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[2,71] Τοῦ δ' ἐπιγιγνομένου θέρους οἱ Πελοποννήσιοι καὶ οἱ ξύμμαχοι ἐς
μὲν τὴν Ἀττικὴν οὐκ ἐσέβαλον, ἐστράτευσαν δὲ ἐπὶ Πλάταιαν· ἡγεῖτο δὲ
Ἀρχίδαμος ὁ Ζευξιδάμου Λακεδαιμονίων βασιλεύς. καὶ καθίσας τὸν στρατὸν
ἔμελλε δῃώσειν τὴν γῆν· οἱ δὲ Πλαταιῆς εὐθὺς πρέσβεις πέμψαντες πρὸς
αὐτὸν ἔλεγον τοιάδε· 'Ἀρχίδαμε καὶ Λακεδαιμόνιοι, οὐ δίκαια ποιεῖτε οὐδ'
ἄξια οὔτε ὑμῶν οὔτε πατέρων ὧν ἐστέ, ἐς γῆν τὴν Πλαταιῶν στρατεύοντες.
Παυσανίας γὰρ ὁ Κλεομβρότου Λακεδαιμόνιος ἐλευθερώσας τὴν ῾Ελλάδα
ἀπὸ τῶν μήδων μετὰ ῾Ελλήνων τῶν ἐθελησάντων ξυνάρασθαι τὸν κίνδυνον
τῆς μάχης ἣ παρ' ἡμῖν ἐγένετο, θύσας ἐν τῇ Πλαταιῶν ἀγορᾷ ἱερὰ Διὶ
ἐλευθερίῳ καὶ ξυγκαλέσας πάντας τοὺς ξυμμάχους ἀπεδίδου Πλαταιεῦσι
γῆν καὶ πόλιν τὴν σφετέραν ἔχοντας αὐτονόμους οἰκεῖν, στρατεῦσαί τε
μηδένα ποτὲ ἀδίκως ἐπ' αὐτοὺς μηδ' ἐπὶ δουλείᾳ· εἰ δὲ μή, ἀμύνειν τοὺς
παρόντας ξυμμάχους κατὰ δύναμιν. τάδε μὲν ἡμῖν πατέρες οἱ ὑμέτεροι
ἔδοσαν ἀρετῆς ἕνεκα καὶ προθυμίας τῆς ἐν ἐκείνοις τοῖς κινδύνοις
γενομένης, ὑμεῖς δὲ τἀναντία δρᾶτε· μετὰ γὰρ Θηβαίων τῶν ἡμῖν ἐχθίστων
ἐπὶ δουλείᾳ τῇ ἡμετέρᾳ ἥκετε. μάρτυρας δὲ θεοὺς τούς τε ὁρκίους τότε
γενομένους ποιούμενοι καὶ τοὺς ὑμετέρους πατρῴους καὶ ἡμετέρους
ἐγχωρίους, λέγομεν ὑμῖν γῆν τὴν Πλαταιίδα μὴ ἀδικεῖν μηδὲ παραβαίνειν
τοὺς ὅρκους, ἐᾶν δὲ οἰκεῖν αὐτονόμους καθάπερ Παυσανίας ἐδικαίωσεν.'
| [2,71] LXXI. - L'été suivant, les Péloponnésiens et leurs alliés
n'envahirent pas l'Attique : ils marchèrent contre Platée,
sous le commandement d'Archidamos, fils de
Zeuxidamos, roi de Lacédémone. Il établit son camp et
se disposait à ravager leur territoire, quand les Platéens
lui dépêchèrent des députés qui lui parlèrent ainsi :
"Archidamos et vous Lacédémoniens, vous vous
conduisez d'une manière injuste et indigne de vous-
mêmes et de vos ancêtres, en attaquant le pays de
Platée. Quand le Lacédémonien Pausanias, fils de
Kléombrotos, eut délivré la Grèce de l'invasion des
Mèdes, avec l'aide des Grecs qui consentirent à partager
les risques du combat livré sur notre territoire, il sacrifia
sur l'agora de Platée à Zeus Eleuthérios et, en
présence de tous les alliés, il remit aux Platéens leur
pays et leur ville pour les habiter, en toute liberté,
interdisant à quiconque de les attaquer injustement et
de tenter de les asservir. Dans ce cas, tous les alliés
présents devraient les défendre, dans la mesure de leurs
forces. Voilà ce que vos ancêtres nous ont garanti, en
récompense de notre valeur et de notre empressement
dans ces heures critiques. Et vous, vous faites juste le
contraire ! Avec l'appui des Thébains, nos pires
ennemis, vous venez pour nous asservir. Nous prenons
à témoin les dieux qui furent alors les garants de ce
serment, les dieux de vos pères et les dieux de notre
pays et nous vous disons de ne pas attaquer le territoire
de Platée, de ne pas violer les serments, de nous laisser
vivre en toute liberté, suivant la juste décision de Pausanias.
| [2,72] Τοσαῦτα εἰπόντων τῶν Πλαταιῶν Ἀρχίδαμος ὑπολαβὼν εἶπεν·
'δίκαια λέγετε, ὦ ἄνδρες Πλαταιῆς, ἢν ποιῆτε ὁμοῖα τοῖς λόγοις. καθάπερ
γὰρ Παυσανίας ὑμῖν παρέδωκεν, αὐτοί τε αὐτονομεῖσθε καὶ τοὺς ἄλλους
ξυνελευθεροῦτε, ὅσοι μετασχόντες τῶν τότε κινδύνων ὑμῖν τε ξυνώμοσαν
καὶ εἰσὶ νῦν ὑπ' Ἀθηναίοις, παρασκευή τε τοσήδε καὶ πόλεμος γεγένηται
αὐτῶν ἕνεκα καὶ τῶν ἄλλων ἐλευθερώσεως. ἧς μάλιστα μὲν μετασχόντες καὶ
αὐτοὶ ἐμμείνατε τοῖς ὅρκοις· εἰ δὲ μή, ἅπερ καὶ πρότερον ἤδη
προυκαλεσάμεθα, ἡσυχίαν ἄγετε νεμόμενοι τὰ ὑμέτερα αὐτῶν, καὶ ἔστε
μηδὲ μεθ' ἑτέρων, δέχεσθε δὲ ἀμφοτέρους φίλους, ἐπὶ πολέμῳ δὲ μηδετέρους.
καὶ τάδε ἡμῖν ἀρκέσει.' ὁ μὲν Ἀρχίδαμος τοσαῦτα εἶπεν· οἱ δὲ Πλαταιῶν
πρέσβεις ἀκούσαντες ταῦτα ἐσῆλθον ἐς τὴν πόλιν, καὶ τῷ πλήθει τὰ ῥηθέντα
κοινώσαντες ἀπεκρίναντο αὐτῷ ὅτι ἀδύνατα σφίσιν εἴη ποιεῖν ἃ προκαλεῖται
ἄνευ Ἀθηναίων (παῖδες γὰρ σφῶν καὶ γυναῖκες παρ' ἐκείνοις εἶεν), δεδιέναι
δὲ καὶ περὶ τῇ πάσῃ πόλει μὴ ἐκείνων ἀποχωρησάντων Ἀθηναῖοι ἐλθόντες
σφίσιν οὐκ ἐπιτρέπωσιν, ἢ Θηβαῖοι, ὡς ἔνορκοι ὄντες κατὰ τὸ ἀμφο τέρους
δέχεσθαι, αὖθις σφῶν τὴν πόλιν πειράσωσι καταλαβεῖν. ὁ δὲ θαρσύνων
αὐτοὺς πρὸς ταῦτα ἔφη· 'ὑμεῖς δὲ πόλιν μὲν καὶ οἰκίας ἡμῖν παράδοτε τοῖς
Λακεδαιμονίοις, καὶ γῆς ὅρους ἀποδείξατε καὶ δένδρα ἀριθμῷ τὰ ὑμέτερα καὶ
ἄλλο εἴ τι δυνατὸν ἐς ἀριθμὸν ἐλθεῖν· αὐτοὶ δὲ μεταχωρήσατε ὅποι βούλεσθε,
ἕως ἂν ὁ πόλεμος ᾖ· ἐπειδὰν δὲ παρέλθῃ, ἀποδώσομεν ὑμῖν ἃ ἂν
παραλάβωμεν. μέχρι δὲ τοῦδε ἕξομεν παρακαταθήκην, ἐργαζόμενοι καὶ
φορὰν φέροντες ἣ ἂν ὑμῖν μέλλῃ ἱκανὴ ἔσεσθαι.'
| [2,72] LXXII. - Telles furent les paroles des Platéens.
Archidamos leur répondit : "Ce que vous dites est juste,
Platéens, à condition que vos actes répondent à vos
paroles. Conformément aux engagements de Pausanias,
gardez votre indépendance et joignez vos forces aux
nôtres pour délivrer les autres Grecs qui, après avoir
partagé alors vos dangers et s'être liés par le même
serment, se trouvent maintenant sous la domination
d'Athènes. Leur défense, la libération des autres, voilà
l'objet d 'un si grand armement et de cette guerre. Vous
qui vous êtes rangés avec tant d'empressement à nos
côtés, restez fidèles à vos serments. Sinon, ainsi que
nous vous y avons déjà engagés, tenez-vous en repos,
jouissez de vos biens, gardez la neutralité, ne renoncez à
l'amitié ni des uns ni des autres et ne prenez part à la
guerre ni d'un côté ni de l'autre. Telle est la conduite qui
nous suffira." Telle fut la réponse d'Archidamos. Les
députés platéens rentrèrent dans la ville et la
communiquèrent au peuple. Ils furent chargés de
répondre qu'ils ne pouvaient se conformer à ces
conditions qu'avec l'aveu des Athéniens. Leurs enfants
et leurs femmes se trouvaient à Athènes ; ils craignaient
aussi pour la ville entière, soit qu'après le départ des
Lacédémoniens, les Athéniens ne survinssent et ne les
empêchassent de tenir leur parole ; soit que les
Thébains, compris dans l'obligation imposée à Platée de
recevoir les deux partis, ne cherchassent à occuper une
seconde fois leur ville. Archidamos tenta de les rassurer
et leur dit : "Eh bien ! remettez votre ville et vos maisons
aux Lacédémoniens ; indiquez les limites de votre
territoire ; faites le dénombrement de vos arbres et de
tout ce qui peut se compter. Retirez-vous, vous-mêmes
où vous voulez, jusqu'à la fin de la guerre. A la paix,
nous vous rendrons ce que nous aurons reçu de vous ;
jusqu'à ce moment, nous considérerons vos biens
comme un dépôt ; nous travaillerons la terre ; nous vous
payerons une contribution en rapport avec vos besoins."
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