον Αἰγύπτου βασιλέα ἀπικέσθαι? πολλέων γὰρ
αὐτὸν χιλιάδων ὀργυιέων πλεξάμενον κάλον κατεῖναι ταύτῃ καὶ οὐκ ἐξικέσθαι ἐς
βυσσόν. (5) οὕτω μὲν δὴ ὁ γραμματιστής, εἰ ἄρα ταῦτα γινόμενα ἔλεγε, ἀπέφαινε, ὡς
ἐμὲ κατανοέειν, δίνας τινὰς ταύτῃ ἐούσας ἰσχυρὰς καὶ παλιρροίην, οἷα δὲ
ἐμβάλλοντος τοῦ ὕδατος τοῖσι ὄρεσι, μὴ δύνασθαι κατιεμένην καταπειρητηρίην ἐς
βυσσὸν ἰέναι.
| [2,28] XXVIII. De tous les Égyptiens, les Libyens et les Grecs avec qui je
me suis entretenu, aucun ne se flattait de connaître les sources
du Nil, si ce n'est le hiérogrammatéus, ou interprète des
hiéroglyphes de Minerve, à Saïs en Égypte. Je crus néanmoins
qu'il plaisantait, quand il m'assura qu'il en avait une connaissance
certaine. Il me dit qu'entre Syène, dans la Thébaïde, et
Éléphantine, il y avait deux montagnes dont les sommets se
terminaient en pointe ; que l'une de ces montagnes s'appelait
Crophi, et l'autre Mophi. Les sources du Nil, qui sont de profonds
abîmes, sortaient, disait-il, du milieu de ces montagnes : la
moitié de leurs eaux coulait en Égypte, vers le nord; et l'autre
moitié en Éthiopie, vers le sud. Pour montrer que ces sources
étaient des abîmes, il ajouta que Psammitichus, ayant voulu en
faire l'épreuve, y avait fait jeter un câble de plusieurs milliers
d'orgyies, mais que la sonde n'avait pas été jusqu'au fond.
Si le récit de cet interprète est vrai, je pense qu'en cet endroit les
eaux, venant à se porter et à se briser avec violence contre les
montagnes, refluent avec rapidité, et excitent des tournants qui
empêchent la sonde d'aller jusqu'au fond.
| [2,29] 29. ἄλλου δὲ οὐδενὸς οὐδὲν ἐδυνάμην πυθέσθαι. ἀλλὰ τοσόνδε μὲν ἄλλο ἐπὶ
μακρότατον ἐπυθόμην, μέχρι μὲν Ἐλεφαντίνης πόλιος αὐτόπτης ἐλθών, τὸ δὲ ἀπὸ
τούτου ἀκοῇ ἤδη ἱστορέων. (2) ἀπὸ Ἐλεφαντίνης πόλιος ἄνω ἰόντι ἄναντες ἐστὶ
χωρίον? ταύτῃ ὦν δεῖ τὸ πλοῖον διαδήσαντας ἀμφοτέρωθεν κατά περ βοῦν
πορεύεσθαι? ἢν δὲ ἀπορραγῇ τὸ πλοῖον οἴχεται φερόμενον ὑπὸ ἰσχύος τοῦ ῥόου. (3) τὸ
δὲ χωρίον τοῦτο ἐστὶ ἐπ? ἡμέρας τέσσερας πλόος, σκολιὸς δὲ ταύτῃ κατά περ ὁ
Μαίανδρος ἐστὶ ὁ Νεῖλος? σχοῖνοι δὲ δυώδεκα εἰσὶ οὗτοι τοὺς δεῖ τούτῳ τῷ τρόπῳ
διεκπλῶσαι. καὶ ἔπειτα ἀπίξεαι ἐς πεδίον λεῖον, ἐν τῷ νῆσον περιρρέει ὁ Νεῖλος?
Ταχομψὼ οὔνομα αὐτῇ ἐστι. (4) οἰκέουσι δὲ τὰ ἀπὸ Ἐλεφαντίνης ἄνω Αἰθίοπες ἤδη
καὶ τῆς νήσου τὸ ἥμισυ, τὸ δὲ ἥμισυ Αἰγύπτιοι. ἔχεται δὲ τῆς νήσου λίμνην μεγάλη,
τὴν πέριξ νομάδες Αἰθίοπες νέμονται? τὴν διεκπλώσας ἐς τοῦ Νείλου τὸ ῥέεθρον
ἥξεις, τὸ ἐς τὴν λίμνην ταύτην ἐκδιδοῖ. (5) καὶ ἔπειτα ἀποβὰς παρὰ τὸν ποταμὸν
ὁδοιπορίην ποιήσεαι ἡμερέων τεσσεράκοντα? σκόπελοι/ τε γὰρ ἐν τῷ Νείλῳ ὀξέες
ἀνέχουσι καὶ χοιράδες πολλαί εἰσι, δι? ὧν οὐκ οἷά τε ἐστὶ πλέειν. (6) διεξελθὼν δὲ ἐν
τῇσι τεσσεράκοντα ἡμέρῃσι τοῦτο τὸ χωρίον, αὖτις ἐς ἕτερον πλοῖον ἐσβὰς δυώδεκα
ἡμέρας πλεύσεαι, καὶ ἔπειτα ἥξεις ἐς πόλιν μεγάλην τῇ οὔνομα ἐστὶ Μερόη? λέγεται
δὲ αὕτη ἡ πόλις εἶναι μητρόπολις τῶν ἄλλων Αἰθιόπων. (7) οἱ δ? ἐν ταύτῃ Δία θεῶν καὶ
Διόνυσον μούνους σέβονται, τούτους τε μεγάλως τιμῶσι, καί σφι μαντήιον Διὸς
κατέστηκε? στρατεύονται δὲ ἐπεάν σφεας ὁ θεὸς οὗτος κελεύῃ διὰ θεσπισμάτων, καὶ
τῇ ἂν κελεύῃ, ἐκεῖσε.
| [2,29] XXIX. Je n'ai trouvé personne qui ait pu m'en apprendre
davantage; mais voici ce que j'ai recueilli, en poussant mes
recherches aussi loin qu'elles pouvaient aller : jusqu'à
Éléphantine, j'ai vu les choses par moi-même ; quant à ce qui est
au-delà de cette ville, je ne le sais que parles réponses que l'on
m'a faites. Le pays au-dessus d'Éléphantine est élevé. En
remontant le fleuve, on attache de chaque côté du bateau une
corde, comme on en attache aux boeufs, et on le tire de la sorte.
Si le câble se casse, le bateau est emporté par la force du
courant. Ce lieu a quatre jours de navigation. Le Nil y est
tortueux comme le Méandre, et il faut naviguer de la manière que
nous avons dit pendant douze schènes. Vous arrivez ensuite
à une plaine fort unie, où il y a une île formée par les eaux du Nil ;
elle s'appelle Tachompso. Au-dessus d'Éléphantine, on trouve
déjà des Éthiopiens ; ils occupent même une moitié de l'île de
Tachompso, et les Égyptiens l'autre moitié. Attenant l'île, est un
grand lac sur les bords duquel habitent des Éthiopiens nomades.
Quand. vous l'avez traversé, vous rentrez dans le Nil, qui s'y jette ;
de là, quittant le bateau, vous faites quarante jours de chemin
le long du fleuve ; car, dans cet espace, le Nil est plein de rochers
pointus et de grosses pierres à sa surface, qui rendent la
navigation impraticable. Après avoir fait ce chemin en quarante
jours de marche, vous vous rembarquez dans un autre bateau oit
vous naviguez douze jours ; puis vous arrivez à une grande ville
appelée Méroé. On dit qu'elle est la capitale du reste des
Éthiopiens. Jupiter et Bacchus sont les seuls dieux qu'adorent ses
habitants ; les cérémonies de leur culte sont magnifiques : ils ont
aussi parmi eux un oracle de Jupiter, sur les réponses duquel ils
portent la guerre partout où ce dieu le commande et quand il l'ordonne.
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