[2,19] CHAPITRE XIX.
§ 1. Τῶν μὲν οὖν παρὰ τὴν ὁμωνυμίαν καὶ τὴν ἀμφιβολίαν ἐλέγχων οἱ μὲν ἔχουσι τῶν ἐρωτημάτων τι πλείω σημαῖνον, οἱ δὲ τὸ συμπέρασμα πολλαχῶς λεγόμενον· οἷον ἐν μὲν τῷ "σιγῶντα λέγειν" τὸ συμπέρασμα διττόν, ἐν δὲ τῷ "μὴ συνεπίστασθαι τὸν ἐπιστάμενον" ἓν τῶν ἐρωτημάτων ἀμφίβολον. Καὶ τὸ διττὸν ὁτὲ μὲν ἔστιν ὁτὲ δ´ οὐκ ἔστιν, ἀλλὰ σημαίνει τὸ διττὸν τὸ μὲν ὂν τὸ δ´ οὐκ ὄν.
§ 2. Ὅσοις μὲν οὖν ἐν τῷ τέλει τὸ πολλαχῶς, ἂν μὴ προσλάβῃ τὴν ἀντίφασιν οὐ γίνεται ἔλεγχος, οἷον ἐν τῷ τὸν τυφλὸν ὁρᾶν· ἄνευ γὰρ ἀντιφάσεως οὐκ ἦν ἔλεγχος. § 3. Ὅσοις δ´ ἐν τοῖς ἐρωτήμασιν, οὐκ ἀνάγκη προαποφῆσαι τὸ διττόν· οὐ γὰρ πρὸς τοῦτο ἀλλὰ διὰ τοῦτο ὁ λόγος. § 4. Ἐν ἀρχῇ μὲν οὖν πρὸς τὸ διπλοῦν καὶ ὄνομα καὶ λόγον οὕτως ἀποκριτέον, ὅτι ἔστιν ὡς, ἔστι δ´ ὡς οὔ, ὥσπερ τῷ "σιγῶντα λέγειν" ὅτι ἔστιν ὡς, ἔστι δ´ ὡς οὔ, καὶ τὰ δέοντα πρακτέον ἔστιν ἅ, ἔστι δ´ ἃ οὔ· τὰ γὰρ δέοντα λέγεται πολλαχῶς· ἐὰν δὲ λάθῃ, ἐπὶ τέλει προστιθέντα τῇ ἐρωτήσει διορθωτέον· "Ἆρ´ ἔστι σιγῶντα λέγειν;", "Οὔ, ἀλλὰ τόνδε σιγῶντα". § 5. Καὶ ἐν τοῖς ἔχουσι δὲ τὸ πλεοναχῶς ἐν ταῖς προτάσεσιν ὁμοίως· "Οὐκ ἄρα συνεπίστανται ὅ τι ἐπίστανται;", "Ναί, ἀλλ´ οὐχ οἱ οὕτως ἐπιστάμενοι". Οὐ γὰρ ταὐτόν ἐστιν ὅτι οὐκ ἔστι συνεπίστασθαι καὶ ὅτι τοὺς ὡδὶ ἐπισταμένους οὐκ ἔστιν. § 6. Ὅλως τε μαχετέον, ἂν καὶ ἁπλῶς συλλογίζηται, ὅτι οὐχ ὃ ἔφησεν ἀπέφησε πρᾶγμα ἀλλ´ ὄνομα, ὥστ´ οὐκ ἔλεγχος.
| [2,19] CHAPITRE XIX.
§ 1. Parmi les réfutations qui ne tiennent qu'à l'homonymie et à l'amphibologie, les unes renferment des questions qui présentent plusieurs sens; dans les autres, c'est la conclusion qui a des sens divers. Ainsi, par exemple, dans le cas où l'on prétend prouver que celui qui se tait parle, c'est la conclusion qui a un double sens. Dans cette autre proposition : Celui qui sait ne sait pas, c'est l'une des questions qui est amphibologique. Par exemple, ce raisonnement : Celui qui sait faire ou dire quelque chose sait aussi ce qu'il dit, ce qu'il fait; or, cet homme sait dire des vers iambiques; donc il sait aussi les vers iambiques. Et ce qui a un double sens est vrai dans un sens et ne l'est pas dans l'autre; ainsi le double sens exprime à la fois ce qui est et ce qui n'est pas.
§ 2. Toutes les fois donc, qu'il y a plusieurs sens à la fin, si l'on ne prend pas la contradiction, il n'y a pas de réfutation : par exemple, si l'on prétend que l'aveugle voit ; car sans contradiction, il n'y a pas de réfutation. § 3. Pour tous les cas où la diversité de sens se trouve dans les questions, il n'est pas nécessaire de combattre d'abord le double sens; car ce n'est pas sur ce point que porte le raisonnement: c'est seulement un des éléments dont on le tire. § 4. Au début donc, il faut répondre en signalant le double sens, soit dans le mot, soit dans le raisonnement, en disant qu'on l'accepte d'une façon, et que de l'autre on ne l'accepte pas. Ainsi, dans cette proposition : Celui qui se tait parle, il faut dire qu'on l'accepte en partie, et qu'en partie on ne l'accepte pas. Et si l'adversaire a dit qu'il faut remplir ses devoirs, il faut distinguer, en disant que les uns doivent être remplis et d'autres ne pas l'être; car devoirs a plusieurs sens. Si la diversité des sens a d'abord échappé, il faut rectifier l'erreur en ajoutant à la fin quelque chose à la question : Donc celui qui se tait parle; pas du tout; mais bien un tel qui se tait. § 5. Et de même pour les cas où la diversité de sens est dans les propositions : Donc on ne sait pas ce qu'on sait? Non, certes; mais cela n'est pas vrai de ceux qui savent de telle manière; car ce n'est pas la même chose de dire qu'il n'est pas possible de savoir quand on sait, ou que cela n'est pas possible à ceux qui savent d'une certaine façon. § 6. Il faut, en général, combattre son adversaire, même quand il a conclu d'une manière absolue, en disant qu'il a nié, non pas la chose qu'on affirmait, mais seulement le mot, de sorte qu'il n'y a pas de réfutation.
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